[Portrait] Brian Flores avec grand B

De Brooklyn à Miami, en passant deux fois par Boston : voila le parcours du méconnu Brian Flores.

Brian Flores

Né le 24 février 1981 à Brooklyn, New York
Entraineur des Dolphins de Miami, 2e année

Brownsville

Ville marron. Marron comme la façade des « projects » de ce quartier. En France, pour dire project, nous dirions tours de cités ou barres d’immeubles, en banlieues de nos grandes villes. Brownsville : meurtres, drogues et délits en tout genre. Certes, il y a aussi des gens honnêtes et talentueux dans ces rues. Mais. Si la ville de New York est connue pour bien des choses emplissant nos imaginaires, certaines zones sont également réputées très dangereuses. Les huit blocs principaux délimitant ce quartier de Brooklyn sont qualifiés comme l’endroit le plus périlleux cette très grosse pomme.

C’est là que né et grandit Brian Flores.

C’est là qu’il essaye d’éviter les mauvais coups en jouant au football pendant que ses amis d’enfance tombent comme des mouches : la prison ou le cimetière les prenant les uns après les autres. Le football est question de technique et de qualités athlétiques. De toughness aussi. Cette dureté qui permet au linebacker d’engager encore et encore tout son être dans ce énième plaquage du match. Celle du running-back qui malgré la quinzaine de chocs déjà reçus, tente encore d’enfoncer la défense adverse dans le 4e quart-temps. Une carapace construite par ce type d’environnement rude aide à aller au bout de soi-même et c’est là, à Brownsville, que Brian Flores a forgé la sienne. Ce never quit du bonhomme qui ne lâchera jamais. Sa mentalité pourrait imager le clip d’une chanson d’un autre natif de Brooklyn : Nas et son « New York State of Mind ».

« Je ne recule jamais. Si les gens voient que tu as peur alors tu devras subir chaque jour. J’ai compris cela alors je n’ai jamais fui devant aucun obstacle, ni à l’école ni sur les terrains de football. », Brian Flores pour ESPN en 2018

Issu de l’immigration venue du Honduras, Brian Flores est confronté à cet environnement intimidant, lui et ses frères : les jumeaux Luis et Danny ou encore Christopher qui est atteint d’autisme. La fratrie ne peut compter les contours de silhouettes dessinés au sol à proximité de leur immeuble. Par bonheur, alors que Brian Flores est âgé de 12 ans, son oncle décide de l’emmener lui et ses frères dans un parc non loin où s’entrainait une équipe de football. Ainsi, au travers du sport Brian Flores a pu passer l’essentiel de son temps loin des problèmes, les retrouvant seulement le soir en rentrant.

Boston

Boston est la capitale de l’état du Massachussets et bien sur pour Brian Flores, cette mégalopole représente surtout la franchise des New England Patriots où il passe 15 ans. Boston c’est aussi, dans sa banlieue ouest, le campus de Chesnut Hill. Recruté par plusieurs universités à la fin de son cursus au lycée, il choisit Boston College pour son programme de football ainsi que pour sa réputation académique.

Son entraineur de position d’alors était Bill McGovern qui entraine depuis quatre saisons les linebackers des Giants de New York.

« Il a eu une grande influence sur moi, il est une des raisons pour laquelle j’entraine aujourd’hui. », Brian Flores pour le site des Eagles de Boston College

Diplômé en Anglais, il poursuit son cursus scolaire et y obtient également un diplôme en gestion. Déjà le signe d’un homme qui en veut toujours plus. Son parcours sportif lui, est celui d’un safety ne jouant pas sa première année pour les Eagles. Mais les seconde et troisième années, il est un linebacker féroce, l’âme défensive de l’équipe. 39 matchs joués et 205 plaquages. Parmi ces 205 stops, un plaquage a particulièrement marqué les esprits : en 2003, contre les si dominants Hurricanes de Miami de tous les Vince Wilfork, Kellen Winslow jr, du regretté Sean Taylor et surtout de Frank Gore.

S’il n’avait pas le potentiel d’un choix du 1e tour, Brian Flores avait des chances d’entendre son nom appelé lors des tours suivant de la draft 2004. Avait. Une blessure met fin à sa saison et à ses espoirs d’une carrière professionnelle. Sur le terrain en tout cas.

« Je me souviens de me demander ce que je pourrais faire de ma vie ? Finalement, j’ai écris une lettre à chacune des franchises NFL. », Brian Flores pour bceagles.com

Double B

De toutes les lettres envoyées, il ne reçut qu’une seule invitation pour un entretien. Bill Belichik a bien entendu dans son réseau, tous les entraineurs de l’état et Tom O’Brien, le coach principal à Boston College à cette époque, en faisait parti. Sa qualité lors de cette audition, ainsi que sans doute le retour positif de Tom O’Brien, lui permettent d’obtenir un travail dans l’équipe d’évaluateurs de joueurs universitaires chez les Patriots. Deux ans plus tard, il est toujours dans l’évaluation mais cette fois dans l’observation des prochains adversaires NFL.

En voulant toujours davantage, il devient ensuite assistant : en équipe spéciale, en attaque puis en défense. En 2012, après donc déjà neuf ans dans l’organisation, il devient entraineur de position. Des safeties tout d’abord puis des linebackers. Avec le départ de Matt Patricia pour Detroit en 2019, Brian Flores pense que le poste de coordinateur défensif lui sera alors confié. Bien qu’il effectue beaucoup de ce travail-là, le poste n’est pas vraiment attribué et c’est l’entraineur principal Bill Belichik qui en est le directeur général.

« Je suis resté quinze ans avec Bill alors je le connais bien et la réciproque est vraie. J’ai beaucoup de respect pour lui. J’ai beaucoup appris de lui. Sa grande force est de tirer le maximum de tous et il sait que je suis pareil. », Brian Flores pour patspulpit.com

Le Boss

En 2019, Brian Flores devient le patron. L’entraineur principal des Dolphins de Miami. Ce costume lui va si bien, sa compétence mais aussi cette posture héritée de son quartier d’enfance, être un leader et peu afficher ses émotions en public. À Miami, il hérite d’une équipe qui finit l’exercice précédent avec 7 victoires et possède quelques joueurs de talent. Mais très vite, ses dirigeants lui suppriment un après l’autre ses meilleurs éléments : Laremy Tunsil, Minkah Fitzpatrick, Kenny Stills puis Kenyan Drake. Tous les analystes prédisent une saison sans victoire et « Tank for Tua » devient le refrain de la rentrée 2019 les concernant.

Renoncer ? Pas vraiment le genre de Brian Flores, même après 7 défaites en autant de matchs. Enfin, lors de la semaine 9 et la réception des Jets de New York, il connait sa première victoire en tant qu’entraineur principal.

Des joueurs sortant de nulle part se révèlent comme Preston Williams (WR) et Nik Needham (CB), tous deux non-draftés à leurs sorties d’université. Le receveur Devante Parker renait avec une saison à 1200 yards, le patriarche Ryan Fitzpatrick semble immortel et ainsi, sur les huit derniers matchs de la saison 2019, les Dophins en remportent quatre ! Y compris sur le terrain d’une équipe que Brian Flores ne connait que trop bien : 27 à 24 sur la pelouse des Patriots.

« Travailler dur apporte de la joie, vous le comprenez maintenant. Travailler dur apporte de la joie et ce n’est que le début, je vous le promets. », Brian Flores parlant à ses joueurs après la victoire contre New England, rapporté par USA Today

En 2020, un challenge se présente à lui : faire mieux que 5 victoires avec un effectif qui s’est amélioré. Des joueurs d’expérience ont rejoint l’équipe comme Kyle Van Noy, Shaq Lawson et Byron Jones. Et la draft 2020 lui donne un quarterback sur qui construire le futur : Tua Tagovailoa. Un joueur qui en raison d’une blessure à la hanche en 2019 catégorise ce choix en pari.

« Il remplit beaucoup de critères : bon joueur, bonne personne et c’est un leader. Nous sommes très heureux de notre choix. », Brian Flores en conférence (virtuelle) de presse.

La pression est toujours plus oppressante la seconde année, une fois passé le bénéfice du doute de la première. Plus encore dans une division ou enfin, pour leurs adversaires, un quarterback si dominant s’en est allé vers la Floride. Brian Flores est attendu, il le sait. Mais le cuir tanné à l’ombre de son immeuble de Brownsville est épais et puis, il n’y a aucune question à se poser.

S’il pouvait résumer son enrichissant apprentissage aux cotés de Bill Belichik alors il dirait : just do your job. (fais ton boulot)

 

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