Preview NFL 2019 – Cincinnati Bengals : du neuf avec du vieux

Le nouveau management réussira-t-il à prendre en main un effectif qui souffre sur les fondamentaux ?

La présentation équipe par équipe de la saison 2019 continue ! Au programme aujourd’hui : les Cincinnati Bengals. Vous pouvez trouver toutes les fiches déjà publiées en cliquant sur ce lien.

Après un départ prometteur et une fiche de 4-1 pour commencer la saison 2018, les Bengals ont implosé pour finir l’année avec 10 défaites et une défense historiquement mauvaise.

Cruellement frappé par les blessures des deux côtés du ballon – Andy Dalton (QB), A.J. Green (WR), Tyler Eifert (TE), Ryan Glasgow (DL), Carl Lawson (LB), Preston Brown (LB) – Cincinnati n’a jamais vraiment pu relever la tête et a produit sa troisième saison négative d’affilée.

Sorte de petit miracle, l’équipe s’est finalement séparée de Marvin Lewis (HC) et de son staff. Le jeune et prometteur Zac Taylor a été recruté pour rénover la franchise, les Bengals tentent d’instaurer un « New Dey » à Cincinnati. Pourtant l’effectif n’a pas été bouleversé, et les tigres de l’Ohio semblent bien se diriger vers une année de préparation avant de réellement attaquer leur transition en 2020.

La saison dernière : 6 victoires – 10 défaites, quatrième de l’AFC Nord, pas de playoffs

Mouvements à l’intersaison

Les Bengals sont plutôt de la vieille école en termes de management, et ils n’ont pas échappé à la règle maison cette année encore. Traditionnellement peu actifs en free agency, ils se sont surtout concentré à re-signer leurs propres joueurs. Tyler Eifert (TE), Preston Brown (LB), Darqueze Dennard (CB, 68 plaquages, 6 passes défendues), William Jackson (CB, 41 plaquages, 13 passes défendues), C.J. Uzomah (TE, 439 yards, 3 TD), Tyler Boyd (WR) et Bobby Hart (OL) ont été ramenés dans l’effectif. Eifert n’a été re-signé que pour la campagne 2019, il est clairement en position de devoir prouver ses prétentions. Malgré sa blessure, Brown a semble-t-il convaincu puisqu’il a été prolongé pour trois ans. Dennard, Jackson et Uzomah ont montré leur talent et ce qu’ils peuvent amener sur le terrain. Boyd a réussi une bonne saison 2018, et l’équipe a misé sur lui pour l’avenir en le gardant pour quatre ans. Hart vient remplir une position d’extrême besoin sur la ligne, mais ses performances et son nouveau contrat de trois ans ont attiré de nombreuses moqueries.

La draft 2019 soulève quant à elle déjà quelques sourcils. Jonah Williams (OT) devait être la solution pour refondre la ligne offensive et améliorer la protection, mais sa blessure a ruiné tous les plans. La sélection de Drew Sample (TE) a été saluée comme un choix forcé pour un tight end principalement bloqueur. Germaine Pratt (LB) a eu une bonne carrière à North Carolina State et a des qualités en couverture puisqu’il est une ancien safety reconverti, mais c’est beaucoup espérer de lui qu’il résoudra les problèmes d’un second rideau abyssal ces dernières saisons.

Ryan Finley (QB) présente le même profil qu’Andy Dalton et ne devrait pas inquiéter son titulaire pour l’instant. Renell Wren (DL) vient s’ajouter à la rotation d’une position de qualité – pour une fois – , et Michael Jordan (OG/C) viendra compléter le sophomore Billy Price qui est encore en évolution.

Les principales arrivées ont eu pour vocation de combler les besoins de la ligne offensive, notamment après la blessure de Jonah Williams. C’est la panique, on joue aux chaises musicales. John Miller (OG), Andre Smith (OL) et John Jerry (OL) ont été signés pour donner des options, notamment à l’intérieur, pour la composition du rideau de bloqueurs.

Arrivées notables : John Miller (OG), Kerry Wynn (DE), B.W. Webb (CB), Andre Smith (OL), John Jerry (OL)
Re-signatures : Tyler Eifert (TE), Preston Brown (LB), Darqueze Dennard (CB), William Jackson (CB), C.J. Uzomah (TE), Tyler Boyd (WR), Bobby Hart (OL)
Draft : Jonah Williams (OT/OG), Drew Sample (TE), Germaine Pratt (LB), Ryan Finley (QB), Renell Wren (DE/DT), Michael Jordan (OG/C)
Pertes notables : Tyler Kroft (TE), Jake Fisher (OT), Vontaze Burfict (LB), Clint Boling (OG)

Les points forts

L’équipe de Cincinnati n’est pas dénuée de talents individuels malgré ses maigres résultats collectifs. Elle dispose à certains postes de cadres qui sont capables de produire à un haut niveau tous les ans et qui participent régulièrement au Pro Bowl. A.J. Green (WR, 694 yards, 6 TD) même si il va manquer le début de saison sur blessure, Geno Atkins (DT, 45 plaquages, 10 sacks) et Carlos Dunlap (DE, 47 plaquages, 8 sacks) restent des joueurs premium à leur position. A travers sa progression, la franchise tente toujours de construire autour de ces joueurs.

Tyler Boyd (WR, 1028 yards, 7 TD) ou Giovanni Bernard (RB, 211 yards/3TD au sol, 218 yards réceptionnés) sont devenus des options crédibles sur leur poste. Tyler Eifert (TE, 179 yards, 1 TD) est une arme également (mais malheureusement sa carrière est constellée des blessures). Les jeunes sélectionnés ont aussi montré des qualités puisque Sam Hubbard (DE, 39 plaquages, 6 sacks, 2 passes défendues) et Jessie Bates (S, 111 plaquages, 7 passes défendues, 3 interceptions) sortent de leur première saison professionnelle avec des résultats convaincants.

Mais le point fort annoncé cette année, c’est le jeu de course. Les Bengals ont prévu de bombarder au sol en 2019. Avec l’arrivée du nouveau coach et l’incorporation d’une grosse dose de jeu de zone, les tigres vont mettre une bonne partie de leur destin offensif dans les mains de leur running back star Joe Mixon (1168 yards/8 TD au sol, 296 yards/1TD à la réception). Après une saison de confirmation en 2018 où l’équipe lui a donné les clés de la position, Cincinnati va tenter de passer outre son abominable ligne offensive et devenir une équipe qui court en première intention. Vif et rapide, capable d’étirer les défenses sur les extérieurs ou de recouper, le meilleur coureur de l’AFC l’an dernier devrait pouvoir compenser les errements de ses bloqueurs et se voit promis à une saison encore meilleure que la précédente. Si tout va bien. De toute façon, le sort s’est chargé de valider cette stratégie, puisque l’indisponibilité d’A.J. Green pour le début de saison vient cruellement affaiblir le jeu de passe des tigres. Si Cincinnati veut avoir une chance cette année, il faudra être dominant au sol.

Les points faibles

Cincinnati a deux faiblesses criantes. Ce qui pose problème, c’est que ces faiblesses sont fondamentales dans le jeu. Les Bengals ont une mauvaise ligne offensive et leur défense centrale est catastrophique.

Sur la ligne, les trous sont partout. Avant la blessure de Jonah Williams (qui devait prendre le poste de tackle gauche), Cordy Glenn devait passer garde gauche, mais il devra finalement rester tackle. Bobby Hart sera son opposé sur le flanc droit, ce qui ne rassure personne. La retraite surprise de Clint Boling (OG) n’arrange rien à l’intérieur. John Miller et Andre Smith devraient être introduits dans la rotation vus les besoins au poste de garde, et considérant l’importance de la position dans le schéma de jeu. Au centre, Billy Price a du potentiel mais il est toujours en cours de progression et sort de blessure. Le staff va devoir concocter une alchimie difficile pendant les camps et la pré saison.

Dernière contre la passe, 29e contre la course, plus mauvaise défense de la NFL, l’escouade défensive de Cincinnati a été dépecée sur place l’an dernier. Malgré une reprise en main par Marvin Lewis en cours de saison qui montrait des signes d’amélioration, les performances ont été historiquement mauvaises. Les faiblesses au sol ont exposé la défense contre la passe, et les tigres ont avalé plus de 6 600 yards de la part de leurs adversaires. Principalement à cause des lacunes au poste de linebacker. La ligne et le pass rush sont bons, les joueurs extérieurs arrivent à amener la pression, mais le second rideau est très mauvais et la défense centrale est à l’agonie. Comme d’habitude, beaucoup de blessures et des remplaçants trop utilisés. Adieu donc Vontaze Burfict (33 plaquages, 3 passes défendues) et ses frasques. Et bonjour Germaine Pratt, qui devrait trouver une place de titulaire dès le début de saison aux côtés de Nick Vigil (84 plaquages, 4 passes défendues), Preston Brown (42 plaquages, 4 passes défendues, 2 interceptions) et Carl Lawson.

Le backfield n’est pas en reste cependant, fautif aussi étant donné les résultats. Il a notamment des difficultés sur la couverture des running backs et des tight ends. Les deux safeties finissent la campagne à plus de 110 plaquages, c’est dire à quel point la franchise à réussi à la fois à être en flammes et à prendre l’eau. Dre Kirckpatrick (CB, 41 plaquages, 9 passes défendues) a du mal à retrouver la forme, tandis que Shawn Williams (SS, 110 plaquages, 9 passes défendues, 5 interceptions) est contesté à cause de ses plaquages manqués et ses défauts en couverture de zone. Jessie Bates (FS) a impressionné sur sa saison de débutant, mais son gabarit le pénalise pour le rôle de safety polyvalent qui pourrait aider au milieu.

Facteur X

Une des forces de Cincinnati peut devenir rapidement une de ses faiblesses. L’équipe s’appuie sur certains piliers, mais ceux-ci ne sont pas éternels. A l’image de la cheville d’A.J. Green qui va sérieusement handicaper l’équipe pour le début de saison. Les trois stars que sont Green, Dunlap et Atkins sont toujours au sommet, mais ils ont tous les trois passé le cap de la trentaine. A tout moment leurs performances peuvent décliner, sans parler des blessures. Et la relève n’est pas là. Les recrutements sur la ligne sont plus des compléments, et Tyler Boyd, bien que récemment prolongé, n’a pas encore montré qu’il pouvait devenir le JuJu Smith-Schuster de A.J. Green.

Cependant, le plus gros point d’interrogation dans cette équipe qui a finalement peu évolué se pose sur la seule position qui a vraiment changé : le coaching. L’arrivée du nouvel entraineur Zac Taylor est un énorme facteur X. Car le jeune technicien n’a que 36ans, il a été le dernier coach recruté cette intersaison après de nombreuses tractations, et dispose d’un curriculum vitae qui n’est pas particulièrement fourni. En 2016 il était coordinateur offensif d’une équipe des Bearcats de Cincinnati qui s’est classée 123e sur 128 en points marqués en NCAA. Puis il est devenu assistant entraineur des receveurs chez les Rams, et enfin entraineur des quarterbacks de Los Angeles l’an dernier. Il est jeune, orienté vers l’attaque et a navigué dans le système du coach Sean McVay. Le propriétaire Mike Brown a déclaré que son recrutement suivait la tendance de la NFL. Reste à savoir si cela sera suffisant pour ne pas finir en dernière place de la division. Car Taylor devra relever le défi de gérer un effectif déjà en place et de le reprendre en main. Les Bengals sont faibles sportivement et mentalement. Le chantier est énorme.

Le joueur à suivre : Andy Dalton

Tout d’abord Andy Dalton (QB, 226 passes réussies pour 365 passes tentées, 2566 yards, 21 TD, 11 interceptions) sera à surveiller cette saison du simple fait qu’il est le quarterback et que personne plus que lui ne commande à la destinée de l’équipe. Dans un collectif en souffrance, dans une division accrochée, dans une période de transition annoncée, et sans sa meilleure arme pour commencer la saison, Dalton devra faire fi et se montrer efficace quand on fait appel à lui.

Ensuite, il ne faut pas se voiler la face, Andy Dalton joue son avenir chez les Bengals sur cette saison. Il a passé la trentaine mais toujours aucun palier, son contrat arrive à expiration, un nouveau coach est en ville… Il est un visage de la franchise mais une mauvaise saison pourrait le pousser vers la sortie d’autant plus vite que la draft semble prometteuse au poste de quarterback. Si Cincinnati est bien placée, le management pourrait se laisser tenter.

En résumé

Après les années de déclin, la fin du règne de Marvin Lewis, il y a fort à parier que la saison 2019 n’amène pas des attentes très élevées du côté de Cincinnati. L’effectif a peu changé après une campagne ratée, le nouvel encadrement est peu expérimenté, et la division est comme à son habitude très relevée. Cette année sera donc idéalement une évaluation grandeur nature de l’effectif en vue du grand chantier qui commencera vraisemblablement l’an prochain. Car on ne voit pas comment cet effectif pourrait drastiquement sur-performer, ce qui n’a pas été sa marque de fabrique récemment. Reste l’espoir que le nouveau système de jeu, les actions appelées et le management transcendent les joueurs.

L’entraineur, sauf performance apocalyptique, devrait avoir quelques saisons pour installer son système alors qu’il reprend en main une franchise déjà en place et qui n’est pas officiellement en reconstruction. Pas encore. Car il a été amené pour rénover l’équipe, et il faudra bien que ça arrive. Les cadres vieillissants seront surveillés, la progression des jeunes sera observée, et toutes les options seront ouvertes en fonction de la position à la draft 2020. L’avenir et la valeur d’un Andy Dalton, d’un A.J. Green et de tous les autres seront évalués, et Zac Taylor pourra se sculpter une équipe à l’image de sa vision.

En attendant, les Bengals affronteront toujours dans leur division des Steelers recomposés, des Ravens revigorés, et des Browns ressuscités. Ils attaqueront même la saison par trois matchs à l’extérieur en quatre semaines, dont une terrible ouverture à Seattle contre les Seahawks. Et tout ça sans A.J. Green. La semaine de repos arrivera début novembre, le sort des Bengals pourrait bien être déjà décidé à ce moment là.

Année de transition dans l’encadrement avant la probable transition dans l’effectif, il ne faut pas trop attendre de ces Bengals 2019.

Calendrier

@Seahawks, 49ers, @Bills, @Steelers, Cardinals, @Ravens, Jaguars, @Rams, BYE, Ravens, @Raiders, Steelers, Jets, @Browns, Patriots, @Dolphins, Browns

Le pronostic : 3 victoires / 13 défaites, quatrième de l’AFC Nord, pas de playoffs

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