[portrait] Kyler Murray : le phénomène

Kyler Murray est le nouveau quarterback des Cardinals. Mais qui est-il ?

Les jeux sont fait et la draft 2019 est actée. Cette semaine la rédaction de Touchdown Actu vous propose cinq portraits, ceux de cinq joueurs choisis dans le top 10 de la draft 2019. On commence bien entendu par le numéro 1 : Kyler Murray.

Kyler Murray

Né le 7 aout 1997 à Bedford, Texas
1m78 pour 93 kilos
Quarterback, Arizona Cardinals

Sur les pas de Baker

Baker Mayfield. En seulement une saison pro, être nommé dans la même phrase que le joueur des Browns est déjà quelque chose de positif. Et, Kyler Murray partage beaucoup de points communs avec lui : il joue la même position, il n’est pas grand selon les standards NFL, il a évolué dans la même fac sous les ordres du même entraineur et comme lui, il a remporté le Heisman Trophy remis au joueur élu le meilleur au niveau universitaire. Depuis quatre jours, il partage avec Baker un autre point commun : il est numéro 1 de la draft NFL.

Tout d’abord respirez un coup. Les statistiques de Kyler Murray ont de quoi couper le souffle : 4361 yards à la passe ! 42 touchdowns ! 1001 yards à la course ! 12 touchdowns ! (okay arrêtons avec les « ! »). De quoi emmener Oklahoma en playoffs universitaire (seules 4 équipes vont en POs). De quoi remporter le Heisman Trophy remis au meilleur joueur, devant celui qui en était le favori depuis des mois (Tagovailoa/Alabama).

Alors non, il ne ressemble pas au lanceur depuis la poche numéro 1 de la draft comme Matt Stafford, Andrew Luck ou Jared Goff. Mais cette production ne peut être ignorée. De plus, en 2018, la NFL nous a donné en exemple un Pat Mahomes MVP. Mahomes vient de la même conférence, peu ou prou du même système offensif que Murray. Qui était l’entraineur du joueur des Chiefs à l’université ? Oui c’était facile, Kliff Kingsbury. On a aussi vu que les Ravens sont allés en playoffs avec Lamar Jackson à la mène. Plus atypique que Lamar Jackson, dur de trouver. Ou peut-être justement, Kyler Murray.

Brésil + Norvège = Texas

Au lycée, Murray joue pour le Allen high school avec un autre choix du top 50 de cette draft : Greg Little (37e choix par les Panthers). Le tackle Bobby Evans, choisi en 97e position par les Rams, son coéquipier à Oklahoma, l’était aussi à Allen.

Là aussi conseil de respirer : Murray est trois fois champion de l’état. Entre parenthèses, l’état du Texas n’est pas le seul (Californie ou Floride par exemple) mais sans doute le meilleur concernant le football au niveau lycée. Trois fois champion donc et du moment où il a été le titulaire au poste de quarterback, Allen a connu 43 victoires. 43 victoires, point. Aucune défaite.

Ses saisons junior et senior, coach Fleener adopte un système offensif reprenant les concepts principaux de…Kliff Kingsbury avec Texas Tech. Read-pass option et temps entre le snap et le lancer très court. Dans ce système, il signe 3669 yards à la passe, un tiers de cela à la course et 79 touchdowns en tout. Un jour en match, son entraineur rapporte cette anecdote :

« Il lance cette balle pourrie, interception et on encaisse un pick six ! Sur la touche je le sermonne en lui demandant ce qu’il lui est passé par la tête. Une pause et il répond devant moi, devant ses receveurs, que nos adversaires sont nazes et qu’on va leur en mettre pour 400 yards ! Les fans de Oklahoma doutaient car Baker est un tel leader, mais Kyler s’il parle peu est un silent assassin » (247Sports)

Finalement, ce match contre Southlake Carroll se termine avec une victoire 49 à 27, l’attaque progressant pour 464 yards. Au lycée, Kyler Murray est une star, respecté et craint par ses adversaires. Pas seulement parce qu’il empile les yards à la passe mais surtout, parce qu’il le fait aux moments décisifs. Il est clutch comme on dit là-bas. Comme lors de cette demi-finale contre le lycée de DeSoto. Mené de 15 points au milieu du 4e quart-temps, Allen l’emporte après 3 touchdowns consécutifs.

Le Texas et ses friday nights (les lycéens jouent le vendredi). Les Brésiliens et le foot ? Ou les Norvégiens et le ski de fond. Une passion relevant presque d’une religion. Le lycée de Allen a depuis 2012 un stade flambant neuf (60M de dollars) de 18000 places. Lors de son dernier match en tant que lycéen, devant 52308 spectateurs dans un stade universitaire, Kyler Murray régale. Une victoire 47 à 16. Son entraineur le sort même pendant le quatrième quart-temps pour…le remettre en jeu une action après, afin qu’il reçoive une mega standing ovation.

Entre le Texas et l’Oklahoma

En 2015, Murray est considéré comme une recrue 5 étoiles mais 34e toutes positions confondues (Derwin James est 5e, Josh Rosen 11e). Il s’engage pour la fac de Texas A&M, connue pour ses militaires, son 12th man et son Johnny Manziel. Texas A&M est également l’université où a évolué son père : Kevin Murray était lui aussi quarterback et en 1985 il lance pour 2463 yards. Kyler y est en concurrence avec une autre recrue, Kyle Allen, référencé lui, comme un pocket-passer. Murray est remplaçant mais entre en jeu parfois, souvent pour une formation wild-cat où il utilise ses jambes pour gagner des yards. Il devient titulaire quelques matchs mais la situation ne lui convient pas et il veut rejoindre Oklahoma.

L’université de Norman a essayé de le recruter à sa sortie de lycée mais le staff n’était pas le même, Lincoln Riley est arrivé sur le tard (du processus de recrutement) et Kyler s’était alors engagé verbalement avec les Aggies. Là, avec Riley en charge de l’attaque, il sait que le système pour mettre en valeur ses qualités s’y trouve. Il demande son transfert et en conséquence de la règle* en vigueur, il doit patienter une saison sans pouvoir jouer. *(Depuis la règle a été légèrement modifiée permettant à celui n’ayant pas joué plus de 4 matchs, de pouvoir rejoindre une autre université et de pouvoir y jouer tout de suite).

Quand il devient éligible, il est le remplaçant de Baker Mayfield. Il entre néanmoins un peu en jeu, surtout en quatrième quart-temps quand le score est acquis. Il dit avoir beaucoup appris, non seulement des ses entraineurs mais aussi du joueur des Browns et leur relation était très bonne :

« Moi et Bake on s’est très bien entendu. D’une certaine façon il m’a pris sous son aile. Je ne crédite pas beaucoup de personnes dans ce milieu mais Baker, j’ai beaucoup de respect pour lui. Leader sur et en dehors du terrain. Apprendre de lui, rien ne pouvait être mieux que ça » (ESPN)

Et lorsque Mayfield part pour Cleveland, il prend alors les clés et la suite est connue. Une saison fantastique et la nomination de Kliff Kingsbury à la tête des Cardinals créé la rumeur : Murray va être le numéro 1 de la draft. Faut dire que la connexion entre les deux ne date pas d’hier.

« Je le suis depuis sa saison sophomore au lycée et je pense énormément de bien de lui. Je n’ai jamais vu personne de meilleur que lui au niveau lycée et il le montre désormais au niveau universitaire. Il est phénoménal » (Kliff Kingsbury, yahoo sports)

Balle et ballon

Concernant la petite balle blanche. Vous savez déjà qu’il a été drafté au 1e tour (8e) par les A’s de Oakland. Au lycée déjà il est un phénomène dans les deux sports : en 2015 il est le premier joueur de l’histoire à être sélectionné pour le match Under Armour All America* dans les deux sports ! *(match all-star du niveau lycée). Il a pourtant choisi le ballon ovale et c’est désormais avec les Cardinals qu’il entame une carrière professionnelle. Ceux-ci ont d’ailleurs inclu une clause dans son contrat, celle de ne pas pouvoir jouer au baseball de façon professionnelle. Pas tant qu’il jouera au football le dimanche en tout cas.

Il ne pourra donc pas faire comme celui qui l’interroge sur le podium de Nashville. En octobre 1992, Deion Sanders entre dans l’histoire du sport américain : le samedi 10 il joue un match de playoffs avec son équipe de baseball des Atlanta Braves à Pittsburgh. Une fois le match terminé, il prend un avion et s’envole pour Miami et le dimanche après-midi, il y joue avec les Atlanta Falcons un match de saison régulière NFL sur le terrain des Dolphins. Une fois ce match terminé ? Il reprend à nouveau un avion et retourne à Pittsburgh car le soir même il dispute un autre match de playoffs en baseball. Primetime quoi ! Mais revenons à Murray..

4361 yards à la passe avec un pourcentage de réussite (ou de complétions) de 69. Et telle une fourmi atomique, ses qualités athlétiques lui permettent aussi de slalomer dans les défenses, faisant passer les défenseurs pour des plots. Invité sur le plateau de NFL Network, l’entraineur de Oklahoma State, Mike Gundy et sa coupe de cheveux magique, déclare :

« La question n’était même pas de savoir si on allait arriver à le plaquer, la question était de savoir si on arriverait à ne serait-ce que le toucher ! En tout cas je peux vous dire une chose, je suis bien content qu’il parte en NFL, je n’aurai plus à l’affronter »

Avec Josh Rosen transféré de l’autre coté du pays, Kyler a les clés en mains. Pression ? « je suis prêt, je me languis que ça commence » déclare t’il quelques minutes seulement après sa sélection. Hormis les fans des Cardinals ou quand ceux-ci ont joué contre votre équipe, combien d’entre-vous ont volontairement regardé un match des Cardinals en 2018 ? Vous serez bien plus nombreux à le faire en 2019 et la raison a pour nom : Kyler Murray.

Partagez cet article sur : Twitter Facebook
Afficher les commentaires