D-Fense ! Top 15, épisode 3 : des Bears intraitable, des corbeaux voraces et un grand Boom !

De Chicago à Seattle, ils ont fait de la défense un art et une machine à gagner.

Kam Chancellor, le dernier membre originel de la Legion of Boom, vient de prendre sa retraite. C’est la fin d’une époque pour les Seahawks, dont la défense de 2013 est considérée comme une des meilleures de l’histoire. Une bonne occasion de se replonger dans l’histoire de la NFL, afin d’identifier les 15 plus grandes défenses de l’histoire de la NFL. Pour la majorité des défenses, la domination dure plusieurs années. Mais une année à été choisie à chaque fois pour illustrer la performance globale.

5. Seattle Seahawks – 2013

Résultat final : vainqueur du Super Bowl XLVIII contre les Denver Broncos
Joueurs notables : Richard Sherman, Kam Chancellor, Earl Thomas

Parmi les plus grandes défenses de l’histoire de la NFL, la « Legion of Boom » est certainement une des plus charismatiques. Si, à l’origine, ce surnom désigne la ligne arrière, il incarne aujourd’hui la défense de 2013 dans son ensemble.

Ce groupe a dominé toute la saison 2013. Richard Sherman, Earl Thomas, Brandon Browner et Kam Chancellor ont mené une équipe qui a enregistré 28 interceptions. Intercepter 28 passes en 2013, alors que les quarterbacks sont de plus en plus précis et que les tactiques de passes courtes sont hyper efficaces, est beaucoup plus dur que dans les années 1960.

Les Seahawks dominent la ligue sur les yards encaissés, notamment grâce à la défense contre la passe. Ils encaissent seulement 14,4 points par matches. Seul 24% des drives offensifs se terminent par un touchdown offensif contre les Seahawks, et la défense provoque une perte de balle dans 19% des drives en question. Ces deux statistiques sont les meilleures de la ligue.

La saison se termine sur un magnifique bilan de 13 victoires pour 3 défaites, et une qualification logique en playoffs. Le premier obstacle est de taille : l’attaque des Saints menée par le futur Hall of Famer Drew Brees. La défense plie, mais ne rompt pas : 400 yards encaissés mais seulement 15 points pris, et à la clé une belle victoire 23 à 15. Le second obstacle est une équipe avec un style très différent, les 49ers de Colin Kaepernick. L’attaque des Niners commet trois pertes de balle et est étouffée par la défense des Seahawks. L’attaque de Seattle fait le travail et l’équipe obtient une place au Super Bowl.

Le Super Bowl XLVIII commence avec un safety qui semble couper net l’élan de Denver. L’affaire tourne rapidement à la démonstration. Peyton Manning et les Broncos, l’une des plus grandes attaques de l’histoire de la NFL, jouent sept jeux dans le premier quart… pour un gain négatif de trois yards ! Le score est de 22-0 à la mi-temps, et l’attaque des Seahawks n’a pas besoin de faire grand-chose : deux field goals, un touchdown suite à une interception de Kam Chancellor. Manning fait en sorte que les statistiques soient correctes en deuxième mi-temps, mais c’est trop tard. Le score final est de 43-8, dans une des plus grandes démonstrations de l’histoire de la ligue.

La Legion of Boom a parfois été critiquée pour une arrogance perçue. Ils discutent, mais ils gagnent, et c’est tout ce qui compte. Earl Thomas et Richard Sherman, qui ont réussi respectivement 5 et 8 interceptions sont nommés All Pro. Mais il serait injuste de ne pas évoquer les deux premières lignes, et notamment Bobby Wagner, Michael Bennett et évidemment Malcolm Smith, le MVP du Super Bowl. Cette défense était redoutable mais, malheureusement pour les fans des Seahawks, la retraite de Chancellor et les départs du duo Sherman/Thomas marquent la fin de cette belle aventure.

4. Kansas City Chiefs – 1969

Résultat final : Vainqueur du Super Bowl IV contre les Minnesota Vikings
Joueurs notables : Johnny Robinson, Emmitt Thomas, Willie Lanier

Retour dans les années 60, mais cette fois-ci nous sommes bien dans la période Super Bowl. Encore un champion NFL, les Chiefs. Mais contrairement à d’autres équipes de ce top, la défense a quasiment gagné le titre à elle toute seul.

La défense de Kansas City écrase la concurrence en AFL, finissant première en yards encaissés, sur les yards par jeu, en yards encaissés à la passe et en yards encaissés à la course. Rien que ça. La défense encaisse moins de 13 points par match sur la saison régulière. Mais le meilleur reste à venir. En match de division, les Chiefs éteignent les Jets, qui ne marquent que 6 points.

Le second match de playoffs oppose les Chiefs à la meilleure attaque de l’AFL, les Raiders d’Oakland. Ces derniers viennent de marquer 56 points en match de division. Ils sont pourtant surpassés par la défense des Chiefs, qui n’autorise que 233 yards et 7 points. En finale, contre les Vikings de 1969 (12e de ce classement), la défense réussit encore une performance historique. Les Vikings ne marquent que 7 points, notamment à cause de 5 pertes de balles provoqués par les Chiefs.

Les Chiefs gagnent le titre avec 20 points encaissés en 3 matches, et les défenseurs sont logiquement mis en avant. La star est le safety Johnny Robinson, auteur de 8 interceptions en saison régulière et décisif durant le Super Bowl. Mais le Hall of Famer doit laisser la lumière des projecteurs à Emmitt Thomas, auteur de 9 interceptions en saison et 4 en playoffs. Il intercepte le quarterback adverse durant chacun des trois matchs de playoffs et incarne la performance exceptionnelle de la défense.

3. Baltimore Ravens – 2000

Résultat final : Vainqueur du Super Bowl XXXV contre les New-York Giants
Joueurs notables : Ray Lewis, Rod Woodson, Rob Burnett

Dans la catégorie des « on a gagné un Super Bowl avec un quarterback douteux mais une défense incroyable », les grands gagnants sont les Ravens de 2000. La tactique de Brian Billick est simple, bien que devenue marginale dans les années 90 et 2000 :

1. établir la course avec le duo Jamal Lewis/Priest Holmes.
2. encaisser le moins de points possibles.
3. gagner le match.

La défense réussit à encaisser seulement 10,2 yards par match. Mis à part 36 points encaissés contre les Jaguars en semaine 2, le reste est un chef d’œuvre : 11 matches de saison régulière avec 10 points ou moins encaissés, dont 4 matches sans aucun point encaissés. Et le plus beau est à venir.

Pour se rendre compte de l’impact de cette équipe, voici une statistique avancée : seulement 15,5% des drives adverses ont fini sur des points, et 23,7% ont finis en perte de balle en faveur des Ravens. Selon le calcul de Pro Football Reference la défense de Baltimore a contribué à +360 points en 16 matchs. Même si l’attaque ne produisait pas de points, les Ravens pourraient presque être en playoffs seulement avec la défense.

La campagne de playoffs est extraordinaire, et elle commence en wild card. En trois matches, les Ravens obtiennent le droit de disputer le Super Bowl en encaissant seulement 16 points, soit 5,33 points par match. Steve McNair et Rich Gannon, qui vont tous les deux devenir MVP plus tard, sont complètements amorphes contre cette défense. Le Super Bowl contre les Giants est une démonstration de force des Ravens. Les Giants ne produisent que 152 yards et les Ravens provoquent 5 pertes de balles, dont quatre interceptions. Le score est sans appel: 34 à 7. Les 7 points sont marqués sur retour de coup de pied. La défense concède donc 0 points au Super Bowl ! Ultime récompense, Ray Lewis est élu MVP. S’il n’a pas plus brillé qu’un autre coéquipier dans ce match, ce trophée récompense un groupe entier, où chacun contribue à la victoire.

La star de cette équipe est l’emblématique linebacker Ray Lewis, Hall of Famer au charisme illimité. Auteur de 137 plaquages, 6 passes défendues, 2 interceptions, 3 sacks et 3 fumbles recouverts en saison régulière. Une ligne de stat complète, qui s’ajoute à un leadership énorme et des ajustements continus durant le match pour répondre aux attaques de l’adversaire. Ray Lewis et Rod Woodson étaient les pierres angulaires de la défense des Ravens en 2000, mais le talent était partout. Chris McAlister et Duane Starks (10 interceptions combinées) leur ont offert une paire de cornerbacks redoutable. Peter Boulware, Rob Burnett et Michael McCrary (24 sacks combinés) ont attaqué le quarterback sans relâche toute l’année.

2. Pittsburgh Steelers – 1976

Résultat final : défaite en finale de conférence contre les Raiders d’Oakland
Joueurs notables : Jack Lambert, Jack Ham, Mel Blount

Durant les années 70, aucune défense n’a marqué la NFL comme le rideau d’acier (« Steel Curtain »), et les Steelers ont réussi à gagner quatre titres en 1974, 1975, 1978 et 1979. Mais l’année qui incarne le plus la majesté de cette défense est 1976. Cette année-là, le quarterback star Terry Bradshaw ne participe qu’a la moitié de la saison, et joue diminué par les blessures.

Contrairement à d’autres défenses de cette liste, la performance de l’année 1976 est loin d’être linéaire. Le début de saison est même catastrophique : 4 défaites en 5 matches, 110 points encaissés, soit 22 par matches. Mais suite à cette dernière défaite face aux rivaux des Cleveland Browns, les Steelers se révoltent, et la suite appartient à l’histoire.

Autant vous prévenir, il convient de bien se mouiller la nuque avant de lire les prochaines phrases. En 9 matches, les Steelers accumulent 9 victoires et n’encaissent que…28 points ! Soit une moyenne de 3 points encaissés par match. Mieux, ils réussissent l’exploit de n’encaisser aucun point cinq fois pendant cette période.

En playoffs, la défense se démène pour continuer à emmener l’équipe vers les sommets. Ils limitent les redoutables Colts à 170 yards et 14 points, dont 7 en fin de match quand il n’y avait plus d’enjeu. On se demande alors si les Steelers peuvent être vaincus. Malheureusement la défense ne peut pas tout, et la finale de conférence est le chant du cygne pour le Steel Curtain de 1976.

La franchise de Pittsburgh limite les Raiders à 220 yards, mais l’attaque des Steelers est catastrophique. Bradshaw lance une interception coûteuse et la franchise s’incline finalement 24 à 7. C’est la fin de l’aventure pour les Steelers qui mettront 2 ans avant de retrouver les sommets. Cependant, la performance historique de la défense de 1976 reste dans les mémoires, et les défenseurs peuvent sortir du terrain la tête haute.

La particularité tactique de cette défense est singulière. Mean Joe Greene s’est aligné entre le centre et la guard au lieu de se mettre en face du guard. Les joueurs intérieurs étant obligés de converger vers Greene, le linebacker rapide Jack Lambert était libre d’opérer dans l’espace au lieu de se mêler aux centres et aux gardes. Les Steelers étant les premiers à opter pour un tel ajustement, les attaques n’ont pas trouvé cette année là la solution pour contrer cette organisation.

Bien sûr, cela a fonctionné avec des joueurs exceptionnels, comme Greene et Lambert, Jack Ham, Donnie Shell, Mel Blount, L.C. Greenwood entre autres. Mais une des particularités de la défense des Steelers des années 70 est sa capacité à s’adapter chaque année pour perdurer au plus haut niveau.

1. Chicago Bears – 1985

Résultat final : Vainqueur du Super Bowl XX contre les New England Patriots
Joueurs notables : Richard Dent, Mike Singletary, Dave Duerson

Les Chicago Bears de 1985, défense légendaire en NFL, remporte notre Top 15 des meilleures défenses de l’histoire. Il faut dire que l’effectif des Bears cette année-là a de quoi faire rêver tous les entraîneurs de NFL. Cette saison est celle des Bears, qui gagnent 15 des 16 matches de saison régulière, et réussissent une campagne de playoffs absolument monumentale.

La défense des Bears 1985 termine la campagne première sur les yards encaissés, et encaisse une moyenne de 12,4 points par match. Mis à part un énorme trou d’air en semaine 13 ou l’équipe encaisse 38 points, le reste de la saison est tout simplement parfait. Onze fois dans l’année, les Bears encaissent 10 points ou moins, et cela sans compter les playoffs. Si l’attaque est très loin d’être mauvaise, la défense évolue à un niveau jamais vu jusque-là.

En division, les Bears affrontent les Giants, une des cinq meilleures attaques de la ligue, et le résultat est sans appel. La défense de Chicago ne concède que 181 yards et 0 point. L’attaque menée Phil Simms paraît inoffensive. En finale de conférence, la performance est encore plus remarquable : 130 yards et à nouveau 0 point. Il faut rajouter à cette performance trois pertes de balle, et les Bears arrivent au Super Bowl avec 0 point encaissés en playoffs.

Dans la confrontation finale, les Bears écrasent les Patriots 46 à 10. Durant ce match, la défense contient les Patriots à un bilan offensif famélique : 123 yards et 6 pertes de balle (2 interceptions et 4 fumbles). Le touchdown encaissé en fin de match est anecdotique, et les Bears sont couronnés champions. La défense finit donc les playoffs avec 434 yards encaissés en 3 matches, et 10 pertes de balles provoquées. Aucune défense n’aura marqué une campagne de playoffs comme les Bears de 1985, et elle devient vite une légende en NFL.

La base de la défense est le meilleur front seven que la NFL n’ait jamais vu : Richard Dent, Dan Hampton, Mike Hartenstine, William Perry, Wilber Marshall, Steve McMichael, Otis Wilson et Mike Singletary. La défense de 1985 contient cinq Pro Bowler, et le trio McMichael/Singletary/Dent aura l’honneur d’intégrer le Hall of Fame.

Un adversaire moderne pourrait contre-attaquer avec des formations spread et des passes écrans. Mais c’était l’époque où de nombreux entraîneurs insistaient encore sur le fait d’établir d’abord le jeu au sol, et les solutions n’existaient pas dans les années 80 pour contrer l’incroyable formation 46.

Pour l’anecdote, en 2011, les Bears ont effectué leur visite à la Maison Blanche, 25 ans après l’annulation de leur visite initialement prévue. À l’époque, le désastre de la navette spatiale Challenger avait poussé à l’annulation. Le président Barack Obama est un fan des Bears, et il est logique qu’il ait choisi de récompenser une équipe qui n’a d’égal dans Illinois que l’équipe NBA de Michael Jordan.

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