[portrait] La story du vendredi – Yetur Gross-Matos : une histoire de famille

Yetur Gross-Matos régale les fans tous les samedis, pas seulement le 1e du mois.

Tous les vendredi, la rédaction de TDActu vous propose le portrait d’un acteur NFL. Son parcours sportif, ses succès et ses échecs, son parcours de vie. Comme parcours de vie, on peut difficilement faire plus ardue et pourtant, Yetur Gross-Matos est bien un membre imposant en NCAA.

Yetur Gross-Matos

Né le 26 février 1998 à Fredericksburg, Virginie
1m98 pour 122 kilos
Defensive-end, Penn State, junior
Position estimée à la draft (à ce jour) : 1e tour

Las Vegas

En 2018 déjà, pour sa seconde saison sur le campus de State College, le numéro 99 se distingue avec vingt plaquages pour pertes (8 sacks). Il ne lui manque rien : jouant une des positions les plus importantes dans ce sport, des mensurations idéales pour le poste et la production dans une conférence relevée.

L’université de Penn State démarre la saison 2019 avec huit victoires pour zero défaite. Yetur Gross-Matos est l’organe principal de la défense et signe 5,5 sacks. Le match du 9 novembre contre Minnesota oppose deux équipes classées. Penn State est alors considéré comme l’équipe numéro 4 du pays. Cependant, les Lions s’inclinent et Yetur Gross-Matos ne pèse pas sur ce match avec seulement deux plaquages. 15 jours plus tard, il affronte l’ogre de cette division : Ohio State. Si son équipe perd une nouvelle fois, lui signe 9 plaquages dont quatre pour pertes. Deux sacks. Il répond présent.

Concernant sa place à la prochaine draft, cela dépend aussi de la concurrence à ce poste et concernant la cuvée 2020 force est de constater que celle-ci vient surtout de sa propre conférence : Chase Young (Ohio State) signe également 9 plaquages dans ce match. Un sack de plus pour The Predator. AJ Epenesa (Iowa) et Kenny Willekes (Michigan State) sévissent également en Big Ten.

Après le match du printemps opposant titulaires et remplaçants, coach James Franklin exprime en conférence de presse que son groupe est très talentueux et il met l’accent sur l’aspect mental du jeu, sur comment faire face à l’adversité. Bien malgré lui, @__lobo99 est un expert dans ce domaine.

Chienne de vie

Il a deux ans lorsque la famille passe un moment de détente en bateau sur un lac. Et comme un enfant de cet âge sait si bien le faire, il se montre imprudent et tombe à l’eau. Son père, Michael Gross, plonge aussitôt pour essayer de le sauver. Il y parvient. Mais en raison de courants importants qui l’entrainent au fond, il s’y noie à son tour ! Il a 29 ans et laisse derrière lui une femme et trois enfants.

« Je ne l’ai pas vraiment connu mais je sais qu’il a donné sa vie en sauvant la mienne. », rapporte YGM à ESPN

Désormais veuve et afin d’avoir un emploi plus lucratif, Sakinah Gross entrepend des études à l’académie de police de Washington DC. Trois ans après le drame elle se marie à nouveau, avec l’officier Robert Matos qui élève alors ces enfants comme les siens :

« il n’y a jamais eu de référence genre beau-père entre-nous. Ils sont mes enfants et je suis leur père. », dit-il lors de la même interview.

Enfants qu’il a d’ailleurs officiellement adopté.

Yetur et Robert Matos (Ting Shen, ESPN)

Malgré ce drame, Yetur peut donc grandir dans un contexte bienveillant, avec notamment son frère ainé, son meilleur ami, celui qu’il admire le plus au monde : Chelal.

Le 3 juin 2009, la famille est réunie pour un match de baseball des deux garçons (11 et 12 ans). Ils ne sont pas sûr que la rencontre pourra être jouée car un avis d’orage menaçant est donné pour cet après-midi là. Sur place, tous restent dans la voiture en attendant les consignes. Tous sauf Chelal qui attrapent une balle et rejoint des amis afin de s’amuser en attendant. Yetur les regarde par la fenêtre de la voiture mais reste auprès de ses parents et soudain, il sent le sol vibrer. Le tonnerre vient de frapper. Dehors deux enfants restent au sol, dont Chelal. Mort sur le coup.

« Il était bien, bien meilleur que moi en tout ! Très charismatique et courageux aussi. Être avec lui était comme être avec un super-héros. », confie Yetur à propos de son frère (centraldaily.com).

Chelal et son numéro 5. Et Yetur de porter au lycée le numéro 55 en hommage à son frère. Tout ce qu’il fait ou presque est en son hommage. Comme un de ses tatouages sur son bras gauche le rappelle.

Family guy

Le prenom de Yetur figure dans l’ancien testament, il est un des fils de Ismaël et il signifie « entouré par sa famille ». Et c’est celle de Penn State qu’il choisit après son lycée. Ses 18,5 sacks sur un total de 130 plaquages sa dernière année de lycée lui procure des offres de Alabama, Clemson ou Virginia Tech. Mais après avoir visité le campus situé à 250 km de Philadelphia, sa décision est prise. L’entraineur James Franklin donne au programme une ambiance familiale à la fois dans le rapport aux autres ainsi qu’en insistant sur l’importance de chaque membre de l’organisation : du joueur star à celui qui nettoie et répare les casques après les matchs. Une famille, voilà ce que ressent Yetur en visite sur le campus.

James Franklin compare la mentalité de YGM à celle d’un joueur qu’il aussi entrainé : Saquon Barkley

« Ces gars ne perdent pas six mois. Ils ne passent pas leur saison à se demander quoi faire : ils travaillent. », pour The Philadelphia Inquirer

Dans la défense 43 des Nittany Lions, il joue defensive-end. Avec son premier pas très rapide et son envergure lui donnant l’avantage tel un boxeur avec une allonge supérieure, il remporte souvent son duel et, les équipes évitent de courir de son coté. Il est un diamant brut, ce qui signifie à la fois être un joyau et également, qu’il doit être poli. Sa technique, de mains notamment est en cours de progression mais encore insuffisante. Malgré sa taille, il sait ajuster son centre de gravité mais doit jouer plus bas sur ses appuis de façon encore plus fréquente. Et sa panoplie de moves doit s’enrichir et se diversifier (moins de bull rush).

Yetur Gross-Matos est puissant et sa vivacité dans les petits espaces en font un defensive-end compétent contre le jeu au sol et pour mettre la pression sur le lanceur. Que ce soit dans un schéma défensif ou un autre (43 ou 34). Son gabarit lui permet également de glisser davantage à l’intérieur lors de 3e down.

S’il a encore des progrès à faire, son potentiel immense fait qu’il trouvera en NFL une nouvelle famille, reste à savoir laquelle sera suffisamment excitée par son potentiel pour le courtiser.

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