Field Advisor : l’US Bank Stadium des Minnesota Vikings

Place au domicile des Vikings.

Nouvelle structure, rénovation, future implantation… qu’importe l’avancée du projet, le stade demeure l’élément de base pour chaque franchise. Il représente à la fois un véritable moyen de pression auprès des municipalités et une extraordinaire machine à cash pour les équipes. Au cours de ce tour d’horizon, TDActu vous propose de découvrir les spécificités de chaque enceinte. Dans un premier temps, place aux stades actuels accueillant une franchise à temps complet tout au long de la saison.

Dernière étape cette semaine pour découvrir l’US Bank Stadium de Minneapolis.

Retrouvez les enceintes de la première saison en cliquant sur ce lien.

US Bank Stadium, la nouvelle étoile du Nord

Dans la mythologie nordique, Valhalla était connu comme le lieu où les valeureux guerriers défunts sont amenés. Aujourd’hui, il est appelé US Bank Stadium, la récente résidence des Minnesota Vikings. Il est construit sur l’empreinte de son prédécesseur, le Metrodome Hubert H. Humphrey, à l’extrémité Est du centre-ville mais il ne peut pas être plus différent dans sa conception, établissant de nouvelles normes pour les stades NFL. Ouvert en 2016 pour plus d’un milliard de dollars, le bâtiment est audacieux, emblématique et d’aspect unique. Beaucoup diront qu’il ressemble à un immense navire de verre et d’acier, pour d’autres, il symbolise parfaitement une cathédrale transparente qui parvient à intégrer certaines des meilleures caractéristiques des sites de football modernes tout en introduisant de nouveaux conforts.

Son architecture unique et son toit sont vraiment à mettre en avant. L’enveloppe extérieure est recouverte à 60% d’ETFE (éthylène tétrafluoroéthylène, matériau transparent ressemblant au verre mais en beaucoup plus léger), ce qui donne l’impression d’être en plein air, avec la lumière du soleil qui pénètre dans le stade, sans avoir besoin d’un toit rétractable. Ce type de toit était à l’étude dès l’origine du projet. Jugé trop cher, il a été remplacé par un dôme permanent incliné à 60%. Sa structure, composée de 11 000 tonnes d’acier, est capable de supporter une couche épaisse de neige des hivers rigoureux de la région. Il s’agit du premier stade à toit fixe construit depuis l’ouverture du Ford Field à Detroit en 2002, dont la surface de 22 300m2 est la plus grande des États-Unis.

Photo : Pioneer Press.

Le côté Ouest est encore plus « ouvert », avec une majorité de verre et cinq portes pivotantes immenses qui s’ouvrent sur un vaste espace de 2 200 m2, capable d’absorber le flux de visiteurs. Présentant une façade en zinc noir, la majorité des fans pénètrent dans le stade à cet endroit, connu sous le nom de Medtronic Plaza. Cet espace comprend un navire viking de 49 mètres de long, dont la voile incurvée est dotée d’un écran vidéo de 186 m2. La combinaison toit-fenêtres crée une sensation d’être en extérieur lors des rencontres en pleine journée. Au total, les éléments transparents ou translucides de l’US Bank Stadium couvrent près de 40 000 m2 de la surface du bâtiment.

Une fois à l’intérieur, il est encore plus impressionnant. La lumière du soleil est capturée dans un prisme semblable à celui d’un atrium, avec une visibilité exceptionnelle sur les toits de Minneapolis et sa vaste gamme de styles architecturaux. Le terrain est bien en-dessous du niveau de la rue et n’accueille pas que des rencontres de football. Les Vikings sont les locataires majoritaires pour assurer sa viabilité financière, mais reçoit également les rencontres universitaires de baseball de début de saison des Golden Gophers de l’université du Minnesota. La partie la plus basse des sièges est télescopique pour permettre l’intégration d’un terrain de baseball, mais aussi pour permettre de rapprocher les sièges pour des évènements sur des aires de jeu plus restreintes comme le basket ou la boxe.

Le stade

L’US Bank Stadium se tient sur plus de 13 hectares, sur l’emplacement exact de l’ancien Metrodome, le long de Chicago Avenue, entre 4th et 6th Street. Même pour les non-initiés, il n’est pas difficile à trouver : à l’Est du centre-ville, non loin de l’Interstate 35, proche du fleuve Mississippi. Des panneaux indiquant le stade se trouvent le long des autoroutes, routes principales transversales et même dans les bus et train qui desservent le lieu. Les jours les plus froids en fin de saison, vous pouvez vous rendre au stade sans sortir, grâce au vaste réseau de passerelles fermées qui le relient aux plus grands bâtiments du centre-ville. Le quartier environnant est en pleine mutation avec, sur la rive Est du Mississippi, le quartier de l’université du Minnesota, et celui des entrepôts près de Target Field, domicile des Twins en MLB. Plus au Sud, dans la banlieue de Bloomington, se trouve le premier foyer des Vikings lors de leur arrivée en NFL, le Metropolitan Stadium, reconverti aujourd’hui comme le plus grand centre commercial du pays (Mall of America). Ainsi, 20 projets d’une valeur totale de plus d’un milliard de dollars, ont été annoncés depuis l’ouverture de l’enceinte.

La conception a été comparée à la cathédrale de cristal du Sud de la Californie, créée par l’architecte Philip Johnson. Ouverte en 1980, elle était considérée comme le plus grand bâtiment avec une prédominance de verre dans sa construction, jusqu’à l’ouverture du vaisseau viking. Avec un toit transparent, inspiré de l’architecture vernaculaire nordique, et ses cinq portes pivotantes de 29 mètres de hauteur (les plus grandes du monde), le domicile des pourpres fait désormais référence en la matière. La porte Legacy, du côté Ouest, a été conçue comme l’entrée principale, avec des dizaines de tourniquets implantés sur une longue rangée. Une fois franchi les barrières, les spectateurs tombent sur un grand hall et le vaste « bol » de sièges, qui est finalement assez proche de l’aire de jeu avec d’excellents points de vues.

Le bateau viking et sa voile vidéo (Photo : Daily Norseman).

Une fois à l’intérieur, il ne fait aucun doute que vous êtes chez les Vikings. 66 860 sièges violets, dont 131 suites et 9 000 places VIP, répartis sur sept niveaux, entourent l’aire de jeu en gazon synthétique Act Global UBU Speed Series S5. La capacité peut être portée à plus de 73 000 personnes pour certains grands événements comme le Super Bowl ou des concerts. D’une hauteur de près de 83 mètres, soit l’équivalent d’un immeuble de 30 étages, le stade atteint son apogée sur le coté Ouest.

Au niveau des offres VIP, les meilleures places de la maison se trouvent directement sur le terrain, avec les 23 suites Turf qui placent les fans à seulement 7 mètres de l’action. Les autres suites (Loft, Touchdown, Norseman, Valhalla et Norseman Lounge) sont reparties à différents endroits tout autour du terrain. En plus, l’US Bank Stadium dispose de six clubs pour les spectateurs les plus fortunés : Mystic Lake’s Club Purple (dans le coin Nord-Ouest avec un balcon extérieur), Hyundai Club (2 800 places entre les lignes des 30 yards à 12 mètres du terrain), Delta Sky360 Club (au niveau des 20 yards côté Sud, avec un accès exclusif au tunnel qu’emprunte les joueurs locaux pour rentrer sur la pelouse), Medtronic Club (plus en hauteur sur les 30 yards, il offre des vues incroyables), Buffalo Wild Wings Club et FMP Club (au Nord et au Sud avec un aspect plus technologique). 6 000 places dans le niveau inférieur Nord sont escamotables pour organiser diverses manifestations et ajuster la capacité.

D’un point de vue technologique, l’infrastructure est dotée de deux écrans vidéos de 15 mètres de hauteur sur 37 mètres de large, situés chacun de part et d’autres du terrain, derrière les deux end-zones. 2 000 téléviseurs et 1 300 points d’accès Wi-Fi sont répartis dans tous le stade. À l’image des derniers stades récemment sortis de terre, il comprend une collection d’oeuvres d’art, de photographies et deux grandes fresques murales commandées à plus de 40 artistes de l’état du Minnesota. Un espace interactif Vikings Voyage permet aux fans de découvrir l’histoire de leur franchise en s’immergeant dans diverses expériences de réalité virtuelle.

Photo : Daily Norseman.

Un projet de longue haleine

Le contrat de location conclu entre la franchise de football et la Metropolitan Sports Facilities Commission (MSFC) pour l’ancien Metrodome a été signé dès le début des travaux de celui-ci en aout 1979. Finissant en 2011, il était considéré comme l’un des moins lucratifs de la ligue. L’équipe devait payer un loyer annuel de 4 millions de dollars à la commission, propriétaire des lieux, qui se réservait le droit de vendre ou de louer de la publicité dans n’importe quelle partie du stade. Les Vikings ne pouvaient pas utiliser le tableau d’affichage pour des annonces et ils ne contrôlaient pas non plus les droits de dénomination du bâtiment, ni les bénéfices des places de stationnement. Les seuls profits étaient tirés des revenus des suites de luxe au cours de la saison de baseball des Twins, avec qui ils partageaient les installations jusqu’en 2010, et 65% des gains de leurs stands lors de la saison de football. Pas suffisant pour le propriétaire Zygi Wilf, qui commençait à rechercher une solution plus avantageuse pour son affaire.

Dès le début des années 2000, la commission a renoncé au loyer en échange de 9,5% de la vente des billets, et a proposé plusieurs projets de rénovations des installations existantes pour essayer de conserver l’avantage sur ce dossier. Evidemment tous rejetés. Wilf voyait ses concurrents développer leurs chiffres d’affaire dans de nouveaux bâtiments, alors que lui stagnait à la 30ème place des revenus annuels. Une proposition de stade commun avec l’université du Minnesota a également été étudiée, mais les divergences sur la conception, la gestion de la future installation et les contraintes budgétaire ont entrainé son échec. Dès 2005, le promoteur milliardaire a décidé de prendre les choses en main. Prenant en considération le réseau de transport en commun grandissant du centre-ville de Minneapolis et les marchés en pleine expansion de copropriétés et de bureaux, Wilf a estimé que les zones sous-utilisées à l’Est du centre-ville, proches du Metrodome, constituaient une réelle opportunité. Il a commencé à discuter avec les principaux propriétaires du quartier, à savoir la ville de Minneapolis et le journal Star Tribune, et une fois son idée de nouveau stade en tête, il a acheté d’importantes propriétés dans la quartier. Au printemps 2007, la franchise est devenue propriétaire de plusieurs blocs de terre pratiquement vides autour du siège du Star Tribune pour 45 millions de dollars, trois terrains de stationnement pour 5 millions et a dévoilé, en compagnie de la MSFC, les plans initiaux pour le stade et la zone urbaine environnante.

Le vieux Metrodome (Photo : Wikipédia).

Avec une ouverture programmée pour 2012, le plan prévoyait d’importantes améliorations du quartier, avec une station de tram, des hôtels et des bureaux. Le stade aurait pu contenir plus de 73 000 personnes, avec un toit escamotable, une vue dégagée sur les toits du centre-ville, un jardin d’hiver vitré, une place urbaine et des voies d’accès améliorées. Point incontournable du dossier, le toit permettrait à la ville de se porter candidate à l’organisation d’un Super Bowl ou d’un Final Four NCAA. Rien que pour le stade, les premières estimations tournaient autour d’un milliard de dollars, deux si les aménagements urbains environnants étaient pris en compte, mais aucune proposition pour le financement des travaux n’a pas été déposée devant la législature de l’état du Minnesota à l’issue des deux ans de réflexion du groupe de travail créé pour l’occasion.

Fin 2009, une nouvelle suggestion pour une enceinte de 65 000 places assises, avec un toit ouvrant coulissant, a été dévoilée. Par rapport à la proposition précédente, 84 millions de dollars en moins seraient nécessaires, mais 50 millions de plus seraient déboursés pour chaque année de retard de la construction. Certainement une des raisons pour laquelle cette option n’a pas été validée par le conseil de l’état lors du vote du 5 mai 2010. Le débat pour un nouveau bâtiment a été relancé dans les médias nationaux à la suite de la déflation du toit du Metrodome le 12 décembre suivant. Cet incident ayant entrainé la délocalisation des deux dernières rencontres à domicile des Vikings cette saison-là.

Ainsi en 2011, les propositions de la ville de Minneapolis et du comté de Ramsey se sont affrontées. La ville a soumis le plan d’une enceinte couverte par un toit fixe sur le site du Metrodome pour un montant total de 895 millions de dollars. Les Vikings n’étaient pas particulièrement emballés par cela, ne souhaitant pas évoluer sur le terrain de l’université du Minnesota pendant la durée des travaux, mais s’y résoudraient si le plan du comté de Ramsey ne se réalisait pas. Ce second choix avait déjà obtenu l’accord de la franchise, mais devait attendre l’approbation de la législature du Minnesota concernant l’augmentation d’une taxe de vente pour finaliser l’entente. Le stade serait construit en lieu et place de l’ancienne usine de munitions de l’armée à Arden Hills, située à environ 16 kilomètres du stade actuel. Montant de l’opération, 884 millions de dollars, plus 173 supplémentaires pour le coût des infrastructures et de stationnement sur le site, financée par les Vikings (407 millions), le comté (350 millions via l’augmentation d’un demi-cent de la taxe de vente) et l’état du Minnesota (300 millions). Une part trop importante pour les contribuables aux yeux des politiques locaux, qui ont préféré opter pour le projet du centre-ville.

La construction

Après plus d’une décennie de discussions plus ou moins concrètes, le rêve d’un nouveau stade est enfin devenu réalité en 2012. Le 1er mars, le gouverneur Mark Dayton a annoncé la construction du futur bâtiment sur l’emplacement du Metrodome, obligeant l’équipe à se délocaliser sur la pelouse du TCF Bank Stadium de l’université de Minnesota entre 2014 et 2015 pendant le temps des travaux. Le 10 mai suivant, l’assemblée législative de l’état a approuvé le financement et 15 jours plus tard, le conseil municipal de Minneapolis a donné également son approbation. Le budget prévisionnel était de 975 millions de dollars, dont 477 millions provenant des Vikings, 348 de l’état et 150 de Minneapolis, qui devra également s’acquitter de 678 millions de dollars sur 30 ans en intérêts, frais d’exploitation et de construction. Certains ont critiqué la proposition, la trouvant trop favorable aux Vikings, et injuste pour les contribuables. La part du coût du stade assumée par l’état du Minnesota devait être financée par les recettes d’une nouvelle source de jeu baptisé « Pulltab ».

La question du financement validée, le MSFA et la franchise se sont concertées pour élaborer les bases de la future enceinte. Alors que le propriétaire des Vikings souhaitait un stade en plein air, les gouvernements locaux ne financeraient qu’un stade fermé, capable d’accueillir des évènements majeurs comme le Super Bowl ou le Final Four NCAA de basket. Un temps envisagé, un bâtiment tendance, inspiré du Lucas Oil Stadium d’Indianapolis avec un toit rétractable, a été révoqué car jugé trop cher. Il devait pouvoir également recevoir des rencontres de soccer, le propriétaire des Vikings ayant reçu l’autorisation de négocier une franchise d’expansion de MLS sous cinq ans. Afin de réduire la capacité et regrouper la foule, les parties supérieures des tribunes auraient été fermées. Finalement, les officiels de la ligue de soccer ont préféré l’offre de Minnesota United, qui comportait leur propre stade, plus petit et en extérieur du côté de Saint Paul.

Ces considérations prises en compte, la MSFA a reçu des offres de cinq firmes d’architectes et d’ingénieurs spécialisées dans la conception de bâtiments sportifs. Le 28 septembre 2012, l’autorité a sélectionné  la société HKS Sports, basée à Dallas, auteur notamment de l’AT&T Stadium des Cowboys, du Lucas Oil Stadium des Colts et de quelques parks de baseball. Les plans de conception ont été rendus public le 13 mai 2013. HKS s’est concentré sur trois points critiques : la mise en valeur du patrimoine local et de l’esprit d’équipe grâce à des technologies et des équipements de pointe, créer une expérience de plein air avec une protection contre les conditions climatiques de la région, fournir aux fans une connexion intime à l’équipe. Ainsi, l’édifice serait doté du plus grand toit en EFTE du pays et des plus grandes portes en verre pivotantes du monde.

Le résultat final où l’on aperçoit les cinq grandes portes ouvertes. (Photo : JLG Architects).

Les travaux ont officiellement démarré le 3 décembre suivant pour se terminer plus de deux ans plus tard. Sur une période de 31 mois, 8 000 ouvriers ont été nécessaires dans le processus de construction, totalisant 4,3 millions d’heures de travail. Sous la houlette de Mortenson Construction, 300 sociétés du Minnesota ont été impliquées, soit 90% des entreprises du chantier. Le 15 juin 2015, les Vikings ont annoncé que l’US Bank avait acquis les droits de dénomination du stade pour les 25 prochaines années contre un chèque de 220 millions de dollars sur le période. Les clés de l’immeuble ont été livrées le 17 juin 2016, soit six semaines avant la date prévue et l’inauguration officielle du 22 juillet par le gouverneur Mark Dayton et le propriétaire de la franchise Mark Wilf. Plus de 150 000 fans ont pu visiter le stade pendant le week-end d’ouverture. Le montant des travaux a dépassé les premières estimations, grimpant à 1,027 milliard de dollars, la franchise ayant rajouté les 52 millions supplémentaires.

Même si les délais ont été respectés, des incidents ont ralenti le bon déroulé des opérations. Sur la scène juridique, l’ancien candidat à la mairie de Minneapolis, Doug Mann, et deux autres personnes ont essayé de bloquer la construction en janvier 2014, contestant la constitutionnalité du plan de financement. Mais la poursuite a été classée sans suite par la Cour Suprême du Minnesota. Plus grave, en aout 2015, un ouvrier est décédé et autre a été gravement blessé après une chute lors des travaux sur la charpente du bâtiment. À la suite de l’enquête, l’entrepreneur principal Mortenson Construction et le sous-traitant Berwald Roofing, employeur des victimes, ont été condamnés à des amendes de 173 400$ pour violation grave et volontaire de la sécurité.

Le premier évènement d’envergure s’est tenu le 3 aout 2016 devant 64 101 spectateurs, avec le match de soccer entre Chelsea et le Milan AC lors de l’International Champions Cup. Le 28 aout, les Vikings ont remporté leur premier match face aux Chargers en pré-saison (23-10). Même son de cloche le 18 septembre pour la première officielle, avec une victoire 17-14 face aux Packers devant 66 813 personnes.

Du haut de gamme à tous les étages

Le toit reste la partie la plus emblématique de l’édifice qui offre un design sans précédent. Deux fois plus grand que son prédécesseur, il atteint 30 étages à son point le plus élevé. 11 000 tonnes d’acier ont été nécessaires à la construction de l’ossature, avec en pièce maîtresse sa poutre faîtière de 1 7000 tonnes et longue de 301 mètres. Ne vous fiez pas à son apparence fragile, il peut supporter de lourdes charges de neige qui s’accumulent dans les zones les plus sûres, facilement accessibles à l’homme. Sinon elle glisse le long de la pente, dans une gouttière chauffée, et l’eau s’écoule vers le Mississippi. Niveau clarté, rien à voir avec le Metrodome, il est dans la mouvance actuelle des arènes ultra-lumineuse. Au revoir Teflon Metrodome, bonjour éthylène tétra-fluoroéthylène, mieux connu sous le nom d’EFTE. Plus léger, économique et autonettoyant, cette résine semblable au plastique est un polymère qui recouvre le toit fixe de l’US Bank Stadium. Le toit transparent à 60%, combiné aux 22 300 m2 de verre dans tout l’édifice, permet à davantage de lumière naturelle de pénétrer dans le bâtiment et donne l’impression d’être en plein air une fois assis sur son siège. Les cinq plus grandes portes vitrées pivotantes au monde contribuent à l’environnement extérieur global en créant un flux d’air naturel. D’une superficie de 2 800 m2 pour un poids total de 40 000 tonnes, elles peuvent pivoter en moins de 10 minutes pour apporter de l’air frais pendant les rencontres. Toujours au rayon luminosité, le stade est doté d’un éclairage LED aux température de couleurs variables, qui peut s’allumer et s’éteindre rapidement pour les spectacles d’avant-match et à la mi-temps. 75% moins énergivore, il fournit une lumière plus uniforme que les lampes traditionnelles des anciens stades et améliore la visibilité des supporters.

Photo : National Audubon Society.

Afin d’assurer la meilleure expérience de jeu possible pour chaque fan qui franchit les portes du stade, les Vikings ont mis l’accent sur la création d’une multitude d’innovations technologiques, y compris une application mobile qui intègre le contenu de l’équipe et du stade, en rendant son utilisation facilement accessible et conviviale. Celle-ci guide les spectateurs de leurs domiciles jusqu’au stade (qu’ils utilisent la voiture ou les transports en commun), permet de noter où le véhicule est stationné, indique le chemin à emprunter pour se rendre à sa place, offre la possibilité de commander de la nourriture ou des souvenirs depuis son siège, localise les toilettes. Pour les personnes qui n’auraient pas de smartphones, près de 600 tablettes sont à disposition sur place pour passer commande, et une trentaine de personnes munies elles aussi de l’objet, se baladent dans les allées pour aider à comprendre le fonctionnement.

L’entreprise Verizon s’est chargée d’implanter un solide système d’antenne cellulaire, où les différents opérateurs sont disponibles. Les fans peuvent facilement se connecter au réseau Wi-Fi du stade avec 1 300 points d’accès répartis dans tout l’édifice. Conçus et installés par CenturyLink et AmpThink, ces derniers sont intégrés dans les mains courantes des balustrades, à l’exception de la tribune Est, où ces points se trouvent sous les sièges. Le réseau est tellement puissant que les 66 000 personnes présentes pour un match pourraient théoriquement utiliser le Wi-Fi en même temps; en tous cas, c’est ce qu’annonce le vice-président des partenariats pour les entreprises et les technologies John Penhollow. Pour ne rien rater de l’action, 2 000 téléviseurs haute définition et deux écrans vidéos géants complètent le complexe. Ainsi, 2 880 m2 d’écrans, de 13 tailles différentes, composent l’offre vidéo. 13 fois plus grand que son prédécesseur au Metrodome, le tableau d’affichage de la zone Ouest se place dans le top 10 des plus grands écrans de la ligue avec ses 21 mètres de haut et 37 mètres de large. Plus petit (16 mètres sur 27 mètres), celui de la tribune Est n’en reste pas moins imposant. Leurs positionnements diffèrent des autres écrans géants de la ligue. Il y a quelque chose de plus intime car ils sont nichés dans les gradins, comme s’ils n’étaient que deux spectateurs de plus. Le staff de l’équipe a aussi le droit à ses petits gadgets. Les entraineurs ne griffonnent plus leurs jeux sur un tableau noir ou blanc, mais sur des écrans tactiles fabriqués par Sharp.

Photo : The Gridiron Fields Database.

Mais déjà des controverses

L’US Bank Stadium est peut être l’un des sites les plus emblématiques de la NFL d’un point de vue architectural, il n’en suscite pas moins plusieurs controverses depuis son ouverture. En premier lieu, les oiseaux. Lors de la phase de conception, Audubon Society avait demandé l’utilisation d’un verre légèrement moins transparent pour protéger les animaux. Les concepteurs ont ignoré cette recommandation et ont opté pour du verre très réfléchissant pour des raisons esthétiques. Le positionnement du stade sur la voie de migration du Mississippi a provoqué la mort d’un nombre inquiétant d’oiseaux, venus heurter la façade. Une étude a été commandée, et si des modifications doivent être apportées, le remplacement du verre existant par un verre sans danger coûtera environ 10 millions de dollars, contre seulement un million de plus si cela avait été fait pendant les travaux.

Peu de temps après son ouverture, le sytème de gouttières chauffant s’est avéré défectueux et a nécessité 4 millions de dollars de réparations. Enfin des problèmes de revêtement extérieur ont été signalés. Dès la fin de la première année d’exercice, plusieurs panneaux en zinc de la façade se sont détachés suite à des vents violents, laissant présager de lourdes réparations et des problèmes d’étanchéité. Avant le début de la saison 2017, 3 000 panneaux sur les 40 000 de la structure métallique extérieure ont été remplacés, la plupart situés au Nord-Ouest, zone la plus exposée aux intempéries. Les équipes de Mortenson Construction et MG McGrath ont retiré les pièces instables une à une, avant de rajouter une couche chauffante pour faire fondre la glace, et une autre imperméable. Puis ils ont amélioré le dispositif de fixation en incorporant de nouvelles attaches. Les travaux ont duré 12 semaines à partir du 24 juillet. Cette mauvaise publicité était la troisième du genre. Outre le problème de mortalité des oiseaux et de la façade, le stade à 1,1 millard de dollar a également été pointé du doigt pour une mauvaise gestion de ces concessions alimentaires. Les vendeurs n’ont pas été payés et le PDG de la société exploitante a dû démissionner de son poste.

Ironiquement, le stade construit pour être aéré et léger a dû débourser quelques millions supplémentaires pour devenir sombre et opaque selon les recommandations de la NCAA. Dès la fin du Super Bowl LII, l’autorité propriétaire du stade a sollicité des propositions concernant la conception, fabrication, installation de « rideaux occultants » pour son bien, avec comme obligation d’être réutilisable pour d’autres évènements comme des concerts. Avoir des parois en verre, c’est bien, mais garder les vitres propres, c’est mieux. Et visiblement, ce point avait échappé aux propriétaires lors de la construction. En manque cruel d’équipements pour le lavage, les rideaux ont été accompagnés de matériels supplémentaires moyennant une petite rallonge sur le budget.

« La principale utilisation sera pour le Final Four de basket en 2019. Un matériel installé en permanence pour faciliter une utilisation répétée est préférable dans la mesure du possible », Metropolitan Sports Facilities Commission.

Le stade entièrement opaque lors du Final Four 2019. (Photo : Mobile Sports Report).

Évènements organisés

. Super Bowl LII, le 4 février 2018 entre Eagles et Patriots devant 67 612 spectateurs.
. Final Four NCAA de basket du 6 au 8 avril 2019.
. X-Games d’été depuis 2017.
. Baseball : quelques rencontres de l’université du Minnesota pendant les mois d’hiver (février-mars), notamment la Dairy Queen Classic.
. Soccer : quelques rencontres amicales de pré-saison d’équipes européennes dans le cadre de l’International Champions Cup.
. Une manche du championnat AMA de Supercross depuis 2017.
. Le championnat de lutte NCAA en 2020.
. Plusieurs concerts. Prince, originaire de la ville, devait organiser le premier show en aout 2016 mais il est décédé le 21 avril de cette année-là.

Comment s’y rendre ?

L’US Bank Stadium est facilement accessible en voiture, bus, train, à pied ou en vélo. Il est entouré de terrains de stationnement pouvant accueillir 20 000 véhicules, tous situés à moins de 20 minutes de marche. Le service de taxi et de ramassage se fait sur Park Avenue, entre 5th et 6th Street, et sur 6th Street, entre Portland et Park. Uber et Lyft ont une zone dédiée de chaque côté de 9th Avenue, au Sud du stade.

. En voiture : depuis l’I-394 : suivre l’I-394 en direction du centre-ville, prendre la sortie 9B et suivre 6th Street North. Continuer tout droit en direction de Hennepin Avenue et son stationnement. Ou prendre la sortie 4th Street North. Les parkings sont situés à partir de Hennepin Avenue et 4th Street.
Depuis l’I-35 : prendre l’I-35 West jusqu’à la sortie 16A centre-ville, poursuivre sur 11th Street. Le stationnement est disponible à partir de 3rd Avenue. Deuxième option : prendre la sortie 17C et continuer sur Washington Avenue où les premières places de parkings sont disponibles.
Depuis l’I-94 : suivre l’I-94 West jusqu’à la sortie 233A 11th Street. Poursuivre sur 11th Street jusqu’à 3rd Avenue et les premiers parkings. Autre solution : prendre la sortie 234B, continuer sur 7th Street et ses premières places disponibles.

. En transports en commun : les options sont excellentes pour se rendre rapidement sur place et à moindre coût. Metro Transit compte 20 lignes de bus, deux lignes de tramway et une ligne express de banlieue pour desservir le lieu. Un laissez-passer week-end valable du vendredi soir jusqu’au dimanche minuit offre un nombre illimité de trajets pour seulement 4$. Les lignes verte et bleue de tramway partagent un arrêt en commun juste à l’Ouest du stade, avec un accès direct via une grande plate-forme et un pont piétonnier.

. À pied ou à vélo : possible. Il y a plus de 180 supports à vélos sur les terrains du stade.

Fun facts

Les fans peuvent se plonger dans l’histoire de l’équipe au travers de l’exposition interactive Vikings Voyage, un musée de 930 m2 situé au troisième étage du stade, directement au-dessus de la boutique officielle et accessible via le skyway de Minneapolis. La technologie permet aux fans d’adopter la posture un joueur de ligne offensive ou défensive, faire des tests virtuels à la course ou au saut contre des « vrais » joueurs, porter des lunettes de réalité virtuelle pour être dans la peau d’un quarterback et tenter des passes. Les résultats sont intégrés aux affichages électroniques et aux bandes lumineuses qui enregistrent les statistiques sur des bracelets spéciaux, à conserver pour des visites futures. L’exposition est gratuite mais ne peut contenir que 250 personnes, les réservations sont donc obligatoires.

La franchise et l’US Bank Stadium ont collaboré pour créer une atmosphère fantastique à l’intérieur et à l’extérieur du stade les jours de match. Au niveau de l’entrée principale, vous serez accueillis par un navire viking avec une tête de dragon sculptée en figure de proue. Haut de 49 mètres, le Legacy Ship est la pierre angulaire de la Medtronic plaza sur le côté Ouest du stade. Composé de métaux, pierre, béton et bois, sa voile est un écran LED incurvé de 12 mètres de haut sur 15 mètres de large qui imite un vent fort poussant le navire vers l’avant. Il comprend des sièges et rampes en acier inoxydable, ainsi qu’une exposition chronologique des moments historiques de la franchise. Sur la coque, huit boucliers de 1,5 mètre de diamètre sont gravés au nom des partenaires fondateurs du stade. Pour rendre le Legacy Ship encore plus unique, des milliers de briques commémoratives en forme d’éventail ont été incorporées dans le navire et sur la place attenante. Créé en 2014, le programme « Legacy Brick » permet aux fans de graver leur nom sur un pavé personnalisé, ce qui a contribué au financement de la place du stade. Plus de 16 000 personnes ont acheté l’un des trois modèles, ils ont également reçu une réplique de leur brique et une carte montrant l’emplacement de leur pavé sur place. Pour compléter la tradition nordique, une sculpture symbolisant le Gjallarhorn (corne), surnommé The Horn, vient compléter le tableau. En acier, elle pèse plus de 38 tonnes et comporte un éclairage intégré pour être visible de nuit.

La sculpture du Gjallarhorn. (Photo : MG McGrath).

À l’intérieur, les fans sont passionnés, bruyants et jouent un rôle perturbateur pendant les appels de l’équipe visiteuse. Chaque match commence avec tout le stade reprenant à l’unisson le chant « Skol », en scandant le mantra viking de plus en plus fort et en frappant des mains à chaque répétition en suivant le rythme d’un grand tambour. Le souffle d’un vrai Gjallerhorn, monté au sommet de la tribune Sud, retentit dans les moments cruciaux de la partie, notamment après un touchdown des locaux. Tous les bâtiments publics du Minnesota sont tenus de réserver un certain pourcentage de leur espace pour l’art public et l’US Bank Stadium ne déroge pas à la règle. Le stade dépasse largement cette mesure et comprend des oeuvres de l’ancien entraineur Bud Grant et d’anciens joueurs comme Matt Blair, Carl Eller ou Jim Marshall. Commandée auprès de 40 artistes locaux, la collection  financée de façon privé par les Vikings et la famille Wilf comprend 350 oeuvres originales et 250 photographies surdimensionnées. Elles reflètent l’histoire de la franchise et la culture du Minnesota. Deux fresques murales sont également présentes dans les halls Nord et Sud et représentent l’histoire riche et mouvementée du stade et de l’équipe.

Au niveau culinaire, le stade dispose de tous les grands classiques habituels dans ce genre d’endroit. Les habitants de Minneapolis sont très fiers de leur cuisine locale. De nombreux stands proposent une sélection de bières artisanales ou de produits du coin comme la poutine, ou une saucisse Bratwurst avec riz au lait caillé et fromage. Un stand appelé The Whisk sert des plats de « petit déjeuner » à tout moment, à l’image du Purple Grip (crêpe au babeurre violette avec saucisse, sauce au bacon, des tater tots croustillants et de la ciboulette émincée).

Sources : Minnesota Vikings, Info-Stades, Stadium DB, Stadiums of Pro Football, Stadium Journey, Football Stadium Digest, Football Ballparks, Pro Football Reference, Thrillist, Sports Pro Media, Go Banking Rates.
Visuels : Ben.
Logo : Romain Therasse.

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