[Histoire] Ryan Leaf, le plus grand bust de l’histoire ?

Dans la série des grands busts de l’Histoire de la NFL on retrouve bien évidemment Jamarcus Russell ou Tony Mandarich qui ont été très marquants à leur époque. Mais il...

Dans la série des grands busts de l’Histoire de la NFL on retrouve bien évidemment Jamarcus Russell ou Tony Mandarich qui ont été très marquants à leur époque. Mais il faut remonter à la draft NFL de 1998, celle de Peyton Manning et de Charles Woodson, pour retrouver le bust qui a eu le plus d’ampleur dans les médias, pour ne pas dire le plus d’acharnement.

Etre comparé avec Peyton Manning qui était dans la même classe de draft, cela demande une adaptation rapide au jeu professionnel et surtout une éthique de travail que n’avait pas Leaf.

Ryan Leaf est considéré comme un prospect sûr à la Draft

Ryan Leaf est considéré comme un prospect sûr à la Draft

Une carrière universitaire idyllique et une draft mouvementée 

A la base, Ryan Leaf devait jouer en NCAA en tant que linebacker à l’Université de Miami. Mais la proposition du coach des Cougars de Washington, Mike Price, de faire jouer Leaf en tant que quarterback a été la meilleure. Finalement Leaf reste trois saisons à Washington à jouer quarterback. Il s’avère qu’il est excellent dans ce domaine.

En effet, en 32 matchs universitaire, Leaf en commence 24. Mieux encore, sur sa troisième année, son année junior, le quarterback lance pour une moyenne de 330 yards par match. Une statistique impressionnante qui s’accompagne de 33 touchdowns à la passe sur la saison. Leaf mène aussi les Cougars à la victoire dans le derby face aux Huskies, les rivaux qui partagent la ville : une première depuis la saison 1985.
Après cette saison grandiose et une qualification au Rose Bowl, Ryan Leaf accède à au trio final du Heisman Trophy. Avec lui, le cornerback de Michigan, Charles Woodson et le quarterback de Tennessee, Peyton Manning.

Le joueur des Cougars reçoit deux récompenses prestigieuses après le Rose Bowl: une nomination comme meilleur joueur offensif de la division Pac-10 ainsi qu’une place dans l’equipe All-american universitaire (devant Manning). Après une saison telle que celle là, Leaf est coté très haut chez les scouts NFL et s’inscrit à la Draft 1998 sans faire son année senior.

Lors des entraînements pré-draft et encore pendant la Draft, Manning et Leaf sont considérés comme ayant le même niveau. Leaf a pour lui, d’après les scouts, un meilleur bras et un plus gros potentiel alors que Manning est plus mature et déjà plus solide physiquement. Mais aucun scout n’est capable de dire lequel des deux choisir en premier. Les Colts choisissent finalement Manning.
S’en est déjà trop pour Leaf, sélectionné en second par les Chargers. En effet, le quarterback rookie a d’après beaucoup de personnes proches du football, un égo sur-dimensionné et une confiance en lui qui peut aisément passer pour de l’arrogance voire du mépris.

Le premier accro pour Leaf vient juste après la Draft. Après avoir signé un contrat de 31 millions de dollars dont 11 millions garantis, le plus gros contrat pour un rookie, Leaf montre déjà toute l’étendue de son égo. Dans son interview post-draft, Leaf déclare pouvoir rester quinze ans dans la ligue, ramener des bagues et parader dans le centre-ville de San Diego.
De son coté Manning déclare, dans la même interview, aller dès le lendemain bosser avec son équipe pour préparer la nouvelle saison. Pire encore, le soir de la Draft, Leaf prend l’avion du propriétaire des Chargers pour aller faire la fête toute la nuit à Las Vegas; il arrive le lendemain en conférence de presse en baillant. Sa mentalité n’est déjà plus comparable à celle de Manning.

Deux saisons chez les Chargers et puis s’en va

Ryan Leaf est bien évidemment nommé titulaire pour les matchs de présaison. Après quatre matchs plutôt correct, les Chargers commencent la saison face aux Bills et aux Oilers. Leaf est alors très à son aise et on se dit que le quarterback va produire une grosse saison. Des passes millimétrées, beaucoup de vista et d’inspiration, tout va pour le mieux. Mais, malheureusement pour lui, l’état de grâce est de courte durée. Lors du troisième match face aux Chiefs à l’Arrowhead Stadium, la machine s’enraye.

Fort de ses deux premiers matchs, Leaf pense qu’il n’y a qu’à lancer le ballon tranquillement aux receveurs pour que celui-ci arrive à bon port. La défense de Kansas City va se régaler. Le quarterback déjoue  complètement et livre une performance honteuse, indigne d’un « first-rounder ».  Au final, Leaf termine le match avec une passe complétée sur quinze, quatre yards et cinq turnovers.

Le duel Manning-Leaf n'aura duré qu'une saison

Le duel Manning-Leaf n’aura duré qu’une saison

Après ce match catastrophique, au lieu de faire profil bas et de prendre ses responsabilité par rapport à la défaite, il s’en prend à ses coéquipiers. En conférence de presse, toujours plus arrogant, Leaf souligne tous les secteurs défaillants du jeu, blâmant ses receveurs de ne pas savoir faire une séparation suffisante avec les défenseurs adverses ou encore critiquant la ligne offensive en pointant du doigt la pression subie lors du match. Tout ça sans se remettre en question une seule fois.

Le cœur n’y est déjà plus. Après chaque rencontre il semble en vouloir à tout le monde et enchaîne les prestations calamiteuses. Leaf est devenu un véritable boulet pour son équipe au vu du nombre de turnovers concédés. Envoyant interceptions sur interceptions, il finit par être mis sur le banc après avoir marqué seulement deux touchdowns contre neuf interceptions en neuf matchs. Sa ligne statistique n’est guère mieux:  45 % de passes complétées pour un rating de 39. Les Chargers finissent la saison avec 5 victoires pour 11 défaites.

Une fin de carrière pathétique

Les saisons suivantes ne sont guère mieux. Entre blessures, conflits avec ses dirigeants, suspensions à répétitions et une multitude d’interceptions, Leaf vis une véritable descente aux enfers. Prétextant une blessure au poignet pour aller jouer au golf, filmé dans une partie de  « flag football »  alors qu’il était en convalescence, le quarterback  réussit à se faire haïr par toute la ville de San Diego.

Ces incidents mettront logiquement un terme au contrat de Leaf en Californie, qui tente alors de relancer sa carrière jusque là  moribonde à Tampa Bay, chez les Cowboys, puis aux Seahawks. Trois essais à chaque fois soldés par un échec refusant au passage les baisses de salaire proposées.

Leaf mets fin à sa carrière à 26 ans en ayant joué seulement 25 matchs. Il est clairement considéré aujourd’hui comme un des plus grands bust de l’Histoire. Un quarterback qui n’avait pas compris l’importance du travail et de l’effort pour percer en professionnel. Symptomatique du système de recrutement sportif américain, Leaf était apprécié pré-draft pour ses qualités physiques. Les scouts NFL ont totalement négligé l’aspect émotionnel du joueur et le fait qu’il pouvait avoir un mental friable.
Cet échec est à la fois du au joueur qui n’a pas su s’adapter mais la faute des instances de repérage n’est pas négligeable et on est ici face aux limites du
système américain basé principalement sur l’avantage physique et non mental.

Anecdotes:
– NFL Network a listé Ryan Leaf comme le bust numéro 1 de l’Histoire de la NFL (devant Jamarcus Russell)
– Leaf a écrit un livre en 2011 ou il retrace sa carrière universitaire:  » 596 Switch: The Improbable Journey From The Palouse to Pasadena »

Vidéo retraçant la carrière de Ryan Leaf

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