[Tribunal du Hall of Fame] Frank Gore : l’insubmersible

Durabilité contre domination. Tout le paradoxe Frank Gore.

L’entrée ou non d’un joueur au Hall of Fame est souvent l’objet d’un débat passionné, et nombre de joueurs disposent d’autant de soutiens que de détracteurs. Après une première sélection interne à la rédaction, douze joueurs (non-éligible aujourd’hui) ont été retenus car ils ont recueilli des votes contradictoires et méritaient une analyse plus poussée. Ainsi pas de joueurs évidents comme Tom Brady ou Peyton Manning. Après ces douze volets, deux épisodes bonus vous seront proposés.

La durée d’une carrière en NFL est très incertaine, surtout pour un poste aussi exposé que celui de coureur. Pourtant, depuis plus de 15 ans, Frank Gore arpente les terrains de NFL avec succès, symbolisant une durabilité rare et remarquable dans la ligue. Connu mais rarement reconnu, il dispose d’une carrière exceptionnelle. Suffisant pour avoir une veste dorée ?

Les arguments favorables

Parmi les 16 coureurs les plus prolifiques de l’histoire, 14 sont éligibles actuellement au Hall of Fame (les deux exceptions étant Gore et Adrian Peterson). L’intégralité de ces 14 joueurs est au Hall of Fame, d’Emmitt Smith à Thurman Thomas. Frank Gore est devenu en 2019 le troisième coureur dans cette liste, avec 15 347 yards à ce stade de sa carrière. S’il est peu probable qu’il aille plus haut, sa place sur le podium lui donne une énorme légitimité dans sa candidature au Hall of Fame.

Atteindre la NFL est un exploit pour les jeunes athlètes de NCAA, y durer est encore plus dur. En 2020 Gore va disputer sa 16e saison en NFL, record égalé pour un coureur. Il pourrait même dépasser ce total si son corps et sa volonté restent intacts. Le seul coureur Hall of Famer ayant réussi autant de saisons est Marcus Allen. En 15 saisons, Gore n’a loupé que 14 matches (dont des semaines 17 sans enjeu), et cette durabilité mérite d’être récompensée autant que la performance statistique.

Si Frank Gore n’a eu l’occasion de disputer que trois campagnes de playoffs, il a marqué la saison 2012 dans une campagne qui a vu les 49ers accéder au Super Bowl. En trois matches, il va réussir 367 yards et 4 touchdowns, dont plus de 100 yards au Super Bowl. Le titre lui échappera pourtant, mais il est loin d’être le fautif. Alors qu’il a eu peu l’occasion de se montrer dans des équipes souvent faibles, Gore a montré qu’il savait être aussi performant en saison régulière qu’en playoffs.

Les arguments défavorables

Toujours présent, mais rarement dominant. C’est le résumé d’une carrière qui brille plus par la régularité que par l’éclat. Troisième coureur le plus prolifique en 2006 avec 1 695 yards (ce qui l’aurait mis premier en 2019), il ne compte que cinq autres saisons dans le top 10 : 2011 (6e), 2012 (10e), 2013 (9e), 2014 (9e) et 2015 (9e). Difficile de voir en lui un top 5 à la position durant sa carrière. Quand on sait l’importance de la domination dans une candidature au Hall of Fame, ce manque de performance fait tâche.

Logiquement, cette absence de domination s’illustre aussi sur les récompenses individuelles : 5 Pro Bowls, une seule sélection dans la deuxième équipe All Pro. C’est un total très faible, et la carrière atypique de Gore ne permettra pas forcément de gommer cette terrible faiblesse. Aucun coureur sans sélection en équipe première All Pro n’a jamais atteint le Hall of Fame, Gore devra avoir les hanches solides pour être le premier.

Frank Gore a rarement été bien accompagné, et par conséquent il n’a eu l’occasion de gagner le titre que deux saisons. Résultat un Super Bowl perdu et une défaite en finale de conférence. Nul doute qu’une bague aurait était d’une grande aide, mais l’absence de titre vient s’additionner au manque de sélection All Pro et met le doute sur une possible nomination.

Les votes

Pour (11 votants) : Sébastien Polomeni, Nelson Caignard, Camille Saraben, Raoul Villeroy, Raphaël Masmejean, Mehdi Jullien, Alexandre Foy, Elioth Salmon, Jean-Michel Bougeard, Grégory Richard et Victor Roullier

« A sa sortie de l’université tout le monde le voyait déjà rincé, vu qu’il s’était fait les deux genoux à la fac. Pendant 10 ans, chaque saison on a cru que c’était la fin, qu’il était cuit. Et au final il aura tenu 15 ans à un des postes les plus exigeants sur le plan physique, tout en apportant à chaque fois à ses franchises, en n’étant jamais mauvais et en étant un exemple dans le vestiaire. Bien sûr, la comparaison avec Barry Sanders, Adrian Peterson, ou Jim Brown n’est pas à son avantage et sa carrière n’est pas vraiment aussi éblouissante que celle de ses camarades du classement des RBs. Pourtant à la question « Peut on écrire l’histoire de la NFL sans Frank Gore ? », je pense qu’au final la réponse est non. » (Matthieu Pasquier)

« Un monstre qui aura porté à bout de bras beaucoup trop d’organisations défectueuses. En 2012 on nous bourre le mou avec Kaep mais le patron offensif c’est lui. » (Grégory Richard)

« 15 ans de carrière, 3e aux yards, même vieux il joue un vrai rôle dans ses équipes, chose rare pour un RB. » (Elioth Salmon)

« 3e au yards courus dans l histoire, 15 ans de longévité au poste le plus épuisant ça ne peut pas être occulté. Il lui manque peut être quelques saisons comme meilleur coureur mais le type a dû subir la comparaison plusieurs années avec deux talents générationnels (Tomlinson et Peterson), ça n’aide pas… et puis qu a-t-il de moins q’un edgerin James ou Curtis Martin ?. » (Raphaël Masmejean)

Contre (1 votant) : Brice Duhamel

Il n’a que sa longévité pour lui. En 15 ans de carrière, 5 nominations au Pro Bowl, jamais dans la first team All Pro, une seule saison à plus de 1500 yards. Il est le Philip Rivers des running backs : des statistiques en carrière remarquables, mais jamais décisif sur une saison. » (Brice Duhamel)

Verdict : Demande validée

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