Field Advisor : le Candlestick Park des San Francisco 49ers

Focus sur la demeure la plus connue des 49ers.

Nouvelle structure, rénovation, future implantation… qu’importe l’avancée du projet, le stade demeure l’élément de base pour chaque franchise. Il représente à la fois un véritable moyen de pression auprès des municipalités et une extraordinaire machine à cash pour les équipes. Au cours de ce tour d’horizon, TDActu vous propose de découvrir les spécificités de chaque enceinte. Cette nouvelle phase vous emmène découvrir les illustres anciens, pour la plupart, disparus à l’heure actuelle, mais qui ont abrité les plus belles heures de la discipline.  

Direction la baie de San Francisco pour nous plonger dans l’histoire du Candlestick Park.

Informations

Nom : Candlestick Park. Il a connu plusieurs appellations au cours de son existence : Candlestick Park (1960-1994), 3Com Park (1995-2004), Monster Park (2005-2007), Candlestick Park (2008-2013).
Fait rare, il a été construit pour accueillir en priorité une franchise de baseball, les Giants, en provenance de New York. Ce n’est que plus d’une décennie plus tard que l’équipe de football s’y est installée.
Adresse : 602 Jamestown Avenue, San Francisco, California 94124
Naming : 3Com Corporation (1995-2004, 900 000$ par an), Monster Cable (2005-2007)
Rénovations majeures :
1972 (16,5 millions de dollars)
Équipes résidentes NFL :
Oakland Raiders (1961), San Francisco 49ers (1971-2013).

Propriétaire : ville de San Francisco (San Francisco Recreation & Parks Department).
Architecte : John Bolles & Associates
Constructeur : Charles Harney Co.

Surface : pelouse naturelle Bluegrass (1960-1969), Astroturf (1970-1978), pelouse naturelle Bluegrass (1979-2013).
Toit : pas de toit
Capacité : 45 000 (1971), 61 246 (1972-1980), 61 185 (1981-1982), 61 413 (1983-1986), 64 252 (1987-1988), 65 701 (1989-1991), 66 513 (1992-1994), 70 207 (1995-1997), 70 140 (1998-1999), 69 732 (2000-2014).
Suites :  93
Parking : 7500 places environ.
Technique : six escaliers mécaniques, un écran géant, une tribune modulable à l’Ouest pour laisser la place au terrain de baseball

Début de la construction : 12 août 1958
Inauguration : 12 avril 1960
Coût : 24,6 millions de dollars.
Premier match : 11 décembre 1960, Oakland Raiders – Los Angeles Chargers : 17-41.

Fermeture : 14 août 2014
Démolition :
novembre 2014 – 24 septembre 2015
Dernier match : 23 décembre 2013, 49ers – Atlanta Falcons : 34-24.

Le stade

La maison des 49ers et des Giants de San Francisco est le seul stade du pays ayant accueilli six finales NFC, deux World Series MLB et deux All-Star Game de baseball. L’histoire derrière le nom original de Candlestick Park est assez colorée. Il provient directement de sa localisation à Candlestick Point, sur la rive Ouest de la baie de San Francisco. Un quartier nommé quelques années auparavant d’après l’oiseau éponyme. Celui-ci était présent en masse dans la région de la baie, où il était chassé jusqu’à son extinction dans les années 1950 en raison de l’énorme demande pour sa viande délicate et délicieuse.

La version originale de Candlestick Park a été construite en 1958 par l’entrepreneur général, Charles Harney. En novembre 1969, le stade, qui s’étendait sur 5,9 des 33 hectares du site, a été agrandi par l’entrepreneur général William and Burrows pour accueillir entre 59 000 (baseball) et 62 000 spectateurs (football), devenant ainsi l’un des premiers stades polyvalents modernes. Afin de maintenir ses installations et ses services à jour, le bâtiment a fait l’objet de petites rénovations annuelles régulières, faisant fluctuer sa capacité d’accueil au gré des saisons. Pour son ouverture, deux étages sans aucun toit pour protéger les spectateurs ont été érigés. L’installation était en forme de fer à cheval avec l’extrémité Ouest ouverte, donnant un point de vue imprenable sur la baie de San Francisco, mais permettant aux vents violents de s’y engouffrer. Pour faciliter l’arrivée des 49ers en 1971, le stade a été entièrement fermé pour augmenter sa capacité. Une tribune modulable a été installée, permettant la transformation des lieux en fonction du sport accueilli.

Le stade disposait de quatre vestiaires, six escaliers mécaniques, trois ascenseurs et d’un monte-charge. À une certaine époque, ses escaliers mécaniques étaient considérés comme les plus longs du pays. Les parkings pouvaient contenir 7 000 voitures, 200 bus et 300 camping-cars. Un éclairage brillant pour les événements nocturnes était fourni par neuf tours de 42 à 73 mètres de hauteur, offrant une qualité de lumière remarquable à cette époque. Il était d’ailleurs considéré comme le stade le mieux éclairé des États-Unis, transformant littéralement la nuit en jour et dépassant les exigences pour la retransmission sur les télévisions couleur. Un nouveau tableau d’affichage vidéo Sony à la pointe de la technologie a été installé en janvier 1994.

Photo : The Wall Street Journal.

Un peu d’histoire

Construit à l’origine pour la franchise des Giants de baseball, Candlestick Park a été le domicile des 49ers pendant plus de quatre décennies. Tout a commencé au début de l’année 1953. L’administration du maire Elmer Robinson, bien poussée par des hommes d’affaires locaux, ont décidé d’importer le baseball professionnel pour le bénéfice économique et récréatif de San Francisco. Un stade en centre-ville était suffisant pour l’équipe de ligue mineure locale, les Seals en AAA, mais pas pour la ligue majeure. En conséquence, Robinson a demandé au conseil de surveillance d’approuver une proposition d’obligations de 5 millions de dollars pour la construction d’un nouveau stade. Parmi les partisans de cette décision se trouvait George Christopher (futur maire), Gene McAteer (qui se dirigeait vers le sénat de l’état), Francis McCarty (futur juge), Harold Dobbs (restaurateur et candidat républicain au poste de maire), et John Jay Ferdon (futur procureur). En juillet, un entrepreneur local multimillionnaire nommé Charles Harney a acheté à la ville de San Francisco un terrain de 65 acres à Candlestick Point pour 2 100 $ l’acre. Une information qui aura son importance pour la suite des opérations. L’année suivante, un groupe de publicitaires dirigé par Curley Grieve, rédacteur sportif du S.F. Examiner, a fait campagne auprès du grand public pour que la proposition d’émission d’obligations soit acceptée. La ligue majeure de baseball, proclamaient-ils, apporterait une richesse inestimable à la ville pour seulement 5 millions de dollars. Et, suite à l’approbation des électeurs en novembre 1954, la recherche d’un site a commencé.

Au départ, la localisation de l’endroit privilégié était centrée autour du spacieux McLaren Park, enfoui à environ un kilomètre à l’Ouest du futur Candlestick Park. Mais rien n’était gravé dans la pierre. Certains ont envisagé d’agrandir le Seals Stadium, mais le stationnement, devenu essentiel avec l’explosion du nombre de voitures privées, était inexistant. De plus, une étude d’ingénierie a démontré que la partie inférieure existante du stade ne pourrait pas supporter un deuxième niveau. D’autres avaient eu une idée encore plus ambitieuse : un stade de baseball au centre-ville. Les planificateurs ont envisagé un terrain où le Moscone Convention Center serait plus tard construit, juste au Sud de la très animée Market Street, à proximité d’hôtels et restaurants qui pourraient générer d’abondantes recettes. C’était une idée en avance sur son temps, mais dont les retombées étaient trop incertaines aux yeux des restaurateurs et commerçants qui craignaient de perdre des clients à cause de l’explosion du trafic routier dans la zone. Au Sud, le port était encore très actif à cette époque. Il ne restait donc plus que Candlestick Point, ce terrain isolé le long d’une colline, à la limite Sud-Est de la ville. Si pour beaucoup, le nom avait pour origine le nom de l’oiseau migrateur qui visitait la région à cette époque. Pour d’autres, il s’agissait plus de la forme topographique des lieux. Les rochers apparaissaient comme des chandeliers aux plaisanciers de la baie de San Francisco.

Il ne restait donc plus qu’à trouver une équipe à implanter avant d’entériner la décision et de passer aux travaux. À l’autre bout du pays, les Brooklyn Dodgers et les New York Giants avaient pour intention de quitter la grosse pomme. Les deux équipes perdaient de l’argent et cherchaient un nouveau point d’attache dans le pays. Les Dodgers ayant choisi Los Angeles, Christopher et McCarty se sont envolés pour New York en avril 1957 afin de convaincre Horace Stoneham de faire venir ses Giants à San Francisco. Le deal était simple, ils avaient promis un nouveau stade en échange du déménagement de la franchise dans les cinq ans à venir. Stoneham envisageait de déménager à Minneapolis, où se trouvait la principale équipe affiliée aux Giants dans les ligues mineures, mais San Francisco l’a intrigué. Il a déclaré aux représentants de la ville qu’il envisageait sérieusement de s’y installer, mais qu’ils devraient doubler leur engagement financier initial. De retour à San Francisco, Christopher a indiqué aux autres dirigeants de la ville et aux hommes d’affaires que plus d’argent serait nécessaire. Comme la proposition de doubler soudainement la mise risquait de créer des problèmes avec les électeurs, ils ont décidé de créer une société à but non lucratif appelée Stadium, Inc., officiant pour la ville. Opérant par le biais de cette société, l’administration Christopher pourrait contourner les électeurs pour collecter plus d’argent.

L’entrepreneur Charles Harney et deux de ses employés ont été choisis pour composer le premier conseil d’administration de Stadium, Inc. Christopher avouant à Harney qu’il serait l’entrepreneur chargé de construire le nouveau stade, et que son terrain serait le cœur de ce site. Et le destin fait parfois bien les choses. Il a alors revendu 41 acres de sa parcelle pour 65 853 dollars l’acre, soit plus de 31 fois sa valeur payée 4 ans auparavant. Le service immobilier de la ville a approuvé l’accord, même si d’autres terrains adjacents ont été achetés à peu près au même moment pour beaucoup, beaucoup moins cher. 2,6 millions de dollars de bénéfice rien que sur un changement de propriété ? Ce n’était pas le cas selon les parties concernées. Harney avait nivelé et remblayé le terrain, il a donc naturellement été payé pour ses améliorations. Cependant, sur les 7 millions de dollars accordés à l’entrepreneur pour la construction du nouveau stade, 2 millions étaient déjà prévus dans le prix pour ces tâches. Sans la création de Stadium, Inc., l’administration Christopher aurait été obligée de lancer un appel d’offres ouvert et compétitif pour le contrat, et les électeurs auraient vu le détail des prix. En opérant ainsi, monsieur le maire a pu se soustraire à la charte de la ville et valider l’entente dans le cadre d’un accord négocié en privé. Grâce à ce même dispositif, ils ont pu lancer une autre émission d’obligations de 5,5 millions de dollars sans l’approbation des électeurs. Le taux d’intérêt a été fixé à 5 % alors qu’il ne représentait que 2,4 % sur l’émission initiale, une différence qui allait finalement coûter à la ville des centaines de milliers de dollars.

Photo : Open SF History.

En février 1958, Harney et sa bande ont été retirés du conseil d’administration. La manœuvre est arrivée trop tard pour empêcher Henry North de lancer une enquête du Grand Jury sur ces étranges transactions. North, comme Christopher, était un républicain et un membre conservateur de la communauté des affaires de San Francisco. Il avait cependant un sens aigu du devoir civique, et l’affaire de Candlestick Park ne sentait pas très bon. Son rapport publié à la suite de l’enquête du Grand Jury était de la dynamite potentielle. Il montrait que, peu de temps avant que la ville n’achète le terrain de Harney, des parcelles adjacentes avaient été vendues pour moins de 4 000 dollars l’acre. Il était insensé que son terrain, en partie sous l’eau, le soit pour 61 000 dollars de plus. Le 2 décembre 1958, le San Francisco Chronicle a couvert partiellement le rapport du Grand Jury. En page 5, l’année 1933 était indiquée comme date d’acquisition initiale au lieu de 1953. Sans doute une erreur typographique mais cette différence de 20 ans pouvait expliquer l’énorme augmentation de la valeur. North a affirmé que toutes les émissions d’obligations négociées par Stadium, Inc. étaient des dérogations illégales à la charte de la ville. Les paiements des obligations devaient être effectués à partir des fonds de la ville, et non d’une société fictive à but non lucratif. Toute l’opération constituait donc un subterfuge juridique, un moyen de faire payer la facture aux contribuables sans les laisser voter. Son rapport budgétait à 990 000 dollars le paiement annuel des obligations pour les 15 premières années de la période d’endettement. En contrepartie, la ville devait prélever 225 000 dollars par an en loyer des Giants et la même somme pour les recettes de publicité et stationnement. Le solde de 640 000 dollars étant laissé à la charge des taxes ou des fonds de la ville. Il a été estimé que la ville pourrait être à l’équilibre en négociant des droits de télévision juteux ; mais au lieu de cela, Christopher s’est arrangé pour que les droits reviennent exclusivement aux Giants. L’enquête du Grand Jury a révélé que les manœuvres clandestines de Stadium Inc., ainsi que les cadeaux offerts aux Giants, alourdissaient la dette annuelle de San Francisco de plus de 500 000 dollars. Mais les principaux journaux de la ville, qui étaient de mèche avec la mairie pour attirer l’équipe de baseball, ont pratiquement enterré l’histoire. Mais pas une autre, dans laquelle Christopher a qualifié Henry North « d’ivrogne incohérent ». L’affaire s’est poursuivie au tribunal, mais à ce moment-là, North avait perdu la plupart de ses amis qui s’étaient rangés du côté du maire.

Inutile de dire que la franchise de baseball a opté pour tous les avantages de la cité californienne. Les travaux ont débuté le 12 aout 1958 et, pendant deux ans, les Giants ont évolué au Seals Stadium, au coin de la 16th et Bryant Streets. À l’agonie financièrement, la franchise s’est relevée dès sa première année sur la cote Ouest. Peu après le début de la construction, plusieurs problèmes sont apparus. L’équipe s’attendait à ce que le Candlestick Park soit prêt pour l’ouverture de la saison 1959, mais cette date a été repoussée au 1er juillet, puis en octobre, en supposant que les Giants atteignent les World Series. Une grève du syndicat des routiers américains a retardé l’installation des sièges. Déclarant que le stade serait un « piège à incendie », le département des pompiers de la ville a forcé John Bolles à revenir sur ses dessins initiaux pour ajouter une rampe de sortie et des conduites d’eau supplémentaires. Tout le monde craignait vraiment que le nouveau bâtiment ne soit même pas prêt pour le début de la saison 1960, alors que le Seals Stadium, déjà démoli, n’était plus une solution de repli.

Mais le vrai problème était Charles Harney. L’opportuniste homme d’affaires était furieux que le stade ne porte pas son nom. Le 3 mars 1959, suite à un concours organisé auprès des habitants, il avait été baptisé Candlestick Park d’après son emplacement. Il a alors passé plus de temps à se disputer qu’à construire, en s’opposant à tout le monde. À la ville, pour des commandes de travaux supplémentaires, à John Bolles pour des changements de conception tardifs, et même aux Giants, qui désiraient des bureaux, un club-house et des espaces VIP. Lorsque les officiels de l’équipe ont tenté d’entrer dans le stade, ils ont été accueillis et refoulés par des gardes armés engagés par Harney. Finalement tout est rentré dans l’ordre et le Candlestick Park était prêt pour l’action. Le 12 avril 1960, ses 43 765 places ont été vendues pour l’inauguration, avec une victoire des Giants 3 à 1 face aux Saint Louis Cardinals. À l’époque, il s’agissait du premier stade de baseball entièrement construit en béton armé. Parmi les dignitaires présents figuraient Blanche McGraw, la veuve du légendaire manager des New York Giants, John McGraw, et le vice-président Richard Nixon, qui a effectué ce jour-là le lancer inaugural. « Ce sera l’un des plus beaux parcs de baseball de tous les temps », avait-t-il déclaré. Candlestick Park a également accueilli ses premiers matchs de football professionnel en 1960. Pas les 49ers, mais les voisins d’Oakland. Les Raiders y ont joué quelques rencontres cette année-là et toute la campagne à domicile suivante.

La première année sur place a permis de régler toutes sortes de problèmes. Lors du tout premier match, les arbitres ont remarqué que les deux poteaux délimitant les zones de territoire faute étaient situés au mauvais endroit. Ils ont dû improviser de nouvelles règles jusqu’à ce que les Giants règlent le problème en déplaçant la zone où les lanceurs de relève s’échauffaient. À l’extérieur, 15 000 dollars de réparations ont dû être effectués sur le parking où une partie commençait à s’enfoncer. Au cours des 19 premiers matchs organisés, six personnes sont mortes d’une crise cardiaque en essayant de monter à la hâte une pente pour rejoindre la porte d’entrée du stade ; une rampe en terre qui a été surnommée Cardiac Hill. Les « survivants » devaient ensuite faire face au temps glacial. La ville avait un plan pour cela. Elle a encastré des tuyaux dans le béton pour chauffer 20 000 sièges du stade. Mais ils ont été enterrés trop profondément dans la dalle et n’ont donc jamais fonctionné. Des conditions de jeu qui n’étaient pas aussi du goût des joueurs eux-mêmes. Avec seulement 77 home-runs en 1960, dont 46 par les locaux, les clôtures ont été déplacées pour réduire les distances dès la saison suivante. Le problème difficile, voire impossible à résoudre, était celui du vent qui apportait avec lui brouillard, chute des températures et tourbillons de poussière. Le propriétaire des Giants, Horace Stoneham, a visité le site en 1957 et a participé à la conception du stade dès le début. Il était au courant des conditions météorologiques, mais en se rendant sur le chantier pendant la journée, il ignorait l’existence des conditions particulièrement froides, venteuses et brumeuses qui accompagnaient la nuit. À l’origine, l’architecte John Bolles a conçu le parc avec une cloison en béton en forme de boomerang incrustée dans le niveau supérieur afin de le protéger du vent. Malheureusement, cela n’a jamais fonctionné correctement. Elle aurait dû s’étendre jusqu’au champ gauche, ce qui aurait réduit encore plus les vents dominants, mais la taille de la structure a finalement été réduite pour des raisons économiques. En 1962, les Giants ont tenté de régler cette question. Ils ont payé une entreprise locale 55 000 dollars pour étudier les effets du vent et trouver une solution. L’étude a révélé que si les conditions météorologiques avaient été anticipées avant la construction, les installations auraient dû être érigées 100 mètres plus au Nord et à l’Est pour bénéficier d’une situation optimale. Mais il aurait été alors construit sur un remblai, moins stable en cas de tremblement de terre. Un emplacement sur le socle rocheux de Bayview Hill offrait ici une plus grande stabilité. La réponse apportée était de créer une fente suffisamment grande pour canaliser les vents enveloppants jusqu’au stade, où un dôme partiel qui serait placé juste au-dessus du site pour les faire dévier. Le prix à payer était estimé à 3 millions de dollars, et il allait certainement augmenter. Cette solution n’a donc pas été retenue. Tout comme celle du célèbre architecte Buckminster Fuller, qui a suggéré de placer un de ses dômes géodésiques au-dessus de Candlestick pour 35 millions de dollars. Pendant les dix premières saisons, le vent soufflait du champ gauche vers le droit. Lors de l’arrivée des 49ers, la fermeture du stade n’a pas réduit le phénomène. Au lieu de cela, celui-ci était désormais tourbillonnant, et toujours aussi fort et froid qu’auparavant.

Le stade dans les années 1960 (Photo : Ballparks of Baseball).

Améliorations

Le succès initial des Giants à San Francisco était en partie dû au fait qu’ils n’avaient que peu de concurrence sur le secteur. Cela a changé à partir de la fin des années 1960. Il y avait les 49ers, mais surtout les Oakland Raiders, qui étaient devenus une puissance de l’autre côté de la baie avec leur Coliseum nouvellement construit au milieu d’un complexe sportif. C’est surtout l’autre locataire du Coliseum qui était le plus gros problème des Giants. Les A’s ont débarqué de Kansas City pour s’installer à Oakland en 1968. Ils n’ont pas attiré des foules immenses mais leur présence a fait chuter de 35% la fréquentation du Candlestick Park cette année-là. La population de la baie était en plein essor, mais cela n’a pas suffi à démontrer que le marché pouvait accueillir avec succès deux équipes de baseball de ligue majeure. Des enquêtes menées auprès des habitants de la région ont montré qu’à peine la moitié d’entre eux s’intéressaient même au sport.

La ville de San Francisco, propriétaire du stade, s’est dit qu’il était temps de faire d’une pierre deux coups. Déplacer les 49ers depuis leur vétuste Kezar Stadium en ruine, agrandir et fermer complètement les installations. Elle espérait secrètement que cela pourrait couper les effets néfastes du vent. Initialement, le maire Joe Alioto avait de plus grands projets. Il souhaitait la construction d’un immense complexe couvert (stade + centre de convention) en centre-ville, en qualifiant toute tentative d’amélioration de Candlestick Park de « perpétuation d’une médiocrité ». Mais face au prix (50 millions de dollars) et au peu d’enthousiasme de son projet, il a dû s’accommoder de l’expansion du stade existant. Avec toujours John Bolles à la direction architecturale. Le maître d’œuvre Charles Harney n’étant lui plus disponible, décédé d’une crise cardiaque en 1962. Ce projet d’agrandissement a permis de fermer l’extrémité ouverte des tribunes, tout en ajoutant plus de sièges. Le bâtiment est passé d’un stade de baseball de 43 000 places à une monstruosité polyvalente d’une capacité de plus de 60 000 places. Pour faciliter la conversion entre les deux disciplines, des sièges escamotables ont été positionnés parallèlement au terrain de football, au niveau du champ droit. Une tribune de presse a été ajoutée au sommet du niveau supérieur, tout comme des escaliers mécaniques et d’autres portes d’entrées. Tous les sièges en bois d’origine ont été remplacés par des coques en plastique rouge, et le terrain en herbe naturelle par un revêtement AstroTurf synthétique. Pour aider à payer les 16,5 millions de dollars nécessaires aux améliorations, la ville a imposé une surtaxe de 50 cents sur les billets des Giants, mais pas sur ceux des 49ers. Une décision étrange compte tenu du fait que l’expansion profiterait davantage à l’équipe de football.

L’agrandissement a apporté quelques éléments positifs. Mais contrairement aux prédictions de Bolles, le vent continuait de s’y engouffrer avec violence et personne ne savait dans quelle direction il irait. Le chantier s’est terminé à temps pour le début de la saison de football 1971. Les 49ers ont fait leurs débuts le 10 octobre avec une défaite 13 à 20 face aux Rams. Très peu de changements ont été effectués après cela. En 1979, l’herbe naturelle a fait son retour, ce qui était plus avantageux pour les 49ers qui détestaient la fine épaisseur du tapis synthétique étalée sur une base en béton. Les Giants ont failli poursuivre la ville en justice pour ce retour qui engendrait de nouveaux tourbillons de poussière. Un dôme a été proposé pour couvrir le bâtiment en 1985, mais le projet n’a jamais vu le jour. Au lieu de cela, 30 millions de dollars ont été dépensés pour améliorer le quotidien existant (nouveau tableau d’affichage, plus de concessions et de suites de luxe). Sur cette somme, 1,1 million de dollar ont été utilisés pour rénover des surplombs en béton de l’étage. Ils étaient maintenus par des joints qui avaient souffert à cause de l’humidité constante. Sans ces réparations, Candlestick Park aurait pu subir de graves dommages structurels, et probablement de nombreuses victimes parmi les spectateurs lors du tremblement de terre en 1989. Le 17 octobre, le séisme de Loma Prieta (7,1 sur l’échelle de Richter) a frappé la ville quelques minutes avant le début du troisième match des World Series. Personne dans le stade n’a été blessé, bien que des dommages mineurs aient été causés à l’édifice. Al Michaels et Tim McCarver, qui couvraient le match pour ABC, ont par la suite attribué à la conception du stade le mérite d’avoir sauvé des milliers de vies. Un documentaire d’ESPN a révélé que les responsables du stade ont exigé une vague de travaux pour résoudre les problèmes de sécurité constatés, poussant les officiels réticents à les réaliser entre les saisons de baseball 1988 et 1989. C’est très certainement cela qui a permis d’éviter une vague d’effondrement massive meurtrière. Les World Series ont ensuite été retardées de 10 jours, en partie pour donner aux ingénieurs le temps de vérifier la solidité structurelle globale du stade, et celle de la maison voisine d’Oakland, leurs adversaires sur la série. Durant ce laps de temps, les 49ers ont déplacé leur match contre les Patriots du 22 octobre au Stanford Stadium, stade où ils avaient battu les Dolphins (38-16) pour remporter le Super Bowl XIX en 1985.

En 1994, plusieurs améliorations ont été apportées au stade, notamment de nouveaux bancs de touche pour les équipes de baseball, des loges le long des chemins allant en première et troisième base, des gradins dans le champ gauche et un nouveau tableau d’affichage vidéo. Une corne de brume a également été installée. Elle se déclenchait chaque fois qu’un joueur des Giants frappait un home run ou lors d’un touchdown des 49ers. Par la suite, le bâtiment n’a plus connu que des changements d’appellation.

Photo : Baseball Hall of Fame.

Fermeture

La franchise de baseball a manifesté en premier son intérêt pour un départ vers un lieu plus propice à la pratique de sa discipline. Elle voulait à tout prix remédier aux problèmes de vent. Ainsi, au début des années 1980, les Giants et la ville ont envisagé de planter un toit gonflable, comme celui qui allait recouvrir le Metrodome de Minneapolis, au sommet du bâtiment, mais Bob Lurie, le propriétaire, s’est finalement opposé à cette idée. La possibilité de bâtir un stade couvert dans la zone où se trouve l’actuel Oracle Park n’a pas abouti non plus. Même son de cloche pour le projet d’un stade/centre commercial en centre-ville, une fois que les Giants ont découvert qu’il serait financé par les recettes des abonnements de saison. En 1987, un référendum sur la construction d’une enceinte au Sud de Market Street a été rejeté par les électeurs de San Francisco. Un autre, en 1989, semblait se diriger vers la victoire, mais c’était avant le tremblement de terre. Le vote a eu lieu après la catastrophe et il a été de peu négatif. Ne parvenant pas à ses fins, Lurie a déclaré qu’il déplacerait la moitié de ses matchs de l’autre côté de la baie, au Coliseum d’Oakland, où les conditions étaient plus accueillantes. Problème, il n’a jamais pris la peine de demander aux responsables des lieux s’ils étaient d’accord, et il a rapidement été éconduit. Au début des années 1990, deux autres votes pour des projets de stade situés à 64 kilomètres plus au Sud, dans la région de San Jose, n’ont pas réussi à passer. Lurie était excédé. En août 1992, il a vendu l’équipe à des intérêts floridiens, qui étaient prêts à déménager dans un nouveau stade couvert à Saint-Petersburg. Peter Magowan, un magnat de l’épicerie, a réuni un groupe d’investisseurs. Ils ont présenté une contre-offre pour acheter la franchise et la garder à San Francisco. L’offre floridienne était supérieure de 15 millions de dollars, mais la National League a voté en faveur du groupe Magowan (9 contre 4). Candlestick Park est resté la maison des Giants, mais son nouveau propriétaire essayait toujours de trouver un meilleur endroit pour jouer en ville. Il a effectué quelques aménagements mais cela demandait trop d’investissements pour remettre au goût du jour ce stade vieillissant.

Magowan s’est donc mis au travail pour trouver un nouveau terrain. Les Giants ont étudié tous les coins de la ville aussi diversifiés qu’ils soient et, plus important encore, ont déclaré qu’ils financeraient ce nouveau stade de baseball sans deniers publics. Une offre trop importante pour être refusée. En mars 1996, la ville de San Francisco a facilement voté en faveur de ce qui est aujourd’hui l’Oracle Park. Le chantier a commencé en 1998 et les Giants ont joué leur dernier match au Candlestick Park en 1999, mettant ainsi un terme à 40 ans de baseball sur place. Les 49ers étaient désormais les seuls locataires, et les nouvelles améliorations ont rendu le lieu plus convivial pour le football. Cela ne les empêchait pas de vouloir partir également, l’endroit devenait tout simplement trop vieux et dépassé. C’est ce qui est apparu lors d’un match du lundi soir en 2011, lorsque les lumières se sont éteintes par deux fois, plongeant le stade dans l’obscurité. Les électeurs de la ville ont approuvé à deux reprises la construction ou l’amélioration des installations des 49ers, mais l’équipe a refusé. Elle s’était focalisée sur un nouveau stade à côté de son centre d’entraînement à Santa Clara, dans la banlieue de San José. Cette décision a été confirmée le 8 novembre 2006 lorsqu’ils ont annoncé officiellement l’abandon des recherches d’un emplacement à San Francisco. En conséquence, la ville a retiré sa candidature pour l’organisation des Jeux Olympiques de 2016. Son stade, l’élément principal du dossier, ne verrait jamais le jour.

En 2010, les électeurs de Santa Clara ont donné leur accord pour le futur stade, dont la construction a débuté le 19 avril 2012. Le Levi’s Stadium a ouvert ses portes le 17 juillet 2014, juste à temps pour la nouvelle saison de football. Le 23 décembre 2013, les murs ont vibré une dernière fois pour les Niners avec une victoire 34 à 24 contre les Falcons. Le dernier événement sportif sérieux s’est tenu le 27 mai 2014, lorsque l’équipe nationale masculine de soccer des États-Unis a battu l’Azerbaïdjan 2 à 0. Plus amical, un match de football de bienfaisance mettant en vedette d’anciennes gloires locales comme Joe Montana a eu lieu en juillet devant environ 25 000 spectateurs. Le dernier événement était un concert donné le 14 août par Paul McCartney. Ancien membre des Beatles, son groupe y avait joué en public pour la dernière fois 48 ans plus tôt. Il était question que les Giants jouent une dernière série sur place, en souvenir du bon vieux temps. Mais les sièges de football rétractables, repliés en permanence depuis 15 ans, ne pouvaient pas être rangés car tous les joints avaient rouillé.

Avec ce départ, Candlestick Park s’est retrouvé sans locataire permanent. La démolition devait démarrer aux prémices de l’année 2014, mais le début du chantier été repoussé à la fin de cette année, plusieurs événements étant prévus dans l’intervalle. L’ancien Giant, Jack Clark, a dit un jour que la meilleure façon d’améliorer Candlestick Park serait d’utiliser de la dynamite. Ce sentiment était partagé par tous ceux qui avaient souffert de l’architecture grise de style soviétique et du climat sibérien. Ils désiraient maintenant voir le stade rasé d’un seul coup, un exorcisme des misères passées. Mais au lieu d’une explosion, l’enceinte est partie tranquillement. Morceau par morceau. Le chantier a débuté en novembre avec l’arrachage des sièges. En janvier 2015, le promoteur a retiré sa demande d’implosion, qui devait éventuellement être diffusée dans le cadre du spectacle de la mi-temps du Super Bowl. Une démolition structurelle mécanisée a été préférée en raison des préoccupations liées à la pollution par la poussière, rallongeant ainsi les délais. La démolition ne s’est terminée que le 24 septembre 2015, 6 mois de plus que les délais annoncés préalablement. Le site devait recevoir un centre comprenant des commerces, des logements avec un parking souterrain, des entreprises et des parcs. Les promoteurs Lennar Corporation et Macerich ont suggéré que le nouveau développement serait achevé en 2017. Ce projet n’a finalement jamais été mis en œuvre, suspendu en avril 2018.

Photo : untouchedtcphotos.com.

Évènements organisés

. Baseball : domicile des Giants (MLB) entre 1960 et 2000. All-Star Game MLB 1961, 1984. World Series en 1962 et 1989.

. Football professionnel : domicile des Raiders (NFL, 1961), et des 49ers (NFL, 1971-2013). les Raiders y ont aussi évolué occasionnellement entre 1960 et 2010.

. Football universitaire : California – Fresno State, le 3 septembre 2011. Seul et unique match à ce niveau de son histoire.

. Soccer : domicile des San Francisco Golden Gate Gales (United Soccer Association en 1967). Match international amical entre les États-unis et l’Azerbaïdjan le 27 mai 2014.

. Divers : Concerts, messe du Pape Jean Paul II le 18 septembre 1987 (70 000 personnes).

Rencontres notables

. Finale NFC, saison 1981 : 49ers – Cowboys : 28-27
The Catch. Entre 1977 et 1980, les 49ers n’ont remporté que 15 matchs en tout. En 1981, pour la première année de Montana en tant que titulaire, ils ont terminé la saison régulière avec 13 victoires au compteur. Et après avoir sorti les Giants, il ne restait plus que les Cowboys pour les empêcher d’atteindre leur premier Super Bowl. Menés 27-21 et démarrant sur leur propre ligne des 11 yards, San Francisco et Montana ont remonté tout le terrain pour le touchdown de la gagne. Sur une 3ème tentative et 3 yards à parcourir, l’entraineur Bill Walsh a appelé la « Red Right Tight-Sprint Right Option » en demandant à son quarterback de simplement lancer le ballon s’il n’obtenait pas ce qu’il voulait. Suivant les instructions, Montana a pris le snap et s’est dirigé vers sa droite à la recherche d’un receveur disponible. Personne ne semblait ouvert, jusqu’à ce que, au dernier moment, il fasse une passe en hauteur à Dwight Clark, où seul le receveur pouvait attraper le ballon. Un saut énergique, un atterrissage maitrisé dans la zone d’en-but pour offrir le succès aux californiens et faire naitre la dynastie des 49ers. Probablement le plus grand jeu de l’histoire de la franchise ou du moins, le plus connu.

. Finale NFC, saison 1990 : 49ers – Giants : 13 -15
Un duel de kicker. Mike Cofer et Matt Bahr avaient chacun réussi deux field goals en première mi-temps, et les deux équipes ont regagné les vestiaires à égalité (6-6). Joe Montana a trouvé John Taylor pour un touchdown de 61 yards dans le troisième quart-temps. Bahr et les Giants ont répondu par deux autres coups de pied, réduisant l’avance de San Francisco d’un petit point (13-12). Steve Young a été lancé à la place d’un Joe Montana blessé pour conserver ce mince avantage. À moins de 3 minutes du terme, le quarterback a trouvé Roger Craig mais celui-ci, rejoint par un groupe acharné de défenseurs, a fini par perdre le ballon, récupéré par Lawrence Taylor. Jeff Hostetler a mis New York en position, et à la toute dernière seconde, Bahr s’est chargé de rentrer le coup de pied victorieux à 42 yards de distance, envoyant ainsi les Giants au Super Bowl face à Buffalo. Ce ne fût pas la meilleure finale de conférence NFC, mais elle a offert un grand spectacle jusqu’à la dernière seconde.

. Finale NFC, saison 1994 : 49ers – Cowboys : 38-28
Steve Young a comblé le vide laissé par le départ de Joe Montana aux Chiefs. Et jusqu’à ce qu’il gagne un Super Bowl, il n’était considéré au niveau du numéro 16 aux yeux des supporters. L’occasion de faire taire les sceptiques s’est présentée lors de la finale NFC en 1994 contre les Cowboys, l’éternel rival. Dallas avait battu les californiens lors des deux précédentes finales de conférence, mais en ce jour de janvier en Californie du Nord, ce sont les 49ers qui allaient se montrer à la hauteur. Ils ont pris 21 points d’avance lors du premier quart-temps grâce à 3 pertes de balle texane. Les champions en titre ont recollé au score. Ils ne comptaient plus que 10 points de retard, jusqu’à ce que Young ne se fraye un chemin dans la zone d’en-but sur une course de trois yards, donnant aux 49ers une avance décisive 38 à 21.

. Semaine 1, saison 1998 : 49ers – Jets : 36-30, après prolongation
Un an auparavant, les 49ers ont commencé à exercer un virage dans leur identité offensive, en mettant plus l’accent sur le jeu au sol grâce à l’apport du running back Garrison Hearst. Pour l’ouverture de la saison, les Jets se sont révélés être un adversaire de taille. Le quarterback Glenn Foley a passé plus de 400 yards, permettant aux siens de faire jeu égal avec San Francisco, et le kicker John Hall a forcé la prolongation suite à son field goal de 31 yards. Cela a ouvert la voie à l’une des plus belles courses de l’histoire des 49ers. Sur leurs propres 4 yards, le coordinateur offensif Marty Mornhinweg a appelé un « 90 Power O », un jeu de course intérieur pour Hearst. Le coureur s’est emparé du ballon, a cassé un plaquage, délivré un raffut dévastateur et s’est mis en route. Terrell Owens lui a ouvert le passage en le dépassant pour bloquer les défenseurs sur son chemin. Dans un dernier souffle, il a pu contenir la tentative de retour par derrière du linebacker Mo Lewis pour plonger dans la end zone et offrir la victoire aux siens. L’une des plus longues courses dans l’histoire de la ligue.

. Wild Card, saison 1998 : 49ers – Packers : 30-27
The Catch II. Les 49ers ont eu un petit problème avec les Packers à la fin des années 90. De 1995 à 1997, Green Bay a battu San Francisco en playoffs, et les matchs n’ont pas été aussi serrés que ce jour-là. Un échange coup pour coup en fin de rencontre. Devants de trois points (23-20), les californiens se sont fait dépasser suite au touchdown d’Antonio Freeman sur une passe de Brett Favre à 1 minute 56 du terme. Les supporters pensaient alors revivre le même cauchemar que les années précédentes. Le moment ou jamais pour Steve Young. Une quatrième défaite consécutive face à Green Bay ruinerait une saison régulière à 12-4, par ailleurs excellente. Calmement, Young s’est tourné vers Jerry Rice (un gain de 6 yards) pour sa seule réception du match. Sur le plaquage, le futur Hall of Famer a perdu la possession, bien que les officiels n’aient pas contredit l’appel initial. Les ralentis de la télévision ont pourtant confirmé qu’il n’avait plus le contrôle du ballon bien avant que son genou ne touche le sol. Avec seulement huit secondes restantes, le ballon sur la ligne des 25 yards de Green Bay, et aucun temps mort restant, les 49ers ont eu le temps de jouer une dernière action. Young a reculé pour lancer et, tombant presque au sol, a fait une passe parfaite pour Terrell Owens à trois secondes de la fin pour vaincre le signe indien face à sa bête noire.

. Semaine 16, saison 2000 : 49ers – Bears : 17-0
Le dernier match de Jerry Rice en tant que 49er’. Ce qui devait être la fête de départ de Jerry Rice s’est avérée être la cérémonie de couronnement de Terrell Owens comme l’un des receveurs les plus dominants de la NFL. Owens a établi un record NFL cet après-midi-là avec 20 réceptions (celui-ci a été battu par Brandon Marshall neuf saisons plus tard). Le tout pour 283 yards et un touchdown, permettant aux 49ers de dominer complètement les Bears du début à la fin. La défense californienne a étouffé le quarterback de Chicago, Cade McNown, et toute son attaque avec 104 yards au total et huit premières tentatives gagnées. Rice a ensuite traversé la baie pour se rendre à Oakland la saison suivante, où il a joué quatre saisons très productives.

. Semaine 15, saison 2001 : 49ers – Eagles : 13-3
Les 7 stops défensifs sur leur propre ligne des 1 yard. San Francisco a toujours été associé à de grandes attaques tout au long de son histoire. L’équipe de 2001 n’était pas différente. Elle a terminé la saison troisième au total de points marqués, quatrième aux yards gagnés et deuxième pour les yards au sol. Mais c’est la défense, une unité qui s’est classée parmi les pires de la ligue l’année précédente, qui a fait la différence contre les Eagles lors de cette bataille de fin de saison. Les deux équipes se sont battues pour marquer ou déplacer le cuir avec une certaine constance. Alors que les Niners détenaient une maigre avance au début du quatrième quart-temps (6-3), le quarterback des Eagles, Donovan McNabb, a trouvé son running back, Duce Staley, pour un gain de 46 yards sur une troisième tentative, puis James Trash a amené le ballon sur la ligne des 1 yard adverse. San Francisco a alors sorti les muscles. Sur le jeu suivant, Staley a perdu 1 yard sur sa course ; yard repris immédiatement après la réception de Thrash, créant ainsi une situation de 4e et 1 yard à parcourir. Sur celle-ci, McNabb a raté son coup mais le safety Lance Shulters a redonné 4 nouvelles tentatives à Philadelphie à cause d’un holding. Deux fois de plus, Staley a tenté de faire rentrer le ballon, mais il a été stoppé à chaque fois. Enfin, sur la 3e tentative, McNabb a été intercepté. Près de six minutes plus tard, Jeff Garcia a trouvé Terrell Owens pour le touchdown sur une passe de 32 yards. Le sort de la rencontre était scellé.

. Wild Card, saison 2002 : 49ers – Giants : 39-38
Le retour controversé. À 4 minutes 22 de la fin du 3ème quart-temps, les 49ers étaient menés 38 à 14. Tout le monde pensait que la partie était pliée, mais quelque chose d’incroyable s’est produit. Jeff Garcia a conduit les siens sur 70 yards en 7 actions pour revenir au score, trouvant Terrell Owens pour la conversion à deux points. Les Giants ont rapidement rendu la possession et le quarterback est de nouveau sorti de sa boite avec une course victorieuse de 14 yards. Un second ‘3-and-out’, puis Jeff Chandler a ajouté trois points sur un field goal. 38-33 pour New York. Suite à une tentative de coup de pied complètement ratée de Matt Bryant, Garcia et les 49ers sont retournés sur le terrain avec la ferme intention de prendre les commandes. Six passes et une course de 12 yards ont placé le ballon sur la ligne des 13 yards adverses, où Garcia a trouvé Tai Streets pour donner à San Francisco son premier avantage depuis le premier quart-temps. Avec une minute restante, New York a tenté le tout pour le tout, réussissant à se placer à distance respectable des poteaux pour tenter le field goal de la gagne. Le snap n’était pas bon, et le holder, Matt Allen, a tenté une passe désespérée en profondeur. Malgré une interférence flagrante non signalée par les arbitres, celle-ci est restée incomplète, permettant à San Francisco de se hisser au tour suivant.

. Divisional Round, saison 2011 : 49ers – Saints : 36-32
The catch III. Dans deux styles opposés, l’attaque record des Saints faisait face à l’esprit défensif des 49ers dans un match de playoffs qui est rentré dans la légende. Tout le discours d’avant-match s’est articulé autour d’une question : la défense des 49ers pouvait-elle contenir Drew Brees et la puissante attaque aérienne des Saints ? Donte Whitner a répondu à cette question immédiatement lorsqu’il a plaqué violemment Pierre Thomas sur une 3ème tentative et touchdown à marquer dans le premier quart-temps. Thomas a perdu le contrôle du ballon et San Francisco a récupéré la possession, donnant ainsi le ton de la rencontre. Suite à cela, les californiens ont marqué 17 points d’affilé. Brees a répondu par deux touchdowns dans le 2ème quart-temps, puis a trouvé Darren Sproles pour un touchdown de 44 yards dans dernier acte, donnant ainsi l’avantage aux visiteurs pour la première fois de la rencontre. S’en est suivi quatre des minutes les plus folles de l’histoire des playoffs. Les deux équipes se sont répondues, mais New Orleans s’est donné un peu d’air en transformant à deux points. 3 points d’avance et 97 secondes à jouer, Alex Smith ne disposait plus alors que d’un temps mort pour travailler. L’ancien numéro 1 de la draft a trouvé Vernon Davis pour un gain de 47 yards, plaçant ainsi le ballon à l’entrée de la zone rouge adverse. La sagesse conventionnelle aurait voulu que San Francisco joue la sécurité et fasse appel à son kicker pour égaliser. Au lieu de cela, Smith a préféré jouer la victoire. Il s’est de nouveau connecté à Davis pour le touchdow décisif. Tout comme Terrell Owens avant lui, il a couru vers la ligne de touche et s’est jeté dans les bras de son entraineur.

. Finale NFC, saison 2011 : 49ers – Giants :  20-17, après prolongation
Grâce au travail remarquable du coordinateur Brad Seely, l’équipe de 2011 était l’une des meilleures de la ligue sur équipes spéciales. Cependant, le soir de la finale de conférence, c’est une action du returner Kyle Williams qui a coûté cher. Au cours du quatrième quart-temps, Williams a touché le ballon par inadvertance alors qu’il tentait d’éviter un punt. La révision vidéo a confirmé que le ballon avait bien été touché, les Giants récupérant la possession du ballon. Eli Manning a trouvé Mario Manningham sur une passe de 17 yards pour le touchdown, donnant ainsi à New York une avance de 3 points (17-14). San Francisco a poussé le match en prolongation et Williams a de nouveau eu l’occasion de renvoyer un coup de pied. La réception était bonne, mais après quelques foulées seulement, il a été dépossédé du ballon par Jacquian Williams qui arrivait sur le côté. Devin Thomas a ainsi pu récupérer le fumble dans une position idéale. Impuissants, les 49ers ont regardé Lawrence Tynes passer tranquillement son field goal de 31 yards et ouvrir la voie vers le Super Bowl. Aussi douloureuse que soit cette défaite, elle a aussi été l’un des matchs de playoffs les plus mémorables du Candlestick Park.

. Semaine 16, saison 2013 : 49ers – Falcons : 34-24
La dernière au Candlestick Park. Les 49ers n’ont pas remporté la division, mais ont tout de même réussi à se qualifier pour les play-offs en passant par les Wild Card. Vu la physionomie de la course aux phases finales, il était devenu évident que le match contre les modestes Falcons serait le dernier sur place. Menés 10-3 dans le troisième quart-temps, ils ont réussi à faire leur retour, avant de prendre un léger avantage. Atlanta n’a pas lâché et s’est retrouvé en zone rouge avec seulement 3 points de retard et 1 minute 10 restante au chronomètre. Matt Ryan a cherché Harry Douglas sur un tracé intérieur courte distance pour valider une nouvelle série, avec la possibilité de manger un peu plus l’horloge. Mais, bien mis sous la pression par Tramaine Brock au moment de la réception, le receveur n’a pu assurer sa prise de balle. Et le linebacker NaVorro Bowman, qui trainait juste derrière, a récupéré la possession. Son pick-6 remonté sur 89 yards a permis à San Francisco d’assurer son succès (34-24). Surnommé The Pick at The Stick’ , cette action était le final approprié pour ce lieu rempli de souvenirs.

https://www.facebook.com/SANFRANCISCO49ERS/videos/3015641991815030/

En chiffres

Matchs joués : 368, entre 1960 et 2013.

Bilan : Raiders (1960-2010) : Saison régulière : 17 matchs (6 victoire – 11 défaites). Playoffs : –
Premier match : 11 décembre 1960, défaite contre les Los Angeles Chargers 17 à 41.
Dernier match : 17 octobre 2010, défaite contre les San Francisco 49ers 9 à 17.

49ers (1971-2013) : Saison régulière : 331 matchs (205 victoires – 124 défaites – 2 nuls). Playoffs : 27 matchs (20 victoires – 7 défaites).
Premier match : 10 octobre 1971, défaite contre les Los Angeles Rams 13 à 20.
Dernier match : 23 décembre 2013, victoire contre les Atlanta Falcons 34 à 24.

Leader à la passe : Joe Montana (49ers) : 84 matchs, 1493/2343, 17 243 yards, 117 touchdowns, 67 interceptions.
Leader à la course :
Frank Gore (49ers) : 66 matchs, 1149 courses, 5326 yards, 31 touchdowns .
Leader à la réception : Jerry Rice (49ers) : 119 matchs, 646 réceptions, 9403 yards, 91 touchdowns.

Meilleur match à la passe : Brad Johnson (Redskins, 26 décembre 1999) : 32/47, 471 yards, 2 touchdowns, 1 interceptions.
Meilleur match à la course :
Frank Gore (49ers, 19 novembre 2006) : 24 courses, 212 yards, 0 touchdown.
Meilleur match à la réception : Jerry Rice (49ers, 18 décembre 1995) : 14 réceptions, 289 yards, 3 touchdowns.

Record d’affluence : 69 732 personnes à plusieurs reprises entre 2009 et 2013.

Fun Facts

À la suite de la défaillance du système de chauffage par le sol, un avocat de San Francisco, Melvin Belli, qui était aussi l’un des 8 200 détenteurs d’un abonnement pour la première campagne des Giants au Candlestick Park, a intenté un procès pour récupérer son argent. Il est venu au tribunal vêtu d’une parka pour aider visuellement à faire passer son message. Et il a gagné.

Le moment décisif qui a permis au Candlestick Park de se forger une réputation de soufflerie glaciale dans tout le pays a eu lieu à la fin du All-Star Game 1961. Le match a commencé dans des conditions agréables, presque chaudes, mais à la neuvième manche, les vents froids sont arrivés. Sur le monticule se trouvait le petit lanceur de relève des Giants, Stu Miller, qui affrontait Rocky Colavito de Detroit. Pendant son mouvement, une rafale féroce l’a déséquilibré. Miller n’a jamais vraiment été éjecté du monticule comme l’ont décrit de nombreuses sources, mais cela a suffi à perturber son geste et lancer une balle faute.

Au début, Candlestick Park était rarement utilisé pour d’autres événements que le baseball, mais on s’en souvient pour cette froide soirée du 29 août 1966, lorsque les Beatles ont donné leur dernier concert public. Personne ne le savait à l’époque, à l’exception du quatuor. Ils n’ont joué que 11 chansons et le spectacle n’a duré que 33 minutes.

À partir de 1983, la franchise a joué sur la réputation des lieux de façon humoristique en offrant des pin’s aux fans qui restaient toute la durée des matchs lorsque ceux-ci avaient lieu en soirée et qu’ils se terminaient après des manches supplémentaires. La fameuse croix de Candlestick arborait le logo de la franchise, surmonté de neige, ainsi que de la maxime en latin « Veni, vidi, vixi » (je suis venu, j’ai vu, j’ai survécu). Pour le recevoir, les fans devaient échanger leur talon de billet contre ce souvenir chez Patrick & Co., une papeterie de San Francisco. Le pin’s a également été mis en circulation entre le 28 et 30 septembre 1999, quand des dizaines de milliers de supporters ont reçu l’insigne après avoir assisté à la dernière rencontre contre les Dodgers au Candlestick Park. Un chroniqueur du San Francisco Chronicle a ensuite qualifié l’opération de « promotion marketing la plus intelligente de l’histoire de la Baie ».

Photo : Pinterest.

Initialement, la NFL avait attribué l’organisation du Super Bowl XXXIII au bâtiment le 2 novembre 1994. En vue du match, de nombreux travaux étaient au programme pour se montrer à la hauteur de l’évènement. Mais comme ils n’ont jamais été faits, les propriétaires ont offert le match à la région de Miami lors de leur réunion du 31 octobre 1996 à la Nouvelle-Orléans.

Le 19 décembre 2011, vers 17h19 heure locale, Candlestick Park a connu une coupure de courant inattendue juste avant un match du lundi soir entre les 49ers et les Steelers. Une prise de vue aérienne diffusée en direct sur ESPN a montré un transformateur prendre feu, puis le stade plonger dans le noir. Environ 17 minutes plus tard, les lumières se sont rallumées à temps pour le coup d’envoi du match. Avec plus de 12 minutes restantes à l’horloge dans le deuxième quart-temps, une nouvelle panne de courant a créé une nouvelle interruption du jeu pendant 30 minutes.

Parmi les surnoms moins flatteurs donnés par les fans, citons Pôle Nord, la grotte des vents, le bourbier, le cendrier de la baie. Les fans les plus âgés l’appelaient la décharge en l’honneur de l’ancienne utilisation des terres. Ironiquement, le dernier match des Giants s’est déroulé sous un beau ciel bleu, des températures clémentes et sans brouillard.

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