Superbowl XLIX – Julian Edelman, Minitron maxi talent(s)

Pouvait-il en être autrement ? Le mariage entre Julian Edelman et les New England Patriots n’a-t-il pas toujours semblé être inévitable, entre lui l’ancien quarterback d’université devenu homme à tout faire...

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Pouvait-il en être autrement ? Le mariage entre Julian Edelman et les New England Patriots n’a-t-il pas toujours semblé être inévitable, entre lui l’ancien quarterback d’université devenu homme à tout faire et la franchise exploitant au mieux toutes les facettes des règles (des alignements offensifs au dégonflage de ballons…) ? Pour un joueur qui s’est défini lui-même sur ESPN en 2012 comme « aimant avant tout gagner », n’était-il pas déjà écrit que la franchise la plus victorieuse et astucieuse des années 2000 lui trouverait forcément une place dans son effectif ?

Sitting on the dock of the Bay

Le T-shirt "The Pass", Julian Edelman n'a pas hésité à capitaliser sur son exploit face aux Ravens

Le T-shirt « The Pass », Julian Edelman n’a pas hésité à capitaliser sur son exploit face aux Ravens

Et si, finalement, les Patriots, en cas de victoire contre Seattle lors de ce Super Bowl XLIX, faisaient la parade à San Francisco et dans sa banlieue ? Idée saugrenue et, pourtant, avec un Tom Brady originaire de San Mateo et un Julian Edelman arrivant de Redwood City, deux villes situées dans la banlieue Sud de Frisco, l’importance de leur duo pour le jeu de l’équipe de Belichick fait qu’un nouveau succès lors d’un Super Bowl pourrait bien dépendre d’eux, les enfants de la Baie. Tom Brady, seulement le 199e choix de la draft 2000 mais premier quarterback de l’histoire à se rendre six fois à la Grande Finale, et Julian Edelman, drafté en 232e position sur 256 possibles en 2009 et qui aura la possibilité de gagner un nouveau Super Bowl, lui qui en a déjà gagné plusieurs avec les 49ers ! Les Redwood City 49ers, précision importante…

« Tout le monde doit bien commencer à un endroit mais ce que vous obtenez en NFL, vous devez le gagner. La compétition est dure. Un gars comme Julian, par exemple, qui s’est battu chaque jour de sa vie pour en arriver là où il en est – on peut dire que ça l’a rendu plus fort avec le temps. Comme évidemment son expérience sportive en catégories de jeunes. » Tom Brady.

De l’âge de 8 à 12 ans, c’est en effet au poste de running-back des Redwood City 49ers que Julian Edelman remporte ses premiers trophées, dénommés Super Bowl, une équipe où il porte le #44 en l’honneur de Tom Rathman, le patibulaire fullback des San Francisco 49ers de la fin des années 80. C’est que, évidemment, Julian Edelman est un fan de la franchise depuis tout jeune, « adorant Joe Montana et Jerry Rice ». L’accueil de Tom Brady dans le vestiaire a dû être des plus chaleureux, n’en doutons pas, de la part d’un autre fan invétéré des Rouges et Dorés dans son enfance !

Mais, avec son physique de minipouss de l’époque, c’est au poste de quarterback qu’il intègre l’équipe du lycée de Woodside High School. Il n’a pas encore la carrosserie d’un adolescent, un comble pour le fils d’un garagiste, mais il compense ses lacunes par une volonté de fer, bien aidé par ses parents qui lui répètent de « prendre les choses doucement et comme elles viennent, année après année, et de se concentrer sur le fait de devenir un meilleur joueur ». Ce n’est donc qu’à partir de son année junior qu’Edelman commence vraiment à impressionner, grandissant de 25 cms et gagnant plus de 25 kilos dans l’affaire. Son talent naturel n’ayant plus les limites physiques que lui imposait son corps, il domine sur le terrain. Si un incident de vestiaire force l’école à couper court à la saison 2003 de l’équipe, celle de 2004 est un succès sans faille avec un bilan de 13 victoires pour aucune défaite. Julian Edelman cumulera finalement plus de 2000 yards à la passe et 900 yards à la course, tout en lançant 29 touchdowns et en amenant 13 lui-même dans l’en-but.

« Il y a un vieux dicton qui dit que plus vous savez faire de choses, mieux c’est. Quand un coach vous demande si vous savez faire quelque chose, même si vous ne l’avez jamais fait, vous devez dire : « Oui je peux le faire ». J’ai appris à ne jamais restreindre mes fenêtres d’opportunités.» Julian Edelman.

Mais, même fort d’un tel palmarès, sa taille (1m78) et son poids (77 kilos) n’en font pas une recrue de choix, SBNation rappelant cette semaine qu’il n’était alors classé que « Trois Étoiles », comme un certain Russell Wilson au physique d’ailleurs assez proche.

Alors, sans offre de Division I, c’est au Junior College de San Mateo, à 15 kms de là, qu’il décide de continuer sa carrière. Avec leur cursus de seulement 2 années, ces écoles laissent la possibilité aux athlètes qui s’y engagent de continuer ensuite dans une université au « vrai » cursus de 4 ans. Si l’on vient les y chercher, évidemment…

Par la grâce d’un coach, Bret Pollack, qui lui laisse carte blanche car « quand on a un athlète aussi dominateur à ce niveau, plus il a la balle dans les mains, mieux c’est », Julian Edelman extermine la concurrence et attire, enfin, l’attention de programmes beaucoup plus prestigieux, dont Oregon, Washington State mais également Kent State dans l’Ohio, l’école la plus motivée pour donner une chance à Julian de se battre pour la place de quarterback titulaire. Et, après tout, pourquoi ne pas aller tenter sa chance dans une université qui aura compté pendant 4 saisons sur Josh Cribbs, un joueur au profil assez proche d’Edelman de par sa capacité à enchainer passes et courses depuis sa position de quarterback ?

De la Californie à l’Ohio
C’est donc dans le froid de l’Ohio que Julian Edelman intègre donc le haut niveau. Et ses trois saisons se passent comme un rêve sous les couleurs des « Golden Flashes » ! Si ses statistiques à la passe (5000 yards, 30 touchdowns à 50% de réussite en 3 ans) sont affaiblies par sa tendance à envoyer la balle dans les mains adverses (31 interceptions), ses courses ballon en main le rendent imprévisible et décisif.

« Il a tout ce qu’on peut vouloir en termes d’intelligence de jeu. Vous savez, le cerveau, la capacité à lire la situation et à réagir instantanément. Quand vous le regardez jouer, il a cette capacité à effectuer son mouvement au bout de deux-trois pas et de réagir alors qu’un défenseur arrive sur lui à 50 à l’heure. C’est un don que 99,999% des gars n’ont pas dans la ligue. Il y a de la grandeur dans chacun d’entre nous. Mais c’est la peur qui est le baromètre et, lui, il n’en éprouve aucune.» Fred Smerlas, analyste NFL.

Après deux premières saisons où il apprend véritablement à maîtriser son jeu, son année senior est superbe. Ses 1370 yards le placent en seconde position au classement des yards gagnés à la course dans toute la Conférence Mid-American, devant un futur running-back NFL de la trempe de James Starks. Ses 13 touchdowns à la course en font le quatrième joueur le plus décisif au sol tandis que ses 13 touchdowns lancés le placent au 10e rang des quarterbacks. Bref, en cette année 2008 où la formation Wild-Cat est arrivée en force en NFL, Julian se dit qu’une place en NFL n’est pas si loin et qu’une équipe prendra forcément le risque de l’intégrer.

Pourtant, aucune invitation à la NFL Combine n’arrive jusqu’à lui et sa seule chance alors reste de briller lors du Pro Day organisé sur le campus de Kent State au printemps 2009. La saison étant terminée, il se lève cinq fois par semaine à 3h30 du matin pour se rendre à Cleveland, à 50kms plus au Nord, et y participer à des entrainements impliquant les meilleurs joueurs universitaires de la région pendant la matinée avant de repartir en quatrième vitesse suivre les cours l’après-midi. Et le travail paie pour lui puisque, lors de l’exercice dit du « Short Shuttle » considéré comme un révélateur pour les receveurs situés dans le slot, il réalise durant ce Pro Day un temps plus rapide que n’importe quel joueur ne l’a fait à la Combine, tellement rapide que les scouts lui demanderont de le refaire pour vérifier…et qu’il y battra son temps ! Et dire que ces scouts étaient surtout venus observer des linemen…

Plus de doutes possibles, Julian Edelman possède le physique et la vitesse pour jouer en NFL mais une équipe aurait-elle le cran de sélectionner celui qui n’est encore qu’un quarterback ? Et qu’en faire ensuite ?

Il jouera de cette image dans une pub pour Coach Up, une agence de Boston mettant en relation athlètes de tous niveaux et coaches privés, Edelman lit lui-même le rapport que l’on a pu écrire sur ses lacunes et ses qualités, au sortir de la draft 2009. La conclusion ? « Il y a seulement deux choses que l’on peut faire lorsque quelqu’un juge que vous n’êtes pas assez bon : lui donner raison ou, alors, lui prouver le contraire.»

Le Patriot pas prioritaire
Sans trop de surprise quand on connait la capacité de Bill Belichick à inventer et à réinventer des carrières de joueur, les Patriots le sélectionnent au 7e tour de la draft. Lors de l’appel suivant sa sélection, le coach lui avoue qu’ils ont pris « un joueur de foot sans vraiment savoir encore où le faire jouer ». Et, en effet, si le premier et le dernier match de sa première saison pro le voient attraper 18 passes pour 201 yards au total, Randy Moss et Wes Welker prennent trop de place dans le jeu de passes des Patriots pour qu’Edelman ne puisse s’exprimer autrement que par ses retours de punt.

Pour corser le tout, ce corps qui lui a permis d’arriver à ce niveau peine à s’adapter à l’étage supérieur, avec ses chocs qui l’obligent d’ailleurs à mettre un terme prématuré à sa saison 2012

Avec ses 4 petits touchdowns sur ses 4 premières saisons pros (tous en réception et en 48 matches joués), il ne semble pas être l’option principale pouvant remplacer Wes Welker, parti chez les Broncos. Les Patriots préfèrent signer Danny Amendola, un autre petit format, et proposent à Edelman un contrat minimum d’un an, à prendre ou à laisser…

« Dites non à Julian et c’est le genre même de gars qui insistera jusqu’à ce vous disiez oui.» Steve Nicolopulos, coach d’Edelman au lycée de Woodside High School.

Pariant sur son talent et finalement à l’aise dans le système des Patriots, il signe ce contrat qui lui permet de rester dans la ligue tant bien que mal.

Un an plus tard, en mai 2014, c’est un contrat de 4 ans pour 20 millions de dollars qu’il signera, au sortir d’une saison qui l’aura vu accumuler 1056 yards et 6 touchdowns. Lancé, Edelman ne peut plus être arrêté et atteint encore les 972 yards en réception tout en y ajoutant 4 touchdowns. Mais d’un receveur réputé pour sa polyvalence entre les réceptions et les courses (10 tentatives sur la dernière saison pour 94 yards), c’est bien la passe pour Danny Amendola lors du match de playoffs contre les Ravens qui met Julian Edelman sur le devant de la scène. Les reportages sur les victoires des Patriots parlent en général tout d’abord de Tom Brady, la star de l’équipe, mais également le voisin de vestiaire d’Edelman et le créateur de son surnom « Minitron ». Un Tom Brady qui n’hésite d’ailleurs pas à se moquer d’Edelman en se demandant comment il a réussi à marquer ce touchdown « alors qu’il ne sait pas lancer une passe.»

Contre les Seahawks dans une semaine, Julian Edelman aura peut-être une nouvelle possibilité de se venger de son quarterback et de rejoindre dans l’histoire de la NFL Antwaan Randle El, un autre quarterback universitaire devenu receveur, et le seul de ces derniers à avoir jamais lancé une passe de touchdown lors d’un Super Bowl, le XL. Magie du destin ou piètre présage pour les fans de Seattle, c’était déjà contre les Seahawks… On en connaît le résultat.

À la saison prochaine pour une nouvelle galerie de portraits NFL!

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