Conflictuel, double personnalité, thérapie : la face cachée d’Antonio Brown

Le journaliste Jeremy Fowler d'ESPN dresse un portait sans concession de l'ancien receveur All-Pro.

Cette saison, Antonio Brown a connu deux équipes pour un match joué, 4 réceptions, 56 yards et un touchdown. À côté de cela, ce sont surtout ses multiples frasques extra-sportives qui ont marqué son année 2019. Apparement, le joueur semble avoir pris conscience qu’il y a peut-être quelque chose qui ne va pas chez lui.

D’après Jeremy Fowler d’ESPN, le receveur a prévenu son père, Eddie,  plus tôt cette année qu’il avait commencé à recevoir un traitement, sans pour autant donner plus de détail sur la thérapie en question et la fréquence de ses participations.

« Il comprend qu’il se passe peut-être quelque chose, et il va voir de quoi il s’agit », a déclaré Eddie à Fowler. « S’il y a quelque chose ou pas, il le découvrira. Mais il ne reste pas assis à rien faire ».

Le journaliste s’est longuement penché sur son cas. Après une étude approfondie, il pointe spécifiquement sa prolongation de contrat en février 2017 (4 ans, 68 millions de dollars) comme l’élément déclencheur. C’est à ce moment là, disent certains amis et coéquipiers, que son comportement de superstar est devenu plus fréquent, les distractions inévitables, la capacité à tenir des engagements dans le temps plus fragiles.  À son départ pour la Californie, ses anciens coéquipiers à Pittsburgh ont ainsi débattu en privé de sa durée de vie à Oakland sans les généreux passe-droits accordés par Mike Tomlin. Et tous étaient unanimes sur le fait qu’il n’arriverait pas en semaine 1. Avec le recul, ils avaient vu juste.

Une personnalité complexe

Des membres de sa famille et certains de ses anciens partenaires se sont exprimés sur sa double personnalité, complexe à gérer. De compatissant, gentil, compréhensif, il pouvait très vite devenir paranoïaque et sujet à des sautes d’humeur. Même son de cloche chez son entraineur au lycée, Nigel Dunn, qui le considérait comme « une distraction » en dehors d’un terrain de football.

Au cours de ses neufs années à Pittsburgh, Mike Tomlin avait même créé des règles spéciales pour sa star, qu’il repensait si la production du numéro 84 venait à baisser. Cette période n’a pas été de tout repos pour l’équipe à ce moment là. Même s’il avait des règles plus souples que les autres, il était très ouvert aux conflits. Il ne retenait pas sa frustration en cas de problème et éprouvait un malin plaisir à tutoyer, voire dépasser, les limites imposées. La relation amour-haine qu’il entretenait avec Ben Roethlisberger en est le parfait exemple, avec de nombreuses disputes entre les deux protagonistes. Un style conflictuel devenu épuisant pour certains joueurs qui voulaient juste venir travailler sans problème.

« Avec Brown, c’est soit chaud, soit froid, » a déclaré l’ancien running back Josh Harris. « S’il est de bonne humeur, il est de très bonne humeur, il s’amuse bien. Puis vous le voyez un autre jour. Vous verrez sur son visage et vous ne voulez pas dire grand chose parce que vous savez que quelque chose s’est passé. »

Cette situation sur le terrain a eu des répercussions sur sa vie quotidien. Brown a connu un certain nombre de situations dans lesquelles la police a été impliquée. En atteste, les 20 interventions de la Northern Regional Police de Pennsylvanie à son domicile entre 2014 et 2018 pour divers incidents. Plusieurs étaient mineurs, comme le déclenchement d’une alarme à incendie. D’autres plus bizarres, comme la fois où il a tenté de localiser deux de ses voitures.  Il a également attesté qu’un ancien associé lui avait volé 50 000$, des bijoux, passeports et une arme de poing. Il y a aussi eu une affaire de contrefaçon sur un compte en banque lui appartenant.

Plusieurs accusations ont été portées pour impayés, que cela soit pour la pose d’une clôture entourant sa piscine, ou prestations auprès d’un chef cuisinier. Plus grave, il est actuellement impliqué dans une affaires d’agressions sexuelles et de viol présumé par son ancienne entraineur personnel Britney Taylor. Selon Robert Klemko de Sports Illustrated, il aurait également eu un comportement déplacé envers un artiste qui n’a pas souhaité porter plainte. Des accusations niées par Brown par l’intermédiaire de son avocat Darren Heitner. Mais des affaires qui sont toujours en cours d’instruction, tant au niveau judiciaire où aucun accord n’a pour le moment été trouvé, qu’au niveau de la NFL qui examine la situation.

Jeremy Fowler a cité des personnes qui travaillent auprès de la ligue qui pensent qu’Antonio Brown ne refoulera plus jamais un terrain NFL. Ce n’est pas l’avis de son agent Drew Rosenhaus qui a soutenu dans l’émission Squawk Alley de CNBC que plusieurs équipes se sont positionnés sur son poulain, mais attendent d’en savoir plus sur les conclusions de l’enquête en cours. En effet, s’il parvient un jour à revenir dans la ligue, il demeure sujet à des mesures disciplinaires éventuelles en vertu de la politique de conduite personnelle. Le joueur de 31 ans avait déclaré plus tôt ce mois-ci que la « NFL retient les joueurs contre leur volonté ».

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