[portrait] La story du vendredi – Laviska Shenault jr : le Samson du Colorado

Tel un personnage de mythologue moderne, Laviska Shenault jr a su transformer un drame en une force.

Tous les vendredi, la rédaction de TDActu vous propose le portrait d’un joueur. Son parcours sportif, ses succès et ses échecs, son parcours de vie. En alternance d’une semaine sur l’autre, une rencontre avec un joueur universitaire qui pourrait avoir un impact en NFL et un joueur NFL actuel. Aujourd’hui direction les rangs universitaires avec un receveur qui captera ses passes d’un quarterback NFL en 2020.

Laviska Shenault junior

Né le 5 octobre 1998 à De Soto, Texas
1m88 pour 100 kilos
Receveur, Colorado, junior
Position estimée à la draft (à ce jour) : 1e tour

L’homme orchestre

Il y a parfois un alignement des étoiles faisant qu’un thème peut définir une classe de draft : la draft des quarterbacks en 2018, la draft de la ligne défensive en 2019. La draft 2020 sera elle marquée par ce que l’on nomme outre-manche : les skills players. Quarterbacks, receveurs et coureurs seront en effet à l’honneur, en raison de la qualité en quantité de joueurs à ces positions.

Parmi eux, un receveur de grand talent évoluant dans l’état du Colorado. Grand, costaud et polyvalent. Son quarterback, Steven Montez, le décrit ainsi :

« Il se déplace comme un receveur mais il ressemble à un linebacker. Il peut aussi jouer tight-end et d’ailleurs il bloque comme un tight-end. Il peut aussi courir comme un running-back, en fait il sait tout faire. », déclare t’il à SportsIllustrated

Cette compétence multi-facettes a notamment crevé l’écran en octobre 2018 lors de la réception de l’université d’Arizona State : il inscrit un touchdown en recevant directement le snap en étant aligné comme quarterback en formation dite wild-cat. Puis il signe deux autres touchdowns en battant ses adversaires sur la profondeur et enfin, il retourne une quatrième fois dans la zone d’en-but après un tracé court qui se transforme finalement en touchdown. Et, sans compter ses blocs, précieux pour le jeu de course ou le tracé d’un compère receveur.

Une semaine plus tôt, avant de les affronter avec son équipe de UCLA, coach Chip Kelly déclare au Denver Post que Colorado « possède le meilleur receveur des rangs universitaires ». Et Viska de répondre à ce compliment en signant contre lui 126 yards en réception, un touchdown aérien et un autre à la course. Sur neuf matchs joués en 2018, sa seconde année, il en termine cinq en dépassant les 100 yards en réception (dont une performance à 211) et trois rencontres où il inscrit son nom au tableau d’affichage à la fois dans les airs et au sol.

Son physique atypique, costaud et vif à la fois, lui permet d’être également très performant dans une catégorie prisée : celle de provoquer des plaquages manqués. 30 en deux saisons. Et ainsi ajouter beaucoup de yards après contact.

un seul défenseur ne suffit pas pour le stopper

Pourtant, le football n’était pas son sport de prédilection.

Natty Dread

Plus jeune, Honcho (un autre de ses surnoms avec Viska et junior) évolue surtout sur les parquets. Il marche ainsi sur les traces de sa mère qui détient toujours les records de points et rebonds en saison de son lycée de Dubuque (Iowa). S’il joue également au football dans son lycée de De Soto dans le Texas, il est seulement dans l’équipe B, se concentrant surtout sur le basketball. Et c’est l’instauration d’une charte qui fait basculer son destin : l’entraineur exige que ses joueurs aient les cheveux courts! Or, Laviska porte des dreadlocks et c’est peut-être un détail pour vous mais pour lui ça veut dire beaucoup.

Il a dix ans lorsque son père décède suite à un accident de la circulation. Il décide à ce moment-là de se laisser pousser les cheveux et de ne jamais les couper. Alors il quitte l’équipe de basket et se concentre sur son second sport :

« C’était mon premier sport mais je ne pouvais plus jouer pour mon lycée en raison de mes cheveux alors j’ai arrété, et c’est à cette période que j’ai commencé à prendre le football au sérieux », dit-il à USA Today.

Quand le père décède à l’âge de 39 ans, le couple a alors six enfants à la maison et la mère devenant veuve a du déménager pour un logement plus modeste. Terminé les matchs de basket 4 contre 4 (filles contre garçons) et les parties de jeux vidéos contre ce père où le perdant devait accomplir son gage en faisant des pompes. Laviska Shenault jr n’est alors qu’un enfant mais très vite, il devient l’homme de la famille, un Honcho responsable des siens.

photo de famille des Shenault / Ross Dellenger

S’il n’est qu’une recrue 3 étoiles (sur 5), il reçoit néanmoins des offres de Alabama et de LSU, Nick Saban et Les Miles s’étant déplacés en personne dans son lycée cependant, il préfère rejoindre le Colorado pour y être l’option numéro 1. Lors de son tout premier match universitaire, il retourne victorieusement un punt donnant une victoire contre Texas Tech. Dans la soirée il poste une photo sur twitter avec en commentaire : « c’est pour toi papa ».

Rester dans le Colorado ?

Avec Emmanuel Sanders et Courtland Sutton, il est d’ores et déjà un des meilleurs receveurs de l’état du Colorado, si ce n’est le meilleur. D’ailleurs les Broncos pourraient à nouveau se pencher sur un Buffaloe après le succès rencontré par Phillip Lindsay : Joe Flacco puis Drew Lock auraient alors à disposition un joueur sachant tout (bien) faire en attaque. À moins que les Dolphins utilisent un de leurs deux choix du premier tour pour lui ? Miami a besoin d’un receveur et pour Laviska junior cela serait un bel hommage à Laviska senior qui était un fan inconditionnel de la franchise Floridienne.

Si vous avez peu de chances de le voir jouer les playoffs universitaires, vous remarquerez à coup sur son nom dans toutes les mocks draft alors retenez-le : Laviska Shenault junior. Faisant face à une féroce concurrence à son poste, sa polyvalence ainsi qu’un physique déjà près pour les joutes professionnelles lui permettent d’envisager être le tout premier choix d’une équipe.

Si vous regardez ne serait-ce que le highlights ci-dessous alors, en plus de son jeu complet, vous remarquerez sa chevelure dépassant de son casque. Tel le Samson Biblique, ses cheveux lui donnent beaucoup de force, en raison de la signification qu’ils ont pour lui. Elles lui vont bien d’ailleurs ses dreadlocks, elles ont de la classe : Natty dread comme chantait Bob Marley.

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