Super Bowl XLVI – Eli Manning sort de l’ombre de son frère

L’ombre du frère plane sur Eli Manning. Pas simple d’intégrer une ligue dans laquelle le frangin est déjà une superstar MVP de la saison régulière. C’est pourtant la situation d’Eli...

L’ombre du frère plane sur Eli Manning. Pas simple d’intégrer une ligue dans laquelle le frangin est déjà une superstar MVP de la saison régulière. C’est pourtant la situation d’Eli lorsqu’il est drafté en 2004. Pression supplémentaire, il est le premier choix de cette draft. Il lui a fallu du temps pour totalement remplir les attentes placées et lui et imposer son style.

Depuis son arrivée en NFL, Eli Manning a suscité à peu près tous les sentiments possibles chez les fans des Giants. L’énervement, l’étonnement, la déception, l’espoir, l’interrogation et la joie.

Non, Eli Manning n'a pas toujours l'air d'un tueur. Ca ne l'empêche pas de gagner.

Il faut dire que le cadet des Manning n’a pas de chance: il ne ressemble pas à son frère. Lui n’est pas un robot ou une machine à gagner qui semble toujours déterminée. Eli a parfois déçu ceux qui attendaient un Peyton-bis car Eli est différent.

Eli a des expressions faciales parfois rigolotes, il n’a pas souvent l’air énervé et sa moue dans les moments difficiles n’inspire pas la confiance des fans. Eli ne répond pas non plus à la définition conventionnelle du grand leader. Pas dans son attitude face caméra en tout cas. Son truc à lui ? Les blagues. Changer la langue sur le portable d’Hakeem Nicks, placer de la coloration violette dans un casque, cacher des clés de voitures, mettre du poil à gratter dans les chaussettes des autres… Tout ça, il adore. En plus d’être doué pour les blagues, le quarterback serait aussi expert dans l’art de convaincre d’autres personnes de mettre ses plans à exécution. Son surnom : « Le Parrain » de la blague. Encore une fois, pas le genre de sobriquet qu’on donne aux meilleurs quarterbacks de l’histoire.

Peyton peut aussi faire des blagues mais Eli est le plus jeune. Son visage est plus poupon. L’image du jeune second rigolo sera toujours pour lui. Pourtant, dans son style, Manning a fini par convaincre. Au cours des playoffs 2008, il a enfin fait étalage des qualités tant attendues et mené son équipe au titre. Certains n’y croyaient même plus.

Un début de carrière tumultueux

Si c’est un maillot des Chargers qu’il tient après sa sélection lors de la Draft 2004, Manning ne jouera jamais avec cette équipe. Avant la Draft, le joueur avait déjà affirmé qu’il ne signerait pas avec la franchise californienne si celle ci venait à le choisir. Il estime alors que cela ne serait pas bon pour sa carrière.

Face au mécontentement du joueur, les dirigeants de San Diego doivent trouver une solution : ils envoient Manning à New York. Les Giants veulent à tout prix le quarterback. Pour l’obtenir, ils offrent aux Chargers leur 4e choix – le quarterback Philip Rivers – mais aussi trois autres choix de draft, dont un premier tour pour l’année suivante qui sera Shawne Merriman. Pendant longtemps, celui ou Merriman enchainait les sacks et ou Philip Rivers progressait à toute allure, l’échange semblait avoir fait les affaires des Chargers. Aujourd’hui ? Plus vraiment.

S’il touche quelques ballons lors du premier match de la saison, Manning doit attendre la 11e semaine pour revoir le terrain et prendre la place de titulaire détenue alors par Kurt Warner. Les sept matchs qui bouclent cette saison se soldent par des prestations en dent de scie et New York ne remporte qu’une seule de ces 6 rencontres.

En 2008, Eli Manning et Tom Coughlin ont décroché leur premier titre en faisant tomber les Patriots. Le quarterback avait mené le drive de la victoire.

La progression vers les sommets

Dès 2005, Eli mène les Giants aux playoffs. Malheureusement pour les fans, c’est ce moment qu’il choisit pour réaliser son plus mauvais match de l’année. Les New Yorkais ne passent pas le premier tour. Eli Manning est alors un quarterback capable aussi bien de lancer 4 touchdowns que 4 interceptions au cours d’un match. Pour les spectateurs du Giants Stadium, la question qui se pose au début de chaque match est de savoir si il verront le bon ou le mauvais Manning. Ces performances ont parfois valu au quarterback d’être la cible des médias de la Big Apple, notamment le New York Post.

Loin des performances statistiques ahurissantes de son frère, Eli progresse doucement. En 2007/2008, tout s’emballe. Lors du dernier match de la saison régulière, son équipe s’incline contre les Patriots mais il lance 4 touchdowns pour une interception. De l’aveu de ses coéquipiers, c’est un déclic. En playoffs, il lance 6 touchdowns pour une interception et son équipe remporte le Super Bowl à la surprise générale en privant les Patriots de la saison parfaite.

Sur l’ultime drive de son équipe lors du Big Game, Eli mène une remontée de 83 yards pour la victoire. Sur une troisième tentative, il échappe à un sack et trouve le casque de David Tyree pour une des réceptions les plus folles de l’histoire. Quelques instants plus tard, son ballon est parfaitement dosé pour Plaxico Burress dans la end zone avec 35 secondes à jouer. Eli n’a pas peur de la pression.

Même si tout n’a pas été parfait depuis, Manning n’est plus contesté. Il est le quarterback des Giants. Le visage de la franchise. Plus personne ne réclame sa tête ou ne crie à l’erreur par rapport à sa Draft.

Eli-te Manning

Cette saison, l’ombre du frère s’est, littéralement et mentalement, éloignée. Peyton blessé, Eli a semblé engranger encore plus de confiance. Toujours plus leader, il s’est montré décisif avec une régularité digne des plus grands. A un niveau de MVP, Eli a enregistré six remontées gagnantes menées dans des quatrième quart-temps au cours de la saison régulière. Au début de la saison, il annonçait faire partie de l’élite et les observateurs rigolaient. Au fil des semaines, il a fait taire tout le monde.

Eli gagne d’une manière différente de celle de Peyton mais il gagne. Maintenant, tout le monde s’y est fait et le numéro 10 des Giants est probablement mieux compris. Plus personne n’attend un Peyton-bis. Et s’il triomphe le 5 février, il sortira encore un peu plus – définitivement pour certains – de l’ombre de son frère en comptant une bague de plus. Eli ne sera logiquement jamais considéré au niveau de son frère mais une deuxième bague rendrait la comparaison bien plus intéressante.

Peut-être que le caractère plus blagueur d’Eli le rend moins sensible à la pression. Peut-être est il tout aussi gagneur que les autres mais qu’il n’est pas du genre à le montrer. Reste à voir si « Le Parrain » pourra encore une fois faire embrasser sa bague aux Patriots.

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