[Portrait] Super Bowl – Frank Clark (Chiefs) n’oublie pas d’où il vient

Sous les projecteurs en NFL, Frank Clark a aussi connu l'obscurité.

Frank Dominick Clark

Né le 14 juin 1993 à Bakersfield, Californie
1m91 pour 118 kilos
Defensive-End, Kansas City Chiefs, 6e saison

Millionaire

Avril 2019, Frank Clark signe un contrat de 105 millions de dollars avec les Chiefs. 63 millions sont garantis ! Il est aujourd’hui le 5e joueur le mieux payé à sa position. Et en deux saisons dans le midwest, il justifie son salaire avec 15 et 14 QB hits, 8 et 6 sacks en saison régulière. Et bien sur, à un tel tarif, on attend du joueur qu’il ait un impact lors des matchs importants : 7 sacks en 6 matchs de playoffs avec les Chiefs.

Cette production est loin d’être une surprise, venant de l’auteur de 38 sacks en quatre saisons avec les Seahawks. Les Chiefs ont du, non seulement payer ce contrat mais aussi, donner des choix de draft pour le faire venir : un 1e et un 2e tour, en plus d’une permutation de 3e tour de draft. Des Chiefs notamment séduit après la rencontre 2018 avec Seattle (4 plaquages et 3 QB hits de Frank Clark).

« Il avait été très bon contre nous, il était de partout. Parlez-en à Mitchell Schwartz, parlez-en à Eric Fisher, ils vous diront quel genre de joueur il est. », expliquait Andy Reid à chiefs.com lors de la signature de Frank Clark

Alors, 105 millions de dollars ! Pas mal pour un jeune homme qui connait la valeur d’un seul.

Misère

Frank Clark grandit à Los Angeles. Mais pas à Beverly Hills. South Central est un quartier davantage réputé pour ses gangs que pour ses villas de luxe. S’il semble à Charles Aznavour que « la misère serait moins pénible au soleil » (Emmenez-moi), Frank Clark l’a pourtant connu en Californie. Un père absent, une mère accro au crack et un quartier ravagé par la guerre des gangs. La zone est le « Baldwin Village », plus communément connu sous le surnom de « The Jungles ».

« Je viens d’un endroit où rien n’est facile. C’était dur, très dur. », confie Frank Clark à AP News

La violence et aussi la pauvreté. À l’âge de six ans, il vivait comme un sans domicile fixe. La rue, ses deals, ses meurtres et puis, chercher sa mère. Il confie à Josina Anderson de ESPN, que parfois il la trouvait et parfois non. Celle-ci était quelque part, sans doute en train de consommer de la drogue. Seulement âgé de six ans et sa mère était parfois absente pendant trois ou quatre jours ! Son (demi) frère ainé s’occupait alors de lui.

« J’ai connu les foyers, j’ai connu les nuits chez des gens, j’ai connu les nuits dans les abris-bus, avec ou sans ma mère. », raconte Frank Clark à ESPN

Quatre ans plus tard (10 ans), sa mère décide qu’il est temps pour Frank de changer d’air, après que leur modeste logement ait été criblé de balles, suite à un énième règlement de compte entre gangs rivaux. Direction Cleveland. La destination n’est pas anodine car c’est dans cette ville que vit son père et sa famille paternelle. C’est là que sa vie va prendre un tournant. Tout d’abord parce que les rapports avec ce père, absent jusque là, sont bons. Et aussi, au lycée de Glenville à Cleveland. Grâce à un entraineur : Ted Ginn senior, père du receveur des Bears.

Safety, linebacker et tight-end, Frank Clark donne tout sur le terrain. Il sait que son avenir en dépend. Il signe 19 sacks sa dernière année de lycée, ainsi que 3 touchdowns en attaque. De quoi être repéré par une université.

Talentueux mais au profil risqué

Recruté par l’université de Michigan, il ne joue que 6 matchs sa première saison mais lors du plus important, le Sugar Bowl en fin de saison, il signe une interception. Avec les Wolverines, Frank Clark signe 35 plaquages pour pertes dont 11 sacks, en quatre saisons. Son gabarit, sa volonté et sa production pourrait lui valoir une sélection au premier tour de la draft. Oui mais. Lors de sa première saison sur le campus, il est reconnu coupable de s’être introduit dans un domicile et d’y avoir volé un ordinateur portable. Lors de sa dernière saison, il est arrêté pour violences domestiques.

Sa petite amie, Diamond Hurt, ne portera pas plainte et confiera à Josina Anderson (ESPN) que Frank Clark ne l’a pas frappé. Une dispute a éclaté, des mots se sont élevés, du mobilier a volé mais il ne l’a pas touché. Depuis, ils se sont mariés et ont donné vie à une petite Phoenix. Frank Clark sera néanmoins arrêté ce jour-là, payera une amende et surtout, l’université de Michigan le renvoya de l’équipe. De premier tour potentiel, son nom fut effacé de bien des carnets de scouts NFL. Talentueux mais investir un 1e tour de draft semble trop risqué. Les Seahawks décident de lui donner une chance et le sélectionnent à la fin du 2e tour de la draft 2015 (63e).

« C’est le plus beau jour de ma vie. Tout cet argent. Je vais pouvoir prendre soin de ma famille, je suis béni. », déclarait Frank Clark à AP News le soir de sa draft

Prendre soin de ses frères et sœurs. De sa mère aussi. 11 ans. En 2015, cela fait 11 ans qu’il n’a plus vu sa mère ! Avec l’aide d’une tante, il l’a retrouve et lui demande de venir s’installer avec lui à Seattle. Ce ne sera pourtant pas le cas. Sa mère vit toujours à Los Angeles et toujours avec son problème d’addiction. Son père, lui, était depuis devenu son ami, il l’appelait affectueusement « mon jumeau ». Frank Clark lui a pardonné son absence et il se souvient surtout des moments partagés avec lui, lors de son adolescence à Cleveland. Ces souvenirs, c’est tout ce qui lui reste puisqu’en 2018, ce dernier périt dans un incendie, en compagnie de son frère et de ses deux enfants. Quand le destin semble s’acharner.

À l’aube de jouer, une deuxième fois, le match ultime de ce sport, Frank Clark n’en oublie pas d’où il vient. En même temps, comment oublier tout cela ?

« Lorsque j’ai été échangé par les Seahawks, le plus dur a été de quitter non pas l’équipe mais mes activités auprès des sans-domicile de Seattle. Alors que j’étais dans l’avion pour Kansas City, je me renseignais déjà sur les foyers d’accueil de la ville, pour pouvoir continuer ma mission. », explique Frank Clark à Chiefs Kingdom

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