[portrait] Nick Bosa : une histoire de famille

Nick Bosa est le frère de Joey. Mais pas seulement. C'est toute une famille de football qui continue son histoire à San Francisco.

Voilà les jeux sont fait et la draft 2019 est actée. Cette semaine la rédaction de Touchdown Actu vous propose cinq portraits, ceux de cinq joueurs choisis dans le top 10 de la draft 2019. Aujourd’hui direction la baie de San Francisco, sur un air de rap, rencontre avec un joueur poursuivant une tradition familiale.

Nick Bosa

Né le 23 octobre 1997 à Fort Lauderdale, Floride
1m93 pour 120 kilos
Defensive-end, 49ers de San Francisco

Petit frère

Petit frère. Relativement rare mais rien d’exceptionnel. Eli a rejoint Peyton en NFL, Kyle (Long) après Chris, TJ après JJ (Watt). L’an passé, la draft 2018 a permis à Shaqueem de retrouver son frère Shaquill à Seattle. En 2019, Nick Bosa emprunte les pas de son frère ainé Joey et de quelle façon : numéro 2 de la draft !

Si Joey est un peu plus costaud, les similitudes sont nombreuses : même lycée, même université, même poste sur le terrain. Sa dernière année de lycée, Nick Bosa signe 56 plaquages dont 29,5 pour pertes ! Il est la sensation d’un établissement qui pourtant en a vu passer d’autres : son frère bien sur mais aussi Michael Irvin (HoF ex Cowboys), Geno Atkins (Bengals) ou LaMarcus Joyner (Rams). Leur père dit ne pas avoir poussé Joey a jouer au football mais quand celui-ci s’y est mis alors, Nick était toujours dans son ombre à refaire tous les mouvements.

L’apprentissage par mimétisme. Ainsi, si Joey a du attendre sa 3e année avant d’être titulaire dans cette powerhouse des lycées Floridiens, Nick lui était starter dès sa première. Joey en est sorti en étant une recrue 4 étoiles, 56e joueur national selon ESPN. Nick lui fut une recrue 5 étoiles, 3e joueur national (derrière Rashan Gary et Greg Little). Ci-dessous Nick dans sa troisième année de lycéen :

Il reçoit des offres de Clemson, Alabama, Florida, Florida State, Notre Dame et il se contente de visiter les deux campus les plus proches, ceux situés en Floride. Cependant, Il sait déjà où il veut aller : The Ohio State University, comme Joey. Comme ce frère avec qui il est constamment en compétition, que ce soit en football, jeux vidéos ou au ping-pong. Chacun veut être le meilleur tout en étant les meilleurs amis du monde : « on se dépasse l’un avec l’autre, pas contre l’autre » (si.com 2017)

That’s my people

En 2016, Joey devient professionnel avec les Chargers de San Diego (pour un an encore dans cette ville de Californie du sud), Nick lui n’est qu’un freshman sur le campus de Colombus (Ohio) et pourtant il joue 12 matchs sur les 13 de la saison : 5 sacks. Ses coéquipiers en défense se nomment Malik Hooker (Colts), Sam Hubbard (Bengals), Raekwon McMillan (Dolphins), Denzel Ward (Browns) ou Tyquan Lewis (Colts). Avec eux il s’incline en demi-finale des playoffs universitaire face au Clemson de DeShaun Watson (Texans).

L’année suivante, il joue 14 matchs et augmente sa production : 16 plaquages pour pertes dont 8 sacks. Champion de la conférence Big Ten en signant un sack dans le match pour ce titre face à Wisconsin. 1,5 lors du Cotton Bowl face à USC pour le dernier match de la saison 2017. Il est alors, d’ores et déjà, considéré comme un futur top 3 de la draft 2019. Le poste de defensive-end est considéré comme le second en terme d’importance dans une équipe et Nick Bosa est évalué comme le meilleur joueur du pays (au niveau U) à cette position.

source : sbnation

« On aurait du jouer le titre national cette année ! » (si.com 2019)

Oui, vrai. Mais…

Demain c’est loin

En Septembre 2018, après avoir joué trois matchs (pour 4 sacks), il se blesse à l’aine contre TCU :

« j’ai senti que ça avait laché » (si.com).

Nick Bosa au sol le 15 septembre 2018 au début du 3e quart-temps

Ou plutôt il aggrave une gène ressentie dès le premier match et qui là s’est transformé en blessure. Blessure nécessitant une opération. Et occasionnant beaucoup de gènes :

« L’endroit est inhabituel et inconfortable. En gros c’est un muscle sollicité quand tu respires, quand tu tousses, quand tu entres dans ta douche » (nbc sports)

Le moins de mouvements possibles pour récupérer et forcément les abdominaux redeviennent mous, donc beaucoup de sueur et de serrage de dents puis revenir ensuite au niveau. Son avenir s’assombrit et il broie du noir. Deux mois après l’opération il recommence à courir. Il habite à ce moment-là chez son frère Joey à Tustin (50km de L.A). Il a clairement besoin de soutien car il s’est senti comme fauché par le sort :

« C’était l’année que j’avais attendu toute ma carrière ! J’ai partagé les snaps mes deux premières saisons mais là j’étais LE gars. Et j’ai commencé fort mais cela m’a été enlevé » (nbc)

Quand cela a été possible, il s’entraine alors avec Todd Rice. Ancien préparateur physique avec Boston College, NC State et les San Diego Chargers, Joey l’a engagé pour être son préparateur personnel après le déménagement de la franchise. Adepte des étirements et d’une façon spécifique de s’entrainer que l’on peut rapprocher des méthodes utilisées par Tom Brady et son préparateur. Rice pense que ce n’est sans doute pas une coïncidence si des gars devant monter un pneu en haut d’une colline s’abiment le dos, s’ils s’abiment les chevilles en poussant un sled (traineau avec du poids). Nick Bosa, et son frère, sans le dire trop fort, apprécient moyennement certaines façons de s’entrainer dans le football pro.

En octobre, pendant sa rééducation, il annonce qu’il ne reviendra pas sur les terrains, préférant après son rétablissement, se préparer pour la draft 2019. Une décision qui forcément a soulevé quelques questions auprès des observateurs : certains ont remis en question son engagement pour une équipe, d’autres ont pensé qu’étant déjà considéré comme un top 3 voire le numéro un, un retour n’aurait rien apporté de plus tout en prenant le risque d’une nouvelle blessure qui elle, aurait remis en cause son statut.

Au NFL Combine, Nick Bosa démontre qu’il a bien récupéré : il réalise sur l’exercice du 3-cone un temps de 7,10 secondes. En comparaison, le très rapide linebacker Devin White, plus léger de 13 kilos a réalisé un temps de 7,07. Non seulement cet atelier mesure l’agilité et l’explosivité d’un athlète mais il permet également d’évaluer les capacités d’un défenseur à changer de directions de façon brusque et de sprinter à nouveau, conserver (ou pas) sa vitesse malgré les cuts. Une telle aptitude se retrouve sur le terrain n’importe quel dimanche.

Avec les 49ers il vient renforcer un secteur qui en avait besoin. En 2018 les 49ers ont établit un record dont ils se seraient bien passés : le plus faible nombre de turnovers forcés de l’histoire ! Si les Bears de 2016 n’ont récupéré que 11 ballons, la défense des niners en a provoqué seulement 7 l’an passé. Bosa et son jeu agressif n’a joué que trois matchs en 2018 et lors du dernier, il force un fumble avec ses mains violentes et toujours actives.

Actif, le mot est lâché. Et plutôt que de vous décrire cette qualité, laissons Michael Deiter, nouveau venu chez les Dolphins de Miami (3e tour) vous en parler :

« Certains gars, si vous arrivez à bien les contrer, au bout d’un moment ils vont baisser de rythme, vous sentez qu’ils abandonnent un peu. Pas lui. Lui il continue de jouer à fond » (Bleacher Report)

Michael Dieter et son numéro 63, ci-dessous face à Nick Bosa :

source : medium.com

Affaires de famille

Vient alors une autre question, moins importante certes mais tout de même : portera t’il le numéro 97 ?

Joey lui, avait du se résoudre à choisir le 99 alors qu’il portait le 97 au lycée ainsi qu’à l’université. Jeremiah Attaochu le portait à son arrivée et plutôt que de trouver un arrangement avec lui, il a préféré changer. Le 97, que portait Nick lui aussi avec Ohio State, était le numéro de John Bosa, leur père, lui aussi defensive-end, lui aussi drafté au 1e tour (1987 par les Dolphins de Miami).

John Bosa, star avec l’université de Boston College était le 16e choix de la draft. Seulement 21 matchs pourtant, 7 sacks. Sa seconde saison, un lineman offensif plonge sur son genou (légal à cette époque) et cela lui rompt trois ligaments. S’il s’est accroché et est revenu, il n’était plus le même joueur, notamment sur le si important premier pas. Sa carrière se termine, comme ça. Avec un goût d’inachevé.

source : sportsillustrated, jeffrey a salter

Joey, d’ailleurs, vient de récupérer le numéro 97 pour la saison 2019. Aux 49ers ce numéro est porté par le linebacker Dekoda Watson. Mais euh…attendez, on me dit dans l’oreillette que le samedi de la draft (4-7 tours), John Lynch a envoyé Watson aux Broncos. Qu’est-ce qu’il ne ferait pas pour satisfaire son nouveau chouchou…

Lettre à la république

D’un point de vue personnel, il a été récemment tancé pour ses opinions politiques, notamment en « likant » ou « followant » des publications : celle d’une personne (noire) faisant l’apologie des idées de Hitler ou une autre postant vidéos et commentaires sur la suprématie blanche ainsi que sur la présence de sans domicile fixe faisant passer une grande ville du pays pour une cité du tiers-monde (et la ville en question était celle de San Francisco). Il a bien entendu effacé les traces de cela mais trop tard, cela a été remarqué. Il avait aussi traiter de clown Colin Kaepernick et son kneeling. Il s’en excuse lors de sa première conférence de presse en tant que membre des 49ers :

« J’étais jeune, j’ai pensé une chose et je l’ai tweeté. Mauvaise décision. Je respecte ce qu’il a fait. Si cela rend des gens plus forts, alors il a bien fait. Je m’excuse. »

Si les médias s’accordent pour dire qu’un sportif devrait garder ses opinions pour lui, ils ne manquent pas pourtant d’épier puis commenter leur moindre fait et geste. Par exemple, le fait d’avoir supprimé ses likes ainsi que son activité sur les réseaux a aussi été interprété : « Bosa est un couard » a t’on pu lire. Il n’assume pas ses opinions et surtout a peur de devoir en répondre dans un vestiaire.

Alors doit-on être inquiet quant à son intégration ? Un vestiaire est toujours constitué de gars venant des quatre coins du pays, d’un milieu urbain ou de la ruralité. Les opinions politiques comme les appartenances religieuses y sont toutes ou presque chaque fois représentées. Dans chaque groupe, il y a des des sous-groupes et ils se constituent par affinités. C’est valable dans votre travail ou dans votre lycée. Et cela n’empêche généralement pas le tout de fonctionner.

« Je pense que dès que je rencontrerai les gars, ils verront qui je suis vraiment et cela se passera bien »

S’il a bien entendu coché sur son agenda la date du 8 septembre et le premier match de la saison à Tampa, une autre est elle cerclée de rouge : le 29 août au Levi’s Stadium, pour le dernier match de pré-saison, devinez qui vient lui rendre visite ? Joey et les Chargers. Une histoire de famille on vous dit…

 

 

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