Field Advisor : l’Astrodome de Houston

Gros plan sur l'ancien domicile des Oilers.

Nouvelle structure, rénovation, future implantation… qu’importe l’avancée du projet, le stade demeure l’élément de base pour chaque franchise. Il représente à la fois un véritable moyen de pression auprès des municipalités et une extraordinaire machine à cash pour les équipes. Au cours de ce tour d’horizon, TDActu vous propose de découvrir les spécificités de chaque enceinte. Cette nouvelle phase vous emmène découvrir les illustres anciens, pour la plupart, disparus à l’heure actuelle, mais qui ont abrité les plus belles heures de la discipline.  

Direction l’état de l’étoile solitaire pour nous plonger dans l’histoire de l’Astrodome de Houston.

Informations

Nom : NRG Astrodome (depuis 2014). Reliant Astrodome (2000-2014), Houston Astrodome (1965-2000). Connu comme le Harris County Domed Stadium pendant la construction.
Adresse : 8400 Kirby Drive, Houston, TX 77054
Naming : NRG Energy. Il fait partie du complexe NRG Park dont les droits pour toutes les infrastructures présentes ont été vendus pour 300 millions de dollars sur 32 ans en 2000.
Rénovations majeures :
1988-1989 (67 millions de dollars).
Équipes résidentes NFL :
Houston Oilers (1968-1996).

Propriétaire :
Comté de Harris pour la ville de Houston
Architecte : Hermon Lloyd & W.B Morgan. Wilson, Morris, Crain & Anderson
Constructeur : H.A Lott , Inc.

Surface : pelouse naturelle Tifway 419 Bermuda (1965), Astroturf (depuis 1966).
Toit : total, stade fermé.
Capacité : 50 000 (1965-1978), 50 153 (1979-1981), 50 452 (1982-1983), 50 495 (1984-1986), 50 594 (1987-1988), 60 502 (1989), 62 439 (1990-1991), 62 021 (1992-1994), 59 969 (1995-2001).
Suites :  66
Parking : 25 000 places.
Technique : 1 écran géant.

Début de la construction : 3 janvier 1962
Inauguration : 12 avril 1965
Coût : 35 millions de dollars

Premier match : 9 septembre 1968, Houston Oilers – Kansas City Chiefs : 21-26
Dernier match : 15 décembre 1996, Houston Oilers – Cincinnati Bengals : 13-21
Démolition :

Le stade

Premier stade couvert climatisé, l’Astrodome de Houston est sans doute la structure architecturale la plus emblématique de la ville. Un excellent exemple de modernisme tardif, qui n’est pas sans rappeler l’ère de la conquête spatiale traversée pendant sa construction.
Rajouté au registre national des lieux historiques en 2014, sa caractéristique principale était son dôme en Lucite, d’une portée de 196 mètres, et soutenu par un treillis d’acier. Entièrement éclairé grâce à son propre système de production d’électricité, sa température intérieure était régulée à 23°C. Pendant les premières années, le stade était équipé d’un tableau d’affichage électronique animé de 18 × 91 mètres (l’Astrolite) et il a été le premier à disposer de sièges de luxe, une caractéristique que l’on retrouvait dans presque tous les grands stades américains par la suite. Six niveaux de sièges multicolores encerclaient les trois quarts du terrain de jeu qui était enfoui à près de 8 mètres dans le sol. Celui-ci était recouvert du redoutable AstroTurf, un gazon synthétique portant le nom de l’équipe de baseball (Astros). Il a été développé et installé lorsqu’il est apparu que l’herbe naturelle ne pouvait poursuivre sa croissance à l’intérieur.

Photo : The Tenant Advisor.

Un peu d’histoire

Surnommé « la 8e merveille du monde », l’Astrodome de Houston a ouvert ses portes en 1965. Son origine remonte au milieu de la décennie précédente. Un booster local et amateur de baseball, le juge Roy Hofheinz, en avait assez de suivre les rencontres des Buffs (équipe de ligue mineure locale) sous la pluie. Il a alors abandonné son projet de premier centre commercial climatisé du monde (The Galleria) pour consacrer ses efforts à faire venir la ligue majeure dans le Texas. Pour cela, un nouveau stade serait indispensable afin d’appuyer sa demande, mais il fallait surtout un bâtiment qui s’adaptait aux conditions climatiques de la région. Les températures lors des rencontres estivales étaient généralement supérieures à 36°C avec une humidité élevée et des risques d’orage. L’option couverte a vite été retenue, Hofheinz s’inspirant du Colisée de Rome comme base de départ. Lors d’un voyage dans la capitale italienne, il avait appris que le monument comportait à l’origine des velaria géantes (auvents) pour protéger les spectateurs du soleil et souhaitait donc une enceinte reprenant cette caractéristique.

Son rêve est devenu réalité le 17 octobre 1960 lorsque la MLB a accepté d’ajouter deux nouvelles équipes : les Mets pour New York et les Colt .45s pour Houston (rebaptisés Astros en 1965). Les deux formations devaient être intégrées dès la saison 1962, les officiels de la ville se sont rapidement mis au travail afin de tenir leurs engagements. Ils avaient alors appuyé leur candidature en promettant une nouvelle enceinte fermée. Dans la foulée, les électeurs du comté de Harris ont approuvé une caution de 18 millions de dollars pour la construction du stade, dont le chantier a débuté le 3 janvier 1962. Les Colt .45s ont commencé à jouer au mois d’avril suivant au Colt Stadium, un stade adjacent au dome en travaux pour y rester 3 saisons.

L’Astrodome a été conçu par les architectes Hermon Lloyd & W. B. Morgan, Wilson, Morris, Crain et Anderson de chez Morris Architects. L’ingénierie structurelle a été confiée à Walter P.Moore Engineers and Consultants de Houston. La structure du toit était le résultat des travaux du Dr G.R. Kiewitt et à Louis O. Bass de Roof Structures, Inc, et construit par H. A. Lott, Inc. Il possédait un diamètre de 220 mètres et le plafond se tenait à 63 mètres au-dessus de la surface de jeu. Dans son ensemble, le bâtiment couvrait une surface de 3,8 hectares. Le tableau d’affichage, finalement connu sous le nom d' »Astrolite », a été conçu par Fair Play Scoreboards de Des Moines, dans l’Iowa. La société avait conçu le tableau d’affichage pour le stade des Dodgers plusieurs années auparavant. Mais Roy Hofheinz n’a pas été impressionné par la proposition initiale, la jugeant beaucoup trop générique. Le concepteur du projet, Jack Foster, s’est alors associé à un professionnel de la création basé à Kansas City pour créer la première version animée jamais réalisée. Un beau bébé de 144 mètres de long. Rien que cette spécificité a coûté 2,1 millions de dollars sur les 35 millions prévus au budget. Du jamais vu. Un système de climatisation a aussi été installé pour faire face aux températures élevées de la région. Il a été conçu par les ingénieurs en mécanique de Houston Israel A. Naman et Jack Boyd Buckley de chez I. A. Naman + Associates.

Photo : Saving Places.

Le dôme a été achevé en novembre 1964, soit six mois avant la date de livraison estimée. De nombreuses modifications techniques ont été nécessaires pendant la construction. En premier lieu, un léger aplatissement du soi-disant « toit hémisphérique » pour faire face à la déformation structurelle induite par l’environnement. Ou encore, l’utilisation d’un nouveau procédé de pavage appelé « stabilisation à la chaux » pour faire face aux changements dans la chimie du sol. Afin de tester l’effet que l’environnement clos et climatisé pouvait avoir sur les balles lancées, Satchel Paige, a effectué des tests en avant-première le 7 février 1965. Son retour était plus que positif, concluant que c’était un « paradis pour les lanceurs », car le manque de vent permettait de manœuvrer plus facilement les lancers sensibles.

Initialement connu sous le nom de Harris County Domed Stadium, le stade a rapidement été baptisé Astrodome en l’honneur de l’équipe de baseball renommée Astros. Il a ouvert ses portes le 9 avril suivant pour un match d’exhibition contre les Yankees (victoire 2-1) devant 47 879 spectateurs. Le président Lyndon B. Johnson et son épouse Lady Bird étaient présents, ainsi que le maire de Houston Louie Welch et le gouverneur du Texas John Connally. C’est d’ailleurs ce dernier qui a effectué le lancer inaugural du tout premier match disputé en intérieur. Trois jours plus tard, le 12 avril, les Astros ont disputé leur premier match officiel face aux Phillies de Philadelphie (défaite 2-0). Bien que le bâtiment soit initialement dédié à la pratique du baseball, Hofheinz avait une autre idée à l’origine. Il voulait qu’il soit capable d’accueillir de nombreux autres évènements. L’équipe de football de l’université de Houston a élu domicile dès septembre 1965, suivi du concert de Judy Garland le 17 décembre. Créés en 1960, les Oilers, alors en AFL, ont dû attendre 1968 avant d’y évoluer faute d’accord sur un bail acceptable entre le propriétaire de la franchise, Bud Adams, et la Houston Sports Association, propriétaire des Astros. Ces derniers ont été contraints de céder avec la fusion annoncée entre AFL et NFL qui imposait aux franchises des enceintes avec une capacité minimale de 50 000 places disponibles. Un chiffre atteint par le bâtiment, et lors des rencontres de football, deux ensembles de 5010 sièges étaient déplacés pour former le terrain. Ainsi, les Oilers ont fait leurs débuts sur place le 9 septembre, une défaite 26-21 face aux Chiefs de Kansas City. Ce stade polyvalent a inauguré l’ère d’autres stades entièrement couverts, tels que le Mercedes-Benz Superdome à la Nouvelle-Orléans, encore utilisé aujourd’hui. Contrairement au Pontiac Silverdome près de Détroit, Hubert H. Humphrey Metrodome à Minneapolis, Kingdome à Seattle et RCA Dome à Indianapolis, construits dans la même veine, qui sont aujourd’hui tous démolis.

Photo : The Durango Herald.

Améliorations

À l’origine, l’aire de jeu comportait une pelouse naturelle Tifway 419 Bermuda, spécialement prévue pour un usage intérieur. Le plafond du dôme était composé de milliers de vitres semi-transparentes en Lucite qui permettaient à la surface de rester en vie. Cependant, ces panneaux translucides posaient un problème. Lors des rencontres disputées en après-midi, les joueurs de champ extérieur étaient aveuglés par la lumière du soleil et ne voyaient pas la balle. En solution, 30% des panneaux ont été peints en blanc en avril 1965, mais par manque de lumière, l’herbe est morte en quelques semaines. Pendant la majeure partie de la saison 1965, les Astros ont joué sur de la terre peinte en vert et de l’herbe morte. Autre inconvénient, l’herbe avait tendance à retenir, puis à libérer l’humidité, ce qui retardait les matchs pendant que les équipes techniques nettoyaient la surface de jeu. Les officiels du bâtiment ont alors décidé de se tourner vers un nouveau type de gazon artificiel qui est devenu célèbre dans tout le pays par la suite. En nylon, le ChemGrass, a été nommé AstroTurf d’après le nom de l’équipe. Comme l’approvisionnement en AstroTurf était encore faible, seule une quantité limitée était disponible au début de la saison 1966. La première phase de remplacement s’est concentrée sur le champ intérieur et le territoire de faute. Le champ extérieur a lui dû attendre le mois de juillet, le temps de produire la quantité manquante. Pendant les premières années, des équipes de nettoyage intervenaient entre chaque manche pour enlever les saletés causées par la terre. Cela a duré jusqu’en 1973 lorsque les chemins de base ont eux aussi été recouverts de gazon ; ils étaient alors matérialisés par une simple ligne blanche. Les Astros se sont inspirés du Riverfront Stadium de Cincinnati, ne laissant que les bases et le monticule du lanceur en terre pleine.

Au cours des deux décennies suivantes, l’Astrodome a peu changé. Les principales améliorations ont eu lieu à la fin des années 80. En 1987, le propriétaire des Oilers, Bud Adams, a menacé de déplacer l’équipe si la capacité du stade n’était pas augmentée pour répondre à la demande du football, baseball et du Houston Livestock Show and Rodeo. La ville a finalement cédé à ses demandes, et le comté de Harris a dépensé 67 millions de dollars de fonds publics en rénovation. Fierté du lieu jusqu’ici, l’immense tableau d’affichage a été démantelé pour laisser la place à 15 000 nouveau sièges pour amener la capacité totale à plus de 60 000 places. Il a tout de même eu droit aux honneurs d’une dernière célébration le 5 septembre 1988. À l’automne 1989, la dernière phase du projet d’expansion s’est achevée avec de nouvelles places en tribunes supérieures. 66 suites de luxes ont été ajoutées, de même que 4 colonnes cylindriques à l’extérieur du bâtiment pour y loger les rampes piétonnières d’accès. Cela a permis à l’Astrodome de se conformer à l’Americans with Disabilities Act de 1990.

Photo : Bleacher Report.

Fermeture

Dans les années 90, le stade commençait à monter des signes de fatigue et les dernières rénovations entreprises n’ont pas calmé les ardeurs des deux locataires à temps complets. En particulier, celles de Bud Adams, qui militait pour que chaque équipe dispose de ses propres installations. Et il était prêt à quitter le Texas s’il n’obtenait pas satisfaction. En 1993, il a proposé de contribuer à hauteur de 85 millions de dollars pour obtenir un nouveau stade couvert dans le centre-ville de Houston. Ce projet n’était pas du goût des responsables et des résidents de la ville qui ne voulaient pas financer le projet. Deux ans plus tard, il a mis ses menaces de départ à exécution. Le 19 aout 1995, un match de présaison entre Oilers et Chargers a dû être annulé en raison de l’état délabré du terrain. Après un ultime refus de la municipalité en place, le propriétaire s’est mis en tête de trouver un nouveau port d’attache. Et il ne lui a fallu qu’un an pour trouver son bonheur. En 1996, Adams a annoncé que la saison en cours serait la dernière à Houston, l’équipe étant transférée à Nashville, Tennessee une fois l’exercice terminé. Et comme pour leur tout premier match, les Oilers se sont inclinés pour leurs adieux, cette fois face aux Bengals (21-13), le 15 décembre 1996. Problème, le propriétaire était engagé contractuellement pour une année encore avec l’enceinte et ce n’est qu’après 6 longs mois de négociations que les différentes parties impliquées ont pu trouver un terrain d’entente.

En position de force et voyant le stratagème fonctionner, les Astros ont pointé le bout de leur nez pour demander un nouveau stade. Les Oilers partis, Houston ne pouvait pas voir une autre franchise de ligue majeure s’en aller, et le financement d’un nouveau parc de baseball en centre-ville a cette fois été approuvé. La franchise est restée trois autres saisons à l’Astrodome, disputant leur dernière rencontre le 9 octobre 1999. Ils ont ensuite déménagé à l’Enron Field, enceinte à toit rétractable, aujourd’hui connu sous le nom de Minute Maid Park. Mis à part le Houston Livestock Show and Rodeo annuel, le bâtiment se retrouvait désormais dépourvu de résidents à temps complet. Et ce n’est pas la naissance prochaine des nouveaux Texans qui allait lui redonner une seconde jeunesse. Le projet porté par Bob McNair comportait un nouveau stade flambant neuf à la dernière pointe de la technologie. Rebaptisé Reliant Astrodome, suite au rachat des droits de dénomination de l’ensemble des infrastructures présentes sur place par la société d’énergie, il ne servait plus qu’à de rares occasions comme le Houston Bowl (2000 et 2001), le rodéo jusqu’en 2002 ou bien encore pour accueillir des réfugiés de l’ouragan Katrina (septembre 2005). En 2006, le dernier locataire, l’équipe de soccer féminine des Houston Energy en WPFL, a quitté le Dome, laissant l’édifice sans utilisation depuis. Invoquant des violations du code, la ville de Houston a fermé la structure en 2008 qui reste vacante encore aujourd’hui.

Photo : Twitter Drift.

Le futur

Les deux années suivantes, un groupe a proposé de le remplacer par une immense zone de stationnement. Refus catégorique de la municipalité pour des raisons environnementales, craignant que la démolition ne puisse endommager le développement dense qui l’entoure étroitement aujourd’hui. De nombreux plans de rénovation ont ensuite été présentés au cours de la dernière décennie. Le projet de Houston d’accueillir les Jeux olympiques d’été de 2012 comprenait la rénovation de l’Astrodome pour en faire le stade principal. Houston est devenue l’un des finalistes de la candidature américaine, mais l’organisation a choisi New York comme représentant, avant que les Jeux olympiques de 2012 ne soient attribués à Londres par le CIO. Les plans de conversion en hôtel de luxe ou en studio de production cinématographique ont été examinés avant d’être rejetés car il y avait toujours le problème de violation du code d’occupation à résoudre.

En juin 2013, le National Trust a ajouté l’Astrodome sur sa liste annuelle des 11 lieux historiques les plus menacés d’Amérique. Le même mois, la Harris County Sports and Convention Authority a dévoilé une proposition visant à rénover et réaménager le Dome pour en faire le plus grand espace d’événements polyvalent au monde. Surnommé « New Dome Experience », le plan visait à réinventer l’Astrodome comme « porte d’entrée du Reliant Stadium ». À la fin de l’été, il a été décidé que la proposition serait soumise aux électeurs sous le nom de « Harris County Proposition 2 », un référendum sur l’émission d’une obligation de 217 millions de dollars. Bien que le référendum ait échoué (5 novembre), le National Trust a travaillé avec le tribunal des commissaires du comté de Harris pour identifier d’autres options pour préserver et réutiliser ce point de repère. En attendant, trois tours de rampe piétonne extérieures ont été démolies le 8 décembre, de même que les guichets. Les sièges intérieurs ont aussi été retirés. Ajouté au registre national des lieux historiques en janvier 2014, l’Astrodome s’est vu proposer un autre plan pour tenter de le sauver. Le nouveau concept consistait à laisser le toit intact et à convertir le vaste espace central en un parc urbain couvert à climat semi contrôlé qui pourrait être utilisé de manière flexible pour les loisirs publics et les rassemblements tels que les festivals et les concerts. Le reste du complexe aurait été réaménagé au fil du temps en utilisant une combinaison de fonds publics et privés. Il comprendrait des éléments tels qu’une zone d’exploration pédagogique et éventuellement des zones de réunion, d’exposition et de restauration. Un élément clé de cette proposition était la possibilité pour le comté de procéder aux phases initiales du projet en utilisant les fonds existants sans avoir à demander l’approbation des électeurs pour un coûteux référendum sur les obligations. Cependant, ce plan a également échoué.

Un autre projet de revitalisation a été proposé en septembre 2016. Il prévoyait de transformer le dôme en un immense parking souterrain. Plus précisément, la première étape consisterait à surélever le plancher pour utiliser l’espace inférieur comme un parking de 1400 places, laissant la surface supérieure disponible pour d’autres usages. Le 27 septembre, les commissaires du comté de Harris ont approuvé cette phase. Quatre mois plus tard, la Commission historique du Texas a voté à l’unanimité pour désigner l’enceinte comme un monument historique de l’état. En vertu de cette désignation, l’Astrodome ne pouvait plus être enlevé, modifié, endommagé, récupéré ou excavé sans une autorisation de la commission. Grâce au large soutien du public et à des années de plaidoyer en faveur de ce trésor national, le National Trust et ses partenaires ont exhorté le comté de Harris à aller de l’avant avec un plan de restauration et de conception respectueuse de la préservation de l’Astrodome, doté de 105 millions de dollars, en avril 2018. La construction devait commencer en octobre et s’achever en 2020, mais depuis rien n’a bougé. La date initiale du début de chantier a été décalée au début de l’année 2019, avant que le projet dans son ensemble ne soit mis en suspens par la juge Lina Hidalgo en novembre dernier. La personnalité politique la plus puissante du comté a déclaré qu’elle était plus préoccupée par les questions de contrôle des inondations et de réformes de justice pénale que de s’inquiéter du sort d’un bâtiment abandonné.

La ville fait désormais face à trois options : dépenser des centaines de millions pour rénover l’infrastructure, mettre environ 35 millions de dollars sur la table pour la démolir, ou continuer à la laisser abandonnée et en décomposition. Mais pendant ce temps, c’est le contribuable qui se charge de payer la facture annuelle d’électricité (165 000 dollars, principalement pour faire fonctionner des pompes qui maintiennent le plancher du sous-sol au sec) et d’assurance contre les inondations (5500 dollars). Autrefois 8e merveille du monde, l’Astrodome n’est plus aujourd’hui qu’une horreur grisonnante peuplée de chats errants et de rats.

L’Astrodome et le NRG Stadium cote à cote (Photo : Houston Chronicle).

Évènements organisés

Football : domicile des Oilers (NFL) entre 1968 et 1996, des Houston Texans (WFL) en 1974, des Houston Gamblers (USFL) en 1984 et 1985.

Football universitaire : domicile temporaire de l’université de Houston entre 1965 et 1997. Bluebonnet Bowl entre 1968 et 1984, puis en 1987. Houston Bowl en 2000 et 2001.

Baseball : domicile des Astros (MLB) entre 1965 et 1999. All-Star Game MLB 1968 et 1986

Rodéo : Houston Livestock Show and Rodeo entre 1966 et 2020.

Basket : domicile des Houston Rockets (NBA) entre 1971 et 1975. All-Star Game NBA en 1989. Game of The Century (20 janvier 1968) entre les universités de Houston et UCLA. Final Four NCAA 1971.

Soccer : domicile des Houston Stars (NASL) en 1967 et 1968, des Houston Hurricane (NASL) en 1978 et 1980, des Houston Energy (WPFL) entre 2002 et 2006.

Auto-moto : une manche de l’AMA Grand National Championship entre 1968 et 1986, de l’AMA Supercross Championship entre 1974 et 2002. Monster Jam entre 1980 et 2002. Astro Grand Prix entre 1969 et 1972

Autres : concerts, combat de boxe entre Muhammad Ali et Cleveland Williams (1966), WrestleMania X-Seven (catch, 2001), Battle of the Sexes entre Billie Jean King et Bobby Riggs (tennis, 1973). L’Astrodome a servi de décor pour plusieurs films et clips vidéo.

Rencontres notables

. Semaine 12, saison 1978 : Oilers – Dolphins : 35-30
Il est considéré comme l’un des meilleurs matchs du lundi soir de l’histoire de la ligue avec Bob Griese (QB, Dolphins) et Earl Campbell (RB, Oilers) en têtes d’affiche. Le quarterback a frappé en premier, trouvant Nat Moore pour un touchdown de 10 yards moins de 5 minutes après le début du match. Le coureur texan a répondu par une de ses courses brevetées d’un yard tout en puissance pour recoller au score. Un touchdown de part et d’autre dans le 2e, puis le 3e quart temps, avant que la partie ne s’emballe dans les 15 dernières minutes. Miami est passé en tête grâce à un safety, avant que les locaux ne prennent les devants sur le 3e touchdown au sol de Campbell (28-23). Griese, qui a terminé la soirée à 349 yards (23/33), disposait d’assez de temps pour revenir. Mais les espoirs se sont envolés lorsqu’il s’est fait intercepter par Steve Kiner sur les 19 yards adverses à un plus d’une minute de la fin. Il ne suffisait que d’une première tentative pour remporter la victoire. Au lieu de cela, Houston allait accroitre son avance. Malgré la fatigue, Campbell a hérité une nouvelle fois du ballon. Voyant le trou, il a coupé vers l’extérieur, s’est éloigné de Curtis Johnson pour terminer sa course 81 yards plus loin dans la end-zone. 199 yards et 4 touchdowns au compteur, le rookie a mis au supplice les floridiens pour son baptême en prime time. Griese a lancé sa deuxième passe de touchdown du match à Jimmy Cefalo sur le dernier jeu, mais cela n’a pas suffi et les Oilers l’ont emporté 35-30 dans une ambiance de folie. Les débuts du Luv Ya Blue avec des pompons bleus et blancs qui s’agitaient dans toutes les tribunes.

. Wild Card, saison 1987 : Oilers – Seahawks : 23-20, après prolongation
Les deux précédentes apparitions de Chuck Knox en playoffs avaient permis à Seattle de connaitre le succès avec 3 victoires cumulées et une apparition en finale AFC en 1983. Favoris des bookmakers, ils ont justifié ce statut en inscrivant les premiers points sur une passe de 20 yards de Dave Krieg pour Steve Largent. Complètement dominés, les Seahawks ont laissé leurs adversaires revenir puis s’échapper (13-7) avant de revenir au score par deux fois (13-13, puis 20-20 sur un nouveau touchdown de Largent) et envoyer le match en prolongation. Peu en réussite jusque-là, avec des field goals manqués, Tony Zendejas n’a pas tremblé au moment de conclure. Sa tentative de 42 yards est passé entre les poteaux, validant la qualification pour le Divisonal Round.

. Wild Card, saison 1989 : Oilers – Steelers : 23-26, après prolongation
L’Astrodome affichait complet avec une foule hostile à l’encontre des Steelers détestés. Les hommes de Chuck Noll allaient vite calmer tout ce petit monde. Un punt bloqué en territoire adverse, puis un touchdown sur une 4e tentative de Tim Worley ont offert à Pittsburgh les seuls points de ce premier quart temps. Malgré la domination et un fumble récupéré, Houston n’a pu faire mieux que deux field goals et regagner les vestiaires avec 4 points de retard au tableau d’affichage (6-10). Même son de cloche après la pause. Malgré un nouveau punt bloqué, Houston n’est pas parvenu à trouver la zone d’en-but, se contentant encore d’un coup de pied à 3 points. De nouveau distancés, les locaux ont enfin trouvé la terre promise dans le dernier quart-temps. Par deux fois, Warren Moon s’est connecté à Ernest Givins (18 et 9 yards) pour permettre aux Oilers de prendre les commandes (23-16) dans un vacarme indescriptible. Mais Pittsburgh allait vite faire redescendre la température. Un touchdown de Merril Hoge pour égaliser à 46 secondes de la fin avant de finalement l’emporter en prolongation sur un field goal de 50 yards de Gary Anderson. Une défaite amère qui a conduit au licenciement de Jerry Glanville quelques jours plus tard.

. Semaine 18, saison 1993 : Oilers – Jets : 24-0
Malheureusement ce jour-là, le spectacle s’est passé sur le bord de touche et d’une triste manière. Lors de ce dernier match de saison régulière, les tensions entre le coordinateur offensif, Kevin Gilbride, et le coordinateur défensif, Buddy Ryan, ont atteint un point de non-retour. En fin de première mi-temps, les Oilers menaient tranquillement 14-0 et auraient pu épuiser le temps restant en courant avec le ballon. Gilbride a préféré appeler une passe, mais le quarterback Cody Carlson a perdu la possession sur un sack, rendant fou de rage Ryan qui est parti s’expliquer avec son homologue offensif. Des mots ont été échangés, puis Budy Ryan a donné un coup de poing, capté par les caméras d’ESPN. Dans la confusion la plus totale, les joueurs ont dû retenir Kevin Gilbride pour éviter que la situation ne s’envenime davantage. Plus tôt dans la saison, le coordinateur défensif avait critiqué le plan de jeu de son collègue, estimant qu’il était responsable de la blessure de certains joueurs défensifs. Gilbride choisissait souvent de lancer le ballon au lieu de courir quand la partie était jouée, refusant ainsi de faire tourner l’horloge et forçant la défense à revenir sur le terrain. Houston a gagné le match tranquillement, mais la relation entre les deux hommes ne s’est jamais rétablie.

. Wild Card, saison 1993 : Oilers – Chiefs : 20-28
Les Oilers espéraient utiliser ce drame comme source de motivation avant d’affronter Kansas City deux semaines plus tard. Ils étaient l’équipe en forme du moment avec 11 succès de rang au compteur, et avaient déjà battu les Chiefs (30-0) à domicile en semaine 2. Avec l’appui du turbulent public, Houston partait largement favori. Emmenés par Joe Montana, les visiteurs étaient bien décidés à se venger. Le début de rencontre n’en prenait pas le chemin. Grâce au field goal d’Al Del Greco et touchdown de Gary Brown dans le premier quart-temps, les hommes de Jack Pardee étaient tranquillement en tête à la pause (10-0) avec une défense omniprésente. La rencontre a basculé au retour sur la pelouse. Les visiteurs ont débloqué leur compteur sur une passe de Montana vers Keith Cash, qui en voulant célébrer son touchdown a envoyé le ballon sur une photo de Buddy Ryan, accrochée en tribune. Dans la nervosité la plus totale, les Oilers balbutiaient leur football. Au contraire de Kansas City, qui par deux fois a trouvé la zone d’en-but (J.J Birden et Willie Davis) pour prendre les commandes dans le dernier quart-temps (13-21). Warren Moon pensait bien pouvoir inverser la vapeur suite au touchdown d’Ernest Givins, mais Marcus Allen a clos les débats avec sa course de 21 yards décisive (20-28). Une fin amère pour Houston qui n’a plus connu les playoffs en tant qu’Oilers.

. Semaine 16, saison 1996 : Oilers – Bengals : 13-21
Le 15 décembre 1996, les Oilers ont joué une dernière fois à Houston. À peine 15 000 fans avaient fait le déplacement pour voir leurs protégés perdre contre les Bengals. Face à une fréquentation décroissante tout au long de la saison, qui n’a connu que des pics face aux 49ers et Steelers, il s’agissait de la pire affluence cette année-là. Beaucoup brandissaient des pancartes diabolisant le propriétaire Bud Adams qu’il considérait comme le responsable de cet abandon. La dernière passe à domicile de Steve McNair en tant qu’Oiler’ a été effectuée en direction de Frank Wycheck. Un touchdown de 16 yards qui a clôturé en beauté un drive de 89 yards à 37 secondes de la fin. La fin d’une époque parfois électrique où les espoirs déçus ont régulièrement pris le pas sur les grandes attentes. Le bilan final de l’équipe (8 victoires, 8 défaites) était la métaphore parfaite.

En chiffres

Matchs joués : 223, entre 1968 et 1996.

Bilan : Saison régulière : 218 matchs (113 victoires – 103 défaites – 2 nuls). Playoffs : 5 matchs (3 victoires – 2 défaites).
Premier match : 9 septembre 1968, défaite contre les Kansas City Chiefs : 26-21
Dernier match : 15 décembre 1996, défaite contre les Cincinnati Bengals : 21-13

Leader à la passe : Warren Moon : 70 matchs, 1372/2297, 17 905 yards, 103 touchdowns, 74 interceptions.
Leader à la course :
Earl Campbell : 48 matchs, 1016 courses, 4525 yards, 42 touchdowns.
Leader à la réception : Ernest Givins : 69 matchs, 275 réceptions, 4096 yards, 25 touchdowns.

Meilleur match à la passe : Warren Moon (Oilers, 10 novembre 1991) : 41/56, 432 yards, 0 touchdown, 0 interception.
Meilleur match à la course :
Earl Campbell (Oilers, 21 décembre 1980) : 29 courses, 203 yards, 1 touchdown.
Meilleur match à la réception : Tim Smith (Oilers, 4 septembre 1983) : 8 réceptions, 197 yards, 1 touchdown.

Record d’affluence : 64 011, le 16 janvier 1994 : Oilers – Chiefs.

Fun Facts

Roy Hofheinz avait un appartement opulent dans le Dome. Mais celui-ci a été supprimé lors de la rénovation des installations en 1988.

Le 15 juin 1976, la région de Houston a été frappée par de violentes pluies, rendant difficile l’arrivée des fans pour assister à la rencontre de baseball entre Astos et Pirates. Les deux équipes étaient présentes depuis plusieurs heures pour l’entrainement, mais les arbitres avaient du retard. Finalement, la rencontre a été reportée à une date ultérieure. Des tables ont alors été dressées sur le terrain et les deux équipes ont dîné ensemble.

En 1980, au début de la série de playoffs MLB entre Astros et Phillies, la radio KILT AM a annoncé que le fan numéro un des Astros, « Astroman », vivrait sur le toit du stade et ne descendrait pas avant que son équipe ne gagnent les World Series. Pendant les 10 jours suivants, Denver Griffith (alias Astroman), a vécu dans une tente pour six personnes. Au sommet de l’Astrodome où se trouvait une ligne téléphonique au travers de laquelle il donnait des interviews tout au long de la journée. Astroman était complètement coupé du monde et ne pouvait obtenir des vivres qu’au moyen d’un panier rattachée à une corde. Chaque soir, une chaîne de télévision locale terminait son édition par des images de l’homme saluant un hélicoptère d’information qui tournait en rond.

Fermé par les pompiers depuis 2008, le lieu est devenu la proie de jeunes en manque de sensations fortes qui n’hésitent pas à braver l’interdiction pour se faufiler à l’intérieur et partager leurs « exploits » sur les réseaux sociaux.

Astroman (Photo : The Athletic).

Partagez cet article sur : Twitter Facebook
Afficher les commentaires