Avec Saquon Barkley, les Giants ont fait le pire des choix

Jeudi, une équipe de New York a été très intelligente. L’autre un peu moins. Et pour une fois, ce sont les Jets qui repartent avec un bon point. Les Giants...

Jeudi, une équipe de New York a été très intelligente. L’autre un peu moins. Et pour une fois, ce sont les Jets qui repartent avec un bon point. Les Giants ? Beaucoup moins.

Sur le papier, les G-Men ont fait ce qui leur semblait logique et qui pouvait sembler logique tout court : sélectionner Saquon Barkley, meilleur coureur et peut-être même meilleur joueur de la Draft en terme d’impact immédiat.

Le soucis ? L’arrivée de Barkley ne règle rien. Ou si peu. Que ce soit pour le présent ou le futur.

Et la défense ?

L’idée est simple. Eli Manning ne serait pas carbonisé. Placer à ses côtés un coureur à tout faire devrait lui alléger la tâche, tout en ouvrant des espaces pour Odell Beckham et Evan Engram. Sur le papier, c’est beau. Sauf que New York a toujours un problème de ligne offensive. Nate Solder est arrivé pendant l’intersaison. C’est probablement une bonne nouvelle. Mais Ereck Flowers est sur le départ. Alors qui à droite ? Lors des derniers entrainements, la ligne se composait de Solder, Patrick Omameh, Brett Jones, Jon Halalipo et Chad Wheeler. Soit quatre joueurs non-draftés. Pas vraiment une attaque tout risque pour protéger Manning. Ni pour faire beaucoup mieux que les 3,9 yards par course de la saison dernière, la 24e moyenne en NFL. Car si Barkley est un joueur exceptionnel, il faut bien du monde pour ouvrir les brèches. Ezekiel Elliott ne s’est pas fait tout seul à Dallas.

Surtout, les Giants ont encaissé 373,2 yards par match en 2017. Les Buccaneers sont les seuls à avoir fait pire. Jason-Pierre Paul est parti pendant l’intersaison sans être remplacé. Alec Ogltree est arrivé mais cela manque toujours de linebackers. Eli Apple est toujours une bombe à retardement. S’il y a des bonnes individualités, il y a un nouveau coordinateur défensif, James Bettcher, qui va apporter plus de variété tactique. Pourquoi ne pas lui donner des munitions ?

Un bon moyen de blinder la défense aurait été de descendre dans ce premier tour. Sauf que les Giants ont assez ouvertement fait comprendre pendant des semaines précédent la Draft qu’ils n’avaient pas envie d’un quarterback et que Barkley semblait leur convenir. Visiblement, Dave Gettleman n’a pas réussi à faire grimper les prix ou à ruser et les Jets n’ont eu qu’à se placer derrière pour récupérer un lanceur.

Un running back, pour quoi faire ?

Un coureur spectaculaire et productif, c’est bien. Mais concrètement, est-ce que cela fait gagner un titre ?

Depuis l’an 2000, quatre coureurs ont décroché le titre de MVP : Marshall Faulk, Shaun Alexander, LaDainian Tomlinson et Adrian Peterson. Le premier n’a pas atteint le Super Bowl cette année-là. Il a gagné un titre avec les Rams, mais avec Kurt Warner en MVP du Big Game. Alexander a échoué dans l’ultime rencontre avec 95 yards en 20 courses. Tomlinson et Peterson ne se sont jamais approchés du Lombardi.

Le plus simple est de regarder les coureurs des derniers champions et leurs performances au Super Bowl.

  • Eagles 2018 : LeGarrette Blount (90 yards), Jay Ajayi (57 yards)
  • Patriots 2017 : LeGarrette Blount (31 yards), James White (31 yards), Dion Lewis (27 yards)
  • Broncos 2016 : C.J. Anderson (90 yards)
  • Patriots 2015 : LeGarrette Blount (40 yards)
  • Seahawks 2014 : Marshawn Lynch (39 yards)
  • Ravens 2013 : Ray Rice (59 yards)
  • Giants 2012 : Ahmad Bradshaw (72 yards), Brandon Jacobs (37 yards)
  • Packers 2011 : James Starks (52 yards)
  • Saints 2010 : Pierre Thomas (30 yards), Reggie Bush (25 yards)
  • Steelers 2009 : Willie Parker (53 yards)
  • Giants 2008 : Ahmad Bradshaw (45 yards), Brandon Jacobs (42 yards)

Aucun coureur n’a passé les 100 yards dans une équipe gagnante du Super Bowl depuis les Colts de 2007. Il s’agissait de Dominic Rhodes. Pas vraiment une superstar. Aucun coureur n’a été élu MVP du Super Bowl depuis Terrell Davis en 1998. Il y a 20 ans !

L’ironie du sort, c’est que les Giants et Eli Manning connaissent parfaitement la recette pour gagner un titre au XXIe siècle : un énorme pass rush, une attaque propre et équilibrée avec quelques coups d’éclats. Ils ont gagné deux titres en harcelant Tom Brady pendant que Bradshaw et Jacobs assuraient le sale boulot au sol.

Les Eagles et Patriots ont atteint le sommet l’an dernier avec un comité de coureur. Philadelphia a construit sont succès sur les lignes. Les Vikings sont solides partout et ont atteint la finale NFC en perdant leur coureur titulaire en début de saison. Ezekiel Elliott a porté les Cowboys lors de sa saison rookie mais Dallas a fini par caler en playoffs face à un Aaron Rodgers sans réel coureur autour de lui.

Si les running backs vedettes reviennent à la mode, cela ne veut pas dire qu’ils font gagner. Alors

L’enfer des quarterbacks

Gettleman et Pat Shurmur peuvent tenter de se rassurer autant qu’ils le veulent, Eli Manning n’est plus un jeune homme. Il a 37 ans et a terminé la saison dernière avec une évalution de 80,4. Manning n’a jamais vraiment porté son attaque au cours de sa carrière et ce n’est pas maintenant qu’il va le faire. Si la méthode a été maladroite, ce n’est pas sans raison que Ben McAdoo avait mis la star sur le banc l’an dernier.

Les Giants ont besoin d’un quarterback. Avec la surprise Baker Mayfield, Josh Rosen et Sam Darnold, longtemps considérés comme les leaders indiscutables de la cuvée tombaient sur leurs genoux. Ils pouvaient sélectionner un des deux hommes et tenter de faire durer Manning un ou deux ans de plus. Mais quand on ne dispose plus plus d’un franchise quarterback en NFL, l’équipe est en reconstruction forcée. C’est le cas de G-Men.

Jeudi était le moment de faire un choix : blinder la défense pour porter à nouveau Manning ou repartir sur des nouvelles bases. Les dirigeants n’ont pas choisi. C’était la pire solution.

Avec des saisons moyennes à venir, les Giants risquent de se retrouver dans la pire des solutions. Trop faibles pour les playoffs. Pas assez pour avoir une chance d’attraper un franchise quarterback à la Draft sans casser leur tirelire dans un échange. Une occasion manquée qui fera d’autant plus mal si Sam Darnold s’illustre dans le même stade au cours des années à venir.

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