[Preview 2020] Green Bay Packers : plus terre à terre

Changement de mentalité à venir dans le Wisconsin.

Comme tous les ans, Touchdown Actu vous propose ses traditionnelles fiches d’avant-saison. Vous pouvez toutes les retrouver en cliquant sur ce lien

Saison 2019 étrange pour Green Bay. 13 victoires en saison régulière, une seconde place en NFC pour finalement trébucher (lourdement) à une marche du Super Bowl. Comptablement, le bilan est bon pour la première saison de Matt LaFleur aux commandes. Sportivement, l’impression générale dégagée est beaucoup plus floue. Épagnés par les blessures, les Packers ont su concrétiser en victoires un calendrier dans ses cordes. Un sentiment déstabilisant renforcé par l’irrégularité des deux escouades, incapables de performer au même moment. 9ème défense de la ligue en termes de points encaissés par match (19,6), séduisante sur le pass rush, surtout grâce à la paire Za’Darius et Preston Smith (25,5 sacks sur les 41,0 infligés), l’escouade de Mike Pettine a peiné pour arrêter ses adversaires (18ème NFL, 352,6 yards concédés par match). Notamment au sol, avec 4,7 yards autorisés par portés. Trop, beaucoup trop pour prétendre à mieux en fin de saison. La prestation rendue en finale de conférence en est la parfaire illustration : 285 yards autorisés 42 tentatives, soit 6,8 yards par course. Motif d’espoir, le dernier rideau défensif qui, malgré sa jeunesse, a montré de belles choses (17 interceptions, 3ème de la ligue).

Scruté après une fin de cohabitation houleuse avec Mike McCarthy, Aaron Rodgers a tenté de s’approprier le nouveau système apporté par son entraineur en chef en évitant les pertes de balle et en se tournant vers ses deux seules vraies armes reconnues que sont Davante Adams et Aaron Jones. Derrière, pas grand-chose ou presque. Peut-on interpréter cela comme un manque de profondeur au niveau des cibles ? Sûrement. Au final, les inquiétudes de début de saison concernant le rôle de numéro 2 se sont rapidement confirmées. Les prétendants étaient nombreux, mais personne n’a eu les épaules assez larges pour enfiler le costume. Cette charge est tombée sur le jeune Allen Lazard. Le numéro 13 a gravi les échelons depuis le dernier camp d’entrainement pour finalement s’imposer comme une menace crédible à l’opposé d’Adams (477 yards en 35 réceptions).

Green Bay entame donc cette campagne 2020 avec de nombreux points d’interrogations. Le principal concerne l’attaque. L’intersaison a laissé entrevoir un changement de stratégie, plus tournée vers une approche terrestre et un jeu au sol dominant. Un virage complet, les Cheeseheads s’appuyant depuis le début des années 1990 sur le bras de Brett Favre puis d’Aaron Rodgers. Tout le monde étudiera en tout cas la moindre réaction du numéro 12, alors qu’il sentira dans son dos le souffle de la relève avec la sélection surprise de Jordan Love au premier tour de la dernière draft. Le rookie n’est pas encore prêt, mais sa seule présence peut permettre de titiller l’orgueil du vétéran pour le pousser à hausser son niveau de jeu.

La saison dernière : 13 victoires – 3 défaites, finalistes NFC

Mouvements à l’intersaison

Avec moins de fonds disponibles que l’an dernier, Brian Gutekunst n’a pas fait de folies. Chaque départ important a été compensé par une arrivée à moindre coût, Christian Kirksey pour Blake Martinez au poste de linebacker ou encore Rick Wagner pour Bryan Bulaga en tackle droit. Finalement, le seul ajout notable aurait pu (du) être Devin Funchess au poste de receveur, si celui-ci n’avait pas décidé de prendre du recul sur la saison face à la pandémie de COVID-19. Green Bay devra faire avec. Conformément à sa ligne directrice ces dernières saisons, le manager général n’a octroyé de prolongations aux vétérans qu’à de rares exceptions, préférant miser sur la jeunesse et la promotion interne. En capitaine de vestiaire respecté et écouté, Marcedes Lewis (TE) apportera son savoir une année supplémentaire et se chargera d’encadrer une escouade qui sera primordiale dans la réussite offensive cette saison. On sait ce que l’on perd, mais on ne sait pas ce que l’on gagne. C’est ce qu’on du penser les dirigeants au moment de prolonger en février dernier Mason Crosby pour les trois prochaines saisons. Une bonne chose lorsque l’on sait l’importance d’avoir un kicker performant et durable dans les moments importants.

Prudents en free agency, les Packers ont été plus audacieux lors de la draft, où aucun des besoins immédiats (receveurs et ligne défensive) n’ont été comblés. Le front office était plus dans l’optique de préparer les prochaines années avec en tête d’affiche l’arrivée de l’hypothétique remplaçant d’Aaron Rodgers, Jordan Love. Les Cheeseheads avaient déjà réussi pareille entreprise à la fin de l’ère Brett Favre, rien ne garanti que la magie opère à nouveau. Les choix d’A.J Dillon et Josiah Deguara, intrigants au printemps dernier, sont plus compréhensibles aujourd’hui. Green Bay se dirige vers un jeu au sol prédominant, ils avaient donc besoin de cartouches pour faire performer ce secteur. Dans un style différent d’Aaron Jones, Dillon aura du temps de jeu pour faire souffler son ainé, voire préparer le terrain pour l’an prochain. Jones entame sa dernière année de contrat dans le Wisconsin et sa position ne paye plus aussi bien ses meilleurs éléments que par le passé. En fonction de ses attentes financières et du rendement de son remplaçant, Green Bay pourrait être tenté de faire jouer la concurrence afin de faire baisser le tarif ou s’éviter une prolongation trop onéreuse. Compatible au schéma prôné par Matt LaFleur qui emploie souvent un personnel « 12 » (1 running back, 2 tight ends), Deguara sera quant à lui présent en priorité pour ouvrir des brèches, même s’il ne faudra pas sous-estimer son apport sur le jeu aérien. Gutekunst a cependant compris qu’il fallait protéger son quarterback en ajoutant de la profondeur sur la ligne offensive avec 3 nouveaux joueurs, un à chaque poste.

Arrivées notables : Christian Kirksey (LB), Rick Wagner (T), Devin Funchess (WR), Travis Fulgham (WR), Malik Turner (WR).
Re-signatures : Marcedes Lewis (TE), Tyler Lancaster (DT), Robert Tonyan (TE), Jake Kumerow (WR), Chandon Sullivan (CB), Allen Lazard (WR), Mason Crosby (K).
Draft : Jordan Love (QB), A.J Dillon (RB), Josiah Deguara (TE), Kamal Martin (LB), Jon Runyan Jr. (G/T), Jake Hanson (C), Simon Stepaniak (T/G), Vernon Scott (CB/S), Jonathan Garvin (DE/OLB).
Pertes notables : Blake Martinez (LB), Bryan Bulaga (T), Tramon Williams (CB), Geronimo Allison (WR), Kyler Fackrell (LB), Jimmy Graham (TE), Danny Vitale (FB), B.J Goodson (LB).
Ils ont renoncé à la saison à cause de la COVID-19 : Devin Funchess (WR).

Le(s) point(s) fort(s)

Aaron Rodgers. Surprise ! Le quarterback a certes vu son niveau de jeu diminuer au cours de ses dernières années, mais il reste toujours l’un des 10 meilleurs de la ligue. Le vétéran a enregistré le taux d’interceptions le plus bas parmi les autres quarterbacks à plus de 100 tentatives lancées (4 interceptions sur 569 passes, soit 0,7 %), et possède toujours cette magie d’improvisation qui peut faire basculer une rencontre sur une action. Il aura aussi plus de confort dans le nouveau système de Matt LaFleur après une année de pratique. Enfin, on se doute aisément que l’arrivée de Jordan Love aura de quoi chatouiller sa susceptibilité. Face aux sourires de façade affichés en public, Rodgers voudra à coup sûr montrer qu’il est encore capable de performer à un niveau élevé à 36 ans et que l’heure de la relève n’a pas encore sonné. Il devra pour cela compter sur une hausse de productivité de son jeune groupe de receveurs pour maintenir des standards élevés. Il sait en tout cas que son côté aveugle sera bien protégé par les bonnes prestations constantes de son tackle gauche, David Bakhtiari.

Le groupe de running backs, dans la vision moderne de la position, sera le fer de lance du dispositif offensif. Sans une deuxième option viable à la réception en 2019, les coureurs dans leur globalité, et Aaron Jones en particulier (49 réceptions pour 474 yards et 3 touchdowns), ont plus ou moins déjà endossé ce rôle. Avec peu de nouveauté apportée, Jones aura de nouveau sa carte à jouer dans ce secteur. Mais aussi et surtout dans sa mission première de porteur de balle. Bénéficiant d’un système adapté, il a enfin pu exploiter tout son potentiel et sa production en atteste (1 084 yards et 16 touchdowns en 236 portées, soit 4,59 yards par portée). Son complice, Jamaal Williams, n’est pas aussi agile ou insaisissable, mais il reste un très bon bloqueur à sa position et un solide complément avec ses 6 touchdowns au total. Et dorénavant, ils pourront aussi compter sur la puissance du rookie A.J Dillon. Sélectionné au deuxième tour, ce « mini-bus » d’1m83 pour 112 kilos devrait être en mesure de fournir un élément de soutien au jeu de course. Utilisé quasi-exclusivement dans les tranchées durant son cursus universitaire (845 courses pour 4382 yards et 38 touchdowns en 3 ans), l’ancien de Boston College a le talent nécessaire pour prendre de plus en plus d’importance au sein du dispositif. Cela offrirait un duo, voire trio, tonitruant, complémentaire, mais surtout nécessaire aux performances des Packers sur le terrain. Un backfield profond qui a les moyens de se hisser parmi les meilleurs de la ligue.

Au niveau défensif, s’ils ont peiné à arrêter la course, Green Bay s’est fait une spécialité d’aller chercher les quarterbacks adverses. Za’Darius Smith et Preston Smith ont combiné 25,5 sacks, un record pour la franchise, et aucun autre duo n’a fait mieux la saison dernière. En tête d’affiche, Za’Darius a donné le ton chaque semaine, créant une pression constante à l’intérieur comme à l’extérieur. L’ancien Raven’ a élevé ce groupe de position, solide dans l’ensemble, de manière significative. Il a d’ailleurs connu la meilleure saison statistique de sa carrière avec 872 snaps joués, 13,5 sacks, 37 quarterback hits, mais surtout 93 pressions exercées sur la saison, numéro 1 de la ligue dans ce secteur. À 28 ans, il est dans la fleur de l’âge, et même s’il régresse un peu statistiquement, il devrait toujours être parmi l’un des meilleurs joueurs de la ligue à son poste, au moins en tant que pass rusher. Pas mal aussi pour l’autre moitié des « Smith Brothers », Preston, avec ses 62 pressions et 12 sacks. Même s’il n’a pas été si omniprésent et a bénéficié du travail de son compère, l’ex de Washington a joué un rôle précieux en prenant souvent l’avantage contre la course. Un détail qui pourrait bien avoir toute son importance dans un secteur défaillant à Green Bay. Cette position d’outside linebacker a perdu un solide remplaçant en la personne de Kyler Fackrell. Pour le remplacer, les Packers se sont tournés vers le rookie Jonathan Garvin, choisi au septième tour de la draft. Malgré cela, le pass rush pourrait encore être meilleur en fonction des prestations des joueurs de deuxième année Rashan Gary et Kingsley Keke. C’est en tout cas ce qu’espère le coaching staff pour endosser le rôle de numéro 3. Au moins pour Gary, le douzième choix général de la draft 2019. Sans autre option évidente dans l’effectif, Gary sera nécessaire pour jouer un rôle important de soutien sur le terrain. Principalement utilisé sur les extérieurs, il pourrait aussi gagner du temps de jeu en tant que pass rusher situationnel sur 3e tentative à l’intérieur grâce à son gabarit (1m96 pour 126 kilos). Mike Pettine a tenté de l’incorporer lentement dans la rotation l’an dernier, ce ne sera plus le cas en 2020. Il doit faire le grand saut et prouver qu’il vaut son statut de joueur de premier tour pour permettre aux Smith de souffler.

Sans strass ni paillettes, le dernier rideau défensif s’est révélé être une des forces de cette défense en 2019. En particulier la polyvalence et l’interchangeabilité de la paire de safeties Adrian Amos – Darnell Savage. Arrivé en provenance des Bears il y a un an, Amos n’a pas déçu (2 interceptions, 8 passes défendues, 1 sack) et son tarif (36 millions sur 4 ans) peut bien se révéler être avantageux lorsque l’on compare à d’autres joueurs à son poste. Il n’a pas fait beaucoup de jeux tape-à-l’œil, ni généré beaucoup de pertes de balle, mais il incarne à la perfection le terme « solide », fournissant la même performance fiable en couverture ou en soutien à la course qu’on lui connait. Sélectionné en 21ème position, Savage a montré de belles choses pour ses débuts (2 interceptions, 5 passes défendues). Une gamme et des éclairs dans le jeu que les Packers n’avaient pas vus depuis l’époque Nick Collins. Il possède toutes les cartes pour faire un bond significatif en 2e année à la façon de Jaire Alexander (CB). Celui-ci, malgré son jeune âge et son inexpérience, a été le meilleur cornerback des Packers depuis son arrivée (27 titularisations). À 23 ans, il n’en est encore qu’à sa troisième saison et il peut facilement continuer à s’améliorer et devenir, pourquoi pas, l’une des références de la position d’ici quelques années. Pour cela, il doit éliminer certaines incohérences et jour sans. À l’opposé, Kevin King est cependant le seul joueur douteux parmi les quatre titulaires de ce backfield. Récupéré au deuxième tour en 2017, il a manqué plus de matchs (17 sur 32) qu’il n’en a disputés et, même s’il a été relativement épargné à ce niveau-là en 2019 (805 snaps en 15 matchs), il a été plutôt décevant, concédant 4 touchdowns, 864 yards au total avec 17,3 yards en moyenne par réception. La place de 3ème cornerbacks positionné dans le slot est à prendre depuis le départ du vétéran Tramon Williams. Elle devrait tomber entre les mains de Chandon Sullivan ou Josh Jackson qui verront plus le terrain cette année. Sullivan a joué 350 snaps en 2019, alternant entre une position de safety ou de cornerback dans le slot. Avec le volume de schémas en Dime (six arrières défensifs) que l’équipe emploie, il en obtiendra encore plus cette année. Comme pour Gary, Jackson doit aussi passer un pallier. Il a également été employé comme un joueur hybride et, comme au niveau universitaire, il met du temps à s’adapter à son nouvel environnement de travail. Green Bay a besoin qu’il retrouve ses compétences en couverture entrevue à Iowa en 2017. Ce groupe jeune a plié (3721 yards encaissés, 14ème NFL) mais n’a pas souvent rompu (19 touchdowns – 6ème NFL- pour 17 interceptions – 3ème NFL) et qui a le potentiel pour encore faire mieux en 2020. Il le faudra au vu des oppositions aérienne au programme.

Le(s) point(s) faible(s)

Ahurissant quand vous avez un quarterback comme Aaron Rodgers, mais le jeu aérien, et en particulier le groupe de receveurs, reste une énigme. Green Bay a préféré jouer le contre-pied, malgré l’âge de Rodgers et le fait que les Packers étaient proches d’un autre Super Bowl la saison dernière. Ils avaient besoin de receveurs pour accompagner Davante Adams, ils n’ont pu ajouter que le peu fiable Devin Funchess et sa taille dans l’équation. C’est tout. Lors de la draft, dans l’une des classes les plus profondes sur la position, les Cheeseheads n’ont pas pris un seul receveur. À la place, ils ont sélectionné au premier tour un quarterback, Jordan Love, en montant dans la hiérarchie, alors que des options viables étaient encore disponibles à ce moment-là. Ce choix n’a pas été critiqué. Il a été démonté. Encore plus aujourd’hui après la défection de Funchess à cause de la COVID. À l’exception d’Adams, personne n’a dépassé 35 réceptions ou 500 yards en 2019. Le speedster de troisième année, Marquez Valdes-Scantling, a été particulièrement atroce en se classant dernier en termes de taux de réception (46,43%) selon NFL Next Gen Stats. Bien qu’Allen Lazard ait fait preuve de belles promesses, la taille de son échantillon de production est trop petite pour qu’il puisse être perçu comme la cible numéro 2 de Rodgers. Et pourtant c’est bien le cas. Cet escadron morose est complété par des joueurs aux profils athlétiques similaires : Equanimeous St. Brown et Malik Taylor.

Même problématique de l’autre côté du ballon pour tenter de stopper le jeu au sol adverse. Le phare se nomme Kenny Clark. Le fait que les Packers n’aient pas choisi un joueur de ligne défensive avec l’une de leurs neuf possibilités à la draft est tout aussi déroutant. Pendant une grande partie de la saison 2019, Mike Pettine semblait plus soucieux d’empêcher les longues passes que d’arrêter la course. Les chiffres ne mentent pas. Green Bay s’est classé 23e contre le jeu au sol, tout en autorisant neuf yards de plus par match en moyenne par rapport à l’année précédente (128,7 contre 119,9). Aux avant-postes, Clark est bien seul. Arrivé en NFL comme joueur unidimensionnel, il est devenu une réelle force capable d’évoluer sur tous types de situations. Résultats, ses performances ont été récompensées par un nouveau contrat (70 millions de dollars sur 4 ans), lui permettant de devenir le joueur le mieux payé de la ligue à sa position. Mais à s’époumoner derrière les quarterbacks, il perd de l’énergie pour lutter dans les tranchées, et on ne peut pas dire que les autres composantes du premier rideau lui permettent de souffler un peu. Sans ajouts extérieurs notables, ils devront beaucoup s’appuyer sur des améliorations en interne pour colmater les brèches d’une défense contre la course poreuse. Pour le moment titulaire, Dean Lowry et Tyler Lancaster ne génèrent que rarement des coups d’éclats capable de changer la donne. Finalement, les attentes se portent sur Kingsley Keke, que la franchise porte en haute estime, mais surtout Rashan Gary. Barré au second rideau par les « Smith Bros », son avenir au niveau professionnel se situe peut-être sur l’extérieur de cette ligne. Compte tenu de son statut de joueur de premier tour, son développement est donc un facteur déterminant pour ce front défensif.

Un étage plus bas, le second rideau devra lui aussi apporter sa pierre à l’édifice et ne pas exclusivement se concentrer à défendre contre la passe. La grande nouveauté est l’arrivée de Christian Kirksey pour remplacer la « machine » à plaquer (statistiquement parlant) Blake Martinez, qui a quitté le Wisconsin. Point noir, les blessures. Le linebacker n’a joué que 586 snaps au cours des deux dernières saisons. Mais il restera véritablement le seul avec de l’expérience. L’autre place à l’intérieur devrait être attribué à l’athlétique Oren Burks (195 snaps en deux ans). Baladé sur tout le terrain lors de son cursus à Vanderbilt (de free safety à edge rusher, en passant par linebacker), sa transition en NFL ne s’est pas faite sans heurts. Aucun autre linebacker n’a de l’expérience, puisque Ty Summers, septième tour en 2019, et Kamal Martin complètent la rotation. À moins que le rookie, qui a eu une carrière universitaire pour le moins similaire à celle de Burks, ne tire son épingle du jeu. Mais pour cela, il devra attendre de se remettre d’une blessure qui le tiendra éloigné des terrains pendant quelques semaines.

À surveiller également le côté droit de la ligne offensive. Suite au départ de Bryan Bulaga, Green Bay a récupéré l’ancien Ravens et Lions, Rick Wagner, en free agency pour amortir le coup. Une acquisition pour un départ, mais qui semble être moins performant sur le papier. Il ne sera pas un handicap s’il joue au même niveau qu’à Baltimore ou pendant ses deux premières saisons à Detroit, mais s’il répète ses mauvaises performances de 2019 et que le garde droit Billy Turner fait de même (9 sacks et 52 pressions concédés selon Pro Football Focus), les Packers auront de gros problèmes du côté ouvert d’Aaron Rodgers. À moins qu’ils ne se décident à basculer Elgton Jenkins (G), avec le retour de Lane Taylor à gauche, ou promouvoir Lucas Patrick. Trop d’incertitudes et handicapant pour protéger efficacement un quarterback. Mais surtout préjudiciable si l’on veut mettre en place un système offensif basé sur la course.

Facteur(s) X

La capacité de la défense à stopper le jeu au sol adverse conditionnera une partie des résultats de l’équipe. Rien de nouveau sous le soleil. Au niveau offensif, le rôle des tight ends sera la clé de toute amélioration possible. Alors que l’arrivée de Matt LaFleur ne s’est pas traduite par un boom espéré, avec exactement le même nombre de points inscrits qu’en 2018 (376), les Packers auront besoin d’une production constante à cette position. La prédominance du jeu au sol à venir amène à penser qu’ils auront un rôle primordial à jouer sur toutes les phases de jeu. L’âge n’a pas d’emprise sur Marcedes Lewis (15 rec, 156 yards, 1 TD) qui reste avant tout un bloqueur dominant et un coéquipier modèle au sein du vestiaire. Mais ses 18 passes réceptionnées au cours des deux dernières années ne font pas de lui une menace viable sur le jeu aérien. Pas plus que Robert Tonyan pour le moment, avec ses 10 réceptions. À voir si le travail en commun avec George Kittle pendant l’intersaison lui sera profitable. Car Green Bay se doit d’avoir cette double menace physique sur le terrain, qui peut bloquer et produire à la réception.

Dans cette optique, Brian Gutekunst a utilisé des choix de draft élevés ces deux dernières années pour renforcer la position. Une grande partie du travail reposera sur les épaules de Jace Sternberger. C’est en tout cas la perspective du manager général, qui a déclaré que son équipe « dépendrait et comptait sur lui pour jouer un rôle beaucoup plus important en 2020. » Jimmy Graham n’a pas eu un impact énorme, mais il était une menace aux mains fiables. Désormais débarrassé du vétéran parti à Chicago, le jeune homme a désormais la voie libre pour s’épanouir. Faute à une blessure à la cheville, Sternberger n’a pas beaucoup joué pour son année rookie, principalement utilisé en situation de blocs pour ses coureurs ou sur équipes spéciales en fin de saison. Mélange de taille, de force et de capacités physiques, il a le profil idéal pour créer des duels avantageux et devenir une cible privilégiée. Surtout en zone rouge. Les scouts avaient été particulièrement enthousiasmés par ses tracés, ses excellentes mains et sa polyvalence qui permettront à LaFleur de le déplacer n’importe où, que ce soit sur la ligne, en flex à l’extérieur ou utilisé comme un fullback. Si Sternberger s’avère être un bloqueur performant, il pourrait jouer sur la majorité des snaps offensifs. Et s’il joue sur la majorité des snaps offensifs, il aura plus de chances d’être impliqué dans le jeu de passes. L’arrivée de Josiah Deguara est dans la même veine. L’ancien Bearcat n’est pas le plus grand ou le plus rapide, mais il reste compétitif et surtout polyvalent. Aligné à peu près partout en attaque par l’université de Cincinnati, sa connaissance du cahier de jeu lui a permis d’être efficace dans toutes les situations. Deguara avait une capacité innée à échapper aux couvertures et trouver des trous dans la défense, notamment en zone rouge. Des couteaux suisses qui collent parfaitement au profil recherché par Green Bay.

Le joueur à suivre : Allen Lazard

Les Packers ont besoin d’un bon deuxième receveur à l’opposé de Davante Adams pour offrir davantage de diversité dans les options. Bien qu’il ait manqué quatre matchs la saison dernière, Adams a terminé avec 83 réceptions pour 997 yards et cinq touchdowns, seul joueur de l’effectif à passer la barre des 500 yards dans les airs. Le rôle pourrait très bien convenir à Allen Lazard. Deuxième meilleur receveur de l’équipe en 2019, il a terminé avec 35 réceptions pour 477 yards et trois touchdowns. Des chiffres qui auraient pu être bien plus élevés s’il avait été impliqué plus tôt dans l’attaque. Lazard n’a attrapé sa première passe qu’au cours du dernier quart-temps de la sixième semaine contre les Lions. Aaron Rodgers a dû plaider pour le faire entrer sur le terrain alors que son attaque éprouvait les pires difficultés depuis le début de la rencontre.

Il avait alors terminé meilleur receveur de l’équipe, avec quatre passes pour 65 yards et un touchdown, contribuant à la victoire des siens 23 à 22. Le jeune homme avait déjà tapé dans l’œil du staff lors de la dernière préparation, mais il avait dû se contenter d’une place sur l’équipe d’entrainement pour démarrer. Lazard a montré qu’il pouvait être plus qu’un simple remplaçant, mais il doit encore prouver qu’il peut supporter ce « fardeau » de numéro 2. Il a la confiance de son quarterback, ses entraineurs semblent croire en lui, et possède tous les outils pour réussir : la taille (1m95 pour 103 kilos), la force et la vitesse. Son prochain défi sera de produire comme un receveur numéro 2 avec les opportunités d’un numéro 2.

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En résumé

Green Bay entamera la saison comme l’une des équipes les plus intrigantes où la stratégie mise en place est clairement définie. Mais les questions sont nombreuses. Une approche favorisant la course permettra-t-elle à Rodgers de jouer sur ses points forts et son jeu de passes ? Les Packers ont-ils suffisamment de playmakers pour que cela fonctionne ? Essaient-ils d’imiter les 49ers et de faire de Rodgers une pièce complémentaire du système plutôt que le moteur ? La défense des Packers parviendra-t-elle au hausser son niveau de jeu dans les moments importants ? Toutes abondent vers la meilleure solution à adopter pour leur permettre de gagner au cours des deux-trois prochaines années avec Rodgers aux manettes. Et la façon dont leur quarterback vedette gèrera ce changement déterminera si les Packers se retrouveront ou non dans la course au Super Bowl.

Les Packers 2019 n’étaient pas aussi bons que leur bilan final le laissait croire, et ils ne paraissent pas meilleurs cette année. Ne parvenant pas à répondre aux besoins importants pour stopper le jeu de course adverse et à la réception, ils sortent d’une intersaison particulièrement décevante. Ils ne gagneront probablement pas 13 matchs en 2020, mais peut-être n’en auront-ils pas besoin pour empocher la division. Ils possèdent en tout cas quelques atouts non négligeables pour rester au moins en course pour une place en wild card. En dehors des oppositions classiques en NFC Nord, le calendrier leur offre toutefois quelques morceaux de choix (Saints, Falcons, Buccaneers, Texans, 49ers, Colts, Titans, Eagles) et la semaine de repos arrive rapidement (semaine 5). Compliqué, mais si les résultats sont positifs, ils pourront être considérés comme un prétendant légitime dans la conférence.

Pour le futur, il n’y a que deux cas de figure qui feront que le choix Jordan Love était le bon. Soit Rodgers gagne un autre titre avant de prendre sa retraite, soit l’ancien de Utah State devient un grand joueur capable de faire oublier son ainé. Si aucune de ces deux choses n’arrive, les Packers auront des regrets.

Le pronostic : 9 victoires – 7 défaites

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