Microsoft, soccer et tremblements de terre : l’histoire des Seattle Seahawks

Si l’histoire récente des Seahawks est brillante, les choses n’ont pas toujours été positives à Seattle. De sa création en 1972 à son premier titre en 2014, la franchise a...

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Si l’histoire récente des Seahawks est brillante, les choses n’ont pas toujours été positives à Seattle.

De sa création en 1972 à son premier titre en 2014, la franchise a vécu beaucoup de bas, et a même quasiment quitté la ville, avant d’être sauvée par le soccer et Paul Allen en 1996.

Depuis, les balbuzards se sont construits un public fidèle et bruyant, mais surtout une équipe qui gagne.

Les Seahawks plutôt que les Kings

Tout commence en juin 1972 quand un groupe de propriétaires fortunés annonce son intention de créer une franchise NFL à Seattle. Deux ans plus tôt, avec la fusion NFL-AFL, la ligue a décidé de s’agrandir. En décembre 1974, Pete Rozelle offre finalement à la ville une franchise ayant pour propriétaire majoritaire la famille Nordstrom. Malheureusement pour lui, l’homme d’affaires meurt d’une crise cardiaque quelques semaines avant le premier match de son équipe.

À l’origine, la franchise doit être baptisée les « Kings. » Mais en juin 75, le nom « Seahawks » est sélectionné suite à un vote populaire. Plus de 20 000 personnes ont voté pour choisir parmi plus de 1700 possibilités. Ce sera donc le Balbuzard pêcheur, un oiseau qui vole désormais au-dessus du stade les soirs de match.

Le processus est en marche. En mars 1975, la nouvelle franchise engage John Thompson comme GM. Jack Patera arrive quelques mois plus tard pour coacher l’équipe. Une équipe qui se compose lors de l’expansion Draft qui a lieu à les 30 et 31 mars 1976. Sur ces deux jours, les Seahawks et les Buccaneers, l’autre franchise créée au même moment, sélectionnent des joueurs laissés éligibles par les autres équipes.

Seattle récupère ainsi ses 39 premiers joueurs. Quelques semaines plus tard, le defensive tackle Steve Niehaus est le second choix de la Draft pour les Seahawks. S’il est élu rookie défensif de l’année avec 9,5 sacks, sa carrière est stoppée en moins de trois ans par des problèmes de genou.

L’équipe dispute son premier match de saison régulière le 12 septembre 1976. Une défaite contre les Saint Louis Cardinals. Des victoires, il n’y en a que deux en quatorze rencontres lors de la première année.

Le flop Brian Bosworth

Seattle doit attendre 1983 pour goûter aux playoffs. Des débuts en fanfares avec une finale de Conférence perdue contre les Raiders. C’est à cette époque que la ferveur du public commence à se faire remarquer. En 1984, le numéro 12 est retiré en l’honneur du 12e homme, qui supporte bruyamment l’équipe. Ce nom donné au public est emprunté à la fac de Texas A&M. Après plusieurs procédures judiciaires, les deux équipes trouvent un terrain d’entente pour que Seattle puisse utiliser le terme dans sept états. L’accord prend fin en 2016.

Les Seahawks sont également en playoffs en 84, 87 et 88, à chaque fois avec un quarterback différent.

La fin des années 80 est aussi marquée par un gigantesque flop. Sélectionné au premier tour de la Draft supplémentaire de 1987, Brian Bosworth est un linebacker grande gueule. Avant la Draft, il envoie par exemple des lettres à certaines équipes pour dire qu’il ne veut pas jouer pour elles. Les Seahawks font partie des destinataires mais tentent le coup et lui donnent même ce qui est à l’époque le plus gros contrat de l’histoire pour un rookie avec 10 ans et 11 millions de dollars. Bosworth marque son arrivée dans la ligue en attaquant la NFL en justice pour avoir le droit de porter le numéro 44. Il échoue.

Bosworth joue de manière correcte au début mais se manifeste surtout par ses coups d’éclat hors du terrain. Troll avant l’heure, il regarde 10 000 supporters des Broncos porter des t-shirts « Ban the Boz » qu’il a lui-même fait produire et qui lui rapportent donc de l’argent !

Pendant sa première saison, le flamboyant linebacker assure qu’il va contenir la star Bo Jackson. Raté. Le joueur des Raiders le pulvérise sur le terrain, faisant ainsi voler en éclat sa réputation. Un an et demi plus tard, Bosworth était à la retraite à cause d’une blessure à l’épaule.

Sauvés par le soccer

Le début des années 90 est triste, et il marque presque la fin de l’aventure. En 1996, l’équipe est sur le point de partir pour Los Angeles avec son propriétaire de l’époque Ken Behring. Paul Allen, un des co-fondateurs de Microsoft, se lance alors dans l’aventure.

Il se propose d’acheter les Seahawks à une condition : réussir à faire construire un nouveau stade, avec 300 millions de dollars d’argent public. Vu la fortune d’Allen, les locaux n’ont pas spécialement envie de lui donner l’argent de leurs impôts, et le référendum sur le sujet semble peu prometteur. Mais comme le raconte le Guardian, Allen va alors trouver des alliés étonnants : les passionnés de soccer de Seattle, qui rêvent d’une équipe MLS. Allen et son équipe se mobilisent pour faire basculer le vote de ce public en leur faveur. En 97, la MLS promet une équipe à Seattle si un stade est construit.

1,6 million de personnes passent devant les urnes et le résultat tombe : 51% en faveur du financement public du stade, avec une avance de seulement 36 780 votes sur le « non ».

« Il n’y a aucun doute que le vote du soccer a fait la différence. Et Paul vous le dira. Sans le soccer, il n’y aurait pas de Seahawks aujourd’hui », explique Paul Mendoza, un avocat local qui a été le premier à appeler Allen pour lui parler de l’engouement local pour le ballon rond.

Allen achète donc l’équipe et la garde à Seattle. L’ironie, c’est que les fans de soccer ont finalement dû attendre 2007 pour avoir leur équipe.

L’envolée vers le sommet

En 2002, les Seahawks emménagent dans leur stade actuel. Une enceinte qui, par sa construction, permet d’amplifier encore plus le bruit du 12e homme. Un bruit assourdissant qui devient une marque de fabrique. Entre 2002 et 2012, la foule provoque 143 faux-départ des attaques adverses, le deuxième total derrière les Vikings. À plusieurs reprises, les supporters battent des records de bruit.

Sur le terrain, les choses s’arrangent. En 2000, Shaun Alexander débarque au premier tour de la Draft. Dès sa seconde saison, le coureur porte son équipe. L’ancien coach vainqueur du Super Bowl avec les Packers Mike Holmgren est là pour l’aider, tout comme le quarterback Matt Hasselbeck. Ce trio mène l’équipe à cinq participations en playoffs de 2003 à 2007.

En 2005, Alexander marque 27 touchdowns au sol et décroche le titre de MVP ! Dans la foulée, les Seahawks se qualifient pour le Super Bowl XL. Ils s’inclinent 21-10 dans un match serré, marqué par quelques décisions d’arbitrage contestées. Depuis l’arbitre du match a même présenté ses excuses.

2008 est l’année de la chute. Alexander s’en va, Hasselbeck est blessé et seulement quatre matches sont gagnés. Holmgren part sur cet échec. Jim Mora ne dure qu’une saison et Pete Carroll débarque en 2010.

Immédiatement, l’ancien coach des Patriots impose son style dynamique. Dès sa première saison, Seattle retrouve les playoffs malgré un bilan de 7 victoires pour 9 défaites. Au premier tour, c’est l’exploit, avec l’élimination des Saints champions en titre devant un stade en délire. C’est Marshawn Lynch, un joueur récupéré de Buffalo qui inscrit le légendaire touchdown de la victoire. Sur l’action, la foule provoque même une secousse enregistrée par les appareils sismiques proches. La belle histoire s’arrête contre les Bears au tour suivant.

Après le départ d’Hasselbeck et une année de transition, Carroll réussit son plus beau coup en sélectionnant Russell Wilson au troisième tour de la Draft 2012. L’année précédente, Richard Sherman est arrivé au cinquième tour. Les bases sont posées. Avec Lynch au sol, une défense de plus en plus solide et le sang froid de Wilson, Seattle est en playoffs et passe un tour dès 2012.

La saison suivante, la défense est plus forte que jamais, et la recette porte l’équipe jusqu’au titre, avec une démonstration lors du Super Bowl, où les Broncos sont étrillés 43 à 8 !

Avec les mêmes recettes, cette équipe est maintenant en course pour un doublé.

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