[histoire] Reggie White : The Minister of Defense

Cherchez le #92 chez les Tennessee Volunteers, vous ne le trouverez pas. Cherchez le #92 chez les Philadelphia Eagles, vous ne le trouverez pas. Cherchez le #92 chez les Green...

Cherchez le #92 chez les Tennessee Volunteers, vous ne le trouverez pas. Cherchez le #92 chez les Philadelphia Eagles, vous ne le trouverez pas. Cherchez le #92 chez les Green Bay Packers, vous ne le trouverez pas.

Quand Reggie White harassait des quarterbacks aux abois, telles des proies égarées prises en chasse par un fauve affamé, c’était toujours avec le sourire. Un sourire éclatant qui ne semblait jamais le quitter. Un sourire Colgate qui sera abandonné par son cœur à seulement 43 ans.

Un Titan made in Tennessee

Natif de Chattanooga, c’est dans son Tennessee natal que Reggie White fait ses classes. Après une saison de senior passée à empiler les plaquages (140) et sacks (10), c’est sans grande surprise que le All-American, estampillé meilleure recrue de tout l’État, rejoint les Volunteers de l’université du Tennessee. Dès sa première année, il grimpe les échelons à toute berzingue et reçoit le Andy Spiva Award honorant le joueur défensif de l’équipe à avoir le plus progressé. Plaquages, sacks, fumbles, blocs, White fait tout pour se faire remarquer. Et ça marche. Son ascension folle se poursuit de plus belle l’année suivante et les compteurs statistiques s’affolent. Jusqu’à ce qu’un genou faiblard vienne jouer les troubles fête durant sa troisième année universitaire. Pas de quoi l’empêcher d’arracher 7 sacks.

Très tôt, Reggie se distingue déjà par sa taille.

« Quand j’étais petit, j’étais toujours plus grand que les autres enfants, » expliquait-il dans les colonnes de Sports Illustrated. « Les autres enfants m’appelaient Bigfoot ou le Géant. Ils me cherchaient et déguerpissaient à toute vitesse. En cinquième, j’ai découvert un truc dans lequel j’étais bon. Je savais jouer au football et je pouvais utiliser ma taille et réussir en jouant dans les règles. Je me rappelle avoir dit à ma mère qu’un jour je serai joueur professionnel et que je prendrai soin d’elle pour le reste de sa vie. »

Revanchard après une saison junior qu’il garde en travers de la gorge, Reggie White attaque sa dernière année comme un mort de faim. 1oo plaquages, dont 72 solos, 9 plaquages pour perte, 15 sacks et une petite interception pour couronner le tout. Même aligné face aux meilleurs bloqueurs universitaires, il fait vivre de véritables cauchemars aux passeurs. Rusher infatigable il bouleverse en permanence les attaques adverses. Face à The Citadel, celui que l’on surnomme désormais « The Minister of Defense » rafle 4 sacks et un record de l’université du Tennessee. Le quarterback de Maryland, Boomer Esiason, se souviendra longtemps de son tête-à-tête avec Reggie. Lors du Florida Citrus Bowl 1983, il quitte le match dès le deuxième quart-temps, victime de la faucheuse White. Estampillé joueur SEC de l’année, il est finaliste pour le Lombardi Trophy honorant le meilleur joueur de ligne défensive ou linebacker du pays, mais voit le titre lui filer sous le nez. 293 plaquages et 32 sacks plus tard, il est temps pour le pass rusher de se trouver un nouveau bac à sable à sa taille. Direction la NFL. Ou pas.

La parole est à la défense

En bon casanier attaché à ses racines, Reggie White rejoint les Memphis Showboats dans l’USFL. L’expérience tournera court. Le temps de deux saisons et avant que la ligue concurrente de la NFL n’explose en vol, il s’offre 23,5 sacks, 198 plaquages et 7 fumbles forcés en 36 titularisations. Quand l’USFL se désintègre en 1985, les Eagles, qui détenaient les droits NFL sur le joueur, n’hésitent pas un instant et signent White. Pour ses grands débuts sous ses nouvelles couleurs, il décroche 2,5 sacks et détourne une passe, rattrapée et retournée jusqu’au touchdown par un coéquipier. Ou comment se faire remarquer. En seulement 13 rencontres disputées cette saison-là, il accumulera 13 sacks et sera nommé Rookie Défensif de l’Année. Après une première campagne aux allures d’échauffement, il passe la deuxième vitesse l’année suivante. Ses 18 sacks lui valent un voyage de fin d’année à Hawaï. Le premier d’une (longue) série de 13 consécutives.

La machine est lancée et ne semble pas prête à vouloir s’arrêter. 1987 restera dans les annales comme l’une des plus belles démonstrations de force jamais livrées par un homme de ligne défensive. Et le match d’ouverture donne tout de suite le ton de ce que s’apprête à accomplir Reginald. Face aux Redskins, il sacke Doug Williams, lui arrache le cuir des mains et remonte les 70 yards qui le séparent de la peinture pour s’offrir le premier, et avant-dernier, touchdown de sa carrière. Dans une saison écourtée par la grève, il n’a besoin que de 12 rencontres pour amasser 21 sacks, soit 1,75 par match ! Jamais un joueur n’aura fait autant aussi vite. Avec 11 sacks et 89, il signe son plus mauvais total en Pennsylvanie. En 8 années à Philly il signera 124 sacks… en 121 matchs… C’est sans grande surprise qu’il sera plus tard élu meilleur joueur de l’histoire des Eagles par ESPN Sportnation.

« Le joueur de ligne défensif parfait… » tranche l’ancien head coach de Philly, Buddy Ryan. « Très probablement le défenseur le plus doué que j’ai jamais croisé. »

Cocktail de force brute, de vitesse et doté d’une barre d’énergie inépuisable, Reggie White et son mètre 96 ont le don d’exploiter la moindre faille, la moindre opportunité. Clignez des yeux au mauvais moment, trop tard, il est déjà dans votre dos à se ruer sur votre quarterback.

Agent libre à l’issue de la saison 1992, il devient l’un des premiers gros noms à changer de couleurs. On garde le vert et on y ajoute un peu de jaune et 17 millions de dollars. Direction Green Bay et des Packers moribonds qui courent après leur glorieux succès. En vain. Mais plus pour longtemps. Brett Favre d’un côté du ballon, Reggie White de l’autre. La mayonnaise va rapidement prendre et la métamorphose s’opérer. Si de 93 à 95 les Packers retrouvent les playoffs ils croisent systématiquement le chemin d’un impitoyable rouleur compresseur nommé les Dallas Cowboys. L’année 1996 sera finalement la bonne. Emmenés par leur Ministre et la meilleure défense de la ligue, les hommes du Wisconsin s’ouvrent enfin les portes du Super Bowl. Reggie sacke trois fois un Drew Bledsoe qui lancera 4 interceptions. 29 ans plus tard, les Cheesers ajoutent une étoile à leur palmarès. Élu Joueur Défensif de l’Année en 98, White voit sa deuxième bague de champion lui échapper dans un Super Bowl XXXII remporté par les Broncos de John Elway.

Deux années et 27 sacks plus tard, le Ministre tire sa révérence. Le temps d’une saison. Le défenseur a des fourmis dans les gambettes et décide de rembarquer pour une dernière saison. Une source d’inspiration pour Brett Favre, sans l’ombre d’un doute. Une campagne 2000 chez les Panthers aux allures de jubilé, 5,5 petits sacks et il est temps de raccrocher pour de bon. Avec 198 sacks, il quitte les terrains avec le record de sacks en carrière, jusqu’à ce que Bruce Smith et ses 200 unités passent par là quelques années plus tard. 13 fois All-Pro en 15 saisons NFL, il aura réussi l’exploit de signer au moins 10 sacks au cours de 9 campagnes consécutives. Une performance unique. Une preuve de plus de son incroyable régularité.

Le 26 décembre 2004, il est emporté par une arythmie cardiaque foudroyante.

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