Super Bowl LIII – Portrait : Samson Ebukam, du Nigeria à Hollywood

Pour vous faire patienter jusqu’au Super Bowl, TDActu vous propose son habituelle série d’articles pour vous présenter l’évènement. Ce vendredi, un portrait d’un joueur qui en deux ans s’est imposé au...

Pour vous faire patienter jusqu’au Super Bowl, TDActu vous propose son habituelle série d’articles pour vous présenter l’évènement. Ce vendredi, un portrait d’un joueur qui en deux ans s’est imposé au sein de la défense des Rams : Samson Ebukam

Nnamaka Samson Ebukam

Né le 9 mai 1995 à Onitsha, Nigeria
1m91 pour 111 kilos
Linebacker, Los Angeles Rams

Son prénom est Nnamaka. Mais hors de sa cellule familiale, tout le monde l’appelle par son deuxième prénom : Samson. En tant que Français, nous ne sommes sans doute pas à même de moquer une incapacité limitée concernant les langues étrangères mais, Nnamaka non, ce n’était pas envisageable pour ses amis ou pour ses entraineurs. Jason Witten, commentant son match contre les Chiefs le 19 novembre 2018, a déjà eu du mal à prononcer « Ebukam » ! Alors, pour le prénom c’est Samson.

Samson Ebukam est né en Afrique, au Nigeria dans la ville portuaire de Onitsha sur les rives du fleuve Niger, une mégalopole urbaine qui, en englobant sa banlieue, compte 7 millions d’habitants. En 2016, L’Organisation Mondiale de la Santé publie un rapport et classe les 500 villes les plus polluées du monde. Onitsha est leur numéro un !

une rue d’Onitsha, dans la partie sud du Nigeria

Enfant, Samson grandit sans son père parti aux États-Unis pour y chercher de meilleures conditions de vie. Il a six ans lorsqu’un frère et une sœur partent rejoindre leur père à Beaverton (banlieue de Portland), huit quand deux autres membres de la fratrie suivent le même chemin. Nnamaka les retrouve l’année d’après.

Si l’environnement matériel est plus confortable, l’adaptation est néanmoins difficile. Il est le plus jeune des enfants et a des difficultés avec la langue Anglaise. Il a grandi en jouant au foot (soccer) alors il continue au pays de l’oncle Sam mais, plus que les buts, ce sont les cartons rouges qu’il collectionne sur les terrains. Sa mère lui manque. Elle est restée au pays avec les plus petits et ne les rejoindra que quatre ans plus tard. Perturbé par ce manque et par le déracinement, il s’adapte très difficilement et n’a pas d’ami.

Un tournant décisif dans sa vie s’effectue lorsque la famille se déplace de quelques kilomètres, il intègre alors le lycée David Douglas à Portland. Là, l’entraineur de l’équipe de football remarque ses capacités athlétiques et lui propose d’essayer ce sport totalement nouveau pour lui. Pas vraiment concluant :

« Il ne connaissait pas du tout ce jeu, n’en comprenait pas les règles. Mes adjoints pensaient qu’il n’y arriverait pas, il semblait ne pas aimer cela, surtout les contacts, ce n’était pas son truc » (ESPN)

Mais coach Dan Wood persiste, ce gamin a du potentiel pense-t-il. Après deux ans à apprendre, Samson devient titulaire en tant que defensive end et comme fullback et tight end en attaque. Pour lui, ses performances sur les pelouses représentent plus que du sport : une intégration. Il se fait des amis et fait partie d’une équipe où son rôle est important.

De plus, sa mère a désormais rejoint la famille et, la communauté issu du Nigeria s’est agrandit dans la ville du nord ouest des USA (+90% entre 2000 et 2007) : les tensions entre groupes musulmans et chrétiens font des centaines de victimes chaque année au Nigeria, le pouvoir politique est contesté et combattu par une armée rebelle. Ceux qui le peuvent fuient le pays et son climat délétère. Désormais, les Ebukam ne se sentent plus isolés dans un pays inconnu. Lors de fêtes, ils s’y sentent même « en famille » parmi la communauté Igbo (ethnie du sud-est du pays), notamment en s’y délectant de la nourriture traditionnelle : bananes plantain frites, riz Wolof et Fufu.

Nnamaka avec ses parents et quatre de ses frères et sœurs

En plus du football, le joueur des Rams fait partie de l’équipe d’athlétisme. Il est un membre du relai 4x100m et pour quelques centimètres, le titre de l’état de l’Oregon lui échappe au lancer du javelot. Des qualités athlétiques évidentes mais sa faible expérience dans le football font que les universités ne se bousculent pas pour le recruter.

Au niveau local, quatre universités se partagent les meilleurs talents : Oregon, Washington, Washington State et Oregon State. Lui, reçoit une offre de Portland State ainsi que de Eastern Washington. Clairement moins bien. C’est avec les Eagles de EWU, à 400 kilomètres de Portland, qu’il choisit de suivre un cursus universitaire.

Remarqué très tôt par les Rams

Il passe alors quatre années sur le campus pour y obtenir un diplôme en communication (lui qui avait du mal à parler Anglais en arrivant). Et sur le terrain rouge des Eagles (allez voir), il brille aux côtés de son futur coéquipier Cooper Kupp, ainsi qu’avec un autre receveur : Kendrick Bourne (49ers). Et c’est en supervisant à plusieurs reprises Cooper Kupp, que les recruteurs des Rams le remarquent. En 2016, son année senior, il signe 71 plaquages dont 9,5 sacks et deux fumble forcés.

Cependant, Ebukam n’est pas invité au fameux NFL Combine, son talent est inconnu ou sous-évalué par la plupart des scouts. Le manager général des Rams, Les Snead, pense alors qu’il va pouvoir signer ce joueur prometteur en tant qu’agent libre après la draft 2017. Mais un évènement rend ce projet risqué, le Pro Day de l’université le 28 mars. La majorité des franchises sont représentées ce jour-là afin d’y évaluer le talent de Cooper Kupp et, si ce dernier ne déçoit pas, Ebukam crève l’écran.

Un chrono de 4,45 au sprint du 40 yards. Ce qui au NFL Combine aurait été le meilleur temps d’un linebacker. Jabrill Peppers, listé comme LB, poste un temps de 4,46 alors que son second, le joueur des Falcons Duke Riley, court en 4,58 secondes. L’atelier mesurant la détente verticale lui permet là-aussi de battre le score de 37,5 inches réussi au Combine par Tyus Bowser (Ravens) avec 39 inches (99 centimètres).

L’atelier nommé broad jump consiste en un saut en longueur départ arrêté. Le plus long réalisé au NFL Combine par un linebacker l’a été, encore, par Jabrill Peppers avec 3,25 mètres. Samson Ebukam est plus lourd de 18 kilos que le joueur des Browns et pourtant, encore, il fait mieux (de 5 cm). Inconnu ou snobé jusque là, il figure maintenant sur les rapports des évaluateurs. Les Snead le sait, désormais il ne peut plus se permettre d’attendre la fin de la draft pour signer son « coup de cœur ».

Le 29 avril 2017, à Philadelphie, les Rams échangent leurs choix 141 et 197 avec le 125e des New-York Jets et ils sélectionnent Nnamaka. Il gagne sa place dans l’effectif final lors du camp d’entrainement et commence la saison 2017 comme remplaçant de Robert Quinn et Connor Barwin. 22 plaquages dont deux sacks tout en ne jouant que 32% des snaps défensifs. L’équipe termine la saison avec un bilan de 11 victoires pour cinq défaites et, s’incline en playoffs face aux Falcons.

En 2018, il est titulaire au poste d’outside linebacker dans le système 34 de Wade Phillips (3 Dlinemen et quatre linebackers en formation de base). Lors de la semaine 11, il aide l’équipe à battre les Chiefs de Kansas City dans un des matchs les plus spectaculaires de la saison, 54 à 51. A titre personnel il signe un sack et deux touchdowns défensifs : un en récupérant un fumble forcé par Aaron Donald, un autre à la suite d’une interception.

Le 20 janvier 2019, il s’impose sur le terrain des Saints de la Nouvelle-Orléans, obtenant ainsi son ticket pour le Super Bowl. Il y retrouvera les Patriots le 3 février à Atlanta. Si Osi Umenyiora (ex Giants) ou Jay Ajayi (Eagles) ont remporté le Super Bowl, leurs parents sont originaires du Nigeria, eux sont nés à Londres. Nnamaka Samson Ebukam pourrait devenir le premier joueur natif du pays a remporter le prestigieux trophée Lombardi. Pour lui et sa famille, pour le Nigeria, pour l’Afrique.

En attendant de le retrouver à Atlanta, voici une minute trente en sa compagnie, à l’université.

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