Harcèlement sexuel et violences verbales, Washington s’embrase

Finalement, le nom de "Redskins" n'était pas le pire dans la capitale.

Washington est au cœur de l’actualité NFL depuis plusieurs semaines, et pas que pour de bonnes raisons. D’abord avec la polémique autour du traitement du cancer de Trent Williams par la franchise, affaire qui a précipité son transfert vers San Francisco. Ensuite, le futur changement de nom, « Redskins » étant trop litigieux, bien que Dan Snyder, le propriétaire, ait toujours affirmé qu’il ne changerait le nom « pour rien au monde ».

Mais c’est une affaire d’un tout autre calibre qui risque de faire trembler la franchise dans un très proche futur. En effet, le Washington Post a révélé au grand jour une affaire de harcèlement sexuel de grande envergure et de violences verbales au sein même de ses bureaux. Des histoires qui incriminent plusieurs membres de l’organisation. Trois employés des Redskins ont brusquement quitté leurs fonctions au cours de la semaine lorsque le journal a présenté ses conclusions au club.  Le radiodiffuseur Larry Michael – considéré comme la « voix des Redskins » – a pris sa retraite mercredi, tandis que le directeur du personnel professionnel Alex Santos et le directeur adjoint du personnel professionnel Richard Mann II ont été licenciés.

Un environnement de travail toxique

Selon Will Hobson et Liz Clarke du Washington Post, quinze anciennes employées de l’équipe disent ainsi avoir été victimes de harcèlement sexuel et/ou d’abus verbaux pendant leur temps de travail. Ces allégations remontent à la période 2006-2019 et couvrent une grande partie du mandat de Dan Snyder en tant que propriétaire. L’enquête menée par le journal rapporte « qu’aucune femme n’a accusé [Dan] Snyder ou l’ancien président de l’équipe Bruce Allen de comportement inapproprié envers les femmes ». Mais il mentionne comment le propriétaire « a régulièrement rabaissé les cadres supérieurs », demandant même à l’ancien président des opérations commerciales Dennis Greene de faire la roue pour son divertissement, a déclaré un ancien employé. Greene était cheerleader à l’université, un fait dont Snyder se moquait. Le journal explique que certaines des femmes interrogées « ont blâmé [Snyder] pour un département des ressources humaines en sous-effectif et pour ce qu’elles considéraient comme une culture secondaire de violence verbale parmi les cadres supérieurs qui, selon elles, jouait un rôle dans la façon dont ces cadres traitaient leurs employés ». Snyder a décliné plusieurs demandes d’interviews de la part du journal.

« Avec un environnement aussi toxique, où l’humeur est primordiale, et où le propriétaire se comporte comme il le fait, comment peut-on penser que ces femmes iront aux ressources humaines », a déclaré Julia Payne, qui a travaillé comme vice-présidente de la communication de l’équipe pendant une brève période en 2003.

Le rapport du Post décrit un environnement de travail toxique et plein de misogynie. Dans celui-ci, toutes tiennent le même discours : des avances sexuelles non désirées, des invitations à porter des vêtements révélateurs, plusieurs SMS grossiers. Elles prétendent également avoir travaillé dans une atmosphère qui décourageait les employés de signaler leur traitement. L’organisation de Washington compte 220 employés à temps plein, mais une seule personne est en charge des ressources humaines. De source concordante, plusieurs personnes ont déclaré que l’équipe n’avait pas de politique claire en matière de harcèlement sexuel.

« C’était l’expérience la plus misérable de ma vie », a déclaré Emily Applegate, qui a travaillé en tant que coordinatrice marketing en 2014 avant de quitter ses fonctions en 2015. « Et nous l’avons toutes tolérées, car nous savions que si nous nous plaignions – et ils nous l’ont rappelé – il y avait 1000 personnes qui prendraient notre travail en un clin d’œil ».

Les employées disent qu’on leur a ordonné de porter des vêtements révélateurs et de flirter avec des clients pour des affaires. Beaucoup d’entre elles ont fait l’objet d’avances et de commentaires sexuels non désirés. Bien que Snyder et Bruce Allen n’aient pas été accusés de comportement inapproprié, certaines des femmes pensent que les deux hommes étaient au courant de tels agissements dans leurs rangs.

« Je suppose que Bruce le savait, car il était assis à 15 mètres de moi… et me voyait sangloter à mon bureau plusieurs fois par semaine », a déclaré madame Applegate.

Rhiannon Walker, journaliste qui couvre la franchise au quotidien pour The Athletic, et Nora Princiotti, qui faisait un reportage sur l’équipe pour le Washington Times, ont déclaré avoir reçu des avances non désirées d’Axel Santos. Walker a déclaré qu’il l’avait approchée dans un restaurant d’Indianapolis pendant le Combine de 2019 et lui avait demandé si elle voulait sortir avec lui. Elle a également soutenu qu’il lui avait pincé la hanche à la vue de tous, et qu’il avait commenté son corps et sa garde-robe à plusieurs reprises.

« C’était à peu près la pire chose au monde », a déclaré Walker. « Il s’en fichait. Il a trouvé ça drôle »

« Il m’a dit que j’avais un beau cul pour une petite fille blanche. Le sentiment général était que je devrais porter moins de vêtements », Nora Princiotti.

Ce n’est pas le premier cas odieux que Washington réserve à ses employées. En mai 2018, le New York Times a détaillé la manière dont l’équipe avait fait pression sur ses pom-pom girls pour qu’elles se mettent en photo seins nus. Alors que le groupe était au Costa Rica en 2013, l’équipe a confisqué les passeports des jeunes filles. Un contingent de sponsors et de détenteurs de suites au FedExField, tous des hommes, avaient été invités à regarder la séance photo topless. Plus tard, neuf des 36 pom-pom girls ont été invitées à rejoindre certains de ces hommes dans une boîte de nuit. Dennis Greene, l’ancien président des opérations commerciales, a participé à cette séance photo et a démissionné peu après la révélation de cette affaire.

« Ils ne mettaient pas d’arme à feu sur nos têtes, mais c’était obligatoire pour nous », a déclaré l’une des pom-pom girls au New York Times en 2018.

Dans une déclaration faite au Washington Post, la franchise désormais sans nom a déclaré qu’elle avait engagé Beth Wilkinson, une avocate de Washington, et son cabinet, Wilkinson Walsh, « pour mener une étude indépendante approfondie de toute cette affaire et aider l’équipe à établir de nouvelles normes pour les employés à l’avenir ».

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