Les perfs’ du Super Bowl XLVI

Clap de fin pour les perfs’ de la semaine avec un Super Bowl XLVI qui a tenu toutes ses promesses. Pour cette dernière chronique, honneur aux vainqueurs avec le MVP...

Clap de fin pour les perfs’ de la semaine avec un Super Bowl XLVI qui a tenu toutes ses promesses. Pour cette dernière chronique, honneur aux vainqueurs avec le MVP du match le plus important de la saison : Eli Manning. Coup de chapeau aussi à ses trois lieutenants, qui ont joué au niveau attendu. Et puis aux poids lourds des Giants, qui ont dominé sur le fil.

Eli Manning n'a rien laissé au hasard.

ROI DU COMEBACK
A l’image de sa saison, à l’image des matches couperets disputés à Green Bay ou San Francisco, Eli Manning est une nouvelle fois apparu imperméable au stress. Dans la ville qui a tant compté pour sa famille ces quatorze dernières années, il a conduit ses troupes à sa manière. Avec un record pour commencer (9/9 d’entrée lors d’un Super Bowl), puis en remettant les siens aux commandes à 57 secondes de la fin, comme il en a l’habitude. En dirigeant ce drive décisif de 88 yards sur neuf jeux, Manning s’est définitivement adjugé le titre de roi du comeback de ce début de siècle. Car aucun autre grand talent de la ligue ne peut se targuer de revenir aussi souvent d’entre les morts. Manning s’y est employé à six reprises en saison régulière : un autre record. Mais son plus grand effort a consisté à relever une équipe tombée à 7-7 après un passage à vide d’un mois qui aurait dû condamner tout espoir de playoffs. Loin de lâcher, Eli Manning est allé chercher sa deuxième bague, et un logique deuxième titre de MVP du Super Bowl, qu’il termine avec une fiche de 30/40 pour 296 yards et 1 TD. Il rejoint Bart Starr, Terry Bradshaw, Joe Montana et Tom Brady dans le club fermé des multi-MVP du Big Game.

La défense des Patriots était prévenue. Tétanisée à l’idée de laisser filer quoi que ce soit dans son dos, elle s’est appliquée à toujours garder le jeu face à elle et à rapidement tomber sur le porteur du ballon. Une approche prudente qui s’est montrée efficace, mais pas assez décisive. Car Eli Manning a pris un malin plaisir à disséquer ce qui lui était proposé, et a livré un match plein. Contrairement à la finale NFC, il n’a pas offert la moindre chance d’interception à ses adversaires, et a mené son attaque sans la moindre fausse note. Le premier TD sur Victor Cruz est un bijou de précision tant la fenêtre de son receveur était étroite. Mais Manning a touché le sommet de sa partie en trouvant Manningham entre deux défenseurs sur son dernier drive. En 2008, il était ce QB qui esquive on ne sait comment la pression et trouve son receveur pour un catch plus qu’improbable. Un gars qui gagne, mais qui fait encore sourire. Eli Manning a mué en leader d’un tout autre calibre, en tueur, capable de ne pas laisser une once d’espoir à la défense adverse. Entre temps, il n’a rien perdu de ce qui fait sa marque de fabrique : livrer le meilleur quand la pression est à son maximum.

Le meilleur trio de receveurs de la NFL a répondu présent.

TRIUMVIRAT GEANT
Pas de grand quarterback, sans un grand receveur. Les Giants disposent eux de trois immenses talents avec Hakeem Nicks, Victor Cruz et Mario Manningham. Ce n’est évidemment pas une surprise si ces hommes ont pesé pour 70 % (207 yards) de la production totale de Manning. L’utilisation faite par Tom Coughlin de ses trois pépites a été parfaite.

Victor Cruz (4/25 yards, 1 TD) a travaillé la zone courte pour tenter de faire parler sa vitesse après réception. Il en a rarement eu l’occasion, tant l’attention des Patriots a été grande : son gain maximum a été de 8 yards. Son fumble en début de match aurait pu coûter cher aux Giants, mais la panne de cerveau des Patriots a sauvé le coup : il y avait douze défenseurs sur le terrain. A la place d’un turnover, Cruz a mis le premier touchdown de la partie dans sa ligne de stats. A 2 yards de l’endzone, son tracé court intérieur entre le corner et le linebacker a ouvert une toute petite fenêtre : il n’en fallait pas plus pour permettre à l’une des révélations de l’année de danser la salsa à Indy.

Cible préférée de son quarterback, Hakeem Nicks a capté 10 passes pour 109 yards. Le meilleur total du match pour le meilleur receveur des playoffs. Moins utilisé dans la profondeur, Nicks a occupé le périmètre intermédiaire central du terrain et s’est démarqué en permanence. Il a cependant été moins en vue après l’énorme cachou posté par Patrick Chung dans le troisième quart.

Enfin il y a l’homme de confiance de Manning. Dans les moments chauds, c’est vers Mario Manningham que le QB se tourne. Comme au tout début du drive qui a remis New York devant, lorsque Manning trouve le numéro 82 pour l’action du match. La passe est sublime, le catch l’est davantage, et il ne souffre d’aucune contestation. Sur ce drive gagnant, Manning a tenté six passes. Quatre étaient à destination de « Super Mario », préposé aux gains longs, et responsable de 56 des 88 yards de la remontée. Le joueur a bouclé la partie avec 5 réceptions pour 73 yards. Discret tout au long du match, il est sorti de sa boîte quand son équipe en avait le plus besoin.

Au forceps, l'affrontement des poids lourds a tourné à l'avantage des Giants.

D-LINE 2 / O-LINE 1
Le croque mitaine d’avant match se nommait pass rush et penchait côté new-yorkais. Il a bien failli faire « pschitt » si Justin Tuck n’était pas allé chercher un deuxième sack « compte triple » sur le tout dernier drive de la rencontre. Car la ligne offensive de New England a réalisé le match presque parfait, tant son protégé n’a pas eu à trop subir dans l’ensemble. Résolus à n’envoyer que quatre hommes après Brady, les Giants ont eu du mal à générer une pression constante. L’illustration est venue sur le premier TD des Patriots : à quatre yards de l’endzone, Tom Brady n’est pas parvenu à trouver ses cibles privilégiées. Il a attendu, attendu, encore attendu, puis a lancé sur Danny Woodhead. La O-line des Patriots venait de marquer un point.

Seule consolation de la première période pour New York : les deux passes coupées par Jason Pierre-Paul, qui à défaut de pouvoir passer la ligne des Patriots, avait la présence d’esprit de lever ses tentacules. C’est qu’il a fallu attendre la fin du troisième acte pour voir Brady sur les fesses : l’œuvre du taulier, Justin Tuck, qui a fait reculer New England de quatre yards sur une 3ème & 8. En début de quatrième quart, le pass rush des Giants pouvait s’octroyer une petite partie du mérite sur l’interception de Chase Blackburn. Une petite seulement, car là encore, Brady a eu beaucoup de temps. C’est bien la couverture défensive qui était trop bonne, et le QB n’a lâché le ballon qu’au tout dernier moment, après de multiples scans de toutes ses options. La banderille, elle est donc venue en fin de match. Au pire moment pour les Patriots, obligés d’utiliser leur dernier temps-mort à 86 yards de la terre promise, avec seulement 36 secondes entre les mains. Entre deux lignes aux talents aussi immenses, une victoire par K.O. paraissait peu probable. La D-line des Giants l’a emporté, aux points.

Tags →  
Partagez cet article sur : Twitter Facebook
Afficher les commentaires