[portrait] Jason Witten, ce capital capitaine

En ces temps de troubles majeurs en NFL au sujet des comportements hors-terrain des joueurs, il est également important de rappeler que, comme le faisait CJ Spiller ce lundi dans...

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En ces temps de troubles majeurs en NFL au sujet des comportements hors-terrain des joueurs, il est également important de rappeler que, comme le faisait CJ Spiller ce lundi dans les colonnes de Sports Illustrated, “il y a aussi un tas de super gars dans cette ligue”. Sous ses allures de Mr Tout Le Monde (mais en plus costaud…) un peu lisse et effacé, Jason Witten est de cette trempe de joueurs dont tout un chacun pourrait s’inspirer.

Homme de parole, activiste reconnu, role-model mais star de l’ombre, tight-end le plus prolifique en yards de sa génération (si l’on admet que Tony Gonzalez appartienne à la précédente), lui et son meilleur ami Tony Romo resteront également les poster-boys d’une équipe de Dallas déliquescente et aux résultats décevants depuis plus d’une décennie. Un héritage sans doute injuste pour celui qui finira un jour sa carrière au Hall of Fame de Canton, comme le fera sans doute bientôt Junior Seau, son idole d’enfance.

De JJ Watt à Jason Witten

La "Bromance" Tony Romo-Jason Witten aura abouti a l'un des duos Quarterback-Tight End les plus productifs de l'histoire

La « Bromance » Tony Romo-Jason Witten aura abouti à l’un des duos Quarterback-Tight End les plus productifs de l’histoire

Si un défenseur exceptionnel tel que l’ex-Charger a tant fait rêver l’enfant Jason Witten, c’est que ce dernier a commencé sa carrière de footballeur du même côté du terrain. Armoire à glace d’1m95 pour 118 kilos née dans le Tennessee, Witten fait ses premiers pas aux postes de linebacker et de defensive-end au lycée d’Elizabethton, dans le même Etat, sous les ordres de son grand-père. Ses plus de 160 plaquages lors de sa saison senior lui valent d’ailleurs une sélection All-America.

Avec un tel potentiel, dans une région où le football est roi, l’Université de Tennessee, située à 160 kilomètres de là, ne se fait pas prier pour accueillir le phénomène sous les couleurs orange des Volunteers. Cependant, avec des concurrents comme Eric Westmoreland, un joueur qui a participé à la conquete du titre NCAA 1998, ou comme Albert Haynesworth, Jason Witten obtient peu de temps de jeu et change de poste en devenant tight-end, suivant le chemin inverse de celui qu’empruntera JJ Watt quelques années plus tard à Wisconsin. Le même succès futur attendra les deux joueurs, même si les 67 millions de dollars gagnés en carrière par le tight-end des Cowboys sont assez loin des 100 millions promis au defensive-end des Texans pour les 6 prochaines années. Une question de position, sans doute…

Des Pro Bowls à la douzaine pour Witten

Drafté par Bill Parcells en 69e position de la draft 2003, l’influence du “Big Tuna” sur la carrière de Witten ne va pas tarder à se faire sentir dès sa deuxième annee. Le joueur rappelle dès qu’il le peut que Parcells, l’un des meilleurs coaches de l’histoire, a été le principal responsable de son regain de confiance en lui.

Grâce à un assistant coach du nom de Sean Payton, les Cowboys parviennent à tirer le meilleur d’un quarterback en fin de carrière comme Vinny Testaverde et, à 20 yards près, Jason Witten fait en 2004 sa première saison à 1000 yards en réception. Ses 87 réceptions et 6 touchdowns d’alors lui valent une première sélection pour le Pro Bowl sur un total de neuf accumulés de 2003 à 2013.

Avec l’arrivée de Tony Romo aux commandes de l’équipe en 2006, Jason Witten trouve son complément idéal, sur le terrain et hors du terrain, eux qui sont arrivés la même année dans l’effectif et qui ont tant partagé, en compagnie de Terence Newman et Bradie James (issus du même arrivage de rookies en 2003). Quelques photos de vacances mexicaines confirmeront l’amitié des deux hommes et feront également le bonheur de TMZ…

“Ce n’est pas que le football. On s’est vus grandir et devenir des hommes. C’était sympa d’être témoins et acteurs en même temps de ce processus de mûrissement” Terence Newman en 2010.

La machine est en route et ne s’arrêtera plus. Indestructible, le match de 2003 contre Philadelphie (son 5e en pro) est le seul de sa carrière où il ne mettra pas les pieds sur le terrain. Non content d’être un excellent bloqueur sur la ligne d’engagement, Witten accumule les yards et touchdowns. Entre 2004 et 2013, il va réceptionner 844 passes pour quelques 9452 yards et un total de 51 touchdowns.

Alors qu’en 2011 Rob Gronkowski explose le record de touchdowns marqués en une saison par un tight end (avec 17), Jason Witten fait parler sa régularité et son sens du timing en battant l’année suivante le record de réceptions par un tight-end sur une saison (avec 110). Avec les 46 yards accumulés lors des 2 premiers matches de la saison 2014, il n’est plus qu’à 155 yards de la barre mythique des 10000 yards en carrière, à seulement 5000 yards du record d’un Tony Gonzalez qui aura joué 6 saisons de plus que lui.

S’il fait peu de doute que Gonzalez sera First Ballot Hall-of-Famer (élu du premier coup) sans avoir jamais gagné de bague de champion, il en est un qui espère que Jason Witten obtiendra la même distinction, même s’il ne parvenait pas à gagner un Super Bowl.

“Jason Witten a été l’un des plus grands joueurs à avoir jamais joué. Un des plus grands Cowboys de l’histoire” Bill Parcells sur ESPN en 2013.

Preuve de son impact sur sa franchise de toujours, un autre Cowboy historique, Troy Aikman, l’a encore désigné au micro de Fox comme “le visage de la franchise” lors du match perdu contre San Francisco au Cowboy Stadium lors de l’ouverture de la saison 2014.

Capitaine au grand coeur

Si les Cowboys n’avaient pas cousu d’écussons de capitaines sur les maillots des joueurs désignés lors du lancement de cette initiative en 2007, Jason Garrett a décidé en 2011 de changer sa politique et de rendre visible au monde ceux que leurs coéquipiers avaient choisis comme les leaders de l’équipe. Bien sûr, Jason Witten faisait partie de ces cinq là, avec ses potes Romo et James ainsi que Demarcus Ware et Mat McBriar.

“C’est un sentiment particulier. Ca vous rappelle ce que vous représentez lorsque vous êtes sur le terrain, et pas seulement pour la façon dont vous jouez mais aussi la manière dont vous devez être un leader” Jason Witten en 2011.

Mais si un patch “C”, agrémenté d’étoiles dorées, cousu sur un maillot peut rendre fier un leader tel que Jason Witten, il y a également dans sa vie d’homme une autre chose qui peut lui faire bomber le torse et mettre en perspective ces défaites et contre-performances en playoffs.

Enfant battu par son père, Jason Witten a dû fuir Washington avec sa mère et ses deux frères à l’âge de 11 ans pour se réfugier chez son grand-père dans le Tennessee. Aidé par les “Boys & Girls Clubs” du coin pour surmonter ces moments difficiles et lui donner de l’espoir dans un futur meilleur, le joueur des Cowboys et sa femme Michele ont depuis énormement investi de temps et d’argent dans leur fondation S.C.O.R.E (Support, Community, Overcome, Rebuild, Educate « Aide, Communauté, Surpasser, Reconstruire, Eduquer ») avec laquelle ils essaient “de briser le cycle des violences domestiques” en apportant des figures masculines positives aux jeunes accueillis en foyer, par exemple. Depuis son lancement en 2007, les efforts investis dans cette fondation auront valu au tight-end des Cowboys de nombreux prix, dont le “Walter Payton Award” en 2012 qui récompense le joueur NFL aux actions extra-sportives les plus significatives pour la communauté.

Alors oui, c’est vrai, Jason Witten n’a aucune bague au doigt, mais d’autres Hall of Famers avant lui n’ont jamais connu cette joie non plus. Et si Tony Romo est le centre de bien des conversations lorsque le sujet des Dallas Cowboys est abordé, il ne faut cependant pas se tromper : le nom du meilleur joueur des Cowboys de la décennie passée rime bien plutôt avec capitaine !

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