Au cœur de l’explosion des Seahawks : retour sur les conflits qui ont divisé le vestiaire

La relation entre Pete Carroll et Russell Wilson serait à l'origine du démantèlement des Seahawks version Legion of Boom.

« C’est une année cruciale, qui marque le début d’une nouvelle ère chez les Seahawks. »

Ces mots du receveur Doug Baldwin résument très bien la situation actuelle à Seattle.

Au cours des dernières années, les Seahawks ont été l’une des places fortes de la NFL grâce en grande partie à une défense exceptionnelle, symbolisée par la Legion of Boom. Ils ont remporté deux fois la conférence NFC et un Super Bowl en février 2014. Aujourd’hui, le profil de l’équipe est complètement différent suite aux départs de nombreux joueurs emblématiques pendant l’intersaison.

Richard Sherman a été coupé et se retrouve désormais chez le rival de San Francisco, Michael Bennett a été transféré à Philadelphia, tandis que Kam Chancellor et Cliff Avril ont dit au revoir au football pour des raisons de santé. Quant au safety All-Pro Earl Thomas, l’un des seuls rescapés, il est très frustré par rapport à sa situation contractuelle et ne se sent plus respecté à Seattle. En d’autres termes, la franchise a décidé de passer à autre chose en se basant sur son quarterback Russell Wilson pour reconstruire.

Dans un long papier paru récemment sur le site Sports Illustrated, Greg Bishop et Robert Klemko soulignent les raisons qui expliquent le démantèlement des Seahawks. Les deux journalistes ont été en contact avec des sources proches du dossier. Ils ont notamment discuté avec plusieurs joueurs, anciens comme actuels. Attention, il y a quelques déclarations qui valent le détour !

Une fracture liée au traitement réservé à Russell Wilson

L’explosion des Seahawks version Legion of Boom aurait comme principale origine l’éventuel traitement de faveur de Pete Carroll envers Russell Wilson. Pour certains joueurs, le quarterback de Seattle n’était pas jugé de la même manière que ses coéquipiers. Il était protégé par son coach, ce qui a provoqué une division dans le vestiaire. D’un côté, il y avait ceux qui soutenaient Wilson. De l’autre, il y avait ceux qui étaient frustrés par cette situation. Visiblement, d’après les mouvements de l’intersaison, un joueur comme Richard Sherman et d’autres membres de la défense se retrouvaient dans la deuxième catégorie, ce qui n’est pas vraiment surprenant.

« Il le protégeait. Et on détestait ça. A chaque fois qu’il faisait de la m*rde, Pete ne disait rien. En réunion d’équipe ou en public, il ne disait jamais rien. Quand Russ réalisait un mauvais match, il disait toujours à quel point il était résilient. On se regardait du genre ‘mais m*rde, qu’est-ce que tu racontes ?' » a déclaré un membre des Seahawks.

En 2014, lors d’un banal entraînement, Sherman n’avait pas hésité à blâmer Wilson après une interception, en lui criant ‘p*tain, tu crains’. Vu le caractère et la grande gueule du cornerback, il n’y avait probablement rien de personnel là-dedans, mais ce n’était pas du goût de Pete Carroll. Directement après la séance, le coach aurait convoqué les leaders de l’effectif pour leur dire qu’il fallait traiter le quarterback avec plus de précaution. Et évidemment, cela n’a pas plu à tout le monde car c’était contraire à la philosophie de l’équipe, en particulier celle de la Legion of Boom.

En voulant protéger Russell Wilson, Carroll a donc involontairement crée une fracture au sein du vestiaire. Certains défenseurs auraient même commencé à se méfier du quarterback car ils estimaient que ce dernier était plus proche de son coach que de ses coéquipiers.

« Quand les gars parlaient en présence de Russell, comme par hasard tout arrivait à l’oreille de Pete. Après un certain temps, tout le monde a remarqué cela, et chacun faisait attention à ce qu’il disait quand Russell était là » indique un joueur.

L’épisode de la finale de conférence NFC 2014 entre les Seahawks et les Packers aurait également provoqué des tensions en interne. Pour rappel, Seattle avait réalisé un incroyable come-back en fin de match avant de l’emporter sur un touchdown victorieux au cours de la prolongation. Même s’il a été décisif dans les dernières minutes, Wilson a également envoyé quatre interceptions dans cette rencontre. Pourtant, c’est bien lui qui aurait été mis en avant par Pete Carroll durant la semaine qui a suivi la victoire, alors que la défense avait aussi joué un rôle majeur face à Aaron Rodgers.

« C’est à ce moment-là que les gars ont pris conscience du manque de responsabilisation. Avant ça, si les gars faisaient des erreurs ou en cas de défaite, ils prenaient leurs responsabilités, pour le bon ou le mauvais. On a commencé à perdre cela » a déclaré un ancien joueur.

Le Super Bowl XLIX comme tournant

Tout cela a été amplifié avec la dernière action du Super Bowl XLIX. On se souvient tous de ce finish incroyable, quand les Seahawks ont décidé de tenter une passe au lieu de faire courir leur running back Marshawn Lynch. Résultat, Wilson s’est fait intercepter par Malcolm Butler et les Patriots l’ont emporté. Pour l’ancien tackle défensif de Seattle Tony McDaniel, ce mauvais choix a marqué un véritable tournant.

« Cette action a tout changé dans le vestiaire. Quand Pete donnait un speech ou tentait de parler les yeux dans les yeux, les gars ne répondaient plus. Ils ne savaient plus à qui faire confiance. »

Selon certains joueurs, Carroll a choisi de lancer le ballon pour permettre à Russell Wilson d’être le MVP du Super Bowl à la place de Marshawn Lynch. Auteur de 102 yards et un touchdown au cours de la rencontre, Beast Mode aurait probablement été élu meilleur joueur du match s’il avait donné la victoire à son équipe dans les dernières secondes.

« Si on avait perdu en donnant le ballon à l’âme de notre équipe, tant pis. On aurait perdu sur notre point fort. Mais il a donné le ballon à Russ. Je ne croyais pas à cette histoire de MVP au début. Mais maintenant, je me pose des questions. C’est possible » a notamment déclaré un Seahawk.

Cette décision a non seulement coûté le titre aux Seahawks, mais elle a surtout remis en cause la philosophie prônée par le coach, basée sur un jeu de course dominant et une défense solide. Suite à ce Super Bowl perdu, Pete Carroll n’avait plus la même crédibilité auprès de ses joueurs si l’on en croit les propos de Cliff Avril.

« A partir de là, certains gars ont commencé à se demander si Carroll croyait vraiment dans sa philosophie. Ils étaient du genre, ‘est-ce que tu crois au moins ce que tu dis ?' »

D’après l’article de Sports Illustrated, d’autres paramètres ont également avivé les tensions à Seattle. Greg Bishop et Robert Klemko mettent notamment en avant certaines décisions du management qui auraient fortement frustré des membres de l’effectif. Mais au final, la gestion du cas Russell Wilson par Pete Carroll semble vraiment être au cœur de cette rupture qui a provoqué l’explosion des Seahawks.

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