[portrait] La story du vendredi – Desmond King ne lâche rien

Un joueur ayant su vaincre épreuves et préjugés pour atteindre son rêve.

Tous les vendredi, la rédaction de TDActu vous propose le portrait d’un joueur. Son parcours sportif, ses succès et ses échecs, son parcours de vie. Peu médiatisé, Desmond King est un titulaire solide en NFL, défiant ainsi beaucoup de pronostics.

Desmond King

Né le 14 décembre 1994 à Detroit, Michigan
1m78 pour 91 kilos
Defensive-Back, Los Angeles Chargers, 3e saison

Roi Lion

Desmond King grandit à Detroit alors forcément, les Lions sont son équipe NFL favorite. Il n’a que quatre ans lorsque Barry Sanders arrête sa carrière mais, il laisse une telle empreinte sur la ville que la légende perdure encore aujourd’hui. Il est le joueur favori du jeune Desmond. D’ailleurs au lycée, s’il joue déjà en tant qu’arrière défensif, il joue également en attaque en portant le cuir : 2360 yards et 32 touchdowns lors de sa dernière saison avec le East English Village Prep.

Attaquer et défendre. Au lycée, la plupart des joueurs jouent des deux cotés. Les meilleurs surtout. En quatre saisons, il intercepte 29 fois un quarterback adverse. Record de l’état. Pourtant, il n’est pas grand pour jouer cette position. Pourtant, il n’est pas le plus rapide. Mais il est un joueur de football. Et un bon. Josh Helmholdt travaille pour Rivals, il s’occupe de la région Midwest pour ce site spécialisé dans l’évaluation des lycéens. En 2013, il déclare à The Gazette :

« Je privilégie toujours un gars qui sait tourner ses hanches et suivre le receveur par rapport à un autre plus grand. King n’est pas le plus rapide mais il a suffisamment de vitesse et surtout, il sent le jeu. »

Mais ce déficit en terme de gabarit fait qu’il reçoit peu d’offres de bourses : Central Michigan (au nord de Detroit) avec qui il s’engage verbalement. Ball State aussi puis, vient la meilleure offre, celle d’un programme de la conférence B1G : la Big Ten est une des meilleures conférences du pays et elle est celle où sont représentées les universités de cette région des États-Unis. Il s’engage alors officiellement avec Iowa.

L’œil du tigre

Alors qu’il jouait surtout en tant que safety au lycée, c’est à l’extérieur de la ligne arrière que son talent éclate. Dès sa première année. Dés le premier match. Un titulaire, Jordan Lomax, se blesse et Desmond King entre.

« Quand j’ai entendu mon nom, j’étais comme choqué. Phil Parker m’a dit ‘allez vas-y’ et j’étais vraiment nerveux sur le coup. », confie t’il à Hawk Central

Il démarre douze matchs sur treize. Et il devient le premier freshman de cette fac formatrice de joueurs sur le dernier rideau, de Bob Sanders à Josh Jackson, a être titulaire à ce poste depuis 2002. Le coordinateur défensif, également en charge des arrières défensifs (Parker) n’a pas regretté son choix. L’entraineur principal, Kirk Ferentz, non plus. Lui qui pensait que le jeunot serait dans la rotation des safeties et en équipe spéciale, se révèle être un élément précieux de la défense aérienne aux cotés de Micah Hyde (Bills) : 8 passes défendues en 2013, 33 en quatre saisons et 14 interceptions dont trois retournées pour un touchdown.

Le quarterback CJ Beathard, aujourd’hui aux 49ers de San Francisco, l’a côtoyé pendant son cursus.

« C’est un super athlète et en plus il sent le jeu, il sait où et comment se placer. Chaque entrainement je me disais ‘Des est de ce coté, je vais regarder de l’autre alors’. », hawkcentral.com

En 2015, il remporte le Jim Thorpe Award devant, notamment, Vernon Hargreaves (Bucs) second dans les votes. Il est ainsi honoré comme le meilleur arrière défensif universitaire et, c’est sans compter son apport en équipe spéciale (708 yards en retour d’engagement et 241 en retour de punt). Il est le plus souvent évalué comme un choix du premier tour dans 90% des mocks draft 2016. Pourtant, il préfère refuser les millions de dollars afin de rester avec ses coéquipiers et surtout, pour obtenir son diplôme.

« je veux continuer de vivre cette vie d’étudiants, et je veux tellement voir le visage de ma mère le jour de la remise des diplômes. », blackheartgoldpants.com

Les deux frères

Des frères, Desmond en a eu trois. Puis deux. En 2013, alors qu’il bât les records de l’état en nombre d’interceptions, il est réveillé un matin par l’un d’eux. Le second de la fratrie, Armon, n’est pas rentré la nuit dernière. Agressé dans les rues de Detroit par un homme voulant le voler, la rixe s’est conclue par des coups de feux.

« Je peux être n’importe où, il est avec moi. S’il était encore parmi nous alors il serait fièr de moi. Et il continuerait à être dur avec moi, à tout faire pour que je progresse. », nfl.com

 

de gauche à droite : Desmond, Armon, Devon et Andre.

Un frère aux mauvaises fréquentations qui, bien qu’ayant arrêté ses études au lycée, n’avait de cesse d’encourager son jeune protégé. De le menacer même. S’il le voyait trainer dans la rue ou avec les mauvaises personnes, il aurait affaire à lui ! Alors Desmond se consacre à ses études et au sport. Et le travail paye dit-on. Une semaine avant la fin des signatures de bourses universitaires, Phil Parker est dans la région de Detroit et il fait fonctionner son réseau.

« Je connaissais George Porritt, un entraineur respecté. Il m’a dit que le meilleur joueur qu’il ait eu à affronter cette année était Desmond King, alors je suis allé le voir. Il avait beaucoup de charisme et ses vidéos étaient impressionnantes. Et puis, quand j’ai appris son histoire alors j’ai pensé qu’en plus, il a un caractère dur, celui d’un battant, d’un survivant. », nfl.com

Petit Simba devenu grand

En 2016, il joue sa dernière saison avec Iowa et y comble sa mère en obtenant son diplôme en communication. Ses statistiques elles, sont moins bonnes que l’année précédente et comme toujours, les questions sur son manque de vitesse et surtout son manque de taille sont de nouveau mises en avant. Adieu les millions de dollars promis à un choix du premier tour de la draft, qu’il pouvait espérer un an plus tôt. Il est néanmoins drafté, en cent cinquante et unième position. Cinq choix après son coéquipier de Iowa, George Kittle (49ers).

Et si Phil Parker a pu se féliciter de cette signature tardive pour le programme de Iowa City, Tom Telesco le manager général des Chargers se frotte encore les mains de son choix. En 2018, Desmond King est devenu un joueur All Pro, c’est à dire voté dans la première équipe NFL. Il fait partie des douze défenseurs élu par Associated Press, en compagnie de Khalil Mack, Bobby Wagner ou Aaron Donald. Il est désigné comme un des 28 meilleurs joueurs de la saison.

Un accomplissement dont son frère Armon serait fier. Un honneur n’offrant pourtant pas de trophée. Mais une distinction lui ayant tout même permis d’obtenir une récompense : une conversation téléphonique.

« Il est un joueur que j’idolâtrais alors l’avoir au téléphone était vraiment spécial pour moi. », Los Angeles Times

À l’autre bout du fil, Darelle Revis, autrefois connu sous le surnom de « Revis Island ». Un joueur ayant été élu par quatre fois dans la première équipe NFL, un défenseur ayant remporté une bague de champion. En février 2019, avec quelques coéquipiers, Desmond King se rend à Atlanta en marge du Super Bowl entre Patriots et Rams.

« Bien sur, j’ai pensé que ce serait fabuleux d’y être avec les Chargers. Cette saison peut-être ? », L.A Times

Un roi est fait pour régner, ne serait-ce qu’une saison, alors Desmond King ne pourrait avoir d’autre objectif que celui-là. Les Chargers et leur bilan de 2-5 paraissent mal engagés pour être sur le terrain de Miami en février 2020. Oui mais :

« J’ai traversé beaucoup de choses dans ma vie : mon père nous a abandonné, j’ai perdu un frère, quasiment personne ne voulait me recruter. Mais j’ai toujours travaillé dur car j’ai compris que tu n’as rien sans rien. Vous devez faire ce qu’il faut pour l’obtenir. », nfl.com

Alors Desmond King II (oui, lui aussi) travaille. Son physique bien sur mais aussi en salle vidéo. Dans l’exemple ci-dessous, il expose comment il défend. Comment parfois le simple positionnement des pieds du receveur lui donne l’indication sur le jeu qui va être appelé. Et lui, d’agir en fonction. Joueurs surlignés et routes des receveurs tracées, même pour les non-anglophones, cette vidéo est un immanquable pour ceux désirant mieux comprendre comment s’y prendre pour défendre, quand on ne sait pourtant pas quelle tactique l’attaque adverse a prévu.

Travailleur et tenace. C’est cette mentalité qui l’a conduit en NFL et jusqu’au bout, il ne lâchera rien.

 

Partagez cet article sur : Twitter Facebook
Afficher les commentaires