[Flashback] Semaine 14 : pluie de bouteilles à Cleveland

1999. Quatre ans après s’être fait voler son équipe par Baltimore (devenu les Ravens), les Browns de Cleveland font leur grand retour dans la NFL en tant qu’expension team. Un...

1999. Quatre ans après s’être fait voler son équipe par Baltimore (devenu les Ravens), les Browns de Cleveland font leur grand retour dans la NFL en tant qu’expension team. Un retour qui met fin à plus de 20 années de frustrations dans l’Ohio. D’abord une des franchises les plus célèbre dans les années 60 avec Jim Brown en figure de proue, les Browns ont enchaîné les désillusions dans les années 80 :  The fumble, The Drive, … Le coup de grâce arrive en 1995 quand Art Moddell, sur fond de conflit pour la construction d’un nouveau stade, relocalise brutalement l’équipe à Baltimore, qui devient alors les Baltimore Ravens.

Mais comme certains aiment dire, « dieu déteste Cleveland » : si Cleveland récupère son équipe en 1999, les résultats tardent à venir avec deux premières saisons à seulement 5 victoires pour 27 défaites. Tim Couch, quarterback et premier choix Draft 1999 tarde à confirmer les promesses mises sur lui. Pire encore, les Batlimore Ravens viennent de remporter le SuperBowl XXXV en janvier 2001.

Dans ce contexte morose, la saison 2001 laisse entrevoir le bout de tunnel aux Browns. Après 13 semaines, les Browns ont un bilan de 6 victoires et 6 défaites et gardent une possibilité d’accéder aux Playoffs. La rencontre du 16 décembre 2001 face aux Jaguars (4 victoires et 8 défaites avant la rencontre) est donc primordiale pour la fin de saison des Browns.

La rencontre

Ce sont pourtant les Jaguars qui prennent rapidement l’avantage sur une passe de Mark Brunell vers Jimmy Smith. Mike Hollis après un extra-point manqué ajoute trois points supplémentaires sur un coup de pied de 43 yards. Le score à la mi-temps est de 9-0 pour les Jaguars. Comme souvent cette saison, la défense des Browns fait le boulot, inscrivant même un touchdown sur un retour d’interception de 97 yards par Anthony Henry. Devant 9-7 à l’entrée du dernier quart-temps, les Jaguars prennent cinq points d’avance sur deux coups de pied de Mike Hollis, Phil Dawson en inscrivant un entre temps.

Le score est donc de 15 à 7 pour les Jaguars à trois minutes de la fin, les Browns ayant la possession sur leurs propres 34 yards. Tim Couch auteur une nouvelle fois d’un match moyen amène les Browns dans le camp des Jaguars. Quatrième tentative et deux yards à parcourir, Il reste une minute et huit secondes et le ballon est sur les 12 yards de Jacksonville. Couch trouve Quincy Morgan dans l’axe pour 3 yards. Les arbitres signalent la première tentative, Couch remet rapidement le ballon en jeu et spike le ballon (mise au sol volontairement) pour arrêter le chronomètre.

Un coup de sifflet polémique

S’en suit une discussion entre les arbitres. Gus Johnson, le commentateur de CBS toujours dans les bons coups, pense que les arbitres discutent le Spike de Couch : ce dernier a en effet feinté le jet du ballon au sol avant de le faire réellement, ce qui est interdit.

En fait, Terry McAulay qui officie pour la rencontre souhaite revoir la réception de Morgan. Après révision vidéo, il s’avère effectivement que la réception n’est pas valide, Morgan n’ayant pas le total contrôle du ballon quand le Jaguar James Boyd lui arrache des mains. Pourtant, le règlement est clair, on ne peut pas revoir une action si un autre jeu a eu lieu entre temps. C’est le cas ici, le ralenti montre clairement qu’aucun arbitre n’a sifflé avant le spike de Couch. S’en suit donc une confusion sur le terrain, Butch Davis, coach des Browns est furax sur la touche.

Après de longue minutes de discussions, McAulay confirme la décision, la réception est invalidée, les Browns perdent la possession.

La colère du Dawg Pound

Les fans des Browns rentrent alors dans une colère noire. Aux sifflets et insultent suivent des jets de projectiles, principalement des bouteilles en plastiques sur le terrain. L’image est impressionnante, l’embut des Browns est rempli de bouteilles provenant du Dawg Pound, zone des fervents supporters des Browns.

« C’était le chaos. On se disait : pourquoi sommes-nous visés, ce n’est pas notre faute ? J’ai été touché par une bouteille à la jambe. Les coachs nous ont dit de courir vers le milieu de terrain car on était trop proche du bord et on était visé par des bouteilles. Ils nous ont dit de mettre notre casque » déclare Kiwaukee Thomas après la rencontre (raporté par Cleveland.com).

Les joueurs des deux équipes se réfugient sur le terrain pour éviter les projectiles. Après de longues discussions, McAulay sur un coup de colère annonce la fin de la rencontre. Il reste alors 48 secondes à jouer. Les joueurs des Jaguars et les arbitres tentent de regagner le vestiaire sous les jets de projectiles. C’est le chaos à Cleveland.

« On devait finir la rencontre, et alors qu’on s’est aligné, une bouteille est passée a côté de ma tête et de celle des joueurs de Jacksonville. A ce moment, j’ai décidé qu’il était trop dangereux de poursuivre la rencontre » déclare McAulay après la rencontre.

L’appel de Tagliabue

Le commissionner de la NFL, Paul Tagliabue averti de la situation téléphone aux officiels sur place : il souhaite que la rencontre reprenne. Plusieurs minutes plus tard, c’est donc un un stade vide que les Jaguars remettent en jeu pour les 48 secondes restantes. Deux genoux posés au sol mettent à la rencontre.

« J’avais enlevé mon maillot, comme la plupart, prêt à partir. Le téléphone a sonné et c’était Paul Tagliabue disant que les arbitres n’ont pas l’autorité d’arrêter une rencontre et qu’il fallait finir le match » Scott Steeson, juge de ligne de la rencontre.

Après coup, McAulay déclare qu’il a reçu un buzz des arbitres en charge des ralentis juste avant le snap, expliquant le délai. Il ne regrette en tout rien de sa décision

« C’était si proche, le buzz et le snap. On va toujours revoir l’action si il y a un doute parce que l’on veut être sûr d’avoir pris la bonne décision. Au final, la décision était la bonne puisque ce n’était pas une reception » (referee.com)

Andre King, receveur des Browns, a du mal à avaler cet argument

« Il dit qu’il y avait des problèmes de communication avec les officiels pour le ralenti. Dommage. C’est comme si un coach jetait le mouchoir rouge pour un replay après le snap. Quand la balle est mise en jeu, on ne peut pas revenir en arrière. Quelque soit la raison. On a été volé et nos fans aussi. C’est ridicule, horrible […] Terry McAulay ne devrait plus arbitrer de rencontre »

Les Browns ratent une nouvelle fois les playoffs cette année-là. Si certains mettent ceci sur le dos de cette controverse, d’autres répondront que la rencontre était déjà presque perdue et que les Browns n’étaient pas sur une bonne avec trois défaites de rang.

Ironie du sort, McAulay se retrouve quelques années plus tard dans une nouvelle controverse entre Jaguars et Browns. En 2011, il refuse un coup de pied à trois points de Phil Dawson à priori valable et alors que les Browns mènent 14 à 10. Une erreur sans conséquence puisque les Browns remportent tout de même la rencontre ce jour là.

Tags →  
Partagez cet article sur : Twitter Facebook
Afficher les commentaires