Critique TV : « Foot Américain : À mort les gladiateurs », diffusé sur Canal+

Lundi soir, l’excellent magazine Special Investigation diffusait un reportage consacré à la NFL et son problème avec les commotions. Le titre ? Racoleur : « Foot américain : à mort les...

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Lundi soir, l’excellent magazine Special Investigation diffusait un reportage consacré à la NFL et son problème avec les commotions. Le titre ? Racoleur : « Foot américain : à mort les gladiateurs ! »

D’abord, il faut centrer le debat. Oui, le reportage aborde un point négatif du football américain. Special investigation n’est pas une émission de promo. Il s’agit de reportages sur des sujets sérieux, souvent graves. Pour réaliser un reportage, il faut choisir un angle. Ici, les blessures. Il faut donc juger ce reportage sur sa qualité à traiter cet angle, et pas sur le fait qu’il n’en aborde pas d’autres.

Sujet maîtrisé

La NFL a un problème avec les commotions cérébrales. Il serait naïf de l’ignorer. On ne peut pas penser que des hommes qui passent leurs journées à se rentrer dedans ne puissent pas avoir des problèmes au cerveau.

Le reportage traite donc très bien le problème, de sa découverte à la volonté de la ligue de le cacher le plus longtemps possible. En fait, la réalisatrice marche plus ou moins dans les traces de League of denial, le premier documentaire à véritablement éveiller les consciences sur le sujet, lui-même inspiré d’un livre enquête. Si on l’a vu, on a donc parfois un sentiment de répétition.

2 ans de retard

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League of denial est sorti il y a deux ans. Ce qu’on peut reprocher au reportage de Canal, c’est peut-être d’en être resté là.

Car les choses ont bougé en deux ans. La NFL a mis en place de nombreuses mesures, évoquées en quelques mots dans le sujet. Sont-elles efficaces ? On ne le sait pas vraiment. Seule la plus ridicule (les initiations pour les mamans) est mise en-avant.

La retraite de Chris Borland est évoquée également en bref. Mais n’est elle pas le signe que les joueurs sont désormais conscients de l’aventure dans laquelle ils sont embarqués ? Leur avis aurait été intéressant.

Les commotions sont toujours un problème pour la NFL et le football américain, mais plus tout à fait de la même manière qu’il y a deux ans. Désormais, tout le monde est au courant des dangers.

La grande méchante NFL

Ce que notre consoeur met aussi bien en scène, c’est la sensibilité du sujet du côté des bureaux de la NFL. Son coup de téléphone avec une responsable de la ligue, qui lui demande d’être conciliante si elle espère décrocher une interview, est consternante. Oui, la NFL protège son business et craint le problème. Comme souvent, sa gestion de crise est mauvaise.

Dans le même temps, la carte de la grande méchante NFL est parfois utilisée de manière excessive. Dans une des séquences d’ouverture, tournée lors de la conférence de presse donnée à Phoenix par Roger Goodell, on entend la voix-off nous expliquer que personne ne peut poser une question gênante car les intervenants sont sélectionnés à l’avance. Nous étions dans la salle ce jour là, et ce n’était pourtant pas le cas. Il suffisait de lever la main pour demander le micro. Et Rachel Nichols ne s’était pas privé pour énerver Goodell sur un autre sujet.

Il était possible de poser la question à Roger Goodell. Il aurait tout simplement répondu à côté ou avec une banalité.

Des questions légitimes

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En dehors de quelques exagérations dramatiques et de cette incapacité déconcertante à ne pas tomber dans le piège du fameux « finale du Super Bowl », ce reportage est donc tout ce qu’il y a de plus légitime, même si League of denial reste la référence sur le sujet.

Des questions importantes sont soulevées. Faut il laisser les jeunes jouer au football ? Faut il imposer une fin de carrière après un certain nombre de commotions ?

D’autres auraient pu l’être : les règles doivent elles être adaptées ? Le matériel ? Quel est l’état d’esprit des joueurs ? Des jeunes joueurs ?

La NFL et le football américain doivent gérer ce problème vaste. Il est ici soulevé de manière cohérente malgré une touche dramatique. On aurait juste apprécié une perspective plus ancrée dans la réalité de 2015 et l’avis des principaux intéressés.

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