[Flashback] Semaine 4 : 1978 – Earl « Hulk » Campbell inarrêtable avec ou sans maillot

Il y a des surnoms qui ne correspondent pas toujours au style du joueur : celui d’Earl Campbell en fait parti. Baptisé "la rose de Tyler" en raison de sa ville d’origine, Campbell est plutôt du genre à écraser ses adversaires qu’à fuir le contact. La défense des Rams peut en témoigner….

1978, les Houston Oilers sélectionnent avec le premier choix de la draft le phénomène de l’université du Texas, Earl Campbell. Dans une ligue où le jeu au sol est prépondérant, il rejoint une liste de grands coureurs évoluant alors en NFL, aux profils différents. Les runnings backs traditionnels sont alors physiques et puissants comme Larry Csonka ou Franco Harris mais la nouvelle génération voir éclore des coureurs rapides et agiles comme Walter Payton ou Tony Dorsett. Avec 1m80 pour 105 kg, Earl Campbell correspond à la première catégorie : véritable monstre physique ne fuyant pas le contact, sa course de 16 yards le 24 septembre 1978 reste dans la mémoire comme l’une des plus surpuissante de l’histoire.

Le Chinese Theatre

Ce jour-là, les Oilers reçoivent les Rams de Los Angeles Rams invaincus. Avec 322 yards gagnés au sol en trois rencontres, Campbell est déjà le coureur le plus prolifique de la ligue. Sur une première tentative sur la ligne des 22 yards des Rams au début du quatrième quart-temps, il donne l’impression d’être un adulte au milieu d’un match d’enfants. Après un « Toss Play », le quarterback  Dan Pastorini lance Campbell sur la gauche : il se débarrasse d’un lineman défensif des Rams et percute à hauteur de sa ligne offensive le linebacker Isiah Robertson tel un bélier, le casque dans le plastron. Le défenseur des Rams, multiple pro-bowler, ne peut résister et s’effondre avec l’impact. Un choc puissant que Campbell dit regretter, quelques années plus tard lors d’une interview avec Bob Costas en 2007 :

« Je n’aime pas beaucoup parler de cette action […] je pense qu’elle lui a causé du tort dans sa vie. J’ai eu la chance de le rencontrer récemment, je lui ai dit que je souhaiter le rencontrer depuis plusieurs années pour m’excuser. »

Il est vrai que Robertson, au parcours déjà tortueux n’a pas besoin de cela. Il est par ailleurs surnommé le Chinese Theatre par ses coéquipiers après l’action, en référence aux empreintes à l’entrée de la célèbre salle de Los Angeles. Quelques années après sa retraite, à la question posée par un journaliste sur un éventuel retour, l’ancien Rams fait encore référence à ce jeu (extrait de Earl Campbell, Yards after contact – Asher Price)

« Dès fois je me demande si je suis capable de rejouer ? est-ce que je devrais rejouer ? Puis je pense à Earl Cambell et je retourne à mes affaires courantes »

Mais le choc avec Robertson n’est que le début de cette course folle : après avoir franchi le premier rideau, les arrières défensifs des Rams tentent de freiner Campbell. David Elmendorf, le safety s’agrippe dans un geste de désespoir au maillot du coureur lancé à pleine vitesse. Le tissu ne résiste pas mais Campbell continue. Ce n’est finalement que quelques yards avant l’embut que Pat Thomas et Bill Simpsons arrivent à mettre au sol Campbell. Entre-temps, le maillot du coureur est réduit en miette. Tel Hulk après sa transformation, Campbell ressemble alors à un super-héros : il termine sa course avec uniquement ses protections sur les épaules.

L’image est parfaite et amplifiée par la magnifique combinaison nom/logo/maillot de cette équipe de Houston dans les années 70, une des plus belles de l’histoire. Elle est en 1997 remplacée par l’horrible combinaison nom/logo/maillot après le déménagement des Oilers dans le Tennessee pour devenir les Titans.

L’action récemment classée 39e plus belle action de l’histoire par la NFL n’aura au final pas d’impact sportif direct. Les Oilers ne marquent qu’un coup de pied à trois points à la fin du drive et perdent la rencontre. En revanche, elle amène à l’interdiction des maillots déchirable une année plus tard et est à l’image de la carrière de Campbell et de sa domination sur les défenses adverses. Après la rencontre, le défensive-end des Rams Jack Youngblood ne peut que se satisfaire d’en avoir fini avec Campbell :

« Je suis content qu’il ne soit pas dans notre division. Une rencontre par an avec lui, c’est suffisant ! »

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