[Super Bowl Stories] Épisode XXXIII : Double Galop

À 20 semaines du Super Bowl LII, épisode 33 de notre rétrospective exceptionnelle, le Super Bowl XXXIII.

À 18 semaines du Super Bowl LII, épisode 33 de notre rétrospective exceptionnelle, le Super Bowl XXXIII.

Denver Broncos (AFC) vs Atlanta Falcons (NFC) – 31 janvier 1999Super Bowl XXXIII.svg

Tout donner pour battre l’une des meilleures équipes du monde, sa panoplie de stars, son attaque de fous furieux et son jeu léché. S’arracher corps et âmes pour déjouer les pronostics et créer la sensation. Écrire une page d’histoire au terme de l’une des rencontres les plus mémorables de l’histoire. Au coup de sifflet final, un sentiment de vide grisant. Pas celui de la défaite, celui d’un accomplissement immense. D’une surprise qui restera dans les annales. Pourtant, rien n’est encore fait. Car ça n’était que la demi-finale. Le grand soir, ce sera dans quelques jours jours. Mais en restera-t-il assez dans le moteur ? Falcons de 1999. XV de France de 1999. Même année, même combat, même histoire. Celle d’une finale avant l’heure. Celle d’une rendez-vous raté.

 

100 Pur Sang !

Délivré ! Sacré 8 mois plus tôt après des années d’échecs cuisants, à la limite du ridicule, John Elway vit une seconde jeunesse. Et si après 15 saisons usantes pour le corps comme pour l’esprit beaucoup pensent voir le quarterback raccrocher en pleine gloire, détrompez-vous. Comme un prédateur ayant goûté au sang, John a pris goût au succès. Entouré comme il l’est, il peut s’en délecter une dernière fois. Un festin d’adieu. Il le sent. Il le sait. Le challenge est trop alléchant. Sous la houlette d’un Mike Shanahan qui connaît ses hommes sur le bout des doigts, les Broncos piétinent la concurrence de leurs sabots. 14-2. L’AFC ne leur résiste pas. Pendant 13 semaines consécutives, rien ne leur résiste d’ailleurs. Un, deux, trois, quatre… les succès s’accumulent à une vitesses supersonique. Un an plus tôt, Leroy Butler zieutait une saison parfaite pour ses Cheesers. Et s’il s’était trompé de cheval ? Rendu en décembre, Denver écrabouille tout et affiche toujours un bilan immaculé. 13 succès, zéro revers. Plus pour longtemps. Les Giants et Dolphins brisent le rêve d’une saison parfaite. Mais l’essentiel est ailleurs. Depuis deux ans, les Broncos écrasent la concurrence. 33 victoires, 6 revers et au bout de 60 minutes de jeu, une deuxième bague de champion qui leur fait de l’œil.

Portée par un John Elway digne d’un grand cru de Bordeaux et d’un Terrell Davis aussi pétillant que le meilleur des champagnes, l’attaque régale. Deuxième escouade la plus prolifique (501 points), troisième la plus gourmande (6276 yards), elle plante plus de 30 points à 10 reprises dans des démonstrations offensives à faire saliver les amoureux de football offensif. Enragé, Terrell Davis réécrit l’histoire et devient, un an après l’indomptable Barry Sanders, le quatrième homme à effacer la barre des 2000 yards. 2008 unités au sol, 217 yards et 23 touchdowns. Phénoménal. Immense. Insensé. L’une des plus belles saisons de l’histoire couronnée par des titres de MVP et de Joueur Offensif de l’Année qui sonnent comme des évidences. Dans une NFL qui se tourne de plus en plus vers le étoiles, une véritable prouesse.

À 38 balais, flanqué d’un coureur en roue libre, John Elway aurait pu se la couler douce. Mais non. Malgré 2806 yards qui feraient bien marrer aujourd’hui, le quarterback marque 22 fois, ne se fait intercepter qu’à 10 reprises et s’envole pour le 9e Pro Bowl de sa carrière. À Hawaï, il sera accompagné de deux de ses receveurs et de son tight end. Pendant qu’Ed McCaffrey et Rod Smith effacent tous les deux la barre des 1000 yards à coup de courses endiablées qui étirent les défenses et épuisent les defensive backs, Shannon Sharpe impose son physique de tank dans le périmètre court. 786 yards et 10 touchdowns, le tight end est la soupape de sécurité d’Elway. Un succès offensif qu’ils doivent en grand parties à trois boucliers humains qui iront eux aussi enfiler une chemise à fleur à Honolulu en fin d’année : les guards Tom Nalen et Mark Schlereth, et le tackle Tony Jones dressent leurs longs mètres 90 et plus de 130 kilos devant des pass rush bien emmerdés pour déceler une faille.

Dans l’ombre d’une attaque démentielle et dans une NFL qui fait la part belle au jeu offensif tous azimuts à l’aube du 2e millénaire, la défense accomplit sa mission dans une sorte d’anonymat qui n’est pas pour lui déplaire. 8e escouade à concéder le moins de points (308), elle peut s’appuyer sur ses deux colosses au cœur de la ligne. 8,5 sacks chacun, le Samoan Maa Tanuvasa et Trevor Pryce et son (presque) double mètre animent un pass rush sanguin. Derrière eux, le Pro Bowler Bill Romanowski démolit tout ce qui ose s’aventurer dans ses parages, pendant qu’au fond du terrain l’éternel Steve Atwater et Darrien Gordon font de nouveau parler leur science du jeu. Les Dolphins atomisés au premier tour, les Jets écartés sans trembler, les Broncos retrouvent le Super Bowl avec le rêve fou d’offrir à John Elway un départ en apothéose.

Face à eux, des débutants que personne n’avaient vu venir. Pas assez bon ? Non, certainement pas. Mais tout le petit monde du ballon à lacet s’attendait à un choc de titans entre les Broncos d’Elway et l’attaque stellaire des Vikings de Randy Moss et Cris Carter. Pourtant, les Falcons n’ont rien d’un faire-valoir sorti de nulle part. Portés par un joli départ, ils finissent la saison en trombe, s’imposent lors de leurs 9 dernières sorties et signent le même bilan que les Broncos. 14-2. Le deuxième meilleur de la NFC derrière… les Vikings et leurs 15 succès. Depuis leurs création en 66, les Faucons n’ont connu les séries qu’à 5 petites reprises. Deux succès sans lendemain, jamais ils n’ont passé l’obstacle du Divisional Round. Depuis 20 ans, ils n’ont fini que 4 fois dans le vert. Et à l’attaque de la campagne 1998, après deux saisons conclues sur de peu flatteurs 3-13 et 7-9, personne ne croit en eux. Même les plus observateurs les plus mabouls et les fans les plus optimistes.

Pourtant, quand Dan Reeves débarque en Georgie en 1997, l’espoir rejaillit. Un peu. Après un début de saison calamiteux (1-7), les oiseaux de proie enchaînent les victoires (6-2) et achèvent l’année avec des idées derrière la tête. Coach des Broncos maudits du début de l’ère Elway, Reeves connaît les grands rendez-vous. S’il a trop souvent goûté à la défaite en tant qu’entraîneur chef, il a aussi savouré la victoire comme assistant des Cowboys de Tom Landry. Véritable globetrotteur depuis une décennie, Chris Chandler atterrit à ATL en même temps que Dan Reeves. Surfant sur une saison de Pro Bowler en 97, le quarterback expédie 3154 yards dans les airs, marque 25 fois et ne se fait intercepter qu’à 12 reprises. Un succès aérien qu’il doit à un duo de receveurs étincelant. Plus de 60 réceptions et 1100 yards chacun, 17 touchdowns combinés, Tony Martin et Terance Mathis s’éclatent pendant que le tight end O.J. Santiago joue les pompiers de secours. Si l’attaque vit bien dans les airs, elle plane sur le sol, portée par un Jamal Anderson flamboyant. 1846 yards sur la terre ferme, 319 dans les nuages, 19 touchdowns au total, le compact coureur est fabuleux.

Offensivement appliqués, c’est pourtant en défense que réside la clé de leur succès. Deuxième escouade la plus étanche au sol de la ligue, 8e au nombre total de yards accordés, 4e au nombre des points, les Falcons profitent d’un groupe parfaitement équilibré d’un bout à l’autre. À deux, Lester Archambeau et Chuck Smith dégoutent les coureurs adverses et harassent les quarterbacks. 10 sacks pour le premier, 8,5 pour le second, et une poignée de fumbles recouverts tellement précieux. Derrière eux, les deux poumons de la défense. Sacks, plaquages, turnovers, Jessie Tuggle et Cornelius Bennett rôdent dans le secteur intermédiaire. Membre traumatisé des Bills maudits du début de la décennie, Bennett n’a qu’un rêve : briser la malédiction et glisser une bague à son doigt. Un passé qui le ronge, une motivation qui décuple son énergie. Au fond du terrain, deux autres Pro Bowlers : le cornerback Ray Buchanan et ses 7 interceptions, et l’ancien safety des Packers Eugene Robinson. Du beau monde.

Malgré un Dan Reeves passé à deux doigts d’une crise cardiaque fatale en semaine 14 et qui doit laisser le banc à son coordinateur défensif Rich Brooks pendant quelques semaines, les Falcons surfent sur une fin de saison aux allures de rêve éveillé. Rien ne leur résiste. Les 49ers de la doublette Jerry Rice/Terrell Owens écartés au terme d’un combat acharné, les Falcons s’envolent chez les ogres de Minneapolis. 35 points de moyenne, l’attaque la plus prolifique de toute l’histoire, un receveur rookie sensationnel, un peuple violet déchaîné, les Faucons vont se faire plumer, c’est une évidence. Et pourtant. Au bout du suspense et des prolongations, au terme de l’une des finales de conférence les plus dantesques de l’histoire, les joueurs d’Atlanta renversent l’une des équipes les plus talentueuses jamais rassemblées sur un terrain de football. Tout est possible. Tous les rêves sont permis. Direction Ocean Drive.

Keanu Reeves > Dan Reeves

Dan Reeves contre John Elway. Les médias n’ont d’yeux que pour eux. Le coach malheureux contre le quarterback repenti, enfin délivré de sa terrible poisse des Big Games. Pendant que John devient le premier passeur à démarrer 5 Super Bowls, le lineman défensif Mike Lodish s’apprête à vivre son 6e, lui. Un record. Ancien Bill hanté, il a enfin goûté au succès un an plus tôt. Le Super Bowl XXXIII, ça n’est que du bonus. À la veille du grand soir, Eugene Robinson est honoré du Bart Starr Award honorant ses belles valeurs morales tout au long de la saison. Le soir même, le safety est pris la main dans le sac. Au volant d’une voiture de location dans le centre de Miami, il accepte une petite gâterie d’une prostituée en échange de 40$. Pas de bol, la péripatéticienne était une fliquette sous couverture. Si le défenseur est libéré et autorisé à jouer dès le lendemain matin, le tollé est général.

Devant les 74 803 fans du Pro Player Stadium de Miami, concentrés sur le terrain et non leurs désirs lubriques, eux, les Falcons démarrent idéalement. Un joli retour de Tim Dwight, une généreuse interférence défensive de Steve Atwater et 31 yards de Jamal Anderson au sol, en deux temps trois mouvements, ils se retrouvent à 8 yards de la peinture. Ils n’iront pas plus loin. Sur le 3e essai, Bill Romanowski renvoie Chris Chandler 7 yards plus loin sur un double blitz en plein cœur de la ligne. Héros de la finale NFC, Morten Andersen ne tremble pas et ouvre la marque. Atlanta démarre au trot. Denver, au triple galop. 41 yards dans les mains de Rod Smith, deux passes affutées dans les gants de Shannon Sharpe et Howard Griffith conclu un drive de mammouth de 80 yards. 3 points d’entrée d’un côté, 7 de l’autre. Le ton du match est donné.

La fin des 15 premières minutes approche, quand John Elway balance une passe contre le casque de son tight end. Le ballon ricoche et atterrit dans les mains de Ronnie Bradford qui remonte jusque sur les 35 de Denver. Touché sur le premier drive, malheureux sur le deuxième, Shannon Sharpe doit finalement rendre les armes et quitter prématurément le terrain. La mort dans l’âme, le match est déjà fini pour lui. En mauvaise posture après cette interception bien poisseuse, les Broncos se dressent sur leur deux sabots arrières. Stoppé sur un 3e et un, renvoyé 2 yards en arrière sur le 4e essai, Jamal Anderson se prend un mur et toute l’attaque d’Atlanta se mange un méchant râteau. Les chevaux repartent à toute allure dans la direction opposée, mais sont à leur tour arrêtés à 8 yards de l’en-but. Plus pragmatiques, ils laissent Jason Elam creuser l’écart sans trembler. 10-3.

Dans un copier-presque coller, les Falcons s’envolent jusqu’aux 8 yards des canassons et choisissent eux aussi de la jouer sûre, cette fois-ci. Mais de 26 yards, Andersen se vautre comme un grand et laisse filer de précieux points. Deux séries menaçantes coup sur coup, pas le moindre pion au bout. Le genre de raté qui finit toujours par vous rattraper. Surtout qu’en face, la réplique est cinglante. Sur l’action suivante, Rod Smith laisse Eugene Robinson sur le cul sur un double move d’école, John Elway écrase la détente et le receveur s’envole pour une chevauchée folle de 80 yards jusque dans la peinture rouge. Touchdown !

« Il n’arrêtaient pas de faire monter leurs safeties et on pensait pouvoir filer dans leur dos, » racontera Rod Smith. « John a délivré une passe parfaite et j’ai foncé vers les poteaux de coin. »

Dans les travées, les fans des Broncos chavirent de bonheur, devant leurs téléviseurs, ils sont un brin circonspects. Partagés entre joie et frustration. Dans une coupure pub au timing bien moisi, les téléspectateurs étaient encore en train de voir Néo faire parler ses talents de gymnaste pour éviter les rafales pendant que Rod Smith s’en allait batifoler dans la peinture. Merci Matrix. Merci la FOX. Mis sur orbites par un retour de 42 yards de Dwight Smith, les Faucons se hissent une nouvelle fois jusque dans la redzone, mais pas plus loin. Cette fois-ci, The Great Dane ne se rate pas et les hommes de Dan Reeves réduisent l’écart juste avant la pause. 17-6 et tant d’occasions manquées. Rageant.

Tir au Faucon

Dans un fauteuil, John Elway distribue les passes peinard. Décortiquant une défense trop attentiste et en panne d’agressivité. De toute la rencontre, jamais il ne sera sacké.

« Ils ont tenté leur chance et lancé quelques blitzs, mais ça n’est pas leur style, » confiera Elway à la fin du match. « Ils restent à distance et attendent, ils n’ont pas vraiment su nous surprendre. »

Dans la vague d’une première mi-temps accomplie, les protégés de Mike Shanahan remontent 74 yards d’entrée, jusqu’aux 20 d’Atlanta. Mais dans un émouvant geste de solidarité adressé à Morten Andersen, Jason Elam manque la cible et brise l’élan. Une passe de 29 yards dans les gants de Tony Martin, 12 de plus avec ses gambettes, Chris Chandler avance avec prudence et application. Pas pour longtemps. Réexpédié 6 yards en arrière par un sack de John Mobley, il balance le cuir dans les mains du cornerback Darrius Johnson sur l’action suivante et gâche une occasion en or de recoller au score. Stoppés à bonne distance, les Broncos optent pour 3 points qui les satisfont amplement. Encore faut-il trouver la mire. Et Jason Elam a visiblement perdu ses lentilles de contact. Étonnamment maladroit, le botteur se rate une nouvelle fois et maintient le suspense en vie au terme d’un troisième quart-temps aux allures de gabegie offensive au cours duquel les deux équipes se seront appliquées à gaspiller tous leurs beaux efforts.

13 yards au sol d’Anderson, 13 de Terance Mathis dans les airs, 15 de plus pour Anderson. Les Faucons planent au-dessus de la défense du Colorado et s’approchent dangereusement de la redzone. Réduire l’écart pour rester en vie. C’est maintenant ou jamais. Chris Chandler aperçoit Mathis seul au monde dans la endzone, lâche la balle, le cuir effleure des doigts, plane bizarrement, puis dans la nuit noire de Miami, Darrien Gordon surgit, vole le ballon et s’envole 58 yards dans la direction opposée, arrêté seulement sur les 24 d’Atlanta par un retour désespéré de Chris Chandler en personne, revenu se racheter tant bien que mal de son erreur. Le tournant du match concédera Dan Reeves.

« Nous avions encore nos chances dans le troisième quart-temps, cette interception a tout changé. »

Ed McCaffrey fait un bond en avant salvateur sur un 3e essai avant de regarder Howard Griffith parachever le travail en force et en deux temps. 24-6. Snif snif, ça commence à sentir le roussi. Puis très rapidement, le cramé. Dans un scénario presque identique, les Falcons flirtent avec la redzone, Gordon intercepte Chandler, cavale une cinquantaine de yards dans l’autre sens, Terrell Davis joue les alchimistes, capte une passe courte et la transforme en gain de 39 yards avant que John Elway ne vienne s’écraser la tête la première dans la peinture, hilare. 31-6. Sur le bord du terrain, Chris Chandler est dégoûté. Il est en train de passer à côté du match de sa vie. Il le sait.

« Je me sens tellement mal, » concédera-t-il au NY Times après la rencontre, amer. « Je veux juste passer à autre chose »

Le match est d’ores et déjà plié. Les joueurs de Georgie n’ont plus pour seul enjeu que leur honneur à sauver. Et Tim Dwight et son crâne luisant vont s’en charger dès le coup d’envoi. Bien planqué derrière une forêt de bloqueurs montés en ligne, main dans la main comme à la maternelle, le rookie s’engouffre dans une brèche, dépose un défenseur sur un joli crochet et écrase la pédale d’accélérateur jusque dans la peinture rouge. Il a beau fait le malin en parcourant les derniers yards à reculons, pas de quoi pavoiser. Dans une dizaine de minutes, il regardera John Elway brandir le Trophée Lombardi. L’onside-kick recouvert, les Broncos font tomber les secondes et Jason Elam rajoute trois points. 34-13. Le jeu des turnovers aura été fatal aux oisillons.

« Il nous suffisait de saisir le moment, et nous en avons été incapables, » expliquera le linebacker d’Atlanta Jessie Tuggle. « C’est une histoire de confiance. Ils ont joué avec confiance, ils ont épuisé notre attaque et toute l’équipe avec. Nous avons pour habitude de dicter le tempo, et nous l’avons fait durant toute la saison à coup de turnovers. Mais ce sont eux qui ont eu les revirements. Ils nous ont forcé à courir après le score et à faire de notre mieux pour ne pas faire empirer les choses. Ils nous forcé à jouer contre nature. »

Bilan sans concession. Ding ding ! C’est l’heure du garbage time. Dans une fin de match sans grand intérêt, Chris Chandler enchaîne les passes, s’enfonce une nouvelle fois profondément en territoire ennemi et trouve enfin la faille. Alléluia ! Sur un lancer de 3 yards vers Mathis, le quarterback ouvre son compteur et réduit l’écart. Pour l’honneur. La conversion à deux points est ratée, le court dégagement aussi. Les Broncos ont beau se manger un mur sur un 4e essai avec 94 secondes à jouer au chrono, Jamal Anderson dégueule immédiatement le ballon, le défenseur Tyrone Braxton se couche dessus et John Elway tue la montre pour clore un 4e quart-temps record au cours duquel les deux formations auront inscrit 30 points. Pour les Faucons, en vain. 34-19. Rarement ils auront fait illusion. Leur finale, ils l’avaient déjà disputée deux semaines plus tôt. Au Metrodome de Minneapolis.

Incroyables de discipline, les rapaces auront été anéantis par une maladresse et un manque de réalisme indignes d’un Super Bowl. Field goal raté, interceptions, échecs répétés aux alentours de la zone de vérité, des erreurs qui se payent cash. L’apprentissage du plus haut niveau. Dan Reeves rejoint Bud Grant, Don Shula et Marv Levy dans le club de la honte des coachs à avoir perdu 4 Super Bowls. Le club des regrets éternels. En face, la recette aura été des plus basique. Une pincée de Terrell Davis et un grosse louche de défense. Du bon football à l’ancienne. D’une efficacité redoutable.

« Je suis tellement heureux que nous ayons gagné. Tellement heureux de faire partie de cette équipe. C’est pour ce genre de moment que l’on joue au football, et avoir l’opportunité de le vivre deux années de suite, c’est incroyable, » lâchera un John Elway extatique. 

336 yards, un touchdown. Le meilleur Super Bowl que John Elway ait disputé. Le meilleur pour la fin. Une fin de carrière en apothéose pour le quarterback. Partir sur un titre, le rêve de tout joueur. Mais est-il décidé à raccrocher ? Il ne le sait pas encore. Surtout, il ne veut pas encore y penser. L’heure est à la fête. Son avenir, il en parlera demain. Peut-être.

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