L’histoire délirante de la Draft 1996 des Giants et du 5e choix aveugle d’un oeil

Le jour de la Draft, il faut être préparé à tous les scénarios. Les Giants l'ont appris à leurs dépends.

Ils voulaient une star, ils ont sélectionné un joueur aveugle d’un oeil. Voilà en résumé l’histoire de la Draft 1996 des Giants. Comment la franchise en est-elle arrivée là ?

C’est Greg Gabriel, recruteur pour les G-Men à l’époque, qui a raconté cet épisode fou sur le site Pro Football Weekly.

À l’époque, la franchise sort d’une mauvaise saison et hérite du cinquième choix général. Dan Reeves, le coach, est dans une lutte de pouvoir avec George Young, le manager général.

« C’est peu de dire que cela rendais nos rendez-vous de préparation de la Draft tendus », raconte Gabriel. « En 1996, c’était les coachs contre les recruteurs… et les réunions n’étaient pas drôles. »

Tout commence pourtant facilement. Jonathan Ogden (OT), Keyshawn Johnson (WR) et Kevin Hardy (LB) sont rapidement identifiés comme les trois talents incontournables de la cuvée. Ensuite, vient le cas Simeon Rice.

« Après avoir passé les trois premiers jours en revue en à peine plus d’une heure, nous avons passé une journée et demi sur Rice. Et oui, jusqu’au mardi midi, quand nous sommes arrivés à un consensus, et aujourd’hui encore je ne pense pas vraiment que c’était un consensus. C’était plutôt que Reeves a finalement lâché. »

Rice sera donc le quatrième homme sur le tableau des Giants.

Mais c’est là que les ennuis commencent.

Une concession fatale

Comme Reeves a lâché au bout de 11 heures de discussions, il faut faire des compromis. Le coach aime beaucoup Cedric Jones, un defensive end qu’il considère même meilleur que Rice.

« Les recruteurs avaient noté Jones comme un joueur de milieu ou fin de premier tour, mais loin du talent de Rice. […] Pour apaiser Reeves, nous avons fini par donner à Jones une note qui l’a placé dans le Top 10 de notre tableau, mais il ne pouvait pas déloger nos quatre premiers. »

La prochaine étape ? Une erreur de gestion impardonnable.

« Les Giants avaient le cinquième choix. Les quatre premières sélections étaient détenues par les Jets, Jaguars, Cardinals et Ravens. Les Giants pensaient que trois de nos quatre joueurs (Ogden, Johnson, Hardy et Rice) partiraient sur les trois premiers choix. L’équipe sur laquelle nous avions des doutes était les Ravens. Le propriétaire des Giants Wellington Mara était proche d’Art Modell, le propriétaire des Ravens. Et Mara était confiant, après plusieurs conversations avec Modell, que les Ravens allaient choisir Lawrence Phillips, coureur de Nebraska. »

Sauf qu’Ozzie Newsome, le manager général des Ravens n’est pas de cet avis.

« Newsome savait que M.Modell voulait Phillips, mais il pensait que Phillips était une bombe à retardement et ne voulait pas se plier au souhait du propriétaire. Évidemment, les Giants ne connaissaient pas cette partie de l’équation. »

La catastrophe

Le piège est en place. Johnson, Hardy et Rice partent avec les trois premiers choix. Avec le quatrième, Baltimore sélectionne Ogden.

« C’était à nous et les quatre joueurs que nous voulions étaient partis. Nous n’avions pas de joueur. Dans nos préparatifs, nous n’avions jamais pensé à un joueur à prendre si notre Top 4 était parti. Nous avions brièvement parlé de Jones, mais pas autant que des autres joueurs. Oui, nous n’avions pas assez travaillé. »

Young a alors tenté d’appeler les équipes suivantes pour descendre grâce à un échange. Mais sentant la panique, les concurrents font des offres dérisoires, qui feraient passer les Giants pour des idiots. Houston propose seulement un choix du septième tour pour monter de leur 14e place jusqu’au 5e choix des new yorkais. Coincés.

Les Giants sélectionnent Jones. Dan Reeves est heureux. Mais pas longtemps.

« Avant de le sélectionner, nous n’avons pas vérifié avec le département médical, et nous avons découvert plus tard que Jones était aveugle d’un oeil. Non, je ne me souviens pas de quel oeil, mais cela voulait dire qu’il ne pouvait jouer que d’un côté de la formation à cause de sa cécité. Inutile de dire que c’était un choix affreux et que Jones n’a pas fait une grosse carrière pour les Giants. »

« Le premier tour m’a appris une leçon très importante : toujours être préparé pour le pire scénario quand il s’agit de la Draft. »

Jones est tout de même resté cinq ans dans la grosse pomme, puis une chez les Rams avant de quitter les terrains pour de bon. Il a réussi une saison à 7,5 sacks en 1999.

Depuis, Gabriel a travaillé pendant neuf ans avec les Bears. Et il le promet, Chicago a toujours été préparé à toutes les situations.

Pour la petite histoire, derrière Jones, deux Hall of Famers ont été sélectionnés au premier tour en 2016 : le receveur Marvin Harrison (19e choix, Colts) et Ray Lewis (26e choix, Ravens).

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