La story du vendredi : Aaron Rodgers, le G.O.A.T de Chico

S’ils brillent chaque dimanche, leurs parcours pour atteindre le firmament que représente la NFL sont souvent inconnus du grand public. La rédaction de TDActu vous propose de les découvrir avec...

S’ils brillent chaque dimanche, leurs parcours pour atteindre le firmament que représente la NFL sont souvent inconnus du grand public. La rédaction de TDActu vous propose de les découvrir avec cette série consacrée aux acteurs du football américain.

Aaron Rodgers

Né le 2 décembre 1983 à Chico, Californie
1m88 pour 102 kilos
Quarterback, Green Bay Packers

Sur sa route vers le succès, Aaron Rodgers a connu bien des difficultés. Ce portrait vous propose de voir comment il a su les contourner pour devenir ce joueur reconnu, par ses pairs et par les fans, comme un des meilleurs joueurs de la NFL. En plus de milliers de supporters à travers le monde, cinq personnes en sont témoins.

Ron

Ron Souza est entraineur au lycée de Pleasant Valley dans la petite ville de Chico (90 000 habitants) à 130km au nord de Sacramento. Il était l’entraineur de l’actuel numéro 12 des Packers. Pensait-il à cette époque que le jeune Aaron connaitrait une telle carrière ?

« Non, je ne peux pas dire cela. Il avait du talent et il travaillait dur mais personne ne pouvait penser qu’il deviendrait ce qu’il est aujourd’hui » (bleacherreport.com)

À sa décharge, Aaron Rodgers était à son entrée au lycée plus petit et beaucoup moins athlétique que la majorité de ses coéquipiers (1m58 pour 59 kilos). S’il grandit durant le cursus, sa dernière année de lycéen n’en fait pas pour autant un joueur au gabarit spécial (1m80 pour 77 kilos).

Et c’est en raison d’un physique loin des standards recherchés qu’il ne reçoit qu’une seule proposition de visite. L’université d’Illinois qui au final ne lui propose pas de bourse. Aaron rejoint alors le Butte Community College à 25km du domicile de ses parents. Il est un joueur de seconde zone.

Aujourd’hui il n’est pas rare de voir Aaron Rodgers en interview avec un t-shirt aux couleurs de Butte ou de son lycée. Il n’oublie pas d’où il vient. Comme lorsqu’en décembre 2016, alors que les Vikings de Pleasant Valley s’apprêtent à disputer une finale régionale, leur entraineur reçoit un message vidéo (krcrtv.com) :

« Prenez du plaisir ce soir. Soyez relax et croyez en vous. Je suis vraiment fier de vous les gars et de ce que vous avez accomplit jusqu’ici. Encore un match, allez faites-le ce soir. Go Vikings »

Bien entendu l’entraineur des Vikings ne se prive pas de montrer à ses joueurs, cette vidéo du quarterback leur donnant ce message face caméra. Sur le terrain du lycée de Long Beach, Pleasant Valley s’impose 50 à 49 après prolongations.

Jeff et Craig

Jeff Tedford est l’actuel entraineur de l’université de Fresno State. Il est réputé pour savoir former les quarterbacks. Sous sa houlette, Trent Dilfer devient le sixième choix de la draft 1994 (et futur vainqueur du super bowl avec les Ravens de Baltimore). Son passage à Oregon permet à Akili Smith d’être choisi en troisième position en 1999. David Carr, numéro 1 de la draft 2002, a vivement milité pour son retour chez les Bulldogs de Californie en 2017.

Engagé par l’université de Berkeley en 2002, c’est en regardant une vidéo pour observer le tight-end Garrett Cross que Tedford remarque un quarterback. Il téléphone alors à Craig Rigsbee, l’entraineur du Butte Community College et demande s’il y a d’autres recruteurs qui suivent ce joueur : « Non personne », lui répond-t’on. « Okay, je passe dès demain ».

Dans une interview au Mercury News en 2011 Craig Rigsbee confie :

« Jeff Tedford l’a vu lancer pendant 25 minutes puis il m’a dit qu’il était le meilleur quarterback de junior college qu’il avait jamais vu et qu’il jouerait en NFL un jour »

S’il est flatté par l’intérêt de l’université de Cal, Aaron fait part de ses hésitations :

« L’an prochain nous aurons une bonne équipe et je ne veux pas laisser tomber Butte »

Son entraineur lui répond alors qu’il ira jouer pour les Golden Bears même s’il doit lui-même l’y emmener en voiture. Avec Cal, Aaron Rodgers lance 43 touchdowns en deux saisons. Il y jouera avec le TE Cross (2003 et 2004), lui aussi recruté par l’université, et avec le jeune Marshawn Lynch en 2004.

L’entraineur Jeff Tedford et Aaron Rodgers avec California en 2004

Mike

En 2005, trois quarterbacks universitaires sont considérés comme ayant le niveau pour être sélectionnés au premier tour de la draft : Alex Smith (Redskins) de Utah, Jason Campbell (ex Redskins) de Auburn et Aaron Rodgers. Smith ou Rodgers ont les faveurs des différents experts pour être l’élu de San Francisco, qui possède le premier choix cette année-là. Aaron qui a grandi en fan des 49ers croit en ses chances.

Mike Mayock est un analyste respecté lorsqu’il s’agit d’évaluer le potentiel d’un joueur universitaire et de l’intérêt qu’il peut susciter auprès des équipes professionnelles. Depuis 20 ans, sa mock draft (prédiction du premier tour) est télévisée quelques jours avant l’évènement. Il pense que Aaron Rodgers sera choisi en 24e position par les Packers de Green Bay.

« Si bas ? Pourquoi Mike ? » lui demande alors le présentateur télé Rich Eisen.

« Je pense que San Francisco va choisir Alex Smith et ensuite je vois soit des équipes n’ayant pas besoin d’un quarterback soit n’ayant pas la capacité financière nécessaire pour signer un quarterback »

À cette époque, les contrats des débutants en NFL n’étaient pas fixés suivant une grille pré-définie et les montants pouvaient monter très haut pour un quarterback. Sam Bradford a été le dernier a signer ce type de contrat, 78M de dollars en 2011 dès sa sélection par les Rams de St Louis.

https://www.youtube.com/watch?v=xx7tVY0E_04

Comme l’avait senti Mike Mayock, Alex Smith est choisi en première position alors qu’Aaron doit attendre plus de 5 heures avant d’entendre enfin, son nom être appelé par les Green Bay Packers.

Brett

S’ils font d’Aaron Rodgers leur premier choix de draft, les Packers ont déjà dans leur effectif un quarterback et quel quarterback ! Brett Favre en 2005 c’est : trois titres de MVP (meilleur joueur NFL), huit sélections au Pro Bowl et bien sur le vainqueur du Super Bowl 31 à l’issu de la saison 1996. Il a alors 36 ans mais la retraite n’est pas d’actualité pour lui et, la présence d’un jeune joueur censé le remplacer ne l’enchante pas :

« Il n’est pas stipulé dans mon contrat que je dois m’occuper de lui. Il n’a qu’à me regarder et apprendre de ce qu’il verra »

Dans sa biographie de Brett Favre, Gunslinger, l’auteur Jeff Pearlman relève que l’attitude du jeune Aaron a pour le moins été maladroite dès le début. Sa première rencontre avec Favre a eu lieu à la cafétéria de l’équipe et pour saluer son équipier, Rodgers eu cette phrase : « Salut grand-père » !

Le running-back Najeh Davenport pense qu’il était sans doute très mal conseillé :

« Quelqu’un avait du lui dire qu’il était là pour remplacer Brett. Son agent peut-être ? En tout cas il se comportait comme s’il était quelqu’un d’important »

Décrit comme arrogant par plusieurs coéquipiers, Aaron est brillant. Et ne s’en cache pas. Que ce soit sur le terrain d’entrainement ou en salle vidéo. Donald Driver (vainqueur du Super Bowl et auteur de plus de 10 000 yards à la réception) lui lance un jour : « Okay on a compris que tu es malin mais fermes-là un peu ».

Et tel un bizut, il devient le souffre douleur de Favre et de plusieurs joueurs, le sujet de diverses blagues au goût plus ou moins douteux. La différence d’âge est depuis mis en avant par Favre, pour expliquer pourquoi à cette époque leurs relations étaient compliquées. La différence de mentalité également. Entre un jeune Californien effectuant une petite danse après un lancer réussi à l’entrainement et, un trentenaire venant du sud du Mississippi.

Aaron Rodgers et Brett Favre

Aaron Rodgers patiente trois saisons comme remplaçant de Brett Favre avant d’être nommé titulaire pour la saison 2008. Après 16 saisons à Green Bay, Favre jouera encore trois saisons (Jets puis Vikings) avant de prendre sa retraite.

Chico

Aaron Rodgers est aujourd’hui considéré comme un des meilleurs joueurs NFL. En 2018 il a comme objectif de rééditer la performance de la saison 2010 qui l’a vu remporter le Super Bowl et être nommé meilleur joueur du match. En attendant, il est le héros de la ville où habite toujours ses parents. Chico est désormais surnommé Green Bay West car la cité Californienne est décorée en vert et jaune à de nombreux endroits et ses habitants vibrent pour les Packers tous les dimanches de septembre à janvier.

Dans une région où les fans des 49ers sont très nombreux, le match du dernier Monday Night Football (15 octobre) était forcément spécial pour les habitants de Chico et pour leur greatest of all time.

Les lycéens de pleasant valley avant le Super Bowl / devant le Horse Store & more de Chico / un T-shirt top des ventes en 2011 au Team Sports de Chico / décoration dans un champ à l’entrée de la ville de Chico

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