Jake Olson, le snap d’un battant

Aveugle depuis l’âge de 12 ans, Jake Olson a réalisé son rêve en devenant long snapper des USC Trojans. Il est aujourd’hui nommé au Laureus World Sports Awards, pour le...

Aveugle depuis l’âge de 12 ans, Jake Olson a réalisé son rêve en devenant long snapper des USC Trojans. Il est aujourd’hui nommé au Laureus World Sports Awards, pour le prix du plus beau moment sportif de l’année. Entretien.

« Quand on veut, on peut. » Ce qui peut être un poncif pour beaucoup est devenu le cri de guerre d’un Troyen de cœur. Jake Olson, 20 ans, n’a pas toujours vu les choses du bon côté. Mais cela ne l’empêche pas d’avancer.

Né avec un cancer de la rétine, ce Californien pure souche n’a même pas un an lorsqu’il perd son œil gauche. Élevé au biberon USC, le jeune homme oublie sa maladie grâce à l’institution locale, les Trojans.

« Je suis devenu fan de football très vite. Et en grandissant à Los Angeles, sans équipe NFL à l’époque, USC était l’attraction locale, une sorte de programme universitaire et de franchise professionnelle à la fois. »

Sa passion l’emmène au plus près de l’équipe et du head coach de l’époque. Un certain Pete Carroll. Pris d’affection pour ce jeune fan, celui qui donnera sa chance à Derrick Coleman, joueur sourd, à Seattle, n’hésite pas à l’accompagner dans son épreuve.

« Il est devenu un ami et un mentor pour moi. En 2009, il s’est montré tellement généreux en me permettant de rencontrer les joueurs que j’adulais. Il a rendu cet handicap beaucoup plus supportable, dans le sens où il m’a permis d’oublier la réalité que je devais affronter. »

Une réalité qui ne manque pas de faire mal la même année, lorsque Jake apprend qu’il doit être opéré de l’œil droit, pour le perdre définitivement. La veille de l’intervention médicale, il n’a qu’un seul souhait : voir une dernière fois un entraînement de USC.

Une ultime vision en forme de vocation, car malgré sa cécité, Olson entend bien porter les couleurs jaunes et rouges de Southern Cal. En 2015, après un examen médical positif, il devient officiellement membre du roster.

L’action parfaite

Si son histoire est connue au sein du campus, l’intéressé doit tout de même composer avec un élément de taille : la communication dans un sport collectif.

« C’était assez gênant au départ, car vous ne savez pas vraiment comment interagir avec la personne en face de vous, et vous ne savez pas comment elle réagira à des propos que vous pourrez tenir. Les gens autour de moi avaient sans doute un peu d’appréhension également, par peur de m’offenser, alors que je suis un bon vivant et je ne manque pas de plaisanter, quel que soit le sujet. »

L’intégration réussie, reste désormais à obtenir sa chance. C’est un poste de long snapper que lui propose le coaching staff californien. Une position peu en vue, mais extrêmement piégeuse.

« Le long snap est un art, et quand vous êtes impeccable, tout le monde s’en moque. Par contre, on se rappellera à coup sûr de votre nom si vous vous loupez. C’est un peu comme si on était un quarterback qui lançait entre les jambes. Il faut de la vitesse, de la précision, de l’effet pour réussir une action limpide. Et quand un quarterback fait 20 sur 23 avec tous ces éléments, il fait un bon match. Un long snapper qui réussit 10 actions sur 13, il a de grandes chances d’être viré sur-le-champ. »

Olson s’accroche, s’entraîne d’arrache-pied et se voit finalement récompensé au début de sa deuxième année universitaire. Nous sommes le jeudi 31 août 2017 quand le head coach Clay Helton évoque la possibilité de le faire entrer en cours de partie. Le technicien californien en parle même à son homologue de Western Michigan, Tim Lester, lequel applaudira des deux mains cette initiative.

Deux jours plus tard, USC ouvre sa saison face aux Broncos et finit par l’emporter avec une avance confortable. A 48-31, Helton lance son long-snapper dans le grand bain pour l’extra-point.

Devant une foule acquise à sa cause, Olson prend ses marques et réalise l’action parfaite. Devant sa télévision, Pete Carroll en finira d’ailleurs les larmes aux yeux. Un snap pour ponctuer 20 années de lutte contre la maladie : Jake peut enfin jubiler.

« Le fait d’avoir reçu tout ce soutien et d’avoir pu jouer un vrai snap sous le maillot de USC m’a donné un vrai sentiment de paix, de véritables frissons. Passer de gamin à joueur de foot pour participer à ce type de moment, c’est tout simplement génial. »

Un moment qui ne passe pas inaperçu, aux Etats-Unis comme dans le reste du monde. La fondation Laureus vient ainsi de le nommer dans la catégorie « du meilleur moment sportif ». Par le biais d’une cérémonie annuelle, elle met l’accent sur les valeurs humaines et morales du sport et de ses acteurs.

Une sollicitation qui a touché le jeune homme, pour qui ce long snap est tout sauf une fin en soi.

« Je compte bien voir jusqu’où je peux aller au sein de l’équipe de foot de USC. Et une fois mon diplôme en poche, je m’essaierai sûrement au golf, où je me débrouille pas mal. »

Si vous êtes inspirés par l’histoire de Jake Olson, votez ici pour qu’il gagne le Meilleur Moment Sportif de l’année. Les Laureus World Sports Awards et la fondation Laureus Sport For Good rendent chaque année hommage aux meilleurs sportifs du monde entier, s’appuyant sur la phrase de Nelson Mandela : « Le sport a le pouvoir de changer le monde. ». Les votes seront clôturés le mardi 31 octobre prochain.

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