La story du vendredi : DeAndre Hopkins, la vie n’est pas un long fleuve tranquille

S’ils brillent chaque dimanche, leurs parcours pour atteindre le firmament que représente la NFL sont souvent inconnus du grand public. La rédaction de TDActu vous propose de les découvrir avec...

S’ils brillent chaque dimanche, leurs parcours pour atteindre le firmament que représente la NFL sont souvent inconnus du grand public. La rédaction de TDActu vous propose de les découvrir avec cette série consacrée aux acteurs du foot américain. 

DeAndre Hopkins

Né le 6 juin 1992 à Central, Caroline du nord
1m85 pour 98 kilos
Receveur, Houston Texans

Un parcours sportif impeccable

Central est une petite ville de 5000 habitants à 190 km de Charlotte et ses Panthers. Au lycée D.W Daniel, il est une star sur les pelouses et les parquets. Plus de 1400 points inscrits comme meneur de jeu, il est aussi le receveur vedette scorant des touchdowns mais pas que : 28 interceptions en carrière accompagné de 5 touchdowns défensifs.

Son choix universitaire est évident pour lui : ce sera Clemson. La fac jouant en orange lui offre à la fois la proximité, un programme football de haut niveau ainsi que de poursuivre une tradition familiale. Dès sa première saison avec les Tigers, il est le meilleur receveur de l’équipe avec 52 réceptions pour 637 yards (4 TDs). Une fois la saison terminée, il rejoint l’équipe de basketball du campus pour y jouer sept matchs.

En 2011 il augmente sa production avec 978 yards et 5 touchdowns mais c’est surtout en 2012 qu’il explose les compteurs : 82 réceptions, 1405 yards, 18 touchdowns ! Il est également un mentor pour les plus jeunes, Sammy Watkins (Chiefs), Charone Peake (Jets) et Martavis Bryant. La défense est elle, portée par les 8 sacks de Vic Beasley (Falcons) et les 8,5 plaquages pour pertes de Grady Jarrett (Falcons). L’équipe termine avec un bilan de 11-2. 11 victoires, meilleur total depuis 1981.

Il est alors considéré comme valant un choix du premier tour et effectivement, les Texans de Houston le sélectionnent avec le 27e choix en 2013. Depuis, en six saisons il totalise 7437 yards et 47 touchdowns (+ 238y et 1 TD en playoffs) et, le 27 janvier 2019 il disputera son 4e Pro Bowl.

Pourtant depuis 2013, les joueurs chargés de lui lancer la balle sont : Matt Schaub *(8 matchs en 2013), Case Keenum (8 matchs en 2013 et 2 en 2014), Ryan Fitzpatrick (12 matchs en 2014), Ryan Mallett (2 matchs en 2014 et 4 en 2015), Brian Hoyer (9 matchs en 2015), TJ.Yates (2 matchs en 2015 et 3 en 2017), Brandon Weeden (1 match en 2015), Brock Osweiler (14 matchs en 2016) et Tom Savage (2 matchs en 2016 et 7 en 2017) et enfin, Deshaun Watson (6 matchs en 2017 et depuis). *(ne sont comptabilisés que les matchs en tant que titulaire au début du match).

En 2018, il effectue une saison remarquable avec notamment une performance démontrant la sureté de ses mains :

En plus d’une production faisant de lui un des tout meilleurs receveurs de la ligue, il réalise également régulièrement des réceptions très spectaculaires.

Hopkins contre Miami en octobre 2018

Du lycée à la NFL, DeAndre Hopkins n’a cessé de suivre une route vers le succès sans aucun à-coup. Et pourtant, sa vie familiale a dressé bien des obstacles sur son chemin.

Un parcours de vie tourmenté

Non sa vie n’a pas été tranquille et cela commence dès son plus jeune âge. Son père, Harris Steve Hopkins, gagne sa vie en vendant de la cocaïne. Arrêté en 1992, il est libéré sous caution et alors que la famille rentre d’Atlanta, sur la route pluvieuse, la voiture fait une embardée et trois tonneaux. DeAndre a alors cinq mois et il est à bord du véhicule en compagnie de sa mère, d’une sœur et d’un frère. Le père décède des suites des blessures engendrées une semaine plus tard.

Son oncle Terry Smith a, comme lui, été un joueur star avec l’université de Clemson. Receveur lui aussi : 2681 yards et 15 touchdowns en quatre ans. Un héros sur le campus, lui qui a attrapé une passe pour un touchdown, dans les dernières secondes du Peach Bowl 1993 donnant la victoire contre Kentucky. 4 ans après ce match, la police doit intervenir au domicile de sa femme. Terry Smith est armé d’un couteau et, tout en tenant contre lui leur fille de deux ans, il menace celle avec qui il vit désormais séparément. Il ne lâche pas son arme malgré les sommations des officiers. Il est abattu en ce mois de juillet 1997. DeAndre a alors cinq ans.

Il en a sept lorsqu’un cousin, Javis Austin joue lui aussi avec la fac de Clemson. Il est running-back pour les Tigers mais ne joue pas assez à son goût. Il expliquera plus tard qu’il n’a pas pu parler avec son entraineur comme il l’aurait souhaité, alors un soir de 1999 il pointe une arme contre son visage pour en finir. Lui qui a perdu un frère cinq ans plus tôt, mort d’une crise cardiaque en jouant au baseball. Javis Austin ne réussit pas à mettre fin à ses jours mais y perd l’usage de son œil droit pour toujours.

Aujourd’hui, Javis Austin travaille comme préparateur physique avec sa propre compagnie : JA Fitness. Il entraine des sportifs de tout niveau et donne également de son temps aux enfants des écoles élémentaires de Central. Pour DeAndre il est quelqu’un d’important, comme il le confie à Shannon Sommerville :

« Il est comme un frère pour moi. Il est un cousin au second degré mais je le considère comme un frère. Comme un mentor aussi. Il tire le maximum de la seconde chance que Dieu lui a donné » (Fox Carolina)

Javis Austin et DeAndre Hopkins

DeAndre a désormais dix ans et les évènements tragiques qui jonchent sa vie, ne sont pas terminés. Été 2002, sa mère surprend son petit-ami chez une femme du voisinage. Une dispute s’en suit et, alors qu’elle invective son concubin, la fille elle, prépare un mélange de lessive + javel qu’elle prend soin de faire bouillir ! Elle reçoit la mixture et rapidement la peau de son visage, de son cou et de son dos commence à tomber. Le petit-ami infidèle attrape alors son corps et le glisse dans sa voiture. Il laisse la mère de DeAndre dans la station-service la plus proche et s’enfuit.

Elle passe ensuite 3 semaines à l’hôpital recevant de multiples greffes de peau. Aujourd’hui elle en garde, en plus de cicatrices, un œil gauche fonctionnant à 40% seulement, l’œil droit perdant lui tout usage. L’assaillante fut arrêtée et condamnée à 20 ans de prison en 2003.

DeAndre et sa mère Sabrina Greenlee

Peu avant la draft 2013, il déclare à USA Today :

« Tout ça m’a rendu plus fort. Alors même si certaines choses ne vont pas dans mon sens, rien ne peut m’atteindre vraiment. J’ai traversé trop d’épreuves pour cela »

Cela n’est pas allé dans son sens ce samedi 5 janvier 2018, une défaite à domicile face aux Colts lors du 1e tour des playoffs. Déçu, on l’imagine. Mais la vie lui a appris à relativiser. Et avec une franchise semblant avoir trouvé son quarterback pour les prochaines saisons, l’avenir de DeAndre pourrait être réjouissant au côté de cet autre ancien tigre de Clemson (les deux n’y ont pas joué ensemble).

Pour DeAndre Hopkins, le « bonheur c’est facile », en une minute et trente-huit secondes :

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