Super Bowl XLVI – Tom Brady aux portes de l’histoire

Et si finalement celui qui est considéré comme un des meilleurs quarterbacks de l’histoire n’était en fait passé qu’à un yard de ne pas connaître cette  fabuleuse carrière? Al Pacino...

Et si finalement celui qui est considéré comme un des meilleurs quarterbacks de l’histoire n’était en fait passé qu’à un yard de ne pas connaître cette  fabuleuse carrière?

Al Pacino le dit très bien dans « Any Given Sunday », ce jeu se joue à quelques centimètres et si, en ce soir de 23 septembre 2001 lors du 2ème match de la saison regulière contre les Jets, Drew Bledsoe était sorti des limites du  terrain plutôt que d’essayer d’obtenir le first down, il n’aurait pas subi le terrible plaquage de Mo Lewis, lui infligeant une légère hémorragie interne,  et Tom Brady serait sûrement resté sur le banc, au moins jusqu’à la fin de cette saison. Il est d’ailleurs curieux que le premier Superbowl qu’ait disputé Tom Brady le fut face à Kurt Warner, lui aussi tributaire de la blessure de Trent Green en 1999 et passant de manutentionnaire dans un magasin à MVP du Superbowl XXXIV.
Mais autant Kurt Warner était un inconnu non drafté en 1994, autant le pedigree de Brady le destinait un peu plus à la carrière qu’on lui connait maintenant.

Il portait alors le numéro 10 mais arborait déjà son sourire californien

Un athlète de renom au mental fragile à l’université

Né en Californie en banlieue de San Francisco et fan absolu des 49ers de Joe Montana, Brady est passé par l’Université de Michigan où, après ses deux premières années comme remplaçant de Brian Griese, il a emmené les Wolverines à la victoire dans deux « College Bowls » (Ces matches universitaires de fin de saison où les adversaires sont « choisis » par les organisateurs), tout en battant quelques records de l’Université comme le plus de passes tentées et réussies dans une saison. Ses capacités physiques furent même remarquées par le club de baseball des Montréal Expos (devenus depuis les Washington Nationals) qui le draftèrent en 1995. Néanmoins, c’était alors son mental, déficient lors de ses deux premières années, qui était alors mis en doute et ce n’est qu’à la 199ème place de la draft que les Patriots choisirent en 2000 celui qui allait devenir le meilleur quarterback de leur histoire.

Le duo Belichick/Brady, les succès et le début de la légende

Suite à la blessure de Drew Bledsoe, qui avait pourtant signé en mars 2001 un nouveau contrat de 10 ans pour 103 millions de dollars, Bill Belichick décida de donner les commandes des Patriots (au bilan de 2 défaites en 2 matches alors) à Tom Brady, qui joua alors le rôle du parfait « Game manager »,  laissant la part belle au running-back Antowain Smith tout en étant capable de superbes performances offensives, comme lors de victoires à Denver ou Indianapolis.

C’est pourtant encore la chance qui le fera passer un cran au niveau de l’exposition nationale puisqu’au 1er tour des playoffs,  dans une grosse tempête de neige, Brady fut le bénéficiaire de la « Tuck Rule », qui permet de déclarer une passe incomplète (et non fumble) un ballon tombé au sol, si le bras du quarterback fait un mouvement vers l’avant avant que le ballon ne sorte de ses mains.  Les Patriots évitèrent ainsi l’élimination de peu et la blessure est d’ailleurs toujours ouverte chez les supporters des Raiders, adversaires malheureux d’un soir.

Même Brady semblait incrédule après son premier Superbowl gagné

La magie ne s’arrêta pas là pour ces Patriots car d’équipe au quarterback titulaire blessé et en mauvaise posture,  ils passèrent à « Superbowl Champions » après leur victoire contre les ultra-favoris Rams dans le Superdome de La Nouvelle-Orleans, sur un field-goal d’Adam Vinatieri à 4 secondes de la fin. C’est Brady qui fut élu MVP du match après avoir emmené son équipe de ses propres 15 yards jusqu’au 31 yards des Rams, tout ceci sans temps-mort et en 1mn 51. Certainement le drive le plus important dans l’histoire de la franchise et un que Joe Montana, lui-même, n’aurait certainement pas renié.

Gonflés à bloc par ce succès, les Patriots sont devenus alors la machine à gagner la plus implacable de toute la NFL, renouvelant leur exploit dès 2003 face aux Carolina Panthers  lors du Superbowl XXXVIII, où Brady fut de nouveau élu MVP après avoir de nouveau permis à son équipe de gagner à la dernière seconde sur un field-goal d’Adam Vinatieri.

Pas encore rassasiés par ces succès, ils réalisèrent ce que chaque grande équipe doit faire pour entrer au Panthéon des équipes de légende: le fameux « Back-to-Back ». C’est à Jacksonville, lors du Superbowl XXXIX contre les Philadelphia Eagles, que les Patriots devinrent alors la 2ème équipe de l’histoire à remporter 3 Superbowls en 4 ans, les Cowboys du milieu des années 90 étant l’autre. Avec des stats plus modestes que l’année précédente, Tom Brady dut laisser Deion Branch récolter les honneurs du titre de MVP. C’est aussi à cheval sur ces deux saisons que Brady et les Patriots réalisèrent l’exploit de gagner 21 matches de suite, record tenant toujours en 2012.

Ce fut ensuite deux années de disette en playoffs, où Brady dut voir son meilleur ennemi (car les deux hommes sont très amis dans la vie), Peyton Manning, remporter son premier Superbowl en 2006.

La saison parfaite…ou presque

Ces deux saisons sans toucher au trophée Lombardi poussèrent Belichick et les Patriots à fournir des armes de premier choix à Brady et, en 2007, l’arrivée de Wes Welker, Randy Moss et Donte Stallworth rendit l’attaque des Patriots inarrêtable. Ils finirent  la saison régulière invaincus et Brady y explosa le record du nombre de touchdowns lancés (50), tout en arrivant au 3ème rang de l’histoire en nombre de yards (4806) et au 2ème a l’évaluation (117,2). Cette saison incroyable lui fit gagner son premier titre de MVP de la saison régulière.

C’est pourtant sur une incroyable couac contre les Giants lors du Superbowl XLII que la saison immaculée se termina. Brady fut harassé tout le match par le pass-rush des Giants et il fut limité à 261 yards et un seul petit touchdown. La recette pour contrer ces Patriots avait été trouvée par Tom Coughlin et son staff, mis en confiance par le match qu’ils avaient perdu de justesse contre eux en semaine 18.

Le Superbowl XLII, un souvenir douloureux pour Brady

Ce coup de massue, Brady l’encaissa mal, lui qui pouvait alors égaler le record immaculé de victoires au Superbowl de Joe Montana (4 victoires en 4 participations) et c’est revanchard qu’il arriva à l’orée de la saison 2008.

La blessure, les échecs et le renouveau

Tout tomba cependant à l’eau dès le premier match de la saison lorsque le safety des Chiefs, Bernard Pollard, vint mettre un terme à la saison du quarterback en lui rompant les ligaments du genou sur un plaquage bas. Tout en laissant des conséquences sur les relations entre les deux joueurs (Pollard parlant dernièrement du « joli garçon » Brady, sur un ton ironique), cette action poussa la NFL à instaurer des règles plus sévères en interdisant les plaquages su niveau des jambes des quarterbacks lorsque ceux-ci sont en position de passer la balle, cette règle étant maintenant surnommée la « Brady Rule ». Son remplaçant, Matt Cassell, fit de son mieux et qualifia presque les Patriots pour les playoffs mais ce n’est qu’avec le retour du numéro 12 que New England reprit sa marche en avant.

Cependant, les belles saisons régulières suivantes, dont une couronnée d’un titre de MVP en 2010, débouchèrent de nouveau sur des échecs prématurés en playoffs des mains des Ravens et des Jets.

Ce n’est finalement qu’en cette saison 2011 que les Patriots et Brady ont semblé recouvré la hargne et la part de chance qui caractérisaient leurs parcours en playoffs il y a 10 ans.

Réalisant que Brady était plus vieux, un peu moins précis et peu mobile, il semble que Belichick ait préféré mettre en place le système idéal pour son quarterback vedette, ayant signé un contrat de 72 millions de dollars courant jusqu’en 2014. C’est en effet avec l’émergence de Rob Gronkowski au poste de tight-end et la mise en place d’un système de passes courtes et rapides, utilisant au mieux ses capacités exceptionnelles de lecture de la défense adverse et de maîtrise de l’attaque « No-huddle » tout en pariant sur la capacité des receveurs à gagner des yards après les réceptions, que les Patriots ont enfin pu rejoindre de nouveau le Superbowl, 4 ans après l’affront subi face aux Giants.

Brady aura donc l’occasion de rentrer un peu plus dans l’histoire s’il parvenait à remporter ce Superbowl XLVI. Son association joueur/coach avec Belichick est déjà devenue celle qui a atteint le plus de Superbowls (5), battant la combinaison Bradshaw/Noll des invincibles Steelers des années 70.  Cette rencontre sera aussi pour lui l’occasion d’enfiler une 4ème bague et d’égaler ainsi son idole d’enfance, Joe « Cool » Montana, tout en le faisant sur les terres de son plus grand rival, Peyton Manning. Quatre bagues semble le chiffre idéal pour le « Golden Boy » des années 2000 puisque cela lui permettra toujours de porter celle que Gisele Bundchen lui a passée au doigt en 2009, au cours d’une cérémonie très privée. Quand on vous dit que l’histoire de Tom Brady a tout d’un conte de fées…

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