[tribune] Les Giants ont bien fait de transférer Odell Beckham

Et si l'échange le plus fracassant de l'année tournait à l'avantage des Giants ?

Dave Gettleman n’y connait rien, il ne sait pas ce qu’il fait et n’a aucune vision pour les Giants”. Voilà, en résumé, ce qui ressort des discours dépités de la plupart des fans de Giants après le trade d’Odell Beckham qui rejoint son ancien coéquipier Jarvis Landry à Cleveland.

Difficile d’y voir du positif pour New-York, qui a perdu dans cette opération un cadre de l’équipe et un talent unique. Cela fait maintenant plus d’une semaine et les esprits se sont un peu calmés. Essayons donc de mettre le côté émotionnel de cet échange de côté pour essayer de comprendre ce qui a pu se passer dans la tête du manageur général des Giants.

1) Il s’agit en réalité d’un double transfert

Quelques jours avant l’échange d’Odell Beckham, les Giants avaient déjà réalisé une opération avec les Browns en échangeant Olivier Vernon et un 4e tour de draft contre Kevin Zeitler et un 5e tour de draft. Ils renforçaient ainsi leur ligne offensive et allégeaient un peu leur masse salariale. Or, on a appris ensuite qu’avec le trade d’OBJ, les Giants récupéraient finalement leur 4e TDD. Les deux transferts semblent intimement liés. Il est en effet peu probable que les discussions sur les deux joueurs aient été réalisées de manière complètement indépendante.

Cela nous mènerait donc au transfert suivant :

– Les Giants reçoivent : Jabrill Peppers (Safety) + Kevin Zeitler (OG) + 2019 Pick 17 (1er Tour) + 2019 Pick 95 (3ème Tour)

– Les Browns reçoivent : Odell Beckham Jr (WR) + Olivier Vernon (OLB)

En sachant que les Giants souhaitaient dans tous les cas se séparer de Vernon, trop souvent blessé et pas assez productif compte tenu de son salaire, on arrive au final a un échange qui a une toute autre saveur. Il sera difficile de savoir qui des deux équipes à réalisé la meilleure opération avant une certain temps. Il faudra notamment voir ce que font les Giants avec ces deux tours de Draft, et analyser l’état de santé de Beckham et Vernon la saison prochaine.

2) Jabrill Peppers

Après avoir laissé Landon Collins partir, les Giants n’avaient plus aucun safety du niveau d’un titulaire NFL. Jabrill Peppers vient combler ce manque, plutôt de fort belle manière. Drafté en 2017 par les Browns au premier tour, ce natif du New Jersey a tout l’air d’un Collins amélioré, plus jeune, plus rapide, aussi physique, et moins cher car encore en contrat rookie. Rappelons que Collins vient de signer chez les Redskins pour 14 millions de dollars par an.

Après deux années au plus haut niveau, Peppers combine 136 plaquages, dont 96 en solo, 8 passes défendues, 1 sack et 2 interceptions. Il obtient la note Pro Football Focus de 77,6 lors de sa deuxième année, soit une progression de 17,1 points par rapport à sa saison rookie en demi teinte. Dans le même temps, Landon Collins est noté 70,4 sur 2018, soit 7 points de moins que Peppers.

Enorme point fort de ce dernier : la couverture de passe. Il surpasse clairement Collins dans ce secteur, qui était une des principales raisons pour lesquelles les Giants ne l’avaient pas re-signé. Peppers semble bien plus versatile et sa combinaison avec Antoine Bethea tout juste débarqué de l’Arizona pourrait s’avérer fructueuse. Les Giants ont donc comblé un manque en défense et amélioré le poste de Strong Safety par rapport à l’année précédente, en améliorant par la même occasion leur situation dans la masse salariale.

3) La “distraction” Odell

L’une des raisons non officielles qui revient souvent sur la table lorsque l’on parle du départ de Beckham est qu’il était devenu “trop casse pieds” pour l’équipe. Difficile pourtant de lui reprocher quoi que ce soit en rapport avec le football : c’est un bosseur qui donne tout sur le terrain et qui a la rage de gagner…peut-être parfois trop. On se souvient notamment de cette histoire avec le filet, ses bagarres répétés avec Josh Norman, ses gestes de rage et ses larmes au bord du terrain à plusieurs reprises ou encore ses célébrations de touchdown plusieurs fois pénalisées.

Ses déclarations dans la presse, notamment une fameuse interview aux côtés de Lil Wayne, ont également laissé des traces. Il n’est pas toujours très fin dans sa communication, et son statut de superstar mondiale créent des drames à chaque petite déclaration qui peut prêter à interprétation. Comprenons-nous bien, OBJ n’est pas toxique comme ont pu l’être dernièrement Le’Veon Bell ou Antonio Brown avec les Steelers, et il est d’ailleurs très apprécié dans le vestiaire. Mais il se dégage autour de lui une certaine agitation constante, des faits, des gestes, ou des déclarations qui font partie intégrante du personnage.

Dans un récent podcast de Giants Insider, Chris Bisignano donne deux informations qui vont dans ce sens :

– Gettleman et Shurmur étaient tous les deux d’accord sur le trade d’Odell.

– Le staff des Giants s’est dit immédiatement soulagé après le trade.

Conclusion, s’il est un très bon coéquipier, Beckham n’en reste pas moins une personnalité extrêmement forte, qui jouit en plus d’une surexposition qui ne sont pas propices au développement sportif d’une équipe en reconstruction.

4) Reconstruction = marge de manœuvre

La reconstruction, parlons-en justement. Dans une récente interview, Gettleman indique ne pas vouloir entendre parler de reconstruction, simplement de construction. Les changement opérés dans l’équipe depuis la saison dernière sont pourtant énormes avec les départs de nombreux cadres. Les objectifs pour le GM des Giants sont les suivants :

– Accumuler des tours de draft

– Gagner en espace dans la masse salariale.

Force est de constater que pour le moment le travail est fait correctement. Tout d’abord, la Draft de l’an dernier a été très bonne avec des joueurs comme Saquon Barkley (RB), Will Hernandez (OT), BJ Hill (DT) ou encore Lorenzo Carter (OLB), quatre joueurs désormais titulaires. Il est extrêmement important pour construire un effectif de bien drafter. C’est ce que n’a pas su faire l’ancien régime mené par Jerry Reese qui n’a fait qu’enchainer les mauvais choix et plongé l’équipe au plus bas.

La draft de cette année promet donc d’être décisive et Gettleman a su se mettre en situation favorable après les échanges de Damon Harrison, Eli Apple et évidemment Odell Beckham Jr. Il ne possède en effet par moins de 12 choix dont deux lors du premier tour, un au deuxième et un au troisième. De quoi voir venir et combler quelques manques, notamment en défense. La grande interrogation porte toujours sur le quarterback, et personne à l’heure actuelle n’est capable de prédire ce qu’a prévu le front office de New-York.

Dernier point, la masse salariale. En se séparant d’Odell Beckham et avec la fin du contrat de Manning l’an prochain, les Giants bénéficieront de plus de 100 millions de dollars de cap space en 2020. Cela leur permettrait de réaliser quelques gros coups lors de la prochaine free agency et de combler les derniers manques qu’il pourrait y avoir dans l’effectif.

Conclusion

Les Giants vont être une meilleure équipe dans les deux ans à venir grâce cet échange. Une individualité extrêmement forte isolée dans une équipe inférieure à la moyenne ne permet pas de gagner. La preuve, la franchise de New-York a un bilan total de 31 victoires pour 49 défaites sous l’ère Beckham.

Dave Gettleman se donne la possibilité de reconstruire l’équipe en profondeur avec une base de joueurs solides acquis grâce à ses nombreux tours de draft. Il s’est libéré de la “distraction” Odell et va pouvoir recentrer l’attention des joueurs sur le football. Il a par la même occasion récupéré un Strong Safety d’avenir, un Guard Droit de qualité et préparé un cap space monstrueux pour 2020. Du tout bon pour les Giants.

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