Super Bowl XLIX – Les coaches : La rigueur contre la fougue

Le Super Bowl de dimanche est forcément très attendu par les supporters de football US. Et les noms des deux entraîneurs alignés y sont sans doute pour quelque chose. Bill...

Le Super Bowl de dimanche est forcément très attendu par les supporters de football US. Et les noms des deux entraîneurs alignés y sont sans doute pour quelque chose. Bill Belichick, figure légendaire des Patriots depuis 15 ans face à Pete Carroll, ancienne gloire de la fac d’USC et récent vainqueur du Super Bowl avec la jeune équipe des Seahawks. Tous deux coaches à vocation défensive à la tête d’une armada offensive redoutable, ils sont surtout réputés pour leur sens tactique et leur gestion efficace des joueurs. Deux hommes qui se sont même côtoyés sur les bancs de New England.

Belichick, une vie d’entraîneur

Tiens. J'ai déjà vu ça en... 1981 ! Trop facile.

Tiens. J’ai déjà vu ça en… 1981 ! Trop facile.

Bill Belichick, de son vrai prénom William Stephen, c’est avant tout un palmarès parmi les meilleurs, si ce n’est le meilleur, en NFL. Ces succès, c’est le fruit de 40 années de coaching en NFL. 20 ans comme assistant, désormais 20 comme coach principal. C’est évidemment le seul de l’histoire de la NFL à avoir coaché autant. Cette passion lui vient probablement de son père Steve qui était coach de la fac militaire de Navy. C’est peut-être de là que lui vient ce côté rigoureux d’ailleurs. Mais Bill ne jouera jamais vraiment au football, préférant le lacrosse. Il possède pourtant une bibliothèque remplie de tout un tas de livre sur le football. De quoi asseoir encore plus sa connaissance du jeu.

Il commence sa carrière en 1975 en tant qu’assistant des Colts de Baltimore. L’année suivante, il part à Detroit pour deux ans où il deviendra coach des receveurs et des tight-ends. Puis un an à Denver suivi d’un an chez les Giants ou Belichick est coach des équipes spéciales et assistant défensif. Entre 1980 et 1984, il continue chez les Giants, toujours comme coach des équipes spéciales mais en étant coach des linebackers en plus. Il y entraîne notamment un certain Lawrence Taylor, promis à une grande carrière en NFL. Ce qui amène naturellement les Giants à le nommer entraîneur de la défense de 1985 à 1990 sous la houlette du coach Bill Parcells. Avec succès puisqu’il va gagner deux Super Bowl en 1986 et 1990 avec la défense new-yorkaise sous ses ordres.

Naturellement, ces succès poussent d’autres équipes à s’intéresser à lui. C’est ainsi qu’en 1991 les Browns de Cleveland le recrutent pour le poste d’entraîneur-chef pour la première fois de sa carrière. A 38 ans, Bill devient le plus jeune head coach de l’histoire de la NFL à cette date. Son passage dans l’Ohio reste cependant mitigé. Belichick ne remporte que 36 matches pour 44 défaites. En quatre ans, il ne va gagner qu’un seul match de playoffs en 1994 face aux… Patriots ! Encore plus improbable, le coach des Pats est alors son ancien collègue Bill Parcells. Mais les résultats ne suivent pas vraiment pour les Browns et la philosophie de Belichick ne plaît pas vraiment. Il faut dire libérer le quarterback chéri du public Bernie Kosar n’a pas joué en sa faveur. Alors que les Browns déménagent à Baltimore pour devenir les Ravens, Belichick est remercié en février 1996.

Il part alors une première fois pour New England retrouver Parcells où il officie comme assistant. Et lorsque Parcells part entraîner les Jets en 1997, Belichick le suit, toujours comme assistant du coach. Parcells prend sa retraite en 1999 et il a déjà une idée de son successeur : Belichick, évidemment. Sauf que ce dernier n’est pas de cet avis. Lors de la conférence de présentation à la presse, il écrit sur un bout de papier : « Je démissionne du poste d’entraîneur des NYJ. » C’est à ce moment que Robert Kraft, le propriétaire des Patriots, décide d’en faire le coach de son équipe. Mais Belichick est officiellement sous contrat avec New York. Qu’importe. Les Patriots cèdent le premier choix de la draft aux Jets pour obtenir les services de Bill. Il remplace alors l’entraîneur sortant… Pete Carroll !

Pete Carroll, une vie d’universitaire

Reggie ! D'où sort cette grosse voiture chormée ?

Reggie ! D’où sort cette grosse voiture chromée ?

Comme on se retrouve. Pete Carroll, entraîneur des Seahawks et donc prédécesseur de Bill Belichick au poste de coach des Patriots. Contrairement à son homologue de New England, Carroll est passé par l’université avant de coacher dans la cour des grands. Peter Clay Carroll a entraîné les premières années de sa carrière en universitaire. 10 ans durant, de 1973 à 1983. Il commence à la fac de Pacific, à Stockton, Californie. Il est « graduating assistant » c’est-à-dire qu’il officie comme assistant du coach et qu’il passe en même temps un diplôme d’entraîneur. En 1976, il suit un de ses collègues à la fac d’Arkansas, toujours sur le modèle de graduating. Il sert ensuite un an comme coach des lignes défensives arrières à Iowa State puis un an à Ohio State. Monte Kiffin, l’actuel coordinateur défensif des Cowboys, était son entraîneur à Arkansas et les deux hommes ont gardé un très bon contact. C’est ainsi que lorsque Kiffin part entraîneur North Carolina, il emporte Carroll dans ses bagages et le nomme coordinateur offensif où Pete officiera de 1980 à 1982. Puis, après une dernière année à Pacific, Carroll intègre enfin la NFL.

En 1984, ce sont les Bills qui font appel à lui pour le poste de coach des defensive backs, celui qu’il exerçait le plus souvent à la fac. Il continue l’année suivante chez les Vikings, toujours au même poste qu’il va occuper pendant quatre ans. Il pense revenir à ses premiers amours à la fac quand le poste d’entraîneur de l’université de Stanford se libère. Mais c’est finalement Dennis Green qui obtient le poste. Il grimpe petit à petit les échelons puisqu’en 1990 les Jets lui offrent un poste de coordinateur défensif. Satisfait de ses performances, ils font même de lui le head coach en 1994, une première pour Carroll. S’il est bon en universitaire, c’est que Carroll est resté un grand enfant. La preuve : il peint un terrain de basket sur le parking du terrain d’entraînement des Jets et lui et ses assistants font des trois-contre-trois quand ils ont un peu de temps. Malheureusement, les résultats ne suivent pas sur le terrain. Les Jets finissent à 6-10 en perdant leurs cinq derniers matches. La dernière défait est célèbre puisque c’est au cours de ce match que Dan Marino, quarterback des Dolphins, lance son « fake spike ». A quelques secondes de la fin, il feint de poser un genou à terre pour lancer immédiatement un touchdown de la victoire.

Carroll reprend la saison suivante en 1995 un poste de coordinateur défensif des 49ers. Il va rester deux ans avant de partir vers New England, à nouveau comme head coach. De 1997 à 1999, il est donc à la tête des Patriots mais les résultats ne sont pas extraordinaires. Il ne gagne qu’un match de playoffs sur trois et enregistre 27 victoires pour 21 défaites en 3 ans. Ce qui pousse Robert Kraft à faire venir Bill Belichick à New England et Pete Carroll à se retirer du championnat de la NFL pendant un moment. Enfin, c’est ce qu’il croit.

Parce qu’en 2000, la fac de South California lui propose alors le poste d’entraîneur pour l’équipe de football de l’université : les Trojans. Pendant neuf ans, Carroll va faire les beaux jours d’USC. 97 victoires pour 19 défaites, 34 victoires d’affilées entre 2004 et 2006, Carroll fait de cette équipe l’une des meilleures du territoire. Beaucoup de grands noms de la NFL sont passé sous ses ordres. Citons Troy Polamalu, Carson Palmer, Reggie Bush ou Mark Sanchez. Au total, 53 joueurs ont été drafté en NFL après être passé par USC au cours de l’ère Carroll. Finalement, Pete retrouve les bancs de la grande ligue en 2010 à Seattle. Son départ coïncide avec une affaire qui entache un peu son passage à USC. Une enquête révèle que Reggie Bush aurait reçu des cadeaux grâce à son poste de joueur universitaire, chose strictement interdite. En punition, USC est privée de playoffs pour deux ans, 30 bourses de joueurs sont supprimées et les 14 victoires de l’équipe de 2004 sont effacées des tablettes. Carroll assure n’en avoir rien su à l’époque. Il est de toute façon parti pour Seattle. Et il semble parti pour y rester.

Des chiffres en pagailles

Vous savez désormais tout (ou presque) du passé des deux entraîneurs. Maintenant bien en place, ils se sont imposés à la tête de leurs équipes respectives, chacun avec leurs méthodes. Et cela semble fonctionner puisqu’ils sont tous les deux au Super Bowl dimanche prochain. Avant le match, voilà quelques chiffes sur les carrières des deux coaches qui vous permettront de briller devant vos amis pendant la rencontre.

-Bill Belichick est le seul coach de l’histoire à avoir gagné 3 titres en 4 ans.
– Il a remporté 211 matches en carrière. Soit le plus grand total pour un coach encore en activité et le 6e meilleur résultat de tous les temps.
-En playoffs, Belichick a désormais 21 victoires, le meilleur résultat de l’histoire devant les 20 victoires de Tom Landry, coach des Cowboys de 1960 à 1988.
-Il a remporté 6 titres de conférence, le dernier en date étant cette année. Il est a égalité pour le meilleur coach de l’histoire à ce range avec Don Shula (1 avec les Baltimore Colts, 5 avec les Miami Dolphins).
-Belichick sait rebondir après une défaite. Depuis 2003, les Patriots ont une fiche de 38-4 sur les matches suivant un échec.

-Passons à Carroll. Grand coach universitaire, trois de ses joueurs à USC ont été récompensé par le Hesimann Trophy en quatre ans : Carson Palmer, Matt Leinart et Reggie Bush.
-En 2008, les Trojans remportent un 3e Rose Bowl d’affilée, une première dans l’histoire de la NCAA.
-Cette même année, USC a la meilleure défense du championnat avec 9,8 points accordés en moyenne et seulement 14 touchdowns encaissés en autant de match.
-Sur ses 9 saisons à la fac de South California, Carroll a mené l’équipe à 9 Bowls, en gagnant 7. Il a également 2 titres nationaux en 2003 et 2004 (même si le deuxième a été retiré du palmarès ensuite).
-En 2011, Carroll dirige l’un des effectifs les plus jeunes de la NFL. Son effectif est le plus jeune en semaine 1. Pendant la saison, il aligne une ligne offensive qui est la troisième plus jeune en termes d’expérience. Pareil pour son unité défensive qui est la deuxième plus jeune.

Maintenant que vous avez tous ces élément et chiffres en tête, vous êtes prêts pour le Big Game. Pete Carroll a reconnu que ce match aurait un goût particulier pour lui, l’ancien entraîneur des Patriots. L’enthousiasme de la jeunesse de Seattle et de son entraîneur à forte tendance universitaire auront-ils raison de la rigueur martiale de New England et de son entraîneur à l’expérience inégalée en NFL ? Réponse dimanche.

"Allez, Bill souris pour une fois !" - "De quoi ? Ah, ce truc avec les dents là ? Ok, ok..."

« Allez, Bill souris pour une fois ! » – « De quoi ? Ah, ce truc avec les dents là ? Ok, ok… »

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