Anthony Dablé : « Tant qu’on ne me dira pas ‘Tu es trop mauvais’, je n’arrêterai pas »

Anthony Dablé vient de relancer ses chances en NFL. Le receveur Français vient de signer un contrat avec les Falcons d’Atlanta pour la saison prochaine. Pour Touchdown Actu, il revient...

Anthony Dablé vient de relancer ses chances en NFL. Le receveur Français vient de signer un contrat avec les Falcons d’Atlanta pour la saison prochaine. Pour Touchdown Actu, il revient sur cette nouvelle aventure, mais aussi sur son passage décevant chez les Giants.

Anthony, on vous savait chez les Giants puis proche des Patriots, finalement vous venez de signer à Atlanta. Racontez-nous vos derniers mois.

Après m’être fait couper par les Giants, je suis resté à New York m’entraîner. J’ai fait un essai rapide avec les Jets puis avec les Patriots. Après je me suis rendu en Floride avec un coach particulier qui a un contact chez les Falcons. Il leur a montré des vidéos et en novembre ils m’ont appelé pour faire un workout, en présence du head coach (Dan Quinn) et ça s’est vraiment bien passé. Là, ils m’ont dit que je les intéressais vraiment et qu’ils me signeraient peut-être plus tard. J’ai continué à m’entraîner entre le Canada et la Floride. Et pendant les vacances, mon agent m’appelle et me dit que les Giants et les Falcons veulent me signer pour cette année. Alors j’ai choisi les Falcons.

Qu’est-ce qui vous a poussé à aller à Atlanta et à refuser New York ?

J’ai choisi Atlanta au vu de l’expérience que j’ai eue avec les Giants. Je pense que ce n’était pas juste la manière dont j’ai été coupé. Ils ne m’ont pas donné de raison, ils ne m’ont pas dit ce qui n’allait pas, quelles erreurs j’avais fait… Moi je ne suis pas fou, je ne veux pas retourner à un endroit où je peux me faire couper sans raison, je n’ai pas dix ans devant moi. De plus, une fois la saison finie, les Falcons sont venus très vite vers moi donc j’ai privilégié ça.

C’est une escouade de receveurs déjà très développée, c’était aussi le cas chez les Giants. Vous n’avez pas peur de la concurrence ?

C’est sûr que c’est un défi, mais j’aime la compétition. J’aime être au top à chaque entraînement pour gagner ma place sur le terrain. Et puis il n’y a que ces deux équipes qui m’ont approché. Donc c’est un bon signe aussi.

Votre contrat, c’est un « future contract ». Qu’est-ce que cela signifie exactement ?

Je suis signé dans la réserve pour l’intersaison. Ça veut dire que je ferai partie des 90 joueurs au début du camp d’entraînement l’été prochain. A moi de faire mes preuves pour passer dans l’effectif à 75 puis à 53 pour la saison régulière.

De savoir que vous allez vous entraîner avec les Falcons, est-ce vous les encouragez un peu plus pendant ces playoffs ?

En fait moi je n’ai pas d’équipe préférée en NFL. J’aime suivre tous les matches, j’essaye d’en regarder le plus possible pendant la saison et je ne rate rien des playoffs. S’ils gagnent le Super Bowl cette année, ce serait génial de m’entraîner avec eux. Mais au même titre que dans n’importe quelle équipe NFL. Chez les Giants c’était incroyable. En salle de meeting, j’étais assis entre Victor Cruz, Tavarres King et Odell Beckham Junior. Là ça peut être Mohamed Sanu, Taylor Gabriel et Julio Jones. Il y a des stars dans chaque équipe NFL.

« Ce n’était juste pas le bon endroit »

Qu’est-ce que vous faites pour rester en forme d’ici la reprise ?

Je m’entraîne au Canada à l’Université de Sherbrooke. Il y a des joueurs qui lancent les ballons, il y a une salle d’entraînement, je n’ai pas besoin de plus. Finalement, le football c’est partout pareil. En France, en Allemagne ou aux Etats-Unis. La différence avec le haut niveau c’est la concentration de joueurs de talent sur le terrain et des joueurs qui font moins d’erreurs. L’entraînement c’est le même pour la technique et le physique.

Vous trouvez que la NFL, c’est le même football qu’en Europe ?

Hors du terrain, la couverture médiatique est bien plus importante. Dès que tu fais quelque chose, les médias le savent. Mais sur le terrain c’est le même sport. La NFL c’est faire moins d’erreurs et réagir plus vite. Quand je suis arrivé, je me demandais même parfois quand est-ce que ça allait vraiment m’impressionner. Evidemment, il y a des joueurs impressionnants comme Odell Beckham sur certains catchs ou tracés. Mais tout le monde n’a pas son niveau.

Vous sentez que vous avez votre place dans un effectif NFL ?

Oui, je crois que j’ai au moins le niveau d’autres joueurs. D’ailleurs quand je me suis fait couper, mon coach de position m’a juste dit : « ça va le faire pour toi. » Moi j’ai confiance dans le fait de pouvoir réussir. Et chez les Giants tout le monde m’a encouragé et dit que je m’adaptais bien, que je m’améliorais. D’où mon incompréhension ensuite de me faire couper. Tant que personne ne me dit « Tu es trop mauvais pour jouer, tu es trop lent » je ne m’arrêterais pas ! Il n’y a pas de raison que j’arrête. Ce n’était juste pas le bon endroit. Le jour où on me dira que c’est impossible d’évoluer en NFL, je n’aurais peut-être pas atteint mon objectif, mais j’aurais tout donné pour y arriver.

Qu’est-ce qui s’est mal passé chez les Giants alors ?

Ma plus grosse surprise ça n’a pas été de me faire couper, c’était d’être retenu dans le groupe des 75 joueurs. Je passais un premier palier, mais je n’avais pas de temps de jeu, les groupes de receveurs ne changeaient pas. J’ai demandé quelles étaient mes erreurs, on me disait que tout allait bien, mais qu’on privilégiait les anciens. Donc je ne pouvais rien faire, je passais les premières coupes, mais j’avais le sentiment que ça ne servirait à rien.

« J’espère que les gens suivront plus »

Est-ce que vous êtes plus sollicité depuis votre passage par New-York ?

Oui, il y a une énorme différence. Avant je ne faisais jamais d’interviews. En Allemagne, j’ai dû en faire trois en trois ans. Maintenant je suis sollicité en France, mais j’ai aussi eu une page dans Sports Illustrated. C’est assez nouveau pour moi.

Est-ce que vous vous verriez comme un ambassadeur de la NFL en France ? Un peu comme Tony Parker avec la NBA ?

Si je réussis en NFL, je pense que ça va se faire naturellement. Tony Parker il est franco-américain donc c’était un peu chez lui aussi. Mais c’est vrai que moi, ne suivant pas le basket, j’en entendais parler grâce à lui. J’imagine que ce sera pareil avec moi. Si je joue, on parlera de ma performance dans les médias. Il y aura sans doute un petit mot dans les journaux ou sur internet. Sur ma page Facebook je reçois déjà beaucoup de messages de soutien et d’encouragements. Si j’arrive à faire partie des 53 joueurs à Atlanta pendant la saison, j’espère que les gens suivront encore plus la NFL.

Propos recueillis par Raoul Villeroy de Galhau

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