[Tribunal du Hall of Fame] Ben Roethlisberger : l’acier dans les veines

Un buste pour Big Ben ? Le joueur a des arguments, mais le débat est vif.

L’entrée ou non d’un joueur au Hall of Fame est souvent l’objet d’un débat passionné, et nombre de joueurs disposent d’autant de soutiens que de détracteurs. Après une première sélection interne à la rédaction, douze joueurs (non-éligible aujourd’hui) ont été retenus car ils ont recueilli des votes contradictoires et méritaient une analyse plus poussée. Ainsi pas de joueurs évidents comme Tom Brady ou Peyton Manning. Après ces douze volets, deux épisodes bonus vous seront proposés.

Si la carrière de Ben Roethlisberger n’a pas encore touché à sa fin, il dispose d’ores et déjà d’un résumé pouvant lui permettre de prétendre au Hall of Fame. Mais si les titres et la production statistique font de lui un joueur hors norme, il existe aussi des arguments forts contre lui.

Dans ce premier épisode du tribunal, nous vous donnons des éléments de réponses sur la possible entrée du joueur dans le temple de la renommée.

Les arguments favorables

La carrière de Big Ben a commencé sur des chapeaux de roues, le jeune prospect de Miami (OH) finissant rookie offensif de l’année pour sa première saison puis champion la seconde. Propulsé titulaire dès le premier jour, il est devenu un des plus grands quarterbacks d’une des plus grandes franchises de l’histoire de la ligue. La légende Terry Bradshaw a même déjà fait son choix en faveur de Big Ben.

Dans une équipe concentrée sur le jeu de course au début des années 2000, il a su se fondre dans le collectif pour apporter le complément nécessaire au bon fonctionnement de l’équipe. Dans un second temps le jeu de l’équipe à changé, et il est devenu le joueur que nous connaissons aujourd’hui, le dépositaire du jeu offensif de son équipe.

Auteur, à ce jour, de 56 545 yards (8e total dans l’histoire) et 363 touchdowns (9e), il a été depuis plus d’une décennie un top 10 quarterback en NFL. La production statistique est largement supérieure à nombre de Hall of Famers, même si évidemment l’époque a pu aider. Comme un symbole, sa saison à plus de 5 000 yards en 2018 va forcément jouer pour lui, cette barre symbolique n’ayant été atteinte que par 8 quarterbacks dans l’histoire.

Vainqueur de 2 Super Bowls, il fait parti d’un groupe composé seulement de 12 joueurs (Starr, Staubach, Griese, Bradshaw, Plunkett, Montana, Aikman, Elway, Brady, Roethlisberger, P. Manning, E.Manning). Parmi les joueurs éligibles de cette liste, seul Plunkett ne fait pas parti du Hall of Fame, mais son rôle dans les Raiders de l’époque était limité et sa production statistique très faible.

Les arguments défavorables

S’il a deux bagues, Ben Roethlisberger n’a pas été flamboyant sur le premier titre. Avec une évaluation de 22.6, il a le « record » du plus mauvais rating de l’histoire pour un quarterback ayant remporté le Super Bowl. Même le second Super Bowl est moyen, mais la passe pour touchdown à la dernière minute sauve l’impression globale sur ce match. Gagner des bagues ne fait pas d’un joueur un Hall of Famer, sinon autant mettre la moitié des Patriots des dernières années dans le temple.

Roethlisberger n’a jamais été un top 5 quarterback sur plusieurs saisons. Aucune sélection All Pro, il n’a jamais mené la ligue en touchdowns lancés, alors qu’il a au contraire mené la ligue sur les interceptions deux fois (2006 & 2018). C’est tout le paradoxe de Ben Roethlisberger, un joueur à la constance folle qui n’a jamais pu franchir le plafond lui permettant d’être un quarterback légendaire, évoluant toujours à la frontière. Son début de carrière a été tiré par sa défense, qui a fini dans le top 4 de la ligue en 2004, 2005, 2007 et 2008 notamment.

Dernier point sensible de la carrière de Ben Roethlisberger, son caractère parfois décrié. Sa réputation avait déjà était obscurci dans une affaire d’accusation de viol. Et durant sa carrière de nombreux joueurs ont pu remettre en cause l’homme comme recemment Emmanuel Sanders qui avait déclaré «quand je suis arrivé à Pittsburgh, Ben Roethlisberger était un con». L’homme a muri évidemment, mais ce genre d’évènement influence forcement les votants.

Les votes

Pour (7 votants) : Romain Therasse, Brice Duhamel, Matthieu Pasquier, Camille Saraben, Mehdi Jullien, Elioth Salmon et Victor Roullier.

« Il fait partie d’une génération dorée de quarterbacks qui ont leur place à Canton. Titres, statistiques et récompenses individuelles, il coche toutes les cases. » (Romain Therasse)

Contre (6 votants) : Alain Mattei, Sebastien Polomeni, Nelson Caignard, Raoul Villeroy de Galhau, Jean-Michel Bougeard et Alexandre Foy.

« Bonne longévité, des titres, ok. Mais, pendant longtemps, il a profité d’une division faible et d’un bon environnement (coaches/joueurs). » (Raoul Villeroy)

« C’est un excellent quarterback, aucun problème là-dessus. Mais jamais vraiment dans l’élite du poste. Jamais dominant sur des longues périodes. Son dernier drive mythique du Super Bowl gagné contre les Cardinals cache un match plutôt quelconque relancé avant tout par la défense après un départ compliqué. Il n’a pas vraiment existé lors de son premier Big Game. Il est aux portes du Hall of Fame, mais pas assez marquant pour entrer dans le mien. » (Alain Mattei)

Absention (1 votant) : Raphael Masmejean.

« Big Ben est un des cas les plus complexes. Des titres mais sans forcément avoir été le meilleur de sa team dans les grands rendez-vous, parmi les meilleurs à son poste depuis 10ans mais jamais le meilleur… Et en même temps un niveau constant quelque soit les coordinateurs offensifs, receveurs, équipes qu’on lui donne. Je ne le verrai pas dans mon HoF mais, avec le temps, la NFL pourrait le vouloir dans le sien. Vote blanc pour moi. » (Raphael Masmejean) 

Verdict : Candidature acceptée

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