La story du vendredi : Tarik Cohen et Aaron Donald, taille XXL

S’ils brillent chaque dimanche, leurs parcours pour atteindre le firmament que représente la NFL sont souvent inconnus du grand public. La rédaction de TDActu vous propose de les découvrir avec...

S’ils brillent chaque dimanche, leurs parcours pour atteindre le firmament que représente la NFL sont souvent inconnus du grand public. La rédaction de TDActu vous propose de les découvrir avec cette série consacrée aux acteurs du football américain. 

Drew Brees, Tyreek Hill ou Julian Edelman. Le talent ne se compte pas en centimètres mais, si l’on peut ajouter à ces trois-là quelques autres joueurs, ils sont néanmoins rares. « Ce n’est pas la taille qui compte », cependant lorsqu’ils ne répondent pas aux standards habituels, les joueurs aux mensurations plus modestes doivent faire preuve de davantage de ténacité pour atteindre leurs rêves de jouer en NFL.

Tarik Cohen

1m68 pour 86 kilos
Né le 26 juillet 1995 à Bunn, Caroline du nord
Coureur, Chicago Bears

Au dernier recensement, en 2010, la population de Bunn est créditée de 344 personnes. Et si la ville de Paris a une superficie de 105 km2, celle de Bunn est 100 fois plus petite. C’est là, entourée de champs (tabac et maïs notamment), que nait Tarik Cohen. Petit de taille et habitant un endroit isolé, forcément, les habitants de Bunn avaient le sourire quand enfant, Tarik clamait qu’il voulait jouer en NFL.

Au lycée il est la star de l’équipe de football et fait partie de l’équipe de Caroline du nord en athlétisme (4x100m). Mais lorsque de rares recruteurs s’aventurent dans cette contrée, tous jugent son gabarit rédhibitoire pour pouvoir jouer au football au niveau universitaire. Son entraineur confie pourtant au chicagosuntimes, qu’il a envoyé des vidéos de son joueur à énormément d’universités « jusqu’en Californie même ». Mais aucun retour positif. Trop petit.

Tarik envisage alors de s’engager dans l’armée, la Navy plus exactement, comme un de ses cousins. Trei Oliver est entraineur adjoint à l’université de North Carolina A&T, jouant dans la conférence MEAC en division 1-AA (niveau en dessous des 130 universités évoluant en division 1-A). Il aime ce qu’il voit en vidéo de ce joueur, il persuade donc l’entraineur principal d’aller sur place. Et après s’être rendu par erreur à Dunn, bourgade situé à 80 km, les deux arrivent bien à Bunn pour y rencontrer le joueur.

La première réflexion de coach Rod Broadway en le voyant est :

« Il a l’air beaucoup plus petit en vidéo qu’il ne l’est en vrai »

Par exemple, Cohen a de grandes mains : 10 inches. Ses mains sont plus grandes que celles de Saquon Barkley (Giants) ou de Leonard Fournette (Jaguars). Son entraineur d’athlétisme le décrit d’ailleurs comme « Il était tout en muscle, il était un gros muscle ! Et dans son esprit, il mesure 1m85 pour 110 kilos. Il se comporte comme tel ». Dès sa première saison, il devient la star des Aggies et en quatre saisons universitaires, il court pour 5619 yards et 56 touchdowns. Et obtient un diplôme en médecine du sport.

Aujourd’hui coéquipiers, Mitchell Trubisky se souvient de ce joueur qu’il a affronté avec UNC en 2015 : « C’était une bête ! ». Et si Tarik est petit, selon les standards NFL, il est néanmoins plus grand (de 3 cm) que Tyrell, son jumeau. Ce dernier, paysagiste à Raleigh, est fier du parcours de son frère et se demande s’il aurait connu le même destin en continuant le football ?

Avant la draft, « the human joystick » est invité pour des séances privées par les Eagles et les Packers. Les Bears, les Broncos et les Jets le rencontrent également. Ce sont finalement les ours de Chicago qui le sélectionnent au 4e tour (#119). Ces derniers terminent la saison 2016 avec le plus mauvais bilan de leur histoire avec 13 défaites et pour y remédier, ils choisissent une voie quelque peu originale : 5 choix de draft dont 3 utilisés sur des joueurs évoluant à un niveau universitaire inférieur. Le tight-end Adam Shaheen de Ashland (division 2), Tarik Cohen (division 1-AA) et au 5e tour Jordan Morgan (Kutztown/division 2).

L’arrivée en 2018 d’un nouvel entraineur, Matt Nagy, donne à penser que ce dernier si inventif avec Kansas City, va utiliser Cohen dans divers registres. Le coach confie d’ailleurs, dans un autre article du chicagosuntimes :

« Je ne savais pas s’il parviendrait à apprendre rapidement le cahier de jeux et, en fait il est exceptionnel à cela. Il apprend vite et intègre tout ce que nous lui demandons. Et puis ses mains sont sûres »

Et effectivement, si Cohen termine la saison 2017 avec quasiment le même nombre de yards gagnés à la course et en réception, avec ce nouvel entraineur en 2018, ses yards en réception représentent le double de ceux qu’il gagne au sol. Ce dimanche 2 décembre il a même lancé une passe pour un touchdown (il l’avait déjà fait en 2017 face aux Ravens).

« C’est bon d’avoir autant de ballons. Coureur, receveur et équipe spéciale, voilà ce que je veux. C’est bon d’avoir la confiance des entraineurs »

Aaron Donald

1m85 pour 127 kilos
Né le 23 mai 1991 à Pittsburgh, Pennsylvanie
Defensive tackle, Rams de Los Angeles

1m85 pour 127 kilos. Le commun des mortels ne peut appeler une personne avec ces mensurations comme étant « petite ». Pourtant, lors du NFL Combine 2014, seul 3 autres defensive tackle ne sont pas plus grands que Donald. 3 sur 25. Un seul est plus petit (Will Sutton ex-Bears) et ces quatre-là pèsent de 7 à 20 kilos de plus que lui. Donald est petit pour un joueur de cette position.

Pourtant au lycée de Penn Hills High, ses adversaires se comportaient exactement de la même façon que ceux qui l’affrontent aujourd’hui : prise à deux. Pour le même résultat qu’aujourd’hui, cela ne suffisait pas à le contenir. Comme le confie son père au site pittlivewire :

Malgré 11 sacks lors de sa dernière année de lycée, il est évalué comme une recrue 3 étoiles sur 5 possibles. 30e DT du pays selon 247Sports (22e selon ESPN) d’une classe qui cette année là, est dominée par Dominique Easley (ex Patriots), Sharrif Floyd (ex Vikings) et George Uko, qui a brièvement joué avec les Broncos de Denver et qui depuis fait carrière au Canada.

Alors que les joueurs classés devant lui signent avec Florida, Notre Dame ou USC, il reçoit des offres de la part des plus modestes Toledo, Akron et Rutgers. L’université de Pittsburgh lui fait également une offre de bourse et, désireux de rester près des siens, c’est avec les Panthers qu’il signe sa lettre d’engagement. Il est fier d’être issu de cette ville :

« C’est de là que me vient mon état d’esprit travailleur (blue collar). Je suis heureux d’être né et d’avoir grandi dans cette ville de Pittsburgh » (cbs)

L’université de Pitt, comme la nomment les fans, joue dans une conférence du power 5 (ACC depuis 2013) mais n’a ni le palmarès ni le prestige d’autres facs de la conférence comme Miami, Florida State ou Clemson. Cependant, elle a formée quelques joueurs de grands talents comme Larry Fitzgerald (Cardinals), Darrelle Revis (ex Jets) et le Hall of Famer Dan Marino (ex Dolphins). Plus récemment c’est le coureur James Conner qui s’y est distingué; Ce dernier n’a d’ailleurs pas eu à trouver ses repères sur le terrain puisque l’université et les Steelers partagent le même Heinz Field.

Avec 29,5 sacks en 4 saisons, une saison senior où il signe 28,5 plaquages pour pertes, Donald est distingué : joueur défensif de l’année en ACC, Chuck Bednarik Award (meilleur défenseur NCAA), Lombardi Award (meilleur lineman offensif ou défensif). Au Senior Bowl de Mobile en Alabama, il est également récompensé par le titre de meilleur joueur. Si les managers NFL pouvaient refaire la draft 2014, nul doute que Donald serait en compétition avec Khalil Mack pour le choix numéro 1. Il est pourtant choisi en treizième position seulement. La raison ? Vous l’avez deviné.

Depuis, il a remporté le titre de joueur défensif de l’année en 2017 et a signé en 2018 un contrat valant un total de 135 millions de dollars. Avec des Rams au bilan de 11-1, il pourrait bien en février 2019 toucher le graal, le Lombardi Trophy remis au vainqueur du Super Bowl.

En 2013, Bill Hillgrove, qui commente les matchs de Pitt pour une radio locale, demande à Paul Chryst si ce dernier est la raison du succès d’Aaron Donald. L’entraineur rit et répond :

« Oh j’aimerais beaucoup être crédité de cela. Mais non. Il a un talent naturel et c’est un gros bosseur, vraiment tout le crédit lui revient »

Donald a depuis conservé une habitude prise à l’université : après les matchs à domicile il ne rentre pas directement chez lui. Il se rend tout d’abord en salle vidéo et revoit son match. Ce qu’il a fait de bien, de mal, et détermine ce qu’il doit travailler. « il ne peut pas dormir sinon car il va repenser à son match alors, on les analysait ensemble et je sais qu’il continue à faire cela chez les pros », rapporte au chicitysports, Inoke Breckterfield, son coach de ligne défensive avec Pitt.

En 2018, il signe 32 QB hits dont 16,5 sacks en douze matchs + 4 fumbles forcés (les FF ne sont pas comptabilisés comme QB hits dans les stats). 32 + 4 = 36 ce qui divisé par douze matchs donne, l’impressionnante moyenne d’un Aaron Donald percutant le quarterback adverse trois fois par match !

Considéré comme petit, les deux sont malgré tout devenus des joueurs majeurs de deux équipes au bilan positif en route pour les playoffs. Ils s’affrontent d’ailleurs ce dimanche 9 décembre, dans un match au sommet, dans le cadre du match en primetime du dimanche soir. Encore une occasion pour les deux de démontrer que ce n’est pas la taille qui compte.

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