[portrait] Matt Kalil, une histoire de famille

Les histoires de famille ne sont pas légion au plus haut niveau du sport américain. Arriver dans la grande ligue demande tellement de sacrifices qu’il est peu commun que des...

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Les histoires de famille ne sont pas légion au plus haut niveau du sport américain. Arriver dans la grande ligue demande tellement de sacrifices qu’il est peu commun que des membres d’une même famille y parviennnent. Pourtant, dans la lignée des Long (Howie, Chris et Kyle
dont nous dressions le portrait la saison dernière) ou des Manning, il est une autre famille qui a mis la main, elle, sur les offensive lines des années 2010 : Les Kalil. Mais si, pour l’instant, c’est bien le grand-frère, Ryan, qui possède le plus de distinctions individuelles avec ses Carolina Panthers, une partie du destin proche et lointain des Minnesota Vikings se trouve bien dans les mains de Matt. Dans ses mains, ou bien dans ses genoux…

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Les genoux de Matt, il les a usés dès son plus jeune âge sur les playgrounds de Butterfield Park à Corona, dans la banlieue d’Anaheim (Californie). Mais, pour lui, pas question de parties de foot improvisées sur le bitume mais bien plutôt d’exercices de pas de côté ou de bloquage dans les règles de l’art. C’est-à-dire qu’avec un père comme Frank Kalil, Ryan et Matt n’ont pas vraiment eu le choix. Drafté au 298e rang de la draft 1982 par les Buffalo Bills, le paternel Kalil s’est surtout illustré dans l’USFL, la ligue professionnelle a la durée de vie de seulement 2 ans (1983-1985) et sur laquelle ESPN a produit un excellent « 30 for 30 » : « Small Potatoes: Who Killed the USFL ».

« La première fois que je suis allé à Servite, j’ai essayé de jouer tight-end. Mon père est descendu sur le terrain et il a dit : « Non, il joue left tackle ». Ca a un peu cassé mon rêve » Matt Kalil

Avec une telle lignée, pas étonnant donc que les deux garcons passent par la Servite High School, située à Anaheim, où leur pere a joué à la fin des années 70. Ryan y obtient son diplôme en 2003 tandis que Matt, de quatre ans son cadet, y arrive la même année. Surtout, Matt rallie les Friars de Servite en compagnie de ses deux meilleurs compagnons, ceux-là même avec lesquels il a combattu sous les couleurs des Corona Chargers dans les équipes de jeunes : Chris Gallippo et DJ Shoemate, un linebacker et un running back.
Les trois compères forment une bande insécable, au potentiel professionnel évident. MVP du All-American Bowl de l’US Army, c’est Chris Gallippo qui signe le premier pour rejoindre les rangs d’USC à Los Angeles. Classé au 2e rang du Top 150 d’ESPN pour la classe 2007, il est un « 
can’t-miss » prospect pour les Trojans. DJ Shoemate s’y engage, lui, deux mois plus tard et c’est Matt Kalil qui sera, au final, le dernier à accepter l’offre de l’équipe alors encore entrainée par Pete Carroll. Un choix presque évident pour lui puisque son frère vient alors d’y effectuer quatre très belles années où il y a gagné, entre autres, un statut de All-American qui lui vaut d’être sélectionné par les Panthers à la 59e position de la draft 2007.

Kalil, si !

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Mais si ses deux amis et coéquipiers ne feront pas de grande carrière universitaire, Shoemaker étant souvent blessé et Gallipo ne confirmant pas toutes ses promesses de jeunesse, Matt Kalil reprend le flambeau familial avec classe et autorité. Sa première année freshman est une année d’adaptation et de redshirt. La suivante le voit intégrer la ligne offensive des Trojans, mais au poste de right tackle remplaçant. Les deux suivantes en feront tout simplement l’un des meilleurs prospects universitaires.

«La génétique joue évidemment une grande part dans la lignée. Mais avoir grandi et baigné dans le foot et avoir vu ce que les anciens ont pu faire pour être de grands joueurs, cela a dû aider.» Kevin Colbert, GM des Pittsburgh Steelers

Son frère Ryan avait surtout pour lui son intelligence de jeu au poste essentiel de centre, peu aidé par un gabarit « moyen » d’1m88 et 134 kilos. Matt, lui, possède un corps immense de 2m01 pour le même poids, avec un jeu de jambes appris depuis le plus jeune âge. Son talent naturel devient tellement évident aux yeux des coaches qu’ils le mettent en compétition avec Tyron Smith pour le poste de left tackle, une fois Charles Brown parti en NFL chez les Saints. Le futur offensive lineman des Cowboys, qui a signé un contrat de 109 millions de dollars sur 8 ans en 2014, ne pourra rien faire face au jeune Kalil et est contraint de garder son poste de right tackle. En 2011, Kalil succède à Tyron Smith au palmares du Morris Trophy, attribué au meilleur lineman de la Côte Ouest. La famille Kalil rentre également dans les annales puisque, Ryan l’ayant gagné en 2006, ils deviennent les deux premiers frères de l’histoire à accomplir cette performance.

Sans avoir gagné de titre universitaire, Matt Kalil décide de se présenter à la draft 2012, sûr de son talent et fort des pronostics en faisant le premier tackle sélectionné cette annee-la (le monde découvre également à cette occasion la soeur Kalil, Danielle, aspirant mannequin, dont la ressemblance avec leur mère Cheryl, ancienne Miss California 1981, est remarquée…). Avec ses dimensions hors-normes, sa mobilité, son historique, les Vikings le sélectionnent à la 4e place, apres avoir également contemplé la selection de Justin Blackmon ou Morris Claiborne. Avec ce choix, ils font de Kalil le successeur symbolique de Ron Yari, offensive lineman Hall-of-Famer qui reste le dernier choix effectué par Minnesota dans un Top 3…en 1968.
Le seul hic concernant le Californien reste sa puissance moyenne du bas du corps et sa tendance à ne pas assez plier les genoux pour pouvoir faire face aux defensive ends adverses au centre de gravité plus bas. Les genoux, déjà…

Le Viking coule…

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Arrivé pour protéger Christian Ponder du mieux qu’il peut, c’est pourtant dans le domaine de la course que la ligne des Vikings va se distinguer en cette saison 2012. Bien aidé par les blocs poses par ses linemen, Adrian Peterson finit à 8 petits yards du record mythique d’Eric Dickerson (2105). Matt Kalil y gagne une sélection au Pro Bowl en tant que remplaçant de Trent Williams (Redskins) et sa famille y gagne un nouvel honneur, celui d’être la seule avec les Manning a avoir eu un père joueur en NFL ainsi que deux enfants Pro-Bowlers.
Pourtant, quelques voix dissonnantes se font entendre sur ses performances. Pro Football Focus ne le classe que 21e offensive lineman sur 85 et d’autres arguent du fait que sa saison rookie, bien que très bonne, s’est déroulée face à une opposition moindre.

C’est donc sous pression qu’il aborde la saison 2013. Une pneumonie en décembre 2012 lui a fait perdre du poids et le fait donc arriver fatigué au camp d’entrainement cette année-là, occupé qu’il a été pendant cette intersaison à revenir à son poids de forme. Ses performances sont néanmoins dans la lignee de la saison précédente: de bonnes performances face aux oppositions les plus faibles et plus de mal face aux gros talents.

Cependant, ces deux premières saisons ne sont rien face au désastre de la saison 2014. Chargé de proteger le nouveau petit diamant, Teddy Bridgewater, Matt Kalil coule complètement, finissant 81e sur 84 à l’evaluation de Pro Football Focus. Pour ne rien arranger, il ne s’aide pas vraiment en allant balancer la casquette d’un fan l’ayant sifflé à la sortie d’un match. Evidemment, à l’heure des réseaux sociaux, cette video devient virale et Kalil n’est plus totalement vu par les fans comme le left tackle de la prochaine décennie. La raison de cette chute de performance? Sans doute une intervention chirurgicale au genou l’ayant empêché de pouvoir pleinement s’exprimer physiquement et l’ayant mis en retard dans sa préparation.

La renaissance

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Malgré tout cela, les dirigeants des Vikings continuent de lui faire confiance et lèvent l’option sur la saison 2016 de son contrat. Prévoyants, ils draftent néanmoins son possible remplacant avec TJ Clemmings, en provenance de l’Université de Pitt.

Sans doute piqué dans son orgueil et, surtout, ayant subi une arthroscopie pour lui nettoyer le genou, Matt Kalil renaît en ce début de saison 2015. Après 5 semaines de compétition et 313 snaps, Kalil n’a toujours pas été responsable d’un sack encaissé par Bridgewater, rappelant à tous les chiffres de sa saison rookie. Avec sa résurgence et les performances accrues de Joe Berger au poste de centre, les Vikings se rappellent au bon souvenir de la ligue et affiche un bilan positif (3-2).

Avec les Panthers de son frère encore invaincus, il existe donc une vraie chance de voir les deux frangins se retrouver dans la même êquipe de Pro Bowlers NFC en fin de saison, ce qu’ils n’avaient pas réussi en 2012 (Ryan étant sélectionné entre 2009 et 2011…puis en 2013). Si cela arrive, ils auront surement l’occasion d’aller fêter ça dans l’un des 5 restaurants « Peiology » que possède Matt, déjà prévoyant dans ses investissements. En famille, bien sûr…

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