Odell Beckham Jr., leader des Giants ou superstar capricieuse ?

Retour sur son interview explosive avec ESPN.

La semaine dernière, avant la rencontre entre les Giants et les Panthers, Odell Beckham Jr. n’a pas hésité à exprimer sa frustration lors d’une interview avec ESPN. Agacé par le mauvais début de saison et les galères offensives de New York, le receveur star a notamment déclaré que son équipe manquait de cœur et qu’il n’évoluait pas dans les meilleures conditions pour exploiter tout son potentiel. Sympa pour ses coéquipiers, son quarterback Eli Manning et l’ensemble des coachs s’occupant de l’attaque.

Evidemment, les réactions se sont multipliées suite à cette interview controversée. Pour certains, les commentaires d’Odell ont boosté les Giants, qui ont réalisé face à Carolina leur meilleur match sur le plan offensif depuis bien longtemps. Pour d’autres, ces déclarations montrent l’égoïsme du joueur ainsi que son manque de maturité. Chacun peut avoir son point de vue par rapport à cette situation mais la véritable question qui se pose est la suivante : OBJ est-il un leader en devenir ou tout simplement une superstar capricieuse ?

Toute vérité n’est pas bonne à dire

« Je ne regrette rien. S’il fallait ça pour nous rapprocher en tant qu’équipe comme cela a été le cas aujourd’hui, ça me va. […] On a joué avec du cœur et de l’énergie aujourd’hui, même si cela n’a pas été suffisant. Je suis fier de cette équipe. J’essaye d’être un leader, je n’ai jamais été dans une telle position, j’apprends en cours de route. »

Voici ce qu’a répondu Odell Beckham Jr. quand il a été interrogé par rapport à son interview après la courte défaite contre les Panthers dimanche. Selon lui, ses propos étaient une forme de leadership. L’objectif n’était pas de se mettre en valeur en rabaissant ses coéquipiers, mais de tirer la sonnette d’alarme suite à un début de saison raté. C’est peut-être le cas, peut-être pas, mais ce qui est sûr, c’est que les Giants ont sorti une performance plutôt convaincante du côté de Carolina, en particulier offensivement où ils ont atteint la barre des 30 points pour la première fois depuis le…3 janvier 2016.

A partir de là, le camp pro-OBJ possède un argument. L’autre argument principal, c’est que le receveur de New York a raison sur le fond quand il met en avant les difficultés offensives de son équipe. Sans aucun doute, si l’on excepte la rencontre de dimanche dernier, la franchise de Big Apple est à la rue en attaque depuis le début de saison. Eli Manning a l’air cramé, la ligne offensive est médiocre, et Beckham Jr. n’est pas utilisé à sa juste valeur. Là-dessus, il n’y a pas vraiment de contestation possible. Avant le match face aux Panthers, les Giants tournaient à seulement 18,3 points et 314,2 yards de moyenne. C’est faible pour une formation qui possède en son sein des armes comme Odell et le rookie Saquon Barkley.

Mais est-ce que dire la vérité devant les caméras d’ESPN était la meilleure chose à faire ? Probablement pas. En NFL, il existe de nombreuses règles non officielles qui font partie de la culture de la ligue et du football américain. Elles ne sont inscrites nulle part, mais elles existent dans les esprits des acteurs. Et quand elles ne sont pas respectées, cela peut être lourd de conséquences. L’une de ces règles, c’est de ne pas parler aux médias par rapport aux problèmes de l’équipe. Tout doit rester en interne afin d’éviter que cela prenne des proportions trop importantes. Avec ses déclarations, Odell Beckham Jr. a publiquement critiqué les siens et on peut donc considérer qu’il a franchi la limite. A coup sûr, certains membres des Giants n’ont pas apprécié la sortie médiatique d’OBJ. Niveau cohésion et équilibre dans le vestiaire, ce n’est pas idéal.

Me, Myself and I

Ce qui dérange aussi par rapport à cette interview, c’est la façon dont Beckham Jr. se dissocie du reste de l’équipe. Au cours de l’entretien, Odell se met sur un piédestal en déclarant qu’il ne peut pas exprimer tout son talent et maximiser son potentiel dans la situation actuelle. Autrement dit, il vaut beaucoup mieux que ça. Forcément, cela peut être mal interprété par ses coéquipiers et il passe clairement pour un joueur égoïste qui pense avant tout à sa gloire personnelle plutôt qu’au bien de l’équipe.

« Je ne pense pas que cela galvanise les Giants. […] Ecoutez comment Odell a expliqué la situation. ‘Je, je, je, je’. C’est incroyable. La vérité, c’est que c’est un joueur égoïste, tout simplement. On peut déguiser cela en disant que c’est de la passion, mais il est égoïste. Et les joueurs égoïstes peuvent ruiner des équipes. »

– Tim Hasselbeck, consultant sur ESPN.

Sur le court terme, les propos d’OBJ ont peut-être servi d’électrochoc. Mais sur le long terme, attention, surtout si les Giants continuent à perdre des matchs. En parlant de statistiques individuelles, de records personnels, de son amour pour Los Angeles alors qu’il vient de signer une très grosse extension de contrat avec New York, Odell Beckham Jr. ne donne pas l’impression de faire du succès collectif sa priorité. En comparaison, un receveur All-Pro comme Julio Jones ne parle quasiment jamais de son nombre de touchdowns ou de yards. Quand vous écoutez une interview du joueur des Falcons, il utilise surtout la première personne du pluriel. Pour lui, le plus important, c’est faire son job et aider son équipe à remporter la rencontre, peu importe comment. Alors oui, l’un évolue dans une attaque beaucoup plus performante que l’autre, mais c’est une question de mentalité.

Là se situe la différence entre une superstar individualiste et un vrai leader. Un leader est quelqu’un qui prend ses responsabilités au sein du groupe, c’est quelqu’un qui regarde d’abord dans le miroir avant de pointer le doigt sur les autres. Un leader rassemble les membres d’une équipe au lieu de créer des polémiques. Un leader a une influence positive sur ses coéquipiers et ne cherche pas d’excuses ou de circonstances atténuantes quand ça va mal.

Odell Beckham Jr. a eu son contrat XXL avec les Giants, il a un talent énorme, il donne tout sur un terrain, il veut briller et gagner, et c’est sans doute un bon gars. Cependant, il ne correspond pas vraiment à la définition d’un leader. Pas pour le moment en tout cas…

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