Les origines de le NFL : les dynasties et les bases du système actuel

Quatrième volet au coeur de la plus grande réussite de l'histoire du sport américain.

La NFL est puissante aujourd’hui, mais croyez-le ou non, elle a connu des débuts bien modestes. À l’approche des dernières heures de cette centième saison, TDActu vous propose de découvrir les origines de la ligue sportive la plus riche du monde.

Après la fusion NFL-AFL et les premiers Super Bowls la semaine passée, place aujourd’hui aux premières équipes dominantes sur la durée et les revendications qui ont abouti aux bases du système actuel.

Montée en popularité et premières dynasties de l’ère Super Bowl

La première vraie saison régulière sans distinction AFL-NFL a débuté en 1970 lorsque les deux entités ont officiellement fusionné pour former une seule ligue, la NFL, avec deux conférences de 13 équipes (Américaine et Nationale), dont Pete Rozelle a été nommé commissionnaire. Les anciennes formations de la NFL première version ont intégré la conférence Nationale. Celle-ci était gérée par George Halas. Baltimore, Cleveland et Pittsburgh ont accepté de se joindre aux anciennes équipes de l’AFL pour former la conférence Américaine, dirigée par Lamar Hunt. Le match du lundi soir sur ABC et le nom des joueurs sur le dos des maillots ont fait leurs apparitions, ainsi qu’un format de séries éliminatoires qui comprenait une équipe wild card par conférence. Le bénéficiaire étant l’équipe qui avait terminé la saison régulière à la seconde position dans sa division, et qui possédait le meilleur bilan.

Dans les années 1970, la NFL a commencé à prendre forme pour devenir ce qu’elle est aujourd’hui. Le Pro Bowl AFC contre NFC a fait son apparition (1971), et le système de numérotation des maillots a été adopté (1973). Au niveau des franchises, les Patriots de Boston sont devenus ceux de New England en 1971, Seattle et Tampa Bay sont entrés dans le championnat en 1976. Et le Super Bowl est devenu une affaire beaucoup plus importante, grâce à plusieurs équipes qui sont devenues des puissances dominantes, terrorisant la ligue et participant à la grande finale à plusieurs reprises. Une rivalité intense entre Dallas et Pittsburgh a attiré tous les regards. De 1970 à 1979, les Cowboys sont allés cinq fois au Super Bowl avec deux victoires au compteur (1972, 1978). Les Steelers ont remporté trois titres (1975, 1976,1979, avant un quatrième en 1980). Celui de 1979 est considéré comme l’une des parties les plus mémorables de l’histoire de sport. À côté d’eux, les Vikings ont effectué quatre fois le voyage, mais sont revenus bredouilles à chaque fois. Les Dolphins ont participé à trois Super Bowls consécutifs, avec deux succès à la clé (1973, 1974) et en réussissant l’exploit de réaliser la seule saison parfaite de l’histoire (14-0 en saison régulière, 2-0 en playoffs et une victoire 17-0 pour le titre).

Ces dynasties ont pu voir le jour grâce à des stratégies défensives complexes qui faisaient souffrir les escouades offensives. Trois entraineurs en particulier, Tom Landry (Cowboys), Chuck Noll (Steelers), Don Shula (Dolphins) ont mis au point des tactiques qui ont permis l’éclosion d’unités réputées comme la « Doomsday Defense » des Cowboys,  « Steelers’ Steel Curtain » de Pittsburgh, « Purple People Eaters » des Vikings ou le « Fearsome Foursome » des Rams.

Au début de cette décennie, les running backs étaient les atouts offensifs numéro 1, avec l’émergence de quelques vedettes. En 1972, 10 coureurs ont franchi la barre symbolique des 1 000 yards sur une saison. L’année suivante, O.J Simpson est devenu le premier à franchir les 2 000 yards avec 2 003 unités au compteur. Afin de maintenir l’intérêt du public pour le jeu, le règlement a été modifié pour ajouter de l’action et du tempo, et surtout donner une chance au jeu aérien. Les administrateurs de la NFL ont recentré les hash marks afin de donner plus d’espaces pour lancer des ballons en profondeur. Ce changement a permis d’augmenter le nombre de points marqués et de rendre le jeu plus passionnant. Des quarterbacks comme Roger Staubach (Cowboys), Terry Bradshaw (Steelers) ou Brian Griese (Dolphins) ont progressivement développé des styles de jeu pour profiter de l’ouverture du terrain créée par le changement de règle. Ils ont ainsi mis au point des attaques agressives qui reposaient sur la précision extrême de leurs maitres à jouer.

À l’approche des années 1980, plusieurs mesures ont été adoptées pour se calquer avec l’évolution de la discipline. Ainsi, l’horloge des 30 secondes (désormais passée à 40) pour la remise en jeu a été adoptée en 1975. La convention collective des joueurs a été ratifiée en 1977. Elle fixait les effectifs à 43 joueurs actifs, avec plusieurs améliorations au niveau salarial ou couverture santé. En 1978, la saison régulière est passée à 16 rencontres pour chaque franchise, tout comme le repêchage en wild-card d’une deuxième équipe et la première utilisation de la révision vidéo en test sur quelques rencontres de pré-saison. Les changements de règles ont mis l’accent sur la sécurité des joueurs avec plus de restrictions en matière de contact au niveau de la tête, du cou ou du visage. Plus de contacts non plus sur un receveur après les cinq premiers yards, ni de blocs sous la taille en situation de kickoff, punt ou field goal.

Super Bowl XIII entre les Steelers et les Cowboys (photo : Bleacher Report).

Grèves et améliorations contractuelles

Dans les années 1980, la NFL était désormais une institution installée et le Super Bowl battait régulièrement des records d’audience avec plus de 80 millions de téléspectateurs. Il était donc temps que d’autres millionnaires essaient de lui faire concurrence. Composée de 12 équipes à ses débuts, la United States Football League (USFL) n’a duré que trois saisons, mais aurait pu s’établir sur le long terme, tuée par son orgueil.

Cette nouvelle ligue a débuté ses activités en 1983 et organisait ses rencontres au printemps. Elle comprenait de bons joueurs comme les quarterbacks Jim Kelly et Steve Young, ou bien le joueur de ligne défensive Reggie White au tout début de leurs carrières. Mais les propriétaires, menés par un certain Donald Trump, ont pris la décision de déplacer le championnat en automne afin de rivaliser directement avec la NFL. En parallèle, ils ont déposé une action antitrust contre la grande ligue, alléguant que la NFL avait établi un monopole et qu’elle faisait pression sur les grands réseaux de télévision pour qu’ils ne diffusent pas les matchs d’USFL. Le changement de saison a eu de graves ramifications pour plusieurs franchises qui devaient faire face à la concurrence directe de la NFL dans leurs villes. Certaines ont fusionné, d’autres ont arrêté. En juillet 1986, environ un mois avant la première saison selon le nouveau calendrier, l’USFL a gagné son procès, mais n’a reçu qu’un dollar de dommages-intérêts. Avec plus de 200 millions de dollars de pertes, elle a stoppé ses activités avant de commencer sa campagne automnale.

Le temps passant, la NFL a continué de prospérer. Les dynasties des années 1970 ont été remplacées par celle des 49ers de San Francisco avec quatre titres glanées dans la décennie suivante (1982, 1985, 1989, 1990), emmenée par la paire Joe Montana-Jerry Rice. Les Bears et Giants sont revenus sur le devant de la scène pour obtenir une bague grâce à des défenses légendaires. Les Redskins et Raiders faisaient aussi partie des formations puissantes du moment. Au cours de cette période, un nouveau type de défenseur est apparu. Alors que les defensive backs rapides faisaient jeu égal avec des receveurs tout aussi véloces, un joueur appelé rush-linebacker a émergé avec une tâche spécifique : faire pression sur la quarterback adverse. Ainsi était né l’ancêtre du pass-rusher moderne. Rapide et puissant, il n’assumait aucune responsabilité en matière de couverture de passe et concentrait son attention sur le quarterback et running back. Lawrence Taylor des Giants a peut être été le meilleur à ce poste. D’un point de vue offensif, plusieurs records ont été battus, dont celui par Eric Dickerson des Rams de Los Angeles en 1984. Avec 2 105 yards parcourus au sol sur une saison, le running back est toujours détenteur de la meilleure performance à ce jour.

À la fin des années 1980-début des années 1990, les joueurs se sont efforcés d’améliorer leur situation de travail. La saison 1982 a été marquée par une grève de 57 jours réduisant la saison à 9 rencontres au lieu des 16 habituels. Le jeu a repris après la ratification d’une nouvelle convention collective par les propriétaires. Celle-ci comprenait, entre autre, un barème de salaire minimum par année d’expérience, une augmentation générale des salaires et des avantages médicaux. À la fin de la saison, les classements ont été établis par conférence, et non par division, avec 8 équipes qualifiées de chaque côté. Les rencontres se jouant selon le format 1er contre 8ème, 2ème-7ème, 3ème-6ème, 4ème-5ème. En 1989, la menace de poursuites judiciaires a amené la ligue à modifier sa politique initiale en terme d’éligibilité à la draft. Désormais, les joueurs pouvaient franchir le pas vers le monde professionnel sans que leur cursus soit achevé. De nombreuses vedettes ont saisi cette opportunité pour se présenter prématurément à la draft.

La free agency a vu le jour en 1992 en guise de règlement d’une poursuite intentée en 1987 par le syndicat des joueurs, la NFL Players Association. Celui-ci a été créé en 1956 lorsque les joueurs ont commencé à exiger de meilleures conditions de travail. Le procès était lancé au nom des joueurs qui cherchaient à obtenir le droit de pouvoir passer d’une équipe à l’autre librement. Le conseil d’administration de la ligue s’est d’abord opposé au concept de free agency, obligeant les joueurs à tenir une grève pendant 24 jours en 1987, et conduisant à l’annulation des rencontres de la troisième semaine. Celles des semaines 4, 5, 6 ont été disputées par des remplaçants, avant que la situation ne revienne à la normale sept jours plus tard. Maintenant en place, cette notion est accompagnée d’un plafond salarial à ne pas dépasser, correspondant à l’ensemble des salaires des joueurs de l’effectif (salary cap).

Autre équipe phare des années 1980-1990, les Broncos ont effectué cinq voyages au Super Bowl avec deux victoires à la clé, sous la houlette de leur quarterback vedette John Elway. Ils sont aussi connus pour avoir joué un rôle important dans la free agency moderne. Selon Sports Illustrated, lorsque les négociations ont eu lieu pour établir les contours de cette période de mouvements, la crainte du propriétaire de la franchise Pat Bowlen de perdre son quarterback a mené à la création du franchise tag. Ainsi, chaque saison, une équipe a la possibilité de « taguer » un joueur. Elle ne peut choisir qu’un seul joueur de son équipe en fin de contrat pour lui donner un gros salaire sur un an, avec l’espoir de conclure un accord à long terme après cette année passée.

Super Bowl XIX entre les 49ers et Dolphins (photo : niners nation).

Prochain chapitre, puissance financière et machine à records.

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