Histoire : les Oakland Raiders

 La saison 2011/2012 s’est finalement achevée sur le sacre des New-York Giants et notre petit tour d’horizon de l’histoire des franchises NFL continue. Au programme, les Raiders d’Oakland. L’histoire des...

 La saison 2011/2012 s’est finalement achevée sur le sacre des New-York Giants et notre petit tour d’horizon de l’histoire des franchises NFL continue. Au programme, les Raiders d’Oakland.

L’histoire des Raiders, c’est presque l’histoire d’Al Davis. De succès en échecs. De choix audacieux à complètement fous. L’histoire du club est à l’image de celle de son propriétaire décédé il y à quelques mois : pleine de rebondissements et de polémiques.

Les Raiders naissent le 30 janvier 1960, pour remplacer en AFL les Minnesota Vikings partis rejoindre la NFL – National Football League – en tant qu’expansion team dès 1961. Malgré un dossier exécrable (absence d’un stade et d’un groupe d’investisseurs), la ville d’Oakland est sélectionnée pour satisfaire les demandes de Barron Hilton, propriétaire des Los Angeles Chargers, à la recherche d’un adversaire établi sur la côte Ouest. Bien que le nom de baptême de l’équipe soit les « Señors », le nom Raiders est adopté à peine une semaine plus tard, histoire de mettre un terme aux moqueries incessantes de la population locale. Ouf!

Al Davis n'a que 33 ans lorsqu'il devient le coach et manager général des Raiders.

Al Davis en approche
Ne disposant d’aucun stade et s’ayant vu refusé le droit de jouer dans l’enceinte du Memorial Stadium de l’université de Californie, les Raiders s’installent à San Francisco. Au Kezar Stadium dans un premier temps, puis au Candlestick Park pour clôturer leur saison en 1960. Trois ans plus tard, Al Davis pose ses valises en Californie en tant qu’entraîneur-chef et manager général des Raiders.

Après avoir modifié les couleurs de l’équipe, passant d’un trio blanc-noir-or à une combinaison d’argent et noir, puis dépoussiéré les cahiers de jeux offensifs de l’équipe en s’appuyant sur la West Coast Offense développée par Sid Gillman, Al Davis est nommé « entraîneur de l’année » pour avoir mené les Raiders à un bilan de 10 victoires pour 4 défaites en 1963, au lendemain d’une saison à 13 défaites. En avril 1966, il quitte la franchise et devient le patron de l’AFL, jouant un rôle majeur dans sa fusion avec la NFL. Deux mois plus tard, il fête son retour aux Raiders en tant qu’actionnaire minoritaire. Dans le même temps, l’équipe se qualifie au Super Bowl II mais enregistre une défaite 33 à 14 face Green Bay Packers de Vince Lombardi.

L’ère John Madden
En 1969, les Raiders sautent le pas et nomment John Madden au poste d’entraîneur-chef, un nom aujourd’hui bien connu des amateurs de jeux vidéo. Mais avant d’être l’idole des gamers d’aujourd’hui, Madden mène les Raiders en finale de conférence AFC à 6 reprises en 7 ans (pour 5 défaites) et une fiche en carrière de 112 victoires pour 39 défaites et 7 nuls qui le classe au deuxième rang statistique des meilleurs entraîneurs (pourcentage de victoires). Un rang qu’il doit aussi à une multitude de Hall of Famers, parmi lesquels le quarterback George Blanda, le cornerback Willie Brown, le centre Jim Otto, le lineman offensif Art Shell et le receveur Fred Biletnikoff. Autant de joueurs qui auront à vivre avec la controverse-reine de l’histoire du football lorsque le 23 décembre 1972, à 22 secondes de la fin du temps réglementaire, le fullback Franco Harris des Steelers porte le cuir dans la end zone pour renverser le score (13-7) et qualifie Pittsburgh en finale de conférence AFC.

C’est en raison de la manière dont ce même Harris s’est emparé du ballon que « l’Immaculate Reception« , comme l’a appelé Myron Cope, est controversé. Le coureur John Fuqua était la cible d’origine de Terry Bradshaw, Harris ne doit sa réception difficile qu’à l’intervention du safety Jack Tatum qui a modifié la physionomie de l’action lors de son contact avec Fuqua. Le souci étant que, même à ce jour, la trajectoire exacte du ballon est inconnue. Un détail clé puisque, le règlement NFL de l’époque stipule qu’en l’absence de tout contact entre la balle et le défenseur, Fuqua était le seul joueur offensif éligible.

C'est avec John Madden au poste de coach que les Raiders décrochent leur premier titre en 1977.

Retour en 1976/1977. Les Raiders fêtent  la nomination d’Al Davis à la direction de la franchise en décrochant leur premier sacre au nez et à la barbe des Vikings, qui s’inclinent 32 à 14. Fred Biletnikoff devient le seul et unique receveur de l’histoire à obtenir le titre de MVP en ayant amassé moins de 100 yards à la réception. Les saisons suivantes voient faiblir l’ambition des Raiders qui échouent une dernière fois en AFC Championship Game avant d’assister au départ de John Madden, victimes de complications de santé qui mettent un terme à sa carrière d’entraîneur pour le voir devenir commentateur sportif.

Commitment to Excellence
Sous l’égide de son remplaçant, Tom Flores, les Raiders obtiennent un nouveau titre en 1981, en indisposant les Eagles par 27 à 10, devenant ainsi la première équipe qualifiée en Wild-Card à remporter le trophée Vince Lombardi. Malgré ses 3 interceptions, Rod Martin n’obtient pas le titre de MVP, qui revient à Jim Plunkett et ses 13 passes complétées sur 21 pour 269 Yards et 3 touchdowns.

Incapable d’obtenir la moindre modernisation de la part de la municipalité d’Oakland, Al Davis déplace son équipe à Los Angeles contre la volonté des autres propriétaires NFL, mais avec le soutien de la justice. Un contretemps qui ne joue pas en la défaveur des Raiders qui remportent le Super Bowl XVIII 38 à 09 au détriment des Redskins en 1984. Ce « Black Sunday » comme le surnomment aujourd’hui les journalistes couronne le coureur Marcus Allen du titre de MVP en récompense de son incroyable performance : 191 Yards au sol et 2 touchdowns en 20 portés pour une moyenne hallucinante de 9,6 yards par course. Ironiquement, John Madden assistera à la victoire des siens depuis la cabine des commentateurs.

Le retour à Oakland et la « Tuck Rule »
La NFL est une ligue à fonctionnement cyclique et les Raiders en feront les frais à partir de 1986, passant le flambeau à d’autres équipes. Dans le même temps, Al Davis s’obstine à chercher un stade moderne disposant d’une capacité supérieure et éloigné du voisinage délicat de Los Angeles qui poussait alors la NFL à ne jamais programmer un Monday Night Football qui s’y jouait. Ce stade, c’est Oakland qui le lui fournira à partir de 1995, date du retour de la franchise dans la baie de San Francisco. Sous la direction de Jon Gruden, les Raiders renouent avec les playoffs au début des années 2000, se qualifiant tour-à-tour en finale AFC (‘00) puis en AFC Divisional Game (’01), mais également avec la controverse…

Charles Woodson arrache le ballon des mains de Tom Brady. Mais ce n'est pas un fumble. La Tuck Rule donne encore des cauchemars aux Raiders.

Face aux Patriots, avec moins de 2 minutes à jouer et avec une avance de 3 points sur leurs adversaires du jour, les Raiders pensent avoir scellé leur victoire en recouvrant un Fumble de Tom Brady provoqué par Charles Woodson. A la surprise générale, les arbitres concluent à une passe incomplète, décision qui résulte d’une règle implantée trois ans plus tôt, la « Tuck Rule », permet aux Patriots d’égaliser de garder le ballon puis remporter la rencontre 16 à 13 en prolongation. Cet épisode de la Tuck Rule reste un des moments forts de l’histoire récente de la ligue. Selon la ligue, Brady a fait semblant de lancer le ballon et l’a ramené vers son corps. Et selon le règlement, un fumble ne peut pas être sifflé après que le quarterback ait effectué ce geste. La polémique continue pourtant encore…

La saison suivante, les Raiders transfèrent le coach Jon Gruden à Tampa Bay en échange de 2 choix de premier et second tour. Ils nomment Bill Callahan à la tête de l’équipe. Avec une fiche de 5 défaites pour le double de victoires et la meilleure attaque de la ligue, la franchise d’Oakland se présente au Super Bowl avec le statut de favori, prête à en découdre avec… Jon Gruden et les Buccaneers. Un sérieux désavantage pour les Raiders qui s’inclinent 48 à 21 pour ce qui est encore à ce jour, leur dernière apparition en playoffs.

La descente aux enfers
Entre de (très) mauvais choix de Draft – à l’image de la sélection de Jamarcus Russell avec le premier choix global en 2007 – et un manque évident de stabilité au poste d’entraîneur chef (5 en 8 ans), les Raiders enchaînent les bilans négatifs jusqu’en 2010 et 2011, années du retour à un bilan neutre. Une lueur d’espoir balayée le 8 octobre dernier par la mort d’Al Davis, l’âme véritable des Raiders depuis 1963. Certains s’en souviendront comme de l’excentrique ayant sélectionné le kicker Sebastian Janikowski avec le 17ème choix global de la Draft 2000. D’autres, comme d’un vieux fou ayant tendance à s’approprier les joueurs les plus rapides disponibles. Chacun se souviendra d’une de ses nombreuses originalités, mais également son dévouement à la NFL.

Orphelins d’Al Davis, les Raiders se tournent manquent les playoffs, licencient Hue Jackson et embauchent Reggie McKenzie, ex-directeur des opérations football des Green Bay Packers, au poste de manager général. Dennis Allen est nommé au poste d’entraîneur-chef. Les Raiders n’ont que des choix du cinquième et du sixième tour lors de la prochaine Draft, notamment à cause de l’énorme prix payé pour la venue de Carson Palmer en cours de saison dernière. La poursuite de la reconstruction s’annonce compliquée. Le slogan de la franchise a beau être « Just win, baby », les supporters vont probablement devoir encore patienter un peu.

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