[Preview 2020] New York Jets : rebond ou transition ?

Sam Darnold et Le'Veon Bell ont-ils les armes autour pour faire mieux ?

La présentation équipe par équipe de la saison 2020 continue ! Au programme aujourd’hui : les New York Jets. Vous pouvez trouver toutes les fiches déjà publiées en cliquant sur ce lien.

Dix ans. Désormais une décennie que les Jets n’ont plus connu le parfum des playoffs. Une situation due en grande partie à de trop nombreuses reconstructions en interne. Manque de chance pour la franchise new-yorkaise : 2020 pourrait avoir des airs de déjà vu. Car si le General Manager Joe Douglas est en place depuis un an, il vient de gérer sa toute première intersaison au sein de la Grosse Pomme. Gestion des égos et des contrats laissés par son prédécesseur Mike Maccagnan, état des lieux offensif pour coller au mieux aux ambitions de son head coach Adam Gase et choix tactiques importants pour remettre les Jets sur de bons rails dans une AFC Est désormais orpheline de Tom Brady.

Pour sa première année chez les Verts, Douglas a pu s’appuyer sur du positif, avec un bilan de sept victoires et neuf défaites, et surtout six succès sur les huit derniers matches de la saison, malgré une grosse malchance globale autour de la franchise (fin de saison prématurée de CJ Mosley, mononucléose pour Sam Darnold en début de campagne, etc). Alors, les Jets ont-ils de quoi capitaliser ou la refonte s’annonce-t-elle trop conséquente ? Revue d’effectif.

La saison dernière : 7 victoires – 9 défaites.

Mouvements à l’intersaison

L’un des principaux points épineux qu’a eu à gérer Joe Douglas cette intersaison, c’est bien sûr le cas Jamal Adams. En désaccord avec la direction précédente et les déclarations controversées du head coach à son égard, le safety n’a eu de cesse de clamer ses envies d’ailleurs. Souhait exaucé en juillet, avec son échange chez les Seattle Seahawks. En contrepartie, les Jets ne s’en sortent pas si mal, en récupérant le defensive back Bradley McDougald et trois prochains tours de draft, dont deux premiers, en 2021 et 2022. D’un point de vue spéculatif, c’est excitant, mais la perte d’un tel leader technique peut faire mal sur le terrain. Toujours au sein de la ligne arrière, la franchise a dû considérer un poste de cornerback trop souvent en dilettante, à l’image du retentissant échec Trumaine Johnson. Coupé de manière surprenante par les Colts, Pierre Desir est plus discret et besogneux, et fait office de prétendant crédible au statut de numéro 1 sur la position. Il est rejoint par un autre transfuge des Colts, Quincy Wilson, intéressant en sortie d’université mais moins à l’aise ces derniers mois dans le système de Matt Eberflus. A cela s’ajoute la draft de Bryce Hall, cornerback intelligent de Virginia, victime d’une longue blessure lors de son année senior, et New York a de quoi contrecarrer pas mal de formations dans le domaine aérien en 2020.

Mais le chantier prioritaire a bien sûr été l’attaque. Trop peu performante depuis l’arrivée d’Adam Gase, elle a été l’objet d’un intérêt important, notamment sur la ligne offensive. Avec la coupe de Brian Winters, les Jets devraient renouveler l’intégralité de leur O-Line cette saison. Comme pour le backfield défensif, les choix n’ont rien de glamour mais peuvent apporter une certaine émulation avec des joueurs de devoir. Le vrai projet de ce nouveau groupe, c’est Mekhi Becton, monstrueux tackle côté aveugle, qui s’annonce infranchissable s’il se montre plus mobile que prévu. Plein centre, Connor McGovern est un atout polyvalent qui a rendu de fiers services à Denver au lendemain du départ de Matt Paradis. George Fant, Alex Lewis et Greg Van Roten posent plus de questions, de par leur statut de joueurs de rotation dans leurs franchises respectives, mais sous les ordres de Frank Pollard, qui avait bâti l’excellente ligne offensive des Dallas Cowboys, l’espoir reste permis.

En attaque, il fallait aussi rebooster le poste de receveur. L’investissement est moins massif, mais les Jets ont mis la main sur Breshad Perriman (36 rec, 645 yards, 6 TDs en 2019), ancienne déception du premier tour de draft mais qui a pris feu en décembre dernier sous le maillot des Tampa Bay Buccaneers. Il devra assumer pour la première fois de sa carrière un statut de receveur numéro 1, aux côtés de Denzel Mims, drafté en début de deuxième tour 2020. Les deux hommes possèdent des profils assez complets (taille, vitesse, gabarit) pour se frotter aux cornerbacks de la division (Gilmore, White, Jones), même si l’apprentissage peut être plus long que prévu.

Arrivées notables : Joe Flacco (QB), Frank Gore (RB), Breshad Perriman (WR), George Fant (OT), Greg Van Roten (G), Alex Lewis (G), Connor McGovern (C), Patrick Onwuasor (LB), Pierre Desir (CB), Quincy Wilson (CB).
Re-signatures : Neville Hewitt (LB), Jordan Jenkins (LB), Frankie Luvu (LB), Arthur Maulet (CB), Brian Poole (CB), Sam Ficken (K).
Draft : Mekhi Becton (OT), Denzel Mims (WR), Ashtyn Davis (S), Jabari Zuniga (DE), Lamical Perine (RB), James Morgan (QB), Cameron Clark (OT), Bryce Hall (CB), Braden Mann (P).
Pertes notables : Robby Anderson (WR), Demaryius Thomas (WR), Kelvin Beachum (OT), Brandon Shell (OT), Brian Winters (G), Ryan Kalil (C), Brandon Copeland (LB), Trumaine Johnson (CB), Darryl Roberts (CB), Jamal Adams (S).
Ils ont renoncé à cause de la COVID-19 : Josh Doctson (WR), C.J. Mosley (LB).

Mekhi Becton (77), le nouveau colosse de la ligne offensive.

Le(s) point(s) fort(s)

Avec Sam Darnold (61,9% de passes complétées, 19 TDs, 13 int en 13 matchs) et Le’Veon Bell, les Jets possèdent un combo extrêmement prometteur pour mener l’attaque. Le premier, privé de trois matches la saison passée, pour sa mononucléose, a continué de progresser dans une deuxième année NFL qu’on sait souvent compliqué pour les jeunes quarterbacks. Malgré 28 interceptions en 26 matches professionnels, Darnold a su démontrer ce qui en avait fait un prospect excitant lors du processus draft et a d’ailleurs permis aux siens d’enregistrer un bilan de sept victoires et six défaites lorsqu’il était titulaire en 2019. Dans le système Gase, on doit s’attendre à encore mieux. Le second, revenu aux affaires après un an passé volontairement hors des terrains, n’a pas démérité, mais a parfois semblé bien seul dans l’attaque locale. Avec 789 yards et 461 yards à la réception, l’ancien Steeler a confirmé sa polyvalence mais s’est contenté de 4 petits touchdowns sur l’exercice. Son head coach a récemment reconnu ne l’avoir pas exploité à sa juste mesure. Un peu plus en forme qu’il y a douze mois, il faudra s’attendre, sauf blessure, à un rebond de sa part.

En défense, ce point fort est à relativiser, au lendemain du forfait volontaire de CJ Mosley, lié à la Covid, et à la longue blessure dont se remet encore Avery Williamson, mais le poste de linebacker conserve une certaine profondeur salvatrice dans le système hybride, mais prioritairement en 3-4, de Gregg Williams. Patrick Onwuasor arrive de Baltimore, où il a souvent été un atout dans la rotation. Neville Hewitt a été l’une des belles surprises de la saison dernière, démarrant certaines rencontres. Blake Cashman est un espoir grandissant, capable de performer sur la couverture quand le besoin s’en fait sentir. A cela s’ajoute James Burgess et ses 78 plaquages en 2019. Pas de gros noms, mais une homogénéité qui a permis aux Jets d’être la deuxième défense la moins perméable au sol l’année dernière, derrière les Buccaneers, en dépit de l’absence de Mosley et d’une ligne défensive en rodage.

Le(s) point(s) faible(s)

On l’a dit, le poste de receveur a été considéré, avec les recrutements de Breshad Perriman et de l’ancien Patriot Chris Hogan, sans oublier la draft de Denzel Mims. New York a-t-il un receveur numéro 1 pour autant ? Rien n’est moins sûr, et depuis 2015 et Brandon Marshall, la franchise n’a plus connu de cibles à plus de 1 000 yards sur une campagne. Breshad Perriman est un profil intéressant mais à l’instar de Robby Anderson, il présente cette manie de commettre des drops largement évitables. Sam Darnold va sans doute devoir se contenter de distribuer autant que possible sans un go-to-guy attitré.

Autre souci assez persistant : le pass rush. Malgré des défenses incisives, sur la dernière décennie, notamment sous la coupe de Rex Ryan, les New Yorkais n’ont jamais eu une arme de dissuasion massive au moment d’aller chercher le quarterback. Le taulier dans cet exercice s’appelle aujourd’hui Jordan Jenkins (8 sacks en 2019), linebacker polyvalent, surtout efficace sur phases de blitz. A ses côtés, le deuxième titulaire est encore difficilement identifiable, dans une lutte annoncée entre Tarell Basham (2 sacks mais 6 passes défendues l’an passé) et le rookie Jabari Zuniga. On a connu des batailles plus folles !

Facteur(s) X

En renouvelant quasiment l’intégralité de la ligne offensive, Joe Douglas a fait un pari qui doit s’avérer décisif, au vu des 52 sacks concédés par la franchise en 2019. L’objectif est clair : protéger enfin efficacement son quarterback du futur, rentabiliser l’investissement de l’intersaison précédente sur Le’Veon Bell et bien faire de ces deux hommes la force de l’équipe. Au-delà des arrivées de George Fant et de Mekhi Becton, les Jets ont apporté une nette profondeur, surtout sur les extérieurs, avec Cameron Clark, jeune espoir de la draft, récupéré au quatrième tour, et espèrent un meilleur rendement du tackle Chuma Edoga, aperçu de manière sporadique sur sa saison rookie.

A l’heure où le poste de receveur pose question, celui de tight end est en soi un facteur X. L’énigme est surtout de savoir quel est le niveau de Chris Herndon, détonnant en 2018 mais aux abonnés absents l’année passée, entre suspension et longue blessure ? Ryan Griffin avait joué les pompiers de service en 2019, avec 5 touchdowns, mais son impact sur le jeu n’était pas vraiment le même. Avec un duo complémentaire et le retour en forme de l’ancienne star des Miami Hurricanes, les Jets peuvent envisager de déverrouiller pas mal de solides défenses.

Enfin, que vaut la position de kicker ? Depuis le départ de Nick Folk, en 2016, la franchise de la Grosse Pomme cherche un botteur fiable que n’a pas vraiment été Sam Ficken, propulsé sous les projecteurs l’an passé, après la vraie-fausse retraite de Chandler Catanzaro. Pour donner plus d’engouement à ce poste, Joe Douglas a débauché Brett Maher, en provenance de Dallas. Après un exercice 2018 solide dans le Texas, ce dernier est tombé en disgrâce et arrive revanchard sur la côte Est des Etats-Unis. Dans une équipe en reconstruction et dans une attaque pas toujours douée pour finir les actions l’année passée, la présence d’un kicker clutch ne sera pas de trop.

Quinnen Williams, attendu pour plus sacker le quarterback.

Le joueur à suivre : Quinnen Williams

C’est un euphémisme de considérer que son niveau aura été quelconque en 2019. Présenté comme la nouvelle terreur de la ligne défensive, Williams s’est contenté de 28 plaquages et 2 sacks et demi, arrivant à peine à prendre le dessus sur le joueur de rotation Kyle Phillips en fin d’exercice. Dans une ligue où les lignes deviennent vitales, sur un premier rideau où les vétérans Henry Anderson et Steve McLendon commencent à accuser le poids des années (64 à eux deux), l’ancienne pépite d’Alabama doit devenir le leader qu’il était supposé être lors de sa draft, et ne pas devenir un nouveau Leonard Williams.

Calendrier

@ Bills, 49ers, @ Colts, Broncos, Cardinals, @ Chargers, Bills, @ Chiefs, Patriots, @ Dolphins, Dolphins, Raiders, @ Seahawks, @ Rams, Browns, @ Patriots

La preview audio du Podcast

En résumé

En signant notamment CJ Mosley et Le’Veon Bell lors de l’intersaison 2019, les Jets avaient clamé haut et fort leurs ambitions. Un an plus tard, la direction semble moins évidente ou, en tout cas, plus orientée sur du long-terme. C’est sans doute ce qu’il faut retenir de l’échange de Jamal Adams : reculer pour mieux sauter.

Une perspective intéressante pour le nouveau General Manager Joe Douglas, mais quid du head coach Adam Gase ? Déjà sur la sellette de par son inaptitude globale à fédérer, l’ancien technicien des Dolphins peut compter sur des individualités vaillantes en attaque, autour de son duo majeur, mais qu’il devra vite faire cohabiter dans une intersaison tronquée.

Une pression néfaste dans une ville comme New York, où la moindre (nouvelle) étincelle pourrait amener la franchise à patienter une année de plus, alors que l’AFC Est n’a jamais semblé aussi ouverte.

Le pronostic : 4 victoires – 12 défaites

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