[Super Bowl Stories] Épisode XXXIX : Magic System !

À 12 semaines du Super Bowl LII, épisode 39 de notre rétrospective exceptionnelle, le Super Bowl XXXIX.

À 12 semaines du Super Bowl LII, épisode 39 de notre rétrospective exceptionnelle, le Super Bowl XXXIX.

New England Patriots (AFC) vs. Philadelphia Eagles (NFC) – 6 février 2005

Super Bowl XXXIX.svg

Les Steelers des 70’s l’ont fait. Les 49ers des 80’s l’ont fait. Les Cowboys des 90’s l’ont fait. En 2004, à la veille d’une nouvelle saison, les Patriots du gourou Bill Belichick et du prodige Tom Brady n’ont qu’une chose en tête : conquérir un 3e Super Bowl en 4 ans. Un 3e titre qui les élèverait pour de bon au rang de dynastie. Un succès aux allures de couronnement pour les jeunes princes de la NFL. Le 6 février 2005 sera le jour de leur sacre. Le sacre des rois de la NFL des années 2000.

War Eagles

Champions en titre, mais loin d’être sans faille, la priorité affichée des Patriots à l’intersaison se résume en trois mots. Jeu au sol. Et avant même le début de la draft, le problème va être réglé. Antowain Smith parti dans le Tennessee, les Pats misent sur un vieux briscard. Dans les jours précédant la grande loterie annuelle de la NFL, la franchise de Foxboro s’entend avec les Bengals pour échanger Corey Dillon, tigre ronchon peu satisfait de sa situation à Cincinnati, contre un choix de 2e tour. Blessures, engueulades avec le staff, incompréhension avec le board, soucis extrasportifs, relégué à un rôle de doublure, celui qui, le 22 octobre 2000, écrabouillait les canassons de Denver et signait 278 yards records à l’époque n’est que l’ombre de lui-même. En 2003, pour la première fois en 7 ans de carrière, l’ancien Husky de Washington rate la barre des 1000 yards. Et de loin. Très loin. De 459 unités pour être précis. Une anomalie qui lui ronge les entrailles. Adieu l’Ohio, bonjour le Massachussets. Un an plus tard, sous les couleurs des Pats, le running back de 30 ans plane, flambe, explose. Bref, il revit.

1635 yards au sol qui l’inscrivent dans le livre des records de la franchise, 13 touchdowns au total et un billet pour Hawaï. Le vétéran vit la plus belle saison de sa carrière. Un, deux, trois, quatre, cinq, six. Sous son impulsion, les Pats remportent leurs 6 premiers matchs de la saison et signent une 21e victoire consécutive saison régulière et playoffs inclus. Du jamais vu. Une marque qui sera effacée 4 ans plus tard par des… Patriots à deux doigts de la perfection. Le 30 octobre, à Pittsburgh, plus que leur premier revers de la saison, les hommes de Belichick perdent l’une des pièces maîtresses de leur défense. Ty Law ne rejouera pas de la saison. Pas de quoi ébranler le rouleau compresseur de Boston. Six autres succès, une défaite à l’arraché à Miami en MNF et deux victoires en clôture. 14-2. De toute la ligue, seuls les Steelers et leurs 15 succès font mieux. Ty Law et Tyrone Poole condamnés pour la saison, leur meilleur intercepteur Eugene Wilson pourchassé par les blessures, le head coach doit faire du bricolage dans un secondary ravagé. Le rookie Randall Gay et Asante Samuel montent en grade, le safety Earthwind Moreland est déterré du practice squad et Troy Brown fait des piges en défense. Du grand Bill !

Perclus de blessures, le dernier rideau se fait percer de toute part et se retrouve rapidement criblé de flèches. 17e défense contre la passe (3400 yards concédés), elle sauve les apparence tant bien que mal et limite les gains autant que possible malgré des quarterbacks adverses qui complètent leurs passes comme à l’entraînement. Avec 20 interceptions (7e de la ligue) et seulement 19 touchdowns accordés (10e), elle s’avère redoutablement efficace dans les situations clé et se mue en reine des big plays. Si la défense recule dans les airs, rarement elle cède. Avec 3 interceptions, Troy Brown le converti se révèle étonnamment fiable pendant que Rodney Harrison et tout son talent signent 138 plaquages et une poignée de sacks et ballons volés. Le Pro Bowler Richard Seymour sur la ligne, le trio infernal Willie McGinest, Tedy Bruschi et Mike Vrabel en deuxième lame, le front seven, découpe tout et continue d’imposer un impact physique éreintant pour les attaques adverses.

Bien calé entre un jeu au sol endiablée et une défense solide, Tom Brady continue de régner en monarque absolu. Même privé de Deion Branch le plus clair de la saison, le quarterback balance 3692 yards, 28 touchdowns et 14 interceptions. Sans le moindre receveur au-delà des 900 yards, Brady distribue le ballon à un large arsenal. David Givens, David Patten, Daniel Graham. Si vous n’avez pas de prénom commençant par « D », passez votre chemin. Pas de superstar, pas de monstre physique, pas de phénomène athlétique, mais des joueurs illuminés par le talent de leur passeur. Déjà. Bien aidés par un Adam Vinatieri impérial et sans égal dans toute la NFL, les Pats éteignent les Colts de Peyton Manning au Divisionnal Round, écrabouillent les Steelers au Heinz Field (41-27) et descendent passer la première semaine de février sous la douceur de Jacksonville. La routine presque.

À Philly aussi la routine est de mise. Sauf qu’elle a très mauvais goût. Depuis 3 ans, les Eagles d’Andy Reid se ramassent systématiquement la tronche à une marche d’un Super Bowl qui les fuit désespérément depuis 1981. Leur seule apparition. Un mauvais souvenir. Et depuis, la franchise de Pennsylvanie n’a de cesse de collectionner les râteaux. Même la légende Reggie White ou le funambule Cris Carter n’auront rien pu y faire. Après des 80’s traversées dans un quasi anonymat, des 90’s ruinées par des Cowboys tout puissants et deux campagnes dans le rouge à l’aube du 3e millénaire, les rapaces débauchent celui qui aura fait les beaux jours des Packers de Brett Favre pendant 7 saisons. Coach de la ligne offensive, coordinateur de l’attaque, assistant de Mike Holmgren, Andy Reid débarque sur les rives du Delaware en 99 avec une solide expérience. Nouveau coach et nouveau quarterback. Avec le 2e choix général, les Aigles sélectionnent la star de Syracuse : Donovan McNabb. Après un départ cahoteux et une première campagne achevée avec 11 revers, les oiseaux prennent leur envol.

À partir de 2000, les playoffs deviennent un incontournable. Le premier tour systématiquement éclipsé sans trembler, dès 2001, ils s’empalent sans cesse sur une finale NFC aux allures d’obstacle infranchissable. 2001, 2002, 2003, malgré un titre de division qu’ils conservent égoïstement et le meilleur bilan de toute la conférence, impossible de passer le dernier cap. En 2004, résolue à vaincre le signe indien, la franchise voit les choses en grand. Emmerdeur de première, receveur dégoulinant de talent, après 8 saisons passées dans la baie de San Francisco, Terrell Owens se pose à Philly avec l’étiquette de meilleur receveur de la ligue placardée sur le casque. Joueur génial, le fantasque vétéran traîne aussi une sale réputation derrière lui. Entre célébrations tout aussi imaginatives que provocs et interviews où il n’hésite pas à cracher sur ses potes, il a tout du poison que les franchises NFL préfèrent d’ordinaire fuir comme la peste. Mais Andy Reid n’en a pas peur. Surtout, Owens est bien trop talentueux. 1200 yards et 14 touchdowns plus tard, même les plus sceptiques ont retourné leur veste. Il était le facteur X qui leur manquait. Pourtant, il faudra s’en passer en playoffs. Sérieusement blessé par un plaquage haut de Roy Williams face aux Cowboys le 19 décembre, le wide receiver ne rejouera pas de la saison.

Boosté par un Terrell Owens aérien, McNabb signe la plus belle saison de sa carrière. 64% de passes complétées, 3875 yards, 31 touchdowns et seulement 8 toutes petites interceptions. 30 touchdowns ou plus et moins de 10 interceptions, du jamais vu. Le quarterback est incroyable de maîtrise et de puissance. Dans l’ombre d’Owens, Todd Pinkston gagne 676 yards et marque une fois. Malgré tout le talent de Brian Westbrook, le jeu au sol tire de la gueule et plafonne au 24e rang de la ligue. Si le coureur conquit tout juste un peu plus de 800 yards au sol et inscrit 3 touchdown, peu de running backs rivalisent avec lui dans les airs. 73 réceptions, 706 yards et 6 touchdowns, l’ancienne star de Villanova est un poison. Sacré avec les Packers en 96, Dorsey Levens y va de sa petite contribution et ajoute un peu plus de 400 yards au sol, dans la foulée d’un trio de Pro Bowlers sur la ligne : les tackles Tra Thomas et Jon Runyan et le centre Hank Fraley.

Aériens en attaque, les Eagles le sont aussi en défense. De leur quatuor du fond du terrain, trois iront finir la saison en chemise à fleur à Honolulu. Lito Sheppard, ses 5 interceptions et 2 touchdowns, Michael Lewis, ses 88 plaquages et quelques turnovers, et un Brian Dawkins possédé, véritable boule de muscle, machine à sacks, fumbles et interceptions. Un trio d’enragés épaulé par un Sheldon Brown qui n’aurait pas volé sa place dans l’avion lui non plus. Sur la ligne, des monstres physiques, encore. Corey Simon et l’ancien phénomène du Tennessee Jevon Kearse se partagent 13 sacks et rejoignent leurs potes du secondary au Pro Bowl, en compagnie du linebacker Jeremiah Trotter. Équipés d’un bout à l’autre du terrain, les hommes d’Andy Reid se laissent paisiblement guider par le vent. 7 victoires d’entrée, un petit accro au Heinz Field, puis 6 nouveaux succès de rang avant de s’incliner deux fois en clôture, sans des titulaires au repos, la première place déjà assurée. Sans TO, Philly domine les Vikings, plume les Falcons et retrouve enfin le Super Bowl.

Concours d’occasions gâchées

Dans les coulisses de l’Alltel Stadium de Jacksonville, l’avenir des Pats anime les débats tout autant que le match de dimanche. Le coordinateur offensif Charlie Weis déjà assuré de rejoindre Notre Dame au terme de la saison, c’est désormais Romeo Crennel, boss de la défense, qui pourrait faire sécession et filer à Cleveland. Côté Philly, frappés par une hécatombe au poste de tight end, les oiseaux font sortir Jeff Thomason de sa retraite pour remplir le roster. Éloigné des terrains depuis 2 ans, celui qui s’est reconverti dans la construction vivra son troisième Big Game après en avoir disputé deux sous les couleurs des Packers dans les 90’s, à l’époque où Andy Reid était l’assistant de Mike Holmgren. Il ne touchera pas le ballon du match.

Après s’être tapés des heures de séances vidéo, la défense de Philly le sait mieux que personne, pour enrayer la rampe de lancement Tom Brady, il faudra réussir à le toucher, à l’affaiblir, à lui faire peur. Blitzblitzblitz, sans modération, quitte à se découvrir.

« […] chaque fois qu’il se fait plaquer, il se relève tout de suite, » notait le safety des Eagles Michael Lewis dans les colonnes du NY Times la veille du match. « Il encaisse les coups et est capable de rester debout dans la poche tellement longtemps qu’il nous force à dévoiler notre couverture. Et si vous laissez Tom Brady faire ça, il vous décortiquera. »

D’entrée de jeu, la défense de la Nouvelle-Angleterre donne le ton. Sack, fumble. Sur la 3e action du match, Tedy Bruschi fait la totale à Donovan McNabb et les Pats récupèrent le ballon à 34 yards du nid des piafs. Andy Reid et son œil d’aigle ne sont pas de cet avis et balancent leur mouchoir rouge. La vidéo leur donne raison, le quarterback était au sol avant que le ballon ne se mette à bouger. Soupir de soulagement. Punt. Puis punt. Et re-punt. Et encore punt. Les deux attaques sont incapables de traverser la ligne médiane. Après un échange de coups de pied stérile, McNabb trouve enfin la cadence grâce au jeu court et aux mains de Terrell Owens. Deux vis et une plaque de métal dans la cheville, le receveur est bien là et attrape une passe de 30 yards. Se foutant royalement des recommandations des médecins, T.O. a finalement obtenu un feu vert à contrecœur. Après avoir raté les séries, il est bien de la partie pour le match de sa vie. Le grand show de la NFL sans son meilleur showman ? Il n’en était pas question.

Avec la complicité d’un Rosevelt Colvin trop engagé qui envoie McNabb bouffer le gazon à contre-temps, les Eagles se retrouvent dans la redzone. Le temps d’un jeu. Le temps pour le quarterback d’être expédié 16 yards en arrière par Mike Vrabel. Sur l’action suivante, nouvelle frayeur pour Philly. Donovan McNabb balance le ballon dans les mains d’Asante Samuel, mais le revirement est annulé par un contact illégal du linebacker Roman Phifer. Ouf. First down. Retour dans la zone rouge. Mais à force de jouer avec le feu, les Aigles vont se brûler les ailes pour de bon. McNabb lâche une vieille passe mollassonne en direction de la peinture, rate Westbrook et trouve les mains d’un Rodney Harrison bondissant. De toute la saison, le passeur n’avait jamais été intercepté dans la redzone. Mauvais timing pour une première. Acculés sur leurs 3 yards, les Patriots n’iront pas plus loin que la ligne de 10 et donnent le coup d’envoi d’une nouvelle salve de punts frustrante, entrecoupée d’un nouveau turnover des Eagles, l’œuvre de L.J. Smith. Sans conséquences.

Comme un an plus tôt, après une entame verrouillée par les défenses et vierge de tout point, les choses se délient dans le 2e quart-temps. Mais cette fois-ci pas de feu d’artifice. Entre deux courses un coup infructueuses, un coup tranchantes de Brian Westbrook, McNabb navigue dans sa poche, dompte le pass rush et trouve par deux fois le mètre 90 de Todd Pinkston pour un bon en avant de 57 yards. Les Eagles retrouvent la redzone et cette fois-ci, ils vont faire mouche. Feinte à droite, McNabb patiente, patiente, garde ses pieds en mouvement, regarde à gauche, à droite, et dégaine finalement en direction de L.J. Smith dans la peinture bleue. Repentance. Touchdown. 7-0. Malgré 3 sacks et deux ballons perdus, les Aigles ouvrent le score. Pour la première fois depuis le début des séries, les Patriots sont menés. Kevin Faulk et Corey Dillon, les deux hommes sonnent la charge. Au sol comme dans les airs, les deux coureurs remontent 67 yards à eux deux et téléportent les Bleu et Blanc à 4 petits yards de l’égalisation. Fake handoff play-action pass, mauvais échange avec son coureur, le ballon s’échappe, Tom Brady plonge maladroitement dessus, se prend une marrée verte sur le dos et Darwin Walker ressort finalement de la mêlée jubilant, le cuir brandi vers le ciel. Trois jeux plus tard, Philly rend déjà le ballon. Les oiseaux n’auront pas profité du premier revirement des Patriots depuis le début des playoffs.

Après un punt tout moisi de Dirk Johnson qui ne retombe que 29 yards plus loin, les Pats attaquent les 5 dernières minutes avec la endzone à portée de vue, à 37 yards devant eux. Du gâteau. Daniel Graham, Deion Branch, Troy Brown, Brady allume dans le petit périmètre et envoie finalement David Givens dans le coin de la peinture verte sur un délicieuse passe du poignet. 7-7. Malgré un Todd Pinkston de nouveau roi des airs, et tous leurs temps morts, Philly ne marquera pas, la faute à une épouvantable gestion d’Andy Reid qui prive aura privé David Akers d’une tentative longue distance juste avant la pause. Les Aigles quittent le terrain avec deux timeouts non utilisés et bien des regrets.

« Pour être honnête avec vous, je ne m’en souviens pas du tout, » concédera un Andy Reid un peu sonné après le match.

Pour la deuxième fois seulement dans l’histoire du Super Bowl, les deux formations rentrent au vestiaire dos-à-dos.

Temps mort et temps perdu

Encore traumatisée par le Nipple Gate, la NFL mise sur Paul McCartney pour égayer la mi-temps. Risque de téton baladeur : 0%. L’Amérique puritaine lève les mains au ciel et respire un grand coup. Mis sur orbites par un renvoi court et un joli retour de Patrick Pass, les Patriots démarrent comme des tarés. Le jeu au sol neutralisé, Brady se prend pour un jardinier et arrose comme un furieux dans les airs. 8 yards vers Deion Branch. 27 yards vers Deion Branch. 15 yards vers Deion Branch. 21 yards vers Deion Branch. Le duo s’éclate et écartèle une défense de Philly transpercée en plein cœur, trahie par un blitzing trop agressif qui dépeuple le slot et ouvre des brèches immenses sous la ligne des safeties. En stratège offensif brillant, Charlie Weis expose un massif Jeremiah Trotter roi des blitz et poison contre le jeu au sol à coup d’alignements à quatre receveurs qui l’obligent à glisser en couverture.

« Recourir à une spread offense était un moyen de me tenir loin du terrain, » expliquera Trotter à ESPN. « Quand il sont passés en spread offense dans le deuxième quart temps, je suis quand même resté sur le terrain. Nous avons fait les ajustements qui s’imposaient à la pause afin de me conserver sur le terrain quand ils utiliseraient trois ou quatre receveurs. Ils ont fait un match remarquable. Nous avons essayé de mettre la pression sur ces gars, mais ils ont parfaitement su neutraliser nos blitz. »

À deux yards de la ligne, Belichick dégaine son arme pas si secrète : Mike Vrabel. Aligné en attaque, le linebacker est la cible toute désignée. Andy Reid le sait. Tout le monde dans le stade le sait. Et pourtant, personne ne va réussir à l’empêcher de marquer. En position de tight end, le défenseur échappe à un Jevon Kearse maladroit et, en deux temps et avec un brin de réussite, se saisit du ballon. Le 5e touchdown de sa carrière, le plus important de tous. 14-7.

Rapide stop en défense. Retour de punt de 44 yards de Troy Brown annihilé par une pénalité. Rapide stop en défense. Réception de punt foireuse de Westbrook qui file en touche. Philly se fait peur, mais se remet en vol. Brian Westbrook se reprend, Terrell Owens se réveille et les Eagles remontent le terrain en cadence. 10 jeux, 74 yards et au bout, les mains du coureur pour combler les 10 derniers yards et égaliser sur une passe agressive au cœur du jeu qui se faufile entre deux défenseurs des Patriots. 14-14. Au moment d’attaquer les 15 dernières minutes, les deux équipes sont à égalité, un cas unique dans l’histoire du Super Bowl. Symbole d’une rencontre accrochée. Les Pats de Brady perpétuent leur tradition des finales à suspense. On ne leur en voudra pas. Au sol, dans le secteur court aérien, à coup de misdirection play actions et de screen passes, les hommes de la Nouvelle-Angleterre avancent sur chaque action et Corey Dillon finit le travail en force, sur le dos de son fullback. 21-14.

Neutralisés en attaque, les rapaces rendent vite le ballon et se retrouvent spectateur des prouesses de Deion Branch. En route vers une performance record et une couronne de MVP de la rencontre, le #83 vole le cuir sur le casque de Sheldon Brown sur une réception lunaire. 19 yards dans les airs, 15 de plus grâce à une pénalité contre Corey Simon, Dillon rapproche les siens des perches en deux courses et Adam Vinatieri creuse l’écart de prêt. 24-14. La tension monte. Crispés et harcelés par une défense de New England déchaînée, les Aigles de Donovan McNabb restent cloués au sol. Et quand le passeur trouve une faille et 36 yards en direction des gants de T.O., c’est pour mieux se faire intercepter par l’inévitable Tedy Bruschi, en embuscade, sur l’action suivante. Dillon fait tourner le chrono au sol à défaut de décrocher un premier essai et Philly retrouve le ballon avec 5 minutes 40 à jouer et 79 yards à combler. Abandonnant totalement le jeu au sol, McNabb balance 12 passes. L.J. Smith, Terrell Owens, Greg Lewis, Brian Westrbrook, Freddie Mitchell, Josh Parry, tout le monde s’y met et à coup de gagne petit sans grande inspiration, les Eagles se retrouvent sur les 30 des Patriots. Le moment idéal pour allumer longue distance. McNabb expédie une spirale tournoyante en direction de Greg Lewis et redonne vie aux espoirs de Philly. 24-21.

Pourtant, dans une gestion de fin de match Andry Reid-esque, visiblement peu pressés par le temps, les Aigles auront laissé s’égrainer de nombreuses et précieuses secondes à coup de regroupements répétés dans le huddle avant chaque action. Pas d’attaque rapide. Non, menés de 10 points à 5 minutes du terme du match de leur vie, les joueurs de Philadelphie n’étaient vraiment pas pressés. Grave erreur de jugement.

« Nous avons essayé d’accélérer le tempo, » plaidera un Andy Reid pas très convaincant. « Mais les choses se sont passées autrement. »

Dans la tête du coach de Philly, il n’était pas question de gaspiller ses deux derniers temps morts, mais plutôt de les conserver pour stopper l’horloge en cas de renvoi court raté. Avec moins de 2 minutes à jouer, l’onside kick tout pourri de David Akers retombe directement dans les mains des Patriots, Kevin Faulk enchaîne les courses dans le mur, les Eagles grillent tous leurs temps morts en vain et avec 17 secondes à jouer Rodney Harrison achève tout suspense en interceptant une passe détournée de Donovan McNabb, lancé dans un drive désespéré pour arracher des prolongations devenues totalement improbables après un punt de Josh Miller qui cloue les Aigles à 4 yards de leur en-but. Pas de temps mort, pas assez de temps et pas assez d’idées. Pendant qu’Harrison distribue les high-five en bord de terrain, Tom Brady s’agenouille puis laisse exploser sa joie. Deuxième titre consécutif, troisième sacre en 4 ans. Seuls les Cowboys des 90’s étaient parvenus à réaliser pareil exploit.

Un quarterback sorti du nulle part 4 ans plus tôt, une escouade de receveurs aguerris sans stars, un coureur extirpé de l’ombre, une défense 5 étoiles qui se connaît sur le bout des doigts, un groupe de coachs génial, capable de s’ajuster et se réinventer en permanence, et sous la houlette d’un gourou en avance sur son temps. Ce que Bill Belichick n’était pas parvenu à créer à Cleveland, dans les heures les plus sombres des Browns, il y sera parvenu dans la bourgeoise Nouvelle-Angleterre : créer un sytème voué à gagner. Encore, encore et encore. Magic Stystem.

Partagez cet article sur : Twitter Facebook
Afficher les commentaires