[portrait] Quinnen Williams : Babyface Killer

Derrière un appareil dentaire et un sourire innocent se cache peut-être le défenseur le plus talentueux de la Draft.

Voilà les jeux sont fait et la draft 2019 est actée. Cette semaine la rédaction de Touchdown Actu vous propose cinq portraits, ceux de cinq joueurs choisis dans le top 10 de la draft 2019. Aujourd’hui Quinnen Williams, choix numéro 3 par les J.E.T.S.

Quinnen Williams

Né le 21 décembre 1997 à Birmingham, Alabama
1m93 pour 140 kilos
Defensive tackle, New York Jets

Sweet Home Alabama

L’université localisée à Tuscaloosa est un véritable centre de formation pour les franchises NFL. Pas moins de 52 joueurs étaient dans leurs effectifs en 2018. De Julio Jones à CJ.Mosley, de Mark Barron à Ryan Kelly, de OJ.Howard à Landon Collins. Toutes les positions sont représentées, y compris punter (Scott/Packers) et long-snapper (Tinker/Jaguars, depuis remplacé). Toutes et notamment des joueurs de ligne défensive.

Depuis 4 ans ce sont Jonathan Allen et Daron Payne qui ont rejoint les Redskins, Jarran Reed les Seahawks, Robinson et Hand la franchise de Detroit, Square Los Angeles et ses Chargers ainsi que Tomlinson les Giants. Pourtant la NFL n’a pas encore vu le meilleur d’entre-eux : Quinnen Williams.

Q joue au football depuis son plus jeune âge, suivant ainsi son frère ainé (de deux ans), Quincy jr* sur les terrains. Un choix plutôt logique lorsque l’on grandit à Birmingham. L’état de l’Alabama n’a pas de franchise NFL mais l’influence universitaire y est omniprésente : l’université de Alabama avec son programme de football, conduit par coach Nick Saban, reste sur quatre finales consécutives. Le programme d’Auburn, s’il remporte moins de succès, est solide et procure à la NFL de très bons joueurs comme Cam Newton, Dee Ford ou récemment Kerryon Johnson (prochain sur la liste, le DT Derrick Brown en 2020). L’Alabama, siège d’une rivalité considérée comme une des trois plus importantes au niveau universitaire : le Crimson Tide de Alabama contre les Tigers de Birmingham (ou War Eagle) de la fac de Auburn, avec en jeu le Iron Bowl. *(Quincy vient d’être lui aussi drafté, 98e par les Jaguars. Les deux se retrouveront en week 9 à Jacksonville)

de gauche à droite : Quinnen, Giovanni et Quincy jr

C’est d’ailleurs avec la fac de sa ville que Quinnen s’est tout d’abord engagé verbalement avant finalement de signer officiellement avec les rivaux.

Décollage

Avec une première saison sur le campus sans jouer (redshirt), il a eu le temps de travailler et de progresser à l’entrainement auprès des joueurs suscités. En 2017, il intègre peu à peu la rotation après le départ de Jonathan Allen, en tant que defensive-end dans un schéma en 34 (comme les Rams ou les Redskins pour donner un exemple NFL). 9 matchs joués où il se distingue notamment contre le jeu de course avec 6,5 plaquages pour perte. Il est remplaçant derrière Hand, Buggs et Davis. En 2018 il est le titulaire qui remplace le numéro 13 de la draft 2018, Daron Payne. Et ce passage au centre de la ligne en tant que nose-tackle change tout.

19,5 plaquages pour pertes ! Soit le meilleur total d’un lineman défensif sous l’ère Saban. Corey Dorsey l’a entrainé dans les catégories de jeunes de 8 à 13 ans et il rapporte à Chase Goodbread de nfl.com :

« Parfois j’avais du mal à travailler un jeu offensif car en moins d’une seconde, il aplatissait le centre sur le quarterback et fin de l’action avant même d’avoir vraiment commencé ! »

C’est cette puissance qu’il a démontré en SEC toute la saison. Les innombrables heures passées en salle de musculation au lycée, en plus de sa technique, le rendent impossible à bloquer en un contre un. Son coéquipier Jonah Williams, joueur de ligne offensive déclare :

« Jouer contre lui c’est comme essayer de stopper un bloc de savon de 140 kilos » (B/R)

Quinnen déclare ne pas avoir un modèle mais plusieurs : Aaron Donald et son premier pas, Gerald McCoy et sa technique de mains ou encore Fletcher Cox qui selon lui sait tout faire. Il profite également des conseils de son ancien coéquipier Daron Payne (Redskins) :

« Mon passage au centre a été difficile car j’étais défendu en prise à deux. Je pesais 125 kilos à ce moment-là et j’affrontais donc 270 kilos. Mais depuis j’ai pris du poids et Daron m’a beaucoup aidé, on se parle très souvent. Il est de Birmingham comme moi alors il m’aide avec ses conseils pour se défaire des prises à deux, sur comment s’entrainer ou sur comment dépenser son argent intelligemment » (nfl.com)

Ci dessous, un exemple où Quinnen se débarrasse d’une prise à deux pour atteindre le quarterback :

source : sbnation

S’il s’incline le 7 janvier 2019 lors de la finale universitaire contre Clemson, il signe néanmoins quatre plaquages dont 1,5 pour pertes. Le voila désormais numéro 3 de la draft NFL. De quoi rendre fier son père, sa grand-mère, ses deux frères et sa sœur. Et sa mère, enfin pour ceux qui croient qu’elle peut l’être de « là-haut ».

Toujours ton enfant

Quinnen avait douze ans lorsque sa mère est morte. Cancer du sein. Pourtant quelques années auparavant elle avait combattu cette maladie et en avait obtenu une rémission. Quatre ans plus tard, le crabe est réapparu. Fatal cette fois. Souvent dans une fratrie, un enfant est plus proche des autres d’un parent et c’était le cas de Quinnen avec sa mère.

à droite Quinnen tenant la main de sa maman

Avec elle, il aimait cuisiner, il restait avec elle également quand elle corrigeait les devoirs de ses élèves du cours élémentaire où elle enseignait. Comme elle, il a ce même caractère altruiste, comme le confie son frère Quincy :

« Il aide les vieilles dames à porter leurs courses, voilà le genre de personne qu’est mon frère. Toujours à vouloir aider les autres » (nfl.com)

Elle avait 38 ans. « elle était ma meilleure amie. J’étais un enfant toujours joyeux et du jour au lendemain je me suis renfermé sur moi-même ». Cette épreuve lui aura donné beaucoup de forces et alors qu’il était quasiment inconnu en septembre 2018, il est aujourd’hui en route pour la grosse pomme.

The next episode

Avec les Jets Quinnen devient un adulte avec une grande responsabilité : celle de justifier ce choix numéro 3. Adulte et responsable oui mais quelque part il est toujours un adolescent portant un appareil dentaire. Lorsque John Lynch et le staff des 49ers ont rencontré le joueur lors de son ProDay, ils ont voulu que la discussion se passe dans un restaurant. Étant le local ainsi que l’invité, Q a donc eu le choix du restaurant : tous se sont donc retrouvés dans un IHOP de Tuscaloosa, une chaine de restauration proposant pancakes, gaufres et autres petit-déjeuners !

De petit-déjeuner il n’avait pas pris le matin du NFL Combine, il s’est contenté sur le chemin de grignoter quelques biscuits Oreo. On peut d’ores et déjà imaginer quel genre de marque lui proposera un contrat de sponsoring. Et cela ne l’a pas empêché d’être très performant lors du combine et même d’y montrer un caractère affirmé de compétiteur. Il court son premier sprint avec un chrono de 4,87 secondes. Bien que le temps ne soit pas encore officialisé, son agent lui conseille de ne pas courir sa seconde tentative. Un temps largement suffisant et impressionnant pour son gabarit. Bien entendu, il décide qu’il peut faire mieux et ne refuse pas le challenge : 4,83 !

Le coordinateur défensif Gregg Williams a déjà, entre-autres, entrainé Aaron Donald et Myles Garrett. Encore gâté, il va désormais pouvoir être créatif avec Quinnen : nose tackle ou defensive-end en 3-technique, nul doute qu’il va tenter d’exploiter le maximum de ce potentiel hors du commun. Aidera t’il les Jets à aller en playoffs ? En tout cas les verts espèrent davantage gêner ces Patriots si dominants. Tous les quarterbacks sont vulnérables depuis l’intérieur, plus encore les pocket-passer dont Tom Brady est le maitre du genre. Alors, même si cette idée avait échoué lors de la signature de Ndamukong Suh par les Dolphins, il est a noter que les trois adversaires de division des Patriots ont tous choisis un defensive tackle au 1e tour de la draft (Q, Oliver et Wilkins).

Si les fans des Jets ont connu beaucoup de bons joueurs tels Curtis Martin (RB),  D’Brickashaw Ferguson (OT) ou Darelle Revis (CB), le plus fameux d’entre-eux est le quarterback Joe Namath, vainqueur du Super Bowl III et ce dernier, comme Quinnen, a étudié avec l’université de Alabama. Et il n’est pas le seul à avoir accueillit la sélection de Q avec plaisir, ce fut également le cas de son futur coéquipier et homonyme, Leonard Williams :

Une chose est certaine en tout cas, ne vous laissez pas piéger par son visage de poupon : sur le terrain Quinnen Williams est un vrai démon ! Babyface Killer…

Tags →  
Partagez cet article sur : Twitter Facebook
Afficher les commentaires