[Portrait] Josh Allen, de la ferme à la célébrité

Souvent décrié depuis sa draft en 2018, il n'est désormais plus stigmatisé comme "un gros bras et guère plus".

Josh Allen

Né le 21 mai 1996 à Firebaugh, Californie
1m96 pour 108 kilos
Quarterback, Bills de Buffalo, 3e saison

Il est une des sensations de cette saison 2020, lui le quarterback d’une équipe en tête de sa division. Avec son développement, les Bills sont ambitieux. Peu l’envisageaient après sa première saison professionnelle, personne lorsqu’il était encore au lycée. Heureusement pour lui et pour les fans de NFL, Josh Allen a croisé la route de trois entraineurs.

Ernie Rodriguez

Josh Allen grandit dans une ferme en Californie. Ensemencer les champs ou conduire le tracteur, Josh Allen connait cela par cœur. Au lycée de Firebaugh, Josh Allen joue quarterback et également dans l’équipe de baseball et dans celle de basketball. Pas seulement sa première année mais les quatre. Et il y est performant dans les trois sports. Pourtant, aucun recruteur universitaire ne le remarque.

La raison est tout simplement Firebaugh. Firebaugh est une bourgade de 8000 habitants à 60 kilomètres de Fresno, perdue au milieu de champs de cotons et de plantations de melons. Dans toute son histoire, seul un athlète issu de Firebaugh High a reçu une bourse universitaire. Qui peut bien remarquer un lycéen dans ce « trou perdu » ? Lavonne Allen, sa mère, avouera à Yahoo Sports qu’elle répondait « Fresno » quand un recruteur lui demandait d’où la famille venait. Alors, bien que performant avec son lycée, le jeune Josh ne reçoit aucune offre de bourse : ni au niveau FBS (130 universités) ni au niveau en-dessous (FCS).

Josh Allen rêvait de jouer pour les Bulldogs de Fresno State, où son père l’emmenait chaque saison, pour assister à une journée du camp d’avant-saison. Alors adolescent, il y admirait le quarterback de l’époque : Derek Carr.

Un Junior College est un institut proposant un cursus académique de deux ans (quatre pour les universités) et le plus souvent, ce type d’établissement récupère des étudiants en échec scolaire. Josh Allen lui est en échec sportif. Ernie Rodriguez est coordinateur offensif au Reedly Junior College, non loin de Firebaugh. Ce dernier confie à Yahoo Sports en 2017 qu’il n’en revenait pas qu’aucune université ne s’intéressait à ce joueur aux qualités évidentes. Josh Allen ne désirait nullement aller en junior college mais il n’avait pas le choix.

« Il était le seul entraineur à croire en moi et à me vouloir dans son équipe. », confiait Josh Allen à 13wham.com

Après seulement un semestre, il lance pour 25 touchdowns. Il n’est toujours pas recruté par Fresno State mais il est néanmoins remarqué : six mois plus tard, il était un Cowboy de Wyoming. Certes, pas le programme le plus prestigieux mais en division 1. Le tracteur attendra.

Cinq ans plus tard, après une victoire des Bills face aux Steelers de Pittsburgh, Josh Allen a envie de célébrer la qualification en playoffs avec les fans en tribunes. C’est là, parmi la Bills Mafia qu’il reconnait un visage familier, celui de Ernie Rodriguez.

« J’ai eu la chair de poule en le reconnaissant. Le voir là parmi les fans, fêtant ce succès ensemble alors que quelques années plus tôt, j’étais avec lui dans un junior college ! », Josh Allen pour ABC Sports

Craig Bohl

Wyoming possède un coordinateur offensif qui est impressionné par ses attributs. Arrivant de North Dakota State, Brent Vigen a passé trois saisons à entrainer Carson Wentz et il sent le potentiel chez ce Californien. Il voit des similitudes entre eux deux : grand, bras puissant, pratiquant plusieurs sports au lycée et venant d’un milieu rural. Brent Vigen accompagne alors l’entraineur-en-chef Craig Bohl dans la ferme familiale des Allen. Les deux promettent aux parents de non seulement engager leur fils mais d’en faire « le visage de l’université ».

« J’essaye d’être un dur mais…je me retenais de pleurer. », Joel Allen, père du joueur, rapporté par Yahoo Sports

Le staff de Wyoming était-il à ce point amoureux du joueur ? Disons que le désistement de dernière minute, d’une recrue préférant aller à Syracuse, laissait l’équipe de football sans solution viable au poste le plus important. Alors Josh Allen allait enfin pouvoir poursuivre son rêve, d’autant plus que le quarterback titulaire connaissait une blessure dès le second match 2015. Il était donc derrière le centre lors du troisième match de la saison mais l’ascenseur émotionnel fut violent : 13 snaps. Clavicule cassée. Saison terminée !

Dans son malheur, cette blessure permit à Josh Allen d’apprendre les nuances du système « pro-style » de Craig Bohl. Un entraineur qui ne cache pas son admiration et donne au joueur la si nécessaire confiance pour s’épanouir.

« Josh Allen a un S sur sa poitrine (Superman). Je ne sais pas si j’ai déjà rencontré quelqu’un d’aussi compétiteur… Il veut absolument gagner. »

En 2016, il joue les 14 matchs de la saison et produit pour 3203 yards et 25 touchdowns. Seules les 15 interceptions gâchent quelque peu son bilan. Lui si souvent ignoré, il est désormais sous les feux des projecteurs. Les Mocks Drafts des spécialistes l’annoncent dans le top 10 de la draft 2017, parfois même dans le top 3. Après toutes ces années à espérer, la reconnaissance est douce pour Josh Allen. Pourtant, il décida de rester une année supplémentaire.

« Revenir, voir davantage de défenses différentes et progresser dans ma prise de décision, cela va m’aider sur le long-terme. J’ai aussi pensé que je devais quelque chose aux entraineurs pour avoir cru en moi. », disait Josh Allen en janvier 2017 à Yahoo Sports

Malgré une seconde saison en dessous des standards de la première, Josh Allen est toujours considéré auprès des évaluateurs. Les départs d’éléments-clés en attaque pouvant expliquer sa baisse de régime car son centre (Chase Roullier/Redskins), son receveur numéro 1 (Tanner Gentry/Bears), son tight-end (Jacob Hollister/Patriots) ainsi que son coureur numéro 1 (Brian Hill/Falcons) avaient tous trouvé preneur en NFL. Malgré cette saison à seulement 1800 yards et 16 TDs, cela n’empêcha pas les Bills de Buffalo de miser leur choix numéro 7 sur lui, lors de la draft 2018.

Sean McDermott

Pour ce faire, les Bills ont donné deux choix du second tour à Tampa Bay pour pouvoir passer de la 12e à la 7e position. Après le camp d’entrainement, Josh Allen est remplaçant. Mais dès le premier match, face aux Ravens, il entre en jeu car Nathan Peterman a lancé deux interceptions et possède un rating rare : 0.0. Malgré la lourde défaite (47-3), Josh Allen confirme les promesses et devient le titulaire du poste. Une saison 2018 compliquée avec davantage d’interceptions que de touchdowns (12-10).

Etant donné l’investissement d’un choix du top 10 de la draft, bien qu’en difficulté sa saison rookie, Josh Allen est conforté comme titulaire à l’entame de la saison 2019.

« Je pense qu’il peut lancer un ballon sur 100 yards ! Mais ce qui m’intéresse est qu’il le lance régulièrement avec précision. Et puis j’adore son état d’esprit car il aime travailler et il aime la compétition. », Sean McDermott en interview avec NFL Network en août 2019

Résultat : 3000+ yards, 20 touchdowns lancés et seulement 9 interceptions. Plus neuf autres touchdowns au sol aidant l’équipe à atteindre les playoffs avec un bilan de 10 victoires pour 6 défaites. Pourtant Josh Allen reçoit toujours son lot de critiques à l’orée de la saison 2020.

« C’est compréhensible. Tant que tu n’es pas capable, par tes performances, de faire taire ceux qui doutent, ils continueront. Mais moi je sais qu’il peut les faire taire pour de bon. », Sean McDermott en août 2020 pour nfl.com

Il semblerait que l’entraineur ait vu juste et, s’il est normal pour un quarterback jouant seulement sa troisième saison chez les pros de recevoir des critiques, ses qualités sont désormais bien plus souvent mentionnées.

Qu’elle semble loin, très loin, cette année 2014 où personne ne voulait le faire passer du labour des champs à celui des défenses adverses.

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