[portrait] La story du vendredi – Derrick Brown : un géant au box-office

Brute au caractère doux, Derrick Brown est le John Coffey de la ligne (verte) d'engagement.

Tous les vendredi, la rédaction de TDActu vous propose le portrait d’un acteur NFL. Son parcours sportif, ses succès et ses échecs, son parcours de vie. Derrick Brown ou le parcours d’une force de la nature.

Derrick Brown

Né le 15 avril 1998 à Greenwood, Mississippi
1m96 pour 145 kilos
Defensive-Tackle, Auburn, senior

Hulk

Imposant et rapide pour son gabarit, Derrick Brown domine la ligne d’engagement en conférence SEC depuis trois saisons : 31 plaquages pour pertes dont 11 sacks les trois dernières saisons. Joueur fiable par excellence, il est un vrai pitbull : lorsqu’il agrippe un running-back il ne le lâche plus. Il aurait pu dès la draft 2019 être sélectionné au premier tour mais Derrick Brown voulait terminer son cursus académique tout en restant dans un environnement familier pour la naissance de son fils.

La position à l’intérieur de la ligne défensive est importante mais pas la plus coté en NFL, seuls des joueurs d’un niveau largement au-dessus de la moyenne sont sélectionnés dans la 1e moitié du premier tour. Ce devrait être le cas pour Derrick Brown : sa puissance en fait l’arme ultime sur la ligne d’engagement, celle qui permet de percer la ligne ennemie. Et tel Iron Man répliquant à Thanos que les Avengers ont un Hulk, son futur coordinateur défensif pourra dire à ses adversaires : nous avons un Derrick Brown.

TED

Derrick Brown a toujours été plus imposant que les autres. Il a neuf ans quand il débute le football et les entraineurs adverses remettaient en question la véracité de son âge tant il était plus grand et plus large que tous les autres enfants. Au lycée, rebelote : il domine sa tranche d’âge de façon outrageuse.

Son caractère, lui, diffère qu’il soit sur le terrain ou en civil.

« Sur le terrain c’est une bête sauvage mais en dehors, c’est un gros ours en peluche. », sa mère pour al.com

Son physique lui permet de se distinguer des ligues de jeunes jusqu’au lycée alors pas vraiment besoin de travailler à l’entrainement ni de forcer sur le terrain. Scruté et convoité, ce lycéen est invité à tous les camps de Géorgie et en 2015, un tournant important survient dans son développement : lors d’un entrainement, un joueur le met à terre ! Une première. Derrick Brown comprend alors que quelque part, il y aura toujours une autre personne plus imposante ou plus costaud que lui. De ce jour, il n’a de cesse de travailler et de se donner à fond même quand son physique semble suffire.

« Ce fut très bien pour nous car cela l’a motivé comme jamais, il s’est mis à beaucoup travailler notamment en salle de musculation. Il était comme en mission après cela. », son entraineur au lycée pour al.com

Derrick Brown devient ainsi une recrue 5 étoiles, le 9e joueur du pays (derrière notamment Ed Oliver 6e et Nick Bosa 8e). Tous deux diplômés de Mississippi State, ses parents déménagent lorsque Derrick a trois ans pour préserver leur enfant de grandir dans un environnement violent. En 2016, Derrick Brown est la recrue numéro 1 de l’état de Géorgie (devant Mecole Hardman) et tous, coéquipiers et fans de l’équipe du lycée, souhaitent qu’ils rejoignent les si populaires Bulldogs de Georgia. Parmi toutes les offres de bourses, Derrick Brown en retient cinq : Georgia, Alabama, Tennessee, Mississippi State et Auburn.

La première raison qui explique son choix de quitter l’état pour rejoindre Auburn est la relation qu’il developpe avec le recruteur des War Eagle : Rodney Garner, entraineur de la ligne défensive de Auburn séduit le jeune joueur par son discours. Aussi, avec une invitation. Comme le font toutes les universités avec les joueurs convoités, en plus de visiter le campus, invitation est donnée pour assister à un match. Rodney Garner ne pouvait le savoir en avance mais ce match ne fut pas juste un match.

Miracle en Alabama

Le 16 novembre 2013, Derrick Brown assiste donc à une rencontre entre Auburn et…Georgia. Et comme pour certaines actions ou quelques matchs de ce sport, leurs caractères exceptionnels font qu’ils restent dans l’histoire avec un nom pour les désigner : Prayer at Jordan-Hare. La prière au Jordan-Hare (nom du stade de football de Auburn).

Il reste 36 secondes sur le chrono. Auburn est mené 38-37. Auburn a le ballon mais la tentative est une 4e et 18 sur leur ligne des 26 yards. Que pourrait renverser une tendance aussi défavorable qu’une prière ? Le quarterback Nick Marshall se positionne en shotgun, recule puis prend trois pas d’élan et il lance. Une prière ou Hail Mary en version originale. Dès l’engagement du ballon, le receveur Ricardo Louis (Dolphins) s’est mis à sprinter mais lorsque le cuir termine son vol, deux défenseurs de Georgia sont positionnés pour une interception qui mettrait fin au match.

La conclusion de cette action ? Les images sont dans cette circonstance plus fortes que des mots.

Entendez la foule et imaginez un lycéen de 18 ans vivant cette ambiance !

« Avec d’autres recrues, nous étions en train de sortir des tribunes. J’étais de dos, je n’ai pas vu l’action mais tout d’un coup j’ai ressenti une clameur, comme une éruption volcanique. On se regardait les uns les autres, c’était une ambiance incroyable dans les tribunes. », pour al.com

Vendu. Derrick Brown s’engagera avec Auburn. Et d’y porter le numéro 5, le même que Ricardo Louis.

La ligne verte

En 2019, il est élu dans la première équipe universitaire après une saison avec 54 plaquages dont 11,5 infligeants une perte. Il force et recouvre également deux pertes de balles. En quatre saisons universitaires, Derrick Brown est devenu une terreur pour les coordinateurs offensifs. Un joueur craint de ses adversaires. Hors terrain, il est diplômé en « business marketing » et envisage de travailler pour une marque de sport, une fois sa carrière sportive terminée. Étudiant exemplaire, il reçoit en 2019 le prestigieux Ronnie Lott IMPACT Trophy. Une récompense annuelle décernée à un défenseur obtenant le meilleur combo résultats scolaires et sportifs.

Aux cotés du nom de l’ancien safety introduit au Hall of Fame Ronnie Lott, le terme IMPACT signifiant : Intégrité, Maturité, Performance, Academics (résultats scolaires), Communauté (travail pour) et Ténacité. Que de qualités pour un jeune homme dont le physique inspire avant tout la crainte.

Mais tel John Coffey dans le film « La Ligne Verte », Derrick Brown est une force de la nature et ses dons, il les met au service des autres.

Draft Day

Dans le top 10 de la prochaine draft, Panthers, Cardinals et Jaguars pourraient tous bénéficier des ses services. Les Raiders et les Colts aussi mais il y a peu de chances que Derrick Brown soit encore disponible avec les choix 12 et 13. Avant ces équipes, Les Lions de Detroit et leur 21e défense contre la course pourrait remplacer le départ de Damon Harrison.

Lors de la draft, la sélection d’un joueur est faite en considérant trois angles : qui est le meilleur joueur disponible ? Cet avis diffère d’un manager à un autre. Quelle est la valeur de la position qu’il joue ? Quarterback, pass-rusher, tackle offensif et cornerback sont considérés comme les 4 ayant le plus d’impact sur un match. Et, quels sont les besoins de l’équipe ? Tous les Sonny Weaver jr de la ligue considèrent les trois points en même temps avant de faire leur choix. Le pourcentage d’importance qu’ils accordent aux trois items varie selon chacun d’entre-eux.

Thomas Dimitroff, le manager des Falcons, est réputé pour privilégier les besoins de l’équipe lors de la draft, davantage que les deux autres options et les Falcons auraient bien besoin d’un Derrick Brown. Il est également surnommé « Trader Tom » pour son habitude de monter lors du premier tour de la draft lorsqu’un joueur lui plait (Julio Jones, Desmond Trufant, Takk McKinley). Le fera t’il à Las Vegas ? Réponse dans la nuit du 23 avril 2020.

(retour des portraits en septembre 2020)

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