[Histoire] Cincinnati Bengals, une Kryptonite nommée playoffs

Cinq victoires en 19 matchs, les Bengals se transforment en chatons une fois que janvier arrive.

Pour vous faire patienter jusq­u’à la prochaine saison, TDActu vous propose de (re)découvrir l’histoire de chaque franchise sous toutes les coutures. Du logo aux couleurs, en passant par les maillots et l’origine du surnom, tout a été décortiqué.

Cap sur les rives du fleuve Ohio pour nous plonger dans les aventures des Cincinnati Bengals.

Quelques chiffres

53 saisons entre 1968 et 2020.
AFL, division Ouest (1968-1969) – NFL, conférence Américaine, division Central (1970-2001) – NFL, conférence Américaine, division Nord (depuis 2002).
Record : 359 victoires – 441 défaites – 4 nuls.
Playoffs :  14 apparitions, 5 victoires – 14 défaites.
Super Bowl : 0 victoire en 2 participations (1982, 1989).
Titres de division : 9 (1970, 1973, 1981, 1988, 1990, 2005, 2009, 2013, 2015).
Leader à la passe : Ken Anderson (192 matchs, 2654/4475, 32 838 yards, 197 touchdowns, 160 interceptions).
Leader à la course : Corey Dillon (107 matchs, 1865 courses, 8061 yards, 45 touchdowns).
Leader à la réception : Chad Johnson (151 matchs, 751 réceptions, 10 783 yards, 66 touchdowns).

Un peu d’histoire

Les Bengals que nous connaissons actuellement ont démarré leurs activités professionnelles en 1968, mais ils n’ont pas été la première équipe de football de la ville. Les Celts ont été les pionniers du mouvement dans la cité de l’Ohio. Entre 1910 et 1919, ils ont démarré dans l’Ohio League en tant qu’équipe semi-professionnelle composée principalement de joueurs de l’université de Miami-Ohio. Une année en indépendant, avant d’évoluer au niveau professionnel en American Professional Football Association (APFA, 1921). Incapables de rivaliser avec les autres concurrents (1 victoire, 3 défaites. 14 points marqués et 117 concédés), ils se sont retirés dès l’année suivante pour redevenir indépendants, avant de finalement disparaitre en 1923 en raison de difficultés économiques. 10 ans plus tard, le football est revenu en ville. Baptisée Reds, cette formation a évolué en National Football League pendant un peu plus d’un an. Ils ont été suspendus au cours de la saison 1934 pour non-paiement des cotisations de la ligue, puis remplacés par les Gunners de Saint Louis pour les trois derniers matchs. Ils détiennent la distinction douteuse d’avoir les plus faibles totaux de points marqués officiellement reconnus dans l’histoire de la NFL (38 points inscrits en 10 matchs en 1933, 10 en 8 matchs l’année suivante). En 1937, les premiers Bengals ont vu le jour grâce à Hal Pennington. Ils n’étaient pas liés à l’organisation actuelle et ont évolué tour à tour dans l’American Football league II (1937), en indépendant (1938), dans l’APFA (1939) puis en AFL III (1940 et 1941), avant de disparaitre suite à l’entrée en guerre des États-Unis dans la Seconde Guerre Mondiale.

Le football professionnel a fait son retour 26 ans après. Le 24 mai 1967, Cincinnati a obtenu une équipe dans la dernière mouture de l’AFL créée par Lamar Hunt. La franchise étant attribuée à un groupe local dirigé par Paul Brown. Mais la planification a commencé trois années avant que l’elle ne commence à jouer en 1968. Fondateur et entraineur à succès des Browns pendant 17 ans (75,9 % de victoires, 7 titres au total), Brown n’était qu’un propriétaire minoritaire à Cleveland et n’avait pas les ressources nécessaires pour racheter les parts restantes. En 1961, Art Modell a pris le contrôle de l’équipe et a licencié de façon controversée son entraineur le 9 janvier 1963 suite à plusieurs différents. Désireux de reprendre du service après trois ans d’inactivité, il a rencontré le gouverneur de l’époque, Jim Rhodes, qui l’a convaincu que l’état pouvait accueillir une deuxième équipe de football professionnel. Ils ont considéré Cincinnati comme un choix logique au vu de son positionnement géographique. En 1966, les choses se sont accélérées avec la fusion des deux ligues existantes. Composée de 9 équipes, l’AFL a été autorisée à ajouter une franchise supplémentaire car son homologue, avec bientôt 16 pensionnaires au sein de ses rangs, voulait un nombre pair de formations dans la nouvelle ligue. Les deux parties étaient satisfaites. La National Football League préférait voir une nouvelle franchise chez son rival car cela signifiait une dilution des talents, tous les autres membres de l’organisation devant fournir des joueurs à la nouvelle équipe lors de la draft d’expansion. Pour l’American Football League, l’argent rapporté était le principal motif d’acceptation. Ils ont ainsi pu facturer les droits d’entrée à 10 millions de dollars, 400 fois plus que 25 000$ déboursés par les huit propriétaires initiaux en 1960. La somme récoltée a fourni à l’AFL les fonds nécessaires pour payer les indemnités de fusion, comme le stipulait l’accord.

Avant l’annonce du rapprochement, Brown ne souhaitait pas rejoindre l’American Football League, la considérant ouvertement comme une concurrence inférieure (« Je ne vais pas payer dix millions de dollars pour être dans l’AFL »). Cependant, avec le regroupement acté, il a réalisé que cette franchise d’expansion serait probablement sa seule voie réaliste pour revenir en NFL à court ou moyen terme. La ligue s’étant déjà étendue avec Miami en 1965, elle se laissait le choix entre Atlanta, Seattle, Memphis et Cincinnati pour son dernier strapontin. Il a sauté sur l’occasion en acceptant la proposition, et a décidé de nommer son équipe « Bengals » en référence aux derniers représentants professionnels de la ville. La problématique du stade est alors apparue. Le Nippert Stadium était trop petit selon les standards imposés, et la franchise des Reds en baseball avait besoin d’une installation pour remplacer le Crosley Field, vétuste et obsolète, qu’ils utilisaient depuis 1912. Avec l’aide du gouverneur de l’Ohio, le comté de Hamilton et le conseil municipal de Cincinnati ont décidé de construire un nouveau bâtiment polyvalent sur une partie abandonnée en bordure de rivière. Baptisé Riverfront Stadium, il devait être prêt pour l’ouverture de la saison 1970.

Paul Brown (Photo : Cincy Jungle).

Une fois toute ces considérations actées, les Bengals ont fait leurs débuts en 1968 au Nippert Stadium. La résidence des Bearcats de l’université de Cincinnati a servi de domicile provisoire en attendant la fin du chantier du nouveau stade. Paul Brown lui-même a dirigé l’effectif pendant les huit premières années, avant de prendre sa retraite sportive en 1975 pour endosser le rôle de président. Pour les débuts, il a fait appel à Bill Johnson, Rick Forzano et Bill Walsh pour le seconder dans sa tâche ; son fils Mike a lui rejoint le front office pour devenir le bras droit de son père. Bob Johnson, un centre de l‘université de Tennessee, a été le premier joueur drafté par la franchise. Brown avait le don pour repérer des futurs talents dans des endroits inhabituels. L’une de ses stratégies consistait à sélectionner des joueurs dotés d’une intelligence supérieure à la moyenne qui ont eu des carrières fructueuses sur et en dehors des terrains. À l’image de Pat McInally (WR/P) tout droit sorti de Harvard, ou bien encore Reggie Williams (LB) de Dartmouth qui siégeait au conseil municipal de Cincinnati pendant qu’il faisait partie de l’effectif. Sur le terrain, les débuts étaient encourageants. Après une défaite lors du premier match à San Diego face aux Chargers (29-13) le 6 septembre, l’équipe a enchainé deux succès sur ses terres face aux Broncos (24-10) et aux Bills (34-13). Ils sont ensuite redescendus sur terre en ne remportant qu’un seul des 11 derniers matchs pour clôturer l’exercice avec 3 victoires et 11 défaites au compteur. L’un des points forts de l’équipe a été Paul Robinson (RB), qui a remporté le titre de rookie de l’année en AFL avec 1 023 yards et 9 touchdowns. La saison suivante ne s’est pas beaucoup mieux passée avec une fiche de 4 victoires, 9 défaites, 1 nul avant le passage dans la nouvelle NFL. Suffisant pour que Brown soit élu entraineur de l’année et le quarterback Greg Cook, rookie de l’année en AFL avec ses 1854 yards gagnés dans les airs et 15 touchdowns lancés.

Après la fusion, les Bengals ont déménagé au Riverfront Stadium et ont été placés dans la division Central de la conférence AFC en compagnie des Oilers de Houston, des Browns et Steelers. Ces deux derniers ont fait partie des trois équipes qui ont accepté de changer de conférence (avec les Colts de Baltimore à l’époque) afin d’offrir le même nombre d’équipes de chaque côté. La demande a été formulée par Art Modell, le but étant de faire naitre une rivalité au sein de l’état contre les Bengals. L’antagonisme est né instantanément, alimenté au départ par l’opposition entre Modell et Brown. Il a aussi invité Art Rooney, propriétaire des Steelers, à le rejoindre pour poursuivre leurs duels historiques.

Cincinnati a connu une décennie de hauts et de bas dans les années 1970. Ils ont atteint les playoffs trois fois, sans pour autant remporter une seule de ces rencontres éliminatoires. En 1970, une blessure a mis à la carrière de Cook avant le début de la saison, forçant l’équipe à miser sur Virgil Carter, un remplaçant qui pouvait effectuer des passes courtes précises mais ne pouvait pas envoyer la balle comme le faisait son prédécesseur. Paul Brown et son assistant Bill Walsh ont mis au point un système offensif basé sur les limites de Carter, les prémices de la West Coast offense utilisée plus tard à San Francisco. Une saison où ont eu lieu les premiers affrontements face à Cleveland. Le premier s’est mal passé (défaite 30-27 où Brown a refusé de serrer la main de l’entraineur adverse après la rencontre), mais il a pu prendre sa revanche lors de la seconde opposition. Une victoire 14 à 10 qu’il a qualifié lui-même de « plus grande victoire de sa carrière ». Ils ont ensuite gagné la division (8v-6d) et sont devenus la première équipe d’expansion à remporter un titre de quelque nature que ce soit en seulement 3 ans. Le parcours s’est arrêté en Divisional Round contre les Colts (défaite 17-0). L’année suivante, ils ont sélectionné Ken Anderson au troisième tour de la draft, un quarterback du peu connu Augustana College. Une saison pour apprendre les rouages du métier avant de se voir confier les rênes de l’attaque en 1972. Un poste qu’il a conservé pendant plus de 10 ans, lui permettant d’établir de nombreux records de franchise à la passe. L’équipe a remporté une seconde fois la division en 1973, mais a été éliminée par les Dolphins d’entrée de jeu (défaite 34-16). Deux ans plus tard, ils ont enregistré le plus haut pourcentage de victoires (78,6 %) de l’histoire de la franchise avec ses 11 victoires en 14 matchs. Insuffisant pour devancer les Steelers (12-2) qui allaient remporter le Super Bowl quelques semaines plus tard. Comme les fois précédentes, le parcours s’est achevé dès le Divisional Round contre les Raiders (défaite 31 à 28). À 67 ans, et après 45 ans de coaching, Paul Brown est parti à la retraite à l’issue de la saison et les Bengals ont manqué les playoffs pendant les 5 saisons suivantes.

Dans son rôle de dirigeant, Brown a pris l’une de ses meilleures décisions en sélectionnant le tackle offensif Anthony Muñoz en 1980, pilier de la ligne des Bengals pendant 13 ans et considéré comme l’un des meilleurs joueurs de ligne offensive du football avec ses 11 Pro Bowls consécutifs (1982 à 1992). Un choix rapidement payant. Dirigé par Forrest Gregg, Cincinnati a démarré la saison 1981 sous leurs nouveaux uniformes à rayures tigrées. Un bon début (3 victoires en 4 matchs) et une bonne série de 5 victoires consécutives en milieu d’exercice leurs ont permis de décrocher la division et la place de numéro 1 en AFC (12v-4d). Grâce à ses 3754 yards et 29 passes de touchdowns, Ken Anderson a remporté le titre de MVP et de joueur offensif de la saison. La plupart de ses ballons atterrissant dans les mains du receveur Chris Collinsworth, impressionnant pour sa première saison (67 réceptions, 1009 yards, 8 touchdowns). Ils se sont ensuite débarrassés des Bills (28-21, avec le touchdown à la réception de Collinsworth en toute fin de rencontre) pour le premier match de playoffs au Riverfront Stadium. Avant de geler San Diego 27-7 en finale de conférence dans des températures polaires pour se hisser à son premier Super Bowl. Au Pontiac Silverdome, l’affiche de cette 16ème édition voyait s’affronter deux équipes qui étaient dans les bas-fonds du classement la saison précédente avec San Francisco comme représentant NFC. Les Bengals n’ont eu aucun problème pour faire avancer le cuir (356 yards contre 275), mais trois pertes de balle en zone rouge ont aidé les 49ers à prendre le large à la mi-temps (20-0). Après la pause, ils se sont ressaisis pour recoller progressivement au score sous l’impulsion d’Anderson, mais la défense héroïque des californiens, notamment sur un goal line stand, a tenu le coup. Le touchdown à 16 secondes de la fin de Dan Ross (TE) n’a rien changé. Cincinnati n’a pas récupéré la possession sur l’engagement et les coéquipiers de Joe Montana se sont imposés 26-21. Ils sont retournés en playoffs en 1982 malgré une saison écourtée à cause de la grève. Le bon bilan de 7 victoires – 2 défaites était suffisant pour décrocher la troisième place en AFC, synonyme d’avantage du terrain contre les Jets au premier tour. Invaincus sur leurs terres cette année-là (4-0), ils n’ont pu stopper Freeman McNeil avec ses 211 yards en 22 courses, et New York s’est imposé tranquillement 44-17.

Ken Anderson lors du Super Bowl XVI (Photo : Cincinnati.com).

En 1984, avec Sam Wyche comme nouvel entraineur en chef, la franchise a commencé à se tourner vers le futur en sélectionnant le quarterback Boomer Esiason de l’université du Maryland. Après un départ calamiteux (5 défaites en 5 matchs) et plus aucune chance de décrocher un strapontin pour les phases éliminatoires, il s’est vu donner une chance de devenir le futur titulaire en récupérant les rênes en fin de saison. Quatre victoires en 4 matchs et Cincinnati a terminé à l’équilibre, suffisant pour décrocher le poste à plein temps dès la saison suivante. Ses 3443 yards et 27 passes de touchdowns, ainsi que l’apport du rookie offenssif de l’année Eddie Brown (942 yards, 8 touchdowns) n’ont pas suffi à se hisser en playoffs (7v-9d). Tout comme les deux saisons suivantes. À l’issue de la piètre saison 1987 (4-11), Wyche s’est vu poser un ultimatum : les playoffs ou la porte. Message reçu 5 sur 5. Il a mis au point avec son coordinateur offensif de l’époque, Bruce Coslet, un système offensif rythmé, la no-huddle offense, sur l’ensemble d’une rencontre. Une tactique qui n’était jusque-là utilisée que lorsqu’une équipe était menée au score avec peu de temps restant au chronomètre. Le but était simple, fatiguer l’adversaire en accélérant le tempo, empêchant ainsi l’adversaire d’effectuer des changements. Emmené par un Esiason en mode MVP (3572 yards, 28 touchdowns), Cincinnati a surfé sur son excellent début de saison (6 victoires en 6 matchs) pour décrocher la division et la place de numéro 1 en AFC (12-4). Le running back rookie Ickey Woods a largement contribué au succès avec 1066 yards et 15 touchdowns, tous célébrés par la danse « The Ickey Shuffle », alors qu’un nouveau chant rugissait des gradins du Riverfront Stadium « Who Dey, think is gonna beat Dem Bengals. » Lors du Divisional Round, la ligne offensive menée par Anthony Muñoz a détruit les Seahawks tout au long de la rencontre. Le jeu de courses des Bengals était si dominateur qu’Esiason n’a eu besoin de lancer que 7 passes (toutes complétées) pour se qualifier en finale de conférence (21-13). Une rencontre âpre et disputée face aux Bills dont ils sont sortis vainqueurs 21 à 10 pour se hisser à nouveau au Super Bowl. Encore contre San Francisco. À Miami, ils ont subi une énorme perte au début du match lorsque le tackle Tim Krumrie s’est cassé la jambe dans le 1er quart-temps. Le match est resté serré jusqu’à la mi-temps (3-3) avant que Cincinnati ne prenne les devants à la fin du troisième quart-temps sur un retour de coup de pied de Stanford Jennings. 13-6, puis 16-13 à 3 minutes 20 de la fin du match grâce au field goal de Jim Breech. Sur un drive méthodique de 90 yards, Joe Montana a mangé le temps restant et dévoré le terrain. À 34 secondes de la fin, il a finalement trouvé John Taylor dans la zone d’en-but pour briser le cœur des Bengals (20-16). L’un des moments les plus dramatiques de l’histoire du Super Bowl.

Ickey Woods (Soonerfans.com).

À la suite d’un nouveau titre AFC Central deux ans plus tard, et d’une élimination face aux Raiders en Divisional Round, la formation a rapidement connu des moments difficiles. En fait, la victoire 41-14 face aux Oilers en wild card est encore à ce jour son dernier succès en playoffs. Peu avant le début de la saison 1991, elle perd son fondateur à l’âge de 82 ans, laissant son fils Mike prendre le contrôle. Une lourde perte, ainsi que celle de Sam Wyche licencié après un horrible bilan de 3-13. Tout au long des années 90, ils ont été considérés comme l’une des pires franchises des quatre grandes ligues sportives professionnelles nord-américaines, avec 14 campagnes négatives consécutives. Ils ont perdu plus de matchs que toute autre équipe de la ligue au cours de cette décennie, enchainé les entraineurs sans succès (David Shula, Bruce Coslet, Dick LeBeau) et ont souffert d’une série de mauvaises décisions lors des drafts. Avant de devenir entraineur en chef, LeBeau était le coordinateur défensif de l’équipe qui a mis au point le zone blitz, un schéma capable de lutter contre les attaques de type West Coast. Leurs seuls faits d’armes ont été les sélections de Carl Pickens (WR) en 1992, élu rookie offensif de l’année, et du running back Pro Bowler Corey Dillon, même si sa présence n’a pu empêcher les Bengals de perdre au moins 10 matchs par saison entre 1997 et 2002. Hors terrain, le seul moment important a été le déménagement au Paul Brown Stadium, surnommé « The Jungle », un stade exclusivement dédié à la pratique du football.

Ils ont toutefois commencé à sortir de cette période sombre pour entrer dans une nouvelle ère de constance positive en posant les premières pierres de la reconstruction. Au sortir d’une saison 2002 catastrophique (2-14), Marvin Lewis a été nommé comme entraineur en chef. Sélectionné en 2003, Carson Palmer n’a pas joué durant sa saison rookie, barré par la belle saison du comeback player of the year Jon Kitna (3591 yards, 26 touchdowns), avant d’être propulsé titulaire en 2004. Il allait former un trio redoutable dans les airs avec Chad Johnson et TJ Houshmandzadeh qui arrivaient à maturité, complété par les performances de Rudi Johnson au sol. Sous la direction de Palmer, Cincinnati a fait son retour en playoffs lors de la saison 2005, qui était également la première saison avec un pourcentage de victoire supérieur à 50% depuis 1990. Un titre de division remporté (AFC Nord), mais une défaite dès les wild cards face aux rivaux Steelers (31-17). La première des sept éliminations consécutives à ce stade de la compétions durant les 16 ans de règne de Marvin Lewis. Une série toujours en cours.

Entre 2006 et 2010, la franchise a connu un léger passage à vide et n’est parvenue à franchir la barre des 50% de victoires qu’une seule fois en 2009. Une saison marquée par sa présence dans l’émission de HBO « Hard Knocks » durant le camp d’intersaison, une expérience qui sera renouvelé en 2013. Une campagne aboutie, avec plusieurs matchs à rebondissements qui leur ont valu le surnom de « Cardiac Cats », et débouchant sur un titre de division. Mais qui s’est achevée prématurément face aux Jets en wild card (24-17). Le passage de 4 à 10 victoires entre 2008 et 2009 a permis à Marvin Lewis de décrocher le titre d’entraineur de l’année. Suite à ce titre, Cincinnati voulait franchir un palier en signant Terrell Owens (WR) pour étoffer son attaque. Le duo Owens – Ochocinco, nouveau nom de Chad Johnson, avait de quoi faire saliver sur le papier. Il a surtout causé des maux de têtes à l’encadrement, les deux protagonistes voulant à tout prix le ballon. L’ambiance n’était pas au beau fixe, les défaites s’enchainaient (12 au total) et les leaders de l’équipe ont tous sous-performés. Premier pointé du doigt, Carson Palmer et ses 20 interceptions lancées. Frustré de la situation, il a menacé de prendre sa retraite s’il n’était pas échangé. Le coup de balai a eu lieu pendant l’intersaison. Les deux receveurs fantasques ont été priés d’aller voir ailleurs. Ils ont été remplacés par AJ Green de l’université de Georgia, sélectionné avec le quatrième choix général lors de la draft. En conflit avec Palmer, le front office a également pris un quarterback au deuxième tour, Andy Dalton, en provenance de TCU. Lorsque la saison a commencé le rookie a été lancé dans le grand bain. Les débuts ont été prometteurs et suite à quelques succès, ils étaient convaincus dans le potentiel du jeune homme. En cours de saison, Carson Palmer a été échangé aux Raiders contre un choix du premier tour 2012 et un choix conditionnel du second en 2013. Par chance et malgré un bilan à peine positif (9-7), les Bengals ont réussi à se qualifier en playoffs lors de l’ultime semaine de saison régulière malgré leur défaite face aux Ravens, propulsés en wild card grâce aux revers cumulés des Raiders, Jets et Broncos. Les deux rookies ont connu de solides premières saisons. 3398 yards et 20 touchdowns pour Andy Dalton, 1057 yards et 7 touchdowns pour A.J. Green, suffisant pour qu’ils décrochent une sélection au Pro Bowl. Comme à l’accoutumée, le chemin s’est arrêté au premier tour contre Houston. La première des cinq éliminations consécutives en 5 ans ; un cycle complété par des revers contre les Texans (2012), Chargers (2013), Colts (2014) et Steelers (2015). En coulisse, Mike Brown a acheté les actions appartenant à la succession du co-fondateur Austin Knowlton pour devenir le propriétaire majoritaire de l’équipe.

Malgré des saisons régulières avec au moins 10 victoires au compteur, deux nouveaux titres d’AFC Nord glanés (2013 et 2015), ils n’ont jamais réussi à franchir ce cap une seule fois et attendent toujours une victoire en playoffs depuis 1990. Les trois dernières saisons de l’ère Lewis ont été compliquées, marquées par de nombreuses blessures de joueurs clés. Cincinnati a replongé rapidement dans le ventre mou avec des bilans négatifs. Lassé de cette irrégularité, ou de cette constance dans la médiocrité, le front office l’a congédié à l’issue de la saison 2018. 16 années qui ont fait de lui l’entraineur le plus victorieux de l’histoire de la franchise (131 victoires en 256 matchs), mais incapable de gagner plus que des titres de division. Avez Zac Taylor aux manettes, la franchise a connu une année galère en 2019 et a dû attendre la réception des Jets début décembre pour enfin décrocher un premier succès. Suivi d’un second lors de la dernière journée contre Cleveland. Égalant leur pire bilan (2-14), ils ont obtenu le premier choix général lors de la draft 2020 de Las Vegas. Un choix qui s’est porté sur Joe Burrow, quarterback de LSU, récent champion et meilleur joueur universitaire du pays, pour tenter de redresser la barre, même s’il reste encore beaucoup d’interrogations et peu de réponses concrètes pour le moment.

Andy Dalton (14) et Marvin Lewis (Photo : USA Today).

Pourquoi les Bengals ?

Le propriétaire/manager général/entraineur en chef Paul Brown a surnommé la franchise d’expansion les « Bengals » en l’honneur de l’équipe de football homonyme qui a évolué en ville de 1937 à 1942. Il l’a préféré plutôt que la suggestion la plus populaire des fans, Buckeyes. Selon lui, celui-ci « fournirait un lien avec le football professionnel passé à Cincinnati ». À l’époque des premiers Bengals, le propriétaire Hal Pennington avait pris cette décision. Quelques journalistes avaient suggéré aux fans de choisir le nom de l’équipe, mais il n’a pas aimé les suggestions dont les Cincinnati Elephants. Il a opté pour ce choix un jour qu’il était dans la cuisine de sa mère à observer sa cuisinière du fabricant Floyd, Wells & Co. Celui-ci utilisait la référence Bengal.

« J’ai regardé la vieille cuisinière et il y a avait une image d’un grand tigre avec ses dents qui grinçaient, et tout en-dessous il était écrit ‘Bengal’ », a déclaré Pennington. « J’ai dit : ‘Bengal ? Qu’est-ce qu’un Bengal ?’ « 

Plus tard, ses joueurs ont porté sur la poitrine de leur uniforme un logo grimant le visage d’un tigre du Bengale rugissant. Cette même représentation était peinte sur le panneau d’affichage du Crosley Field, domicile de la franchise.

Identités visuelles

Depuis sa création, les Bengals a eu 6 logos principaux. Ils ont changé à plusieurs reprises, mais chaque version a conservé le thème du tigre. Verlander Design a conçu l’emblème actuel en utilisant les couleurs officielles : noir, orange et blanc. Des teintes choisies par Paul Brown lui-même. Peut-être comme une insulte à Art Modell, il a choisi la nuance exacte d’orange utilisée par son ancienne équipe de Cleveland, et simplement ajouté le noir comme couleur secondaire à la place du marron.

Le premier logo, utilisé simplement pour les deux premières saisons, représentait une caricature de tigre du Bengale, courant avec un ballon sous la patte droite. L’animal était dessiné en détail, et l’angle choisi laissait apparaitre des crocs pointus. Il courait si vite qu’il avait perdu son casque blanc où la tête d’un autre tigre y était peinte. Lorsque l’équipe a rejoint l’AFC Central en 1970, ils ont opté pour un casque en 2D orange, positionné de côté, avec le mot « Bengals » en lettres majuscules noires encerclées de blanc. Brown a utilisé la même teinte et représentation générale que celle de son ancienne équipe. En 1981, ils ont conservé le design du casque mais avec une grille de protection plus grande et des contours plus définis. La palette de couleurs a également été modifiée : l’orange est devenu nettement plus foncé. Des lignes ondulées, qui simulent les rayures d’un tigre, ont également été ajoutées. Six bandes noires de différentes longueurs et épaisseurs s’étendaient du haut vers le bas, se tortillant légèrement aux extrémités : les débuts du look « varicose pumpkin ». En 1990, il n’y a eu que de légères modifications sur le motif de casque orange conservé. Il présentait une grille de protection noir plus dans l’air du temps et un nouveau motif de rayures tigrées. Sept ans plus tard, changement complet. Ils ont utilisé à la fois le tigre du Bengale et leur nom sur leur logo. Le tigre sautait et atterrissait sur ses pattes avant. Le félin était plus agressif, comme l’indiquait ses griffes et son visage féroce. Il y avait un contour blanc autour du tigre, qui le séparait des autres éléments. En arrière-plan, le mot-symbole « Cincinnati Bengals » était positionné sur deux lignes, devant un fond noir. « Cincinnati » en minuscules blanches, « Bengals » avec une typo à empattement, en majuscules orange encerclées de blanc. Avec plus de simplicité, les designers de Verlander Design Studio ont créé la dernière version en 2004, encore utilisée à ce jour. Ils n’ont conservé qu’une lettre « B » orange majuscule couverte de trois bandes tigrées noires. Trois lignes aux extrémités pointues qui croisent la lettre par le haut. Un motif, rappelant le casque rayé, qui a été lancé le 22 avril, deux jours avant la draft.

La version alternative a fait son apparition en 1997. Semblable à celui des Bears, il a d’abord repris la mouture principale avec seulement l’animal représenté dans son entier, sans le mot-symbole en arrière-plan. Lors du dernier changement d’identité visuelle, ils n’ont conservé que la tête du tigre rugissant à l’allure féroce. Le logo Wordmark a très peu évolué depuis 1968. Jusqu’en 2004, ce n’était que le terme « Bengals » retranscrit dans les typos différentes orange avec soit des reflets (1968-1970), soit un contour noir (1971-1996). Entre 1997 et 2003, le mot-symbole était arqué et a connu deux déclinaisons : de simples lettres orange, ou alors elles prenaient place devant un fond noir qui englobait la forme générale. Dans ce cas-là, elles étaient surlignées d’un contour blanc pour se détacher. Depuis 2004, le nom entier de la franchise est repris sur deux lignes. « Cincinnati » en petites lettres orange en haut, « Bengals » plus gros en noir en-dessous, le tout dans une nouvelle police d’écriture personnalisée.

Logos : Cincinnati Bengals.

Les tenues et le casque

Le maillot de la franchise a connu trois changements importants au cours de son histoire, chacun semblant apporter une nouvelle ère à l’équipe. À ses débuts, les uniformes étaient calqués sur ceux des Browns. L’histoire raconte que Paul Brown possédait toujours l’équipement utilisé par Cleveland lorsqu’il a été licencié par Art Modell en 1963. Il a tout emballé et s’en est servi pour sa nouvelle équipe. Ils ont porté des maillots noirs à domicile tout au long de leur histoire, sauf en 1970 et la majeure partie de la saison 1971. Depuis 2005, ils optent également pour un maillot blanc sur leurs terres lors des rencontres se déroulant en septembre pour contrer les effets de la chaleur.

À ses débuts, les joueurs portaient des maillots noirs numérotés en blanc pour les matchs à domicile, avec un motif de rayures blanches-orange-blanches sur les manches. À l’extérieur, le même schéma était similaire, le blanc et le noir échangeant juste leur positionnement. Les tenues ne comprenaient pas de numéros de télévision sur les épaules ou les manches. Ceux-ci n’ont fait leur apparition qu’en 1980, dernière année de ces modèles. Le casque était orange, avec le terme « Bengals » de chaque côté, en lettres moulées noires entourées de blanc. La saison suivante, ils se sont enfin décidés à opter pour un look propre à eux. Unique en NFL. Toujours noir ou blanc, le nouveau maillot comprenait des bandes voûtées orange chargées de rayures tigrées au niveau des épaules. Les numéros étaient cerclés d’un contour orange. L’équipe a également présenté pour la première fois des casques orange avec des rayures tigrées noires, encore d’actualité aujourd’hui.

Jusqu’en 2004, les uniformes n’ont pas connu de grands changements, seul le logo alternatif du tigre bondissant a été ajouté sur les manches en 1997. Lors du dernier changement, un nouveau motif de rayures a fait son apparition pour donner plus de caractère à l’uniforme. Une marque de fabrique appliquée sur le casque. Les maillots noirs et blancs ont tous deux été dotés d’une nouvelle police de caractères à numérotation ronde avec ombres portées et un contour orange. Davantage d’accents et le nouveau motif de rayures ont été ajoutés, ainsi que des panneaux latéraux. Les rayures sont toujours positionnées sur les épaules. Pour la première fois, un maillot orange a été introduit. Il comprend des chiffres blancs aux contours noirs, des panneaux latéraux blancs, des épaules et des manches noires avec des rayures tigrées orange. L’équipe a également commencé à faire tourner son traditionnel pantalon blanc avec un bas noir. En 2016, dans le cadre de l’opération Color Rush, ils ont ajouté une combinaison entièrement blanche à l’exception du casque. Un maillot faisant référence au tigre blanc sans touche d’orange mis à part le logo, apposé au-dessus du numéro, et un léger contour autour des lettres formant le nom des joueurs dans le dos.

Les glorieux anciens

Hall of Famers : Paul Brown (entraineur/propriétaire, 1968-1991), Charlie Joiner (WR, 1972-1975), Anthony Muñoz (OT, 1980-1992), Terrell Owens (WR, 2010).

Numéros retirés : 54 – Bob Johnson (C, 1968-1979).

Récompenses individuelles : Coach AFL de l’année : Paul Brown (1969).
Coach NFL de l’année : Paul Brown (1970), Marvin Lewis (2009).
Rookie AFL de l’année : Paul Robinson (RB, 1968), Greg Cook (QB, 1969).
Rookie offensif de l’année : Eddie Brown (WR, 1985), Carl Pickens (WR, 1992).
Joueur offensif de l’année : Ken Anderson (QB, 1981).
MVP du Pro Bowl : Carson Palmer (QB, 2007)
MVP : Ken Anderson (QB, 1981), Boomer Esiason (QB, 1988).

All-star Team : retrouvez une sélection des 53 meilleurs joueurs de l’équipe en cliquant sur ce lien.

Stades : Nippert Stadium (1968-1969), Riverfront Stadium (1970-1999), Paul Brown Stadium (depuis 2000).

Partagez cet article sur : Twitter Facebook
Afficher les commentaires